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dimanche 24 juin 2018

Bienvenue dans l’enfer des commerçants « humanistes »

La pâtisserie Back to Eden de Portland (Etats-Unis d’Amérique) est vegan et sans gluten. Tour de force qui consiste à proposer des gâteaux ne contenant ni lait ni beurre ni farine traditionnelle. Meringues au plâtre, éclairs à l’eau, religieuses à la sciure de bois et autres gourmandises régalent une clientèle hyper méga concernée par la souffrance animale. Tenue par un couple d’homosexuels, la boutique, comme chacun l’aura compris, est un haut lieu de la « Bisounourserie » compassionnelle. Un temple à l’entrée duquel le client se signe. 

Dans la vitrine, des affiches indiquent que l’endroit est « safe space ». Le Point indique que, dans l’esprit torturé de son auteur, la formule signifie qu’il s’agit « d’un espace sécurisé offrant aux personnes issues de groupes opprimés la garantie de ne pas être offensées » (autrement que par la nourriture).

Fidèles à leur ligne de conduite tragicomique, les tenanciers ont organisé un « happy hour de réparation ». Là encore, il convient de traduire. Il ne s’agissait en aucune manière de réparer la machine à café ou la voiture du propriétaire, mais d’inviter les « Blancs » à faire des donations aux gens de couleur. Le décor est planté. L’Himalaya de la bien-pensance existe. Il est à Portland. Amis alpinistes, inutile de vous y attaquer : les pentes sont trop abruptes.
C’est dans ce contexte, tout de coton enrobé, que deux employées se sont vues licenciées pour avoir refusé de servir une cliente de couleur six minutes après l’heure de fermeture. Un sacrilège dénoncé à cor et à cri par la victime de cet odieux racisme, une dénommée Lilian Green, « directrice de l’équité » au service éducation de l’Oregon. Une sommité de la pleurniche. L’affaire prend une ampleur nationale. Malgré les vidéos qui confirment l’horaire de cette fin de non-recevoir – et, donc, sa légalité -, l’affamée de pâtisseries « sans animal dedans » hurle au scandale, trépigne, exige et obtient la mise à la porte des deux fautives.
Doux univers où l’innocent devient coupable, et inversement. L’un des messages de ce duo de patrons-pâtissiers justifie le renversement accusatoire en toute tranquillité : « Parfois, l’impact l’emporte sur l’intention et quand cela arrive, les gens doivent être tenus pour responsables. » L’injustice revendiquée ! « Comme Lilian et le public réclament que ces employées soient congédiées, c’est ce que nous avons fait. » La soumission et la lâcheté pour credo, les pleutres vont même plus loin dans l’autoflagellation en proposant à la victime imaginaire d’intégrer une « équipe de formateurs professionnels en équité pour sensibiliser les employés à la diversité et l’intégration raciale ». À l’image de Starbucks et ses stages antiracistes, le boutiquier surenchérit à la niaiserie ambiante. Une main sur le cœur, l’autre sur le tiroir-caisse, il tente de faire oublier les prix prohibitifs de ses produits en affichant une pseudo-posture de militant humaniste. Le comité d’entreprise vire au camp de redressement. Tous les Back to Eden de la terre ne sont que l’expression d’une pensée inversée. C’est d’un retour vers l’enfer qu’il s’agit.

Jany Leroy

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