Rédigé par Un moine de Triors
Depuis Pie XII, le pape
accueille volontiers des groupes de tous genres, ce qui nous vaut un
enseignement pontifical très varié. Ainsi le Pape François a-t-il reçu
le 25 mai la police vaticane. Cependant, dans son discours, le Pape ne
parle pratiquement pas de la police ni de la sécurité. Il concentre son
discours sur la famille, dont il rappelle l’importance et la nécessité
vitale pour l’Église et pour le monde.
Qui dit famille dit normalement et
impérativement amour. Les menaces qui pèsent sur la famille et les
incompréhensions qu’elle suscite de nos jours viennent de cet oubli
majeur. Le Pape se replace ainsi dans le contexte biblique de
l’Alliance, capital pour comprendre le sacrement du mariage qui est le
signe de l’amour du Christ pour son Église. Déjà dans l’Ancienne
Alliance, les Prophètes n’hésitaient pas à parler d’adultère pour les
infidélités d’Israël envers l’Alliance contractée par l’intermédiaire de
Moïse.
Après avoir remercié les policiers d’être
venus avec leur famille, le Pape remercie Dieu pour le don de la famille
et rappelle que celle-ci est la première communauté où l’on enseigne
l’amour et où on apprend à aimer en vérité, sans s’arrêter à la pure
affection sensible. Or, selon le grand principe de l’étroite connexion
entre les vertus, le véritable amour ne peut exister sans la foi. De
fait, de nos jours, crise de la foi, crise dans l’Église et crise de la
famille se compénètrent, à tel point qu’il est souvent difficile de
distinguer entre la vérité et le mensonge, entre le bien et le mal tant
les esprits sont faussés. Oubliant que la langue de la famille
s’enracine dans les vertus théologales, notre monde en dérive ne peut
plus comprendre le langage de l’Église sur la famille, langage qui ne
peut changer car il est lié au projet originel de Dieu sur l’institution
familiale. L’évangile de la famille ainsi falsifié, il est alors très
dur de ramer à contre-courant. Défendre la famille entraîne
inexorablement souffrance et incompréhension. C’est pourtant l’unique
chemin sur lequel nous pouvons et devons marcher. Le Pape le rappelle
opportunément. La famille existe pour engendrer la vie et favoriser la
communion. Hélas, c’est le contraire qui se voit un peu partout, au prix
de tant de souffrances.
Il est vrai que la famille comme réalité
humaine a toujours plus ou moins été marquée par la souffrance. Bien des
passages bibliques l’attestent, depuis le crime fratricide de Caïn
jusqu’à l’adultère de David, en passant par les souffrances de Tobie ou
de Job incompris de leur épouse. Même la Sainte Famille pourtant modèle
exemplaire a connu la souffrance, notamment lors de la fuite en Égypte
pour éviter la fureur meurtrière d’Hérode. Jésus, la Miséricorde
incarnée, n’a pas cessé de venir en aide aux familles éprouvées,
guérissant la belle-mère de Pierre, ressuscitant le fils de la veuve de
Naïm ou son ami Lazare dont la mort le fit pleurer. L’Église qui marche
sur les traces de Jésus assume dans son chemin quotidien vers l’éternité
tous les conflits générationnels, toutes les violences familiales en
apportant partout sa présence maternelle. La famille est par essence le
lieu de la tendresse. Le Pape supplie notre société de consommation de
ne jamais perdre ce don de Dieu à l’humanité et de retrouver ce sens de
la tendresse si souvent perdu par nos contemporains. L’homme a besoin
d’un père et d’une mère. L’Église et le monde ont besoin d’enfants.
L’Église sacrement du salut le rappellera sans se lasser, chantant ainsi
avec Marie, la miséricorde divine de génération en génération.