Abdeslam Bahiad avait été condamné pour proxénétisme en 2014. Revenu en France pour se faire hospitaliser, il a été cueilli au domicile familial
Depuis quelques années, il avait disparu des
radars... Abdeslam Bahiad, 63 ans, l'ancien directeur de la mosquée
orangeoise "Lumière de Dieu" a été cueilli, hier au petit matin, par la
brigade de sûreté urbaine du commissariat d'Orange. Condamné par le tribunal correctionnel de Carpentras à 6 ans de prison ferme pour proxénétisme aggravé en avril 2014,
l'homme, victime de malaises, était absent lors de son procès. Il avait
en fait profité de ses derniers moments de liberté -- il avait été
placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de l'audience -- pour
prendre la fuite. Un mandat d'arrêt européen et un mandat d'arrêt
international avaient été émis à son encontre, sans résultat.
Caché au Maroc
Quatre
ans plus tard, les enquêteurs orangeois n'auront pas eu besoin d'aller
le chercher bien loin : car c'est à Orange que le fuyard a été
interpellé, là où il se cachait depuis plusieurs jours. Les policiers
ont été informés en milieu de semaine de sa présence au domicile
familial de la rue Jean-Jacques-Rousseau. Hier, vers 8 heures, après
avoir fouillé cette grande villa, les forces de l'ordre ont dû faire
céder une porte qui donnait sur une pièce que les propriétaires disaient
en travaux. Et c'est dans les toilettes qu'ils ont trouvé l'ancien
directeur de la mosquée orangeoise.
Abdeslam
Bahiad aurait en fait passé ces dernières années au Maroc, probablement
près de Meknès, d'où il est originaire. Mais souffrant de thrombose, il
serait revenu clandestinement en France pour se faire soigner à
l'hôpital de la Timone, à Marseille, en début de semaine. L'ancien
patron de la mosquée a, une nouvelle fois, été présenté au parquet de
Carpentras hier, lequel a ordonné son incarcération à la maison d'arrêt
du Pontet, afin qu'il purge sa peine pour proxénétisme aggravé.
Des jeunes Marocaines contraintes à se prostituer
L'affaire
avait fait grand bruit à Orange en juin 2009. Abdeslam Bahiad, à la
tête de la mosquée de la ville, ainsi que ses trois fils étaient mis en
examen pour proxénétisme aggravé et écroués, après plusieurs années
d'écoutes téléphoniques, le regroupement d'un faisceau de témoignages
(dont certaines versions avaient changé) et malgré l'absence d'éléments
matériels. Ils étaient soupçonnés d'avoir fait venir des jeunes femmes
du Maroc, de leur avoir loué des appartements et de les avoir mises en
contact avec des clients potentiels. Des faits que les mis en cause
avaient toujours contestés. Dans l'attente de leur procès, Abdeslam
Bahiad et ses trois fils avaient bénéficié d'une libération et d'un
placement sous contrôle judiciaire. Un premier volet de ce jugement
était porté devant le tribunal d'Avignon entre-temps, avec une procédure
pour dénonciation calomnieuse engagée par deux policiers, que l'imam et
son fils accusaient de corruption. Ces derniers avaient été relaxés
mais les policiers avaient interjeté appel, et une peine d'un an et demi
de prison avait été prononcée à leur encontre. En avril 2014, l'ancien
gestionnaire de la mosquée d'Orange avait écopé de 6 ans de prison
ferme, Niki et Abdelghafour de 3 ans et Omar de 2 ans. Drissia El
Bouchti, accusée d'avoir fait transiter les jeunes Marocaines de leur
pays à Orange, en vue de les amener à la prostitution, avait écopé de
4 ans, dont la moitié avec sursis. Tous ont aujourd'hui été libérés,
seul Abdelghafour porte toujours un bracelet électronique.