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jeudi 21 juin 2018

La Chine démarre le premier réacteur EPR de la planète

La première réaction en chaîne du réacteur nucléaire de la centrale chinoise de Taishan a été lancée.

Ca y est ! A 16H52 mercredi, un premier EPR a démarré dans le monde. Il s'agit d'un des deux réacteurs qu'EDF construit à Taishan, dans le sud-est de la Chine avec l'électricien China General Nuclear Power (CGN). Un tweet du directeur de la division ingénierie et projets nouveaux nucléaires d'EDF, Xavier Ursat, a dévoilé la nouvelle, saluant la première réaction en chaîne. Il va maintenant y avoir une montée en puissance progressive, qui se fera de pair avec une série de contrôles de sécurité. La connexion au réseau ne se fera que dans quelques semaines.

Ce démarrage n'est en rien une surprise. Mi-avril, l'autorité de sûreté nucléaire chinoise avait autorisé le chargement du combustible dans la centrale. Mais pour EDF, qui détient 30 % de la coentreprise avec CGN et qui a investi 1 milliard d'euros en fonds propres dans le projet, c'est tout de même un immense soulagement.

Quatre ans de retard

Compte tenu des retards des chantiers de Flamanville (Manche) et d'Olkiluoto (Finlande), l'EPR de Taishan est le premier réacteur dit de « troisième génération » à démarrer dans le monde. Le premier béton avait été coulé à Taishan en 2009, soit presque deux ans après Flamanville et quatre ans après le finlandais. Pour autant, malgré le retour d'expérience issu des deux premiers chantiers, l'EPR de Taishan a quand même accumulé quatre années de retard par rapport à l'accord conclu en novembre 2007, pâtissant notamment des défauts constatés sur les équipements français (les cuves et les couvercles de Taishan ont aussi été forgés par Areva).

Une victoire

Reste que sa mise en service marque une forme de victoire en Chine. L'EPR français semble en effet avoir coiffé au poteau la première tranche de l'AP1000 de Sanmen, dans l'est de la Chine, qui a lui aussi accumulé retard et surcoûts et  qui avait reçu le 25 avril son autorisation de chargement . Depuis que Pékin avait officiellement accordé sa préférence au réacteur AP1000 de l'américain Westinghouse en 2006, le camp tricolore s'était engagé dans une course contre la montre pour tenter de faire preuve de la pertinence de son propre réacteur.

Les négociations continuent

Par contre,  les négociations avec l'administration chinoise sur le prix d'achat de l'électricité issue de Taishan sont toujours en cours. Au-delà, CGN a toujours dit qu'il attendait que le premier EPR entre en service, avant d'en commander d'autres. Les déboires actuels de Westinghouse, placé sous le régime des faillites aux Etats-Unis, donnent du grain à moudre aux Français. Mais les Chinois entendent surtout être autonomes et assurer le succès leur propre réacteur de troisième génération, le Hualong. La Chine pense avant tout à la Chine.

Emmanuel Grasland
 
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