Un moment tragique raconté par José Castano.
« Et ton nom paraîtra dans la race future, aux plus cruels tyrans, une cruelle injure ! » – Jean Racine – (« Britannicus »)
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Massacre d’Oran : le 5 Juillet 1962, plus de 2000 Européens furent massacrés par une foule de musulmans fanatiques. On en retrouva des morceaux épars suspendus à des crocs de boucher et dans des poubelles. Des centaines d’autres furent portés disparus dont on retrouva la trace dans les mines de sel. Sur ordre de De Gaulle, le général Katz laissa faire et n’empêcha pas cette chasse aux Européens. Il avait pourtant près de 20.000 hommes sous ses ordres. |
« Et ton nom paraîtra dans la race future, aux plus cruels tyrans, une cruelle injure ! » – Jean Racine – (« Britannicus »)
En ce début d’année 1962, en Algérie, l’Organisation Armée Secrète était arrivée à l’apogée de sa puissance et le slogan « l’OAS frappe où elle veut, quand elle veut »,
n’avait jamais été aussi vrai. A Oran, elle était maîtresse de la
ville. À sa tête figuraient des noms prestigieux comblés de gloire et
d’honneurs qui entretenaient un climat de confiance malgré le tragique
de la situation…
Le gouvernement gaulliste ne pouvant
admettre pareille humiliation, avait nommé à la tête du secteur autonome
d’Oran, afin de réduire cette « OAS narguante » -et pour le malheur des Oranais- le 19 février 1962, le général Joseph Katz en
remplacement du général Fritsch qui refusait de pratiquer sur les
membres de l’OAS cette besogne de basse police qu’était la torture. La mission de Katz : « Mettre au pas la ville sous contrôle de l’OAS ».
L’Organisation était alors dirigée par les généraux Jouhaud et Gardy,
le colonel Dufour, le commandant Camelin, le lieutenant de vaisseau
Pierre Guillaume, Charles Micheletti et Tassou Georgopoulos.
En bon exécutant, Katz, s’apprêtait à
écraser ceux qui refusaient d’obéir aux ordres de l’Élysée et ceux qui
persistaient à crier « Algérie française ! », maxime désormais classée comme « cri séditieux »,
ajoutant aux vertus de l’obéissance passive, une haine que même le
règlement de la gendarmerie (sa garde prétorienne) ne prescrivait pas.
Carré d’épaules, rond de ventre, aussi peu distingué que son complice d’Alger, le colonel Debrosse,
outre celle de leur cruauté, on leur prêtait une certaine ressemblance :
même corpulence massive, même front de taureau, même manie de traiter
tout le monde de «con » ou de « bon à rien », même absence de scrupules. En somme, pour reprendre les mots de Lamartine : « Rien d’humain ne battait sous son épaisse armure ».
Katz était un militaire républicain que De Gaulle avait cueilli à Bordeaux pour l’envoyer mater la « racaille d’Oran » (sic). Son sentiment à l’égard des Pieds Noirs était celui-ci : « Un ramassis de descendants de déportés de droit commun, de négriers qui veulent conserver leurs privilèges. »
Alors qu’à Alger, depuis la sanglante affaire des Barricades, on avait surnommé Debrosse : « Le sanguinaire », très vite, aux yeux des Oranais, Katz allait devenir « Le boucher ». Pour briser toute résistance, la première consigne qu’il donna à sa troupe essentiellement constituée de « gens sûrs », en l’occurrence les Gendarmes Mobiles, dits « les rouges », fut celle de tirer à vue sur tout Européen qui aurait l’audace de paraître sur une terrasse ou un balcon lors d’un bouclage. « Le feu – précisa-t-il –
sera ouvert sans sommation sur les contrevenants à partir du 23 avril.
De même, le feu sera ouvert, par tous les moyens y compris l’aviation,
sur les éléments OAS circulant en ville. ». C’était ratifier une pratique que les « gendarmes rouges » utilisaient déjà depuis un mois…
Les premières victimes du « boucher d’Oran » furent deux adolescentes de 14 et 16 ans : Mlles Dominiguetti et Monique Echtiron
qui étendaient du linge sur leur balcon. Elles furent tuées par les
gendarmes. Les projectiles d’une mitrailleuse lourde de 12/7
traversèrent la façade et fauchèrent dans leur appartement, Mme Amoignan née Dubiton, dont le père était déjà tombé sous les balles d’un terroriste du FLN, ainsi que sa petite fille, Sophie,
âgée de deux ans et demi et sa sœur, Frédérique, âgée de treize ans
qui, atteinte à la jambe, eut le nerf sciatique arraché et dut être
amputée.
« Il est beau qu’un soldat désobéisse à des ordres criminels » ; à l’évidence, ces « soldats » par trop zélés n’avaient pas lu Anatole France…
Cette lutte « impitoyable et par tous les moyens », selon l’ordre donné par de Gaulle, faisait partie d’un plan mûrement concerté : IL FALLAIT ABATTRE L’ALGERIE FRANÇAISE
; il fallait aussi montrer aux masses musulmanes, longtemps hésitantes,
qu’elles devaient maintenant et définitivement, opter pour le FLN dont
la France était désormais l’alliée, luttant, avec ce mouvement
terroriste, contre l’ennemi commun : LE FRANÇAIS D’ALGERIE !
Et cette alliance n’avait aucune limite, ne souffrait d’aucun scrupule
dès lors qu’elle permettrait de venir à bout de l’OAS… Pour preuve : au
mois de mai 1962, la gendarmerie « blanche »
arrêta un assassin de la pire espèce, Slémani Slimane, qui reconnut
avoir torturé et tué vingt-sept Européens. Il fut inculpé. Katz le fit
libérer et rapportera que ce dernier « lui rendra de grands services dans les jours les plus agités ».
S’adressant à un membre de l’Exécutif Provisoire, Katz eut ces mots terribles : « Donnez-moi un bataillon de l’A.L.N. et je réduirai l’O.A.S. à Oran ».
Ces propos, monstrueux et inqualifiables de la part d’un officier
français firent l’objet d’une question à l’assemblée Nationale (J.O. du 8
mai 1962 – page 977). Ce « bataillon de l’ALN »,
Katz allait néanmoins se le procurer –avec l’assentiment discret de
l’Élysée- en procédant au recrutement de la plus immonde espèce
d’assassins qu’il eût été donné de voir…
Ce renfort était constitué par les « martiens »,
ces révolutionnaires du mois de mars, qui, le cessez-le-feu prononcé,
venaient sans danger rejoindre les rebelles. Ils étaient les combattants
de la dernière heure, impatients de fêter dans le sang leur baptême de
« libérateurs » et de se parer d’états de
service de pillages et de tueries à faire pâlir le plus chevronné des
assassins. Leur unique but était de se faire valoir et, surtout, de
faire oublier qu’ils s’étaient abstenus de combattre durant sept années,
attendant de connaître l’issue des armes pour se ranger du côté du
vainqueur. De ce fait, ils étaient devenus les plus sanguinaires : exactions, tortures, viols, massacres d’Européens et de harkis se multipliaient, mais on n’en parlait pas. Leurs
bandes anarchiques allaient être à l’origine du pogrom anti européen du
5 juillet 1962 à Oran qui fit plusieurs milliers de victimes… mais dont
on taira le nombre exact.
La fraternisation entre Gardes Mobiles et
FLN était sans retenue : le soir, les premiers étaient généreusement
pourvus en prostituées envoyées par les seconds. On ne peut, dès lors,
s’étonner de l’attitude passive qui fut celle de Katz et de ses
gendarmes lors de la tuerie du 5 juillet… Sur ce point, rappelons cette
anecdote impliquant un officier français musulman, le lieutenant Rabah Kheliff qui commandait la 4e compagnie du 30e BCP (Bataillon de Chasseurs Portés).
Le 5 juillet 1962, celui-ci, apprenant que des civils européens étaient
regroupés en divers points de la ville d’Oran dans l’attente d’être
exécutés, décida de passer outre les ordres de Katz de ne pas intervenir
et de se porter à leur secours. Il prévint par téléphone son colonel,
qui répondit : « Faites selon votre conscience, quant à moi je ne vous ai rien dit ».
À la tête de la moitié de sa compagnie, le lieutenant Kheliff gagna un des points de regroupement, devant la préfecture. « Il
y avait là une section de l’ALN, des camions de l’ALN et des colonnes
de femmes, d’enfants et de vieillards européens dont je ne voyais pas le
bout. Plusieurs centaines, en colonnes par trois ou quatre, qui
attendaient là avant de se faire zigouiller »
rapportera-t-il. Le lieutenant Kheliff exigea et obtint du préfet,
Souiyah El Houari, leur libération. S’étant quelque peu éloigné de son
détachement, il fut lui-même pris à partie et blessé par des civils
algériens, puis dégagé par ses hommes, à qui il interdit d’ouvrir le
feu. Après quoi, il établit des patrouilles sur les axes routiers menant
à l’aérodrome et au port pour « arracher littéralement » des malheureux des mains de leurs agresseurs.
À la suite de cet acte héroïque, il fut mis aux arrêts de rigueur, et convoqué par Katz qui lui adressa ces mots terribles : « Si vous n’étiez pas arabe, je vous casserais ! ».
La « victoire »
acquise, l’indépendance accordée à ses alliés, KATZ quitta Oran pour la
Métropole le 13 août 1962, après avoir fait l’objet, le 4 août, d’une
citation à l’ordre de l’armée comportant l’attribution de la Croix de la
Valeur Militaire avec palme pour, entre autres, « avoir su rétablir et préserver avec force et dignité l’autorité légale et l’ordre public »… décoration qui lui sera remise par le Ministre des armées, Pierre Messmer. Une nouvelle étoile vint également rappeler ses « bons et loyaux services ». De Gaulle savait payer ses séides !…
Nommé fin 63 à la tête de la 4ème Région
Militaire (Bordeaux), il quitta le service armé début 1968 avec le grade
de général d’armée (5 étoiles).
Une plainte pour « complicité de crime contre l’humanité et obéissance à des ordres criminels »
fut déposée le 16 octobre 1999 entre les mains du doyen des juges du
Palais de Justice de Paris au nom de 47 familles des victimes du
massacre du 5 juillet à Oran ainsi que du « Comité Véritas »(1). Cette
plainte fut déclarée irrecevable mais suivie d’une décision par le juge
de non informer. Un appel de cette décision n’aura pas de suite en
raison du décès du « Boucher d’Oran »
intervenu le mardi 6 mars 2001 à Amélie-les-Bains (66). Rejeté par ses
pairs, il finira ses jours, seul, et sa famille choisira de l’inhumer au
cimetière de ROSAS, en Espagne.
José CASTANO
(1) – Depuis la « Jus Resistendi » du Droit romain jusqu’à l’article 122-4 du Code Pénal français actuel qui stipule : « N’est
pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé
par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal »,
il paraît probable que Joseph Katz, aurait perdu le procès
que VERITAS lui avait intenté car il avait, à l’évidence, consenti à
l’exécution d’un ordre criminel de de Gaulle consistant en la
consignation des troupes françaises en leurs casernements (22 000
hommes) alors que les Français d’Oran se faisaient massacrer en grand nombre, le 5 juillet 1962.
Site internet : www.comite-veritas.com
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