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vendredi 20 juillet 2018

Commerce : la tension monte entre l'Europe et les Etats-Unis

Donald Trump a fustigé la sanction infligée à Google à quelques jours de la visite de Jean-Claude Juncker à Washington, où doivent être évoquées de nouvelles taxes sur l'automobile.

La Maison-Blanche ne s'est jamais vraiment penchée sur les problèmes de concurrence posés par Google. Jusqu'à ce jeudi. « Je vous l'avais dit ! s'est insurgé Trump entre deux tweets vantant sa rencontre avec Vladimir Poutine. L'Union européenne vient d'infliger  une amende de Cinq Milliards de Dollars sur l'une de nos plus belles entreprises, Google. Ils profitent vraiment des Etats-Unis, mais plus pour longtemps ! ».

Le commentaire intervient certes au lendemain de la  sanction record infligée au groupe de tech , mais surtout à quelques jours d'une rencontre avec le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prévue mercredi prochain à Washington. Celui-ci espère parvenir à apaiser les tensions qui s'intensifient entre les deux parties, malgré les tentatives d'Angela Merkel et Emmanuel Macron. Accompagné de la commissaire au Commerce Cecilia Malmström, le Luxembourgeois n'a toutefois pas de mandat formel pour négocier au nom des Etats membres.

Surtaxes sur l'automobile

Le conflit commercial qui oppose les Etats-Unis au reste du monde s'est en effet aggravé ces dernières semaines. Après avoir imposé des surtaxes sur l'acier et l'aluminium européen, la Maison-Blanche envisage de  porter les droits de douane sur l'automobile à 25 %, et a chargé en mai dernier le ministère du Commerce d'établir si les importations de voitures et équipements auto représentaient une menace sur la sécurité nationale - cela lui permettrait de contourner le Congrès pour imposer des surtaxes. Les droits de douane appliqués par Bruxelles s'élèvent à 10 % sur les véhicules importés, soit quatre fois plus que ceux appliqués par les Etats-Unis, qui taxent en revanche à 25 % les camionnettes et pick-ups.

Très inquiets de cette nouvelle menace, les constructeurs auto présents aux Etats-Unis, déjà indirectement affectés par les taxes sur l'acier, devaient faire entendre leurs arguments, jeudi, lors d'une audition à Washington. « Rien ne prouve que les importations automobiles sont une menace pour la sécurité nationale », a insisté le président d'un des lobbys de l'industrie, l'American Automotive Policy Council, qui regroupe les trois groupes historiques (GM, Fiat Chrysler, Ford). L'association des revendeurs de voitures a de son côté prévenu que « des taxes de 25 % appliquées sur toutes les importations pénaliseraient les constructeurs, les revendeurs, les consommateurs et toute l'économie. Et les plus affectés seront les consommateurs ». Le puissant syndicat de l'automobile, UAW, a en revanche apporté son soutien à l'initiative, censée prévenir les délocalisations.

Représailles

A l'approche de la rencontre du 25 juillet, Bruxelles a promis de nouvelles mesures de rétorsion si le scénario de taxes sur l'automobile se confirmait. L'Union européenne a déjà  taxé l'équivalent de 3 milliards d'euros de marchandises américaines en représailles des surtaxes sur l'acier. « Nous sommes en train de préparer avec les Etats membres une liste de contre-mesures et nous l'avons clairement indiqué à nos partenaires américains », a confirmé jeudi Cecilia Malmström, promettant qu'elle plaiderait pour la « désescalade ».
Selon l'AFP, la liste de contre-mesures porterait sur un peu moins de 10 milliards d'euros. L'idée d'un accord plurilatéral qui regrouperait les principaux pays exportateurs d'automobiles afin de réduire les barrières tarifaires, un temps défendu par l'Allemagne, a également été évoquée. « Une voiture peut être achetée à Seattle, assemblée à Detroit, avoir été conçue par des Allemands, construite avec un châssis mexicain, et avoir des équipements canadiens - c'est comme ça que le commerce peut permettre à tous de gagner », a fait valoir la commissaire Malmström. Des arguments déjà invoqués  lors du sommet du G7 au Canada.  Et qui n'ont guère convaincu Trump.

Elsa Conesa
 
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