L'Amérique risque d'être la grande perdante de la rencontre entre Poutine et Trump à Helsinki ce lundi.
Pendant la guerre froide, les
Etats-Unis ont mené une politique d'endiguement pour contrer l'influence
de l'Union soviétique. Un quart de siècle après la chute du mur de
Berlin, l'Europe doit mener une politique d'endiguement non pas
uniquement de la Russie de Vladimir Poutine mais aussi de l'Amérique de
Donald Trump. Avant de rencontrer ce lundi le maître du Kremlin à
Helsinki, le locataire de la Maison-Blanche n'a cessé de marquer des
buts contre son camp, contre « ses meilleurs alliés » selon le président du Conseil européen Donald Tusk.
Rien
ne peut davantage conforter Vladimir Poutine que de voir un président
des Etats-Unis affaiblir l'Alliance Atlantique. Une revanche pour le
président russe face à une alliance militaire qui, à ses yeux,
représente une menace à ses frontières. Et cela au moment où le Mondial
en Russie lui a permis de redorer son blason international.
Trump tire à boulets rouges sur l'Allemagne
La
semaine dernière, Donald Trump a tiré à boulets rouges sur les
Européens ciblant particulièrement les Allemands. Certes, dans une
volte-face de dernière minute il a proclamé son attachement à l'Otan.
Mais ses attaques ont détruit un peu plus la confiance des Européens
dans l'Amérique, déjà bien entamée par la guerre commerciale qu'elle
leur livre.
Et avant de se rendre en
Finlande, il a réitéré son petit jeu en taclant Theresa May sur le
Brexit avant, là encore, de faire volte-face. Certes, face à la Russie,
il a affiché une prétendue fermeté en maintenant les sanctions pour la
punir de l'annexion de la Crimée. Mais ses positions contradictoires
font le jeu du président russe.
Un contexte de guerre froide
Cela d'autant plus que le président américain rencontre son homologue russe alors que des agents du renseignement russe viennent d'être inculpés
pour interférence dans la politique américaine. Ce qui a conduit
Donald Trump, non pas à dénoncer la Russie, mais la justice américaine !
Vladimir Poutine pour qui la chute de l'URSS a été « la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle », donne ainsi l'impression de se retrouver au centre du jeu.
A
la tête d'une puissance affaiblie dont la richesse la classe loin
derrière l'Amérique et la Chine, il reçoit à Moscou Emmanuel Macron,
Mondial oblige, mais aussi Benjamin Netanyahu ou bientôt Mahmoud Abbas.
Il s'est rendu indispensable en Syrie sauvant, à côté de l'Iran, le dictateur Bachar al-Assad.
Avec ou sans interférences, le mandat de
Donald Trump est un atout pour la Russie. Poutine risque de sortir grand
gagnant du sommet d'Helsinki comme Kim Jong-un l'a été de sa rencontre
avec Trump.
Jacques Hubert-Rodier
Editorialiste de politique internationale aux Echos
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