Ivan Rioufol |
Le sol se dérobe sous Emmanuel Macron et Angela Merkel.
Leurs voix ne portent plus, à force de rester dans l’entre-soi des
encouragements mutuels. La chancelière est, ce lundi, à la merci de son
ministre de l’intérieur, Horst Seehofer (CSU) : il menace de faire
éclater l’alliance historique (1949) avec la CDU s’il n’obtient pas
d’ici mercredi des engagements sur un revirement de la politique
migratoire.
Le 15 mars, Orban a déclaré ceci, en désignant Bruxelles et les
mondialistes : "Ils veulent qu’en quelques décennies, de notre propre
gré, nous donnions notre pays à d’autres : des étrangers venus d’autres
coins du monde, qui ne parlent pas notre langue, ne respectent pas notre
culture, nos lois ni nos modes de vie, qui veulent remplacer les nôtres
par les leurs (…) Bruxelles ne défend pas l’Europe (…) Nous avons
renvoyé le sultan et ses janissaires, nous avons renvoyé l’Empereur
Habsbourg et ses soldats, les Soviets et leurs camarades et maintenant
nous allons renvoyer George Soros et ses réseaux. Nous lui demandons de
retourner en Amérique". Au prétexte que Soros est Juif, le procès en
antisémitisme est ouvert contre Orban par ceux qui ne veulent surtout
pas l’entendre. Or c’est Orban qui, en avril dernier, a déclaré à
l’adresse de Benyamin Netanyahou, premier ministre d’Israël et soutien
du Hongrois : "La Hongrie fera preuve de tolérance zéro contre
l’antisémitisme (…) La Hongrie a commis un crime durant la seconde
guerre mondiale en échouant à protéger les Juifs, mais cela n’arrivera
plus". En considérant la Hongrie comme un "modèle" dans sa "gestion des
mouvements migratoires illégaux", l’ambassadeur Fournier n’a certes pas
craint d’aller à contre-courant du récit macronien. La réponse brutale
du chef de l’Etat est conforme à ce qu’il a déjà montré de son
autoritarisme mal venu. Mais c’est lui, Macron, qui est en train de
perdre pied.
Article de Ivan Rioufol paru sur son blog