Le Hezbollah en guerre (5) : La naissance d'un Nouveau-Moyen-Orient (26 juillet 2006)
***
Par Norman Finkelstein & Jamie Stern-Weiner
Selon le droit international, tout type de recours à la force à Gaza est interdit à Israël, quelles que soient les circonstances.
Selon le droit international, tout type de recours à la force à Gaza est interdit à Israël, quelles que soient les circonstances.
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.com
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Lior Mizrahi / Getty Images
Depuis le 30 mars 2018, date à laquelle les manifestations largement non violentes à Gaza ont commencé, la communauté internationale a fermement condamné les attaques armées israéliennes.
Une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies a « déploré tout recours à la force excessif, disproportionné et indiscriminé par les forces israéliennes contre des civils Palestiniens », tandis que le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies dénonçait « l'usage disproportionné et indiscriminé de la force ». Après que des snipers israéliens aient tué Razan al-Najjar, une ambulancière palestinienne non armée âgée de vingt-et-un ans, le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a averti Israël qu'il « devait calibrer son utilisation de la force ». Dans un rapport accablant, Human Rights Watch a conclu que « le recours répété par les forces israéliennes à la force létale dans la bande de Gaza... contre des manifestants qui ne représentaient aucune menace imminente pour la vie peut constituer des crimes de guerre ».
Bien que ces condamnations soient les bienvenues, la question reste néanmoins de savoir si elles vont assez loin. En termes simples, est-ce qu'Israël a le droit de recourir à la force, de quelque manière que ce soit et quelles que soient les circonstances, contre la population de Gaza ?
Le débat juridique en cours porte sur deux questions interdépendantes :
- Les snipers israéliens ont-ils recouru à une force « excessive » ou « disproportionnée » contre les manifestants (comme l’affirment les critiques), ou la quantité de force déployée était-elle nécessaire pour empêcher les manifestants de franchir la clôture (comme Israël le prétend) ?
- La conduite d'Israël à l'égard des manifestations à Gaza est-elle régie par les lois relatives aux droits de l'homme (comme le prétendent les critiques) ou par le droit international humanitaire (comme Israël le prétend) ? Le droit international humanitaire s’applique dans les situations de conflit armé, tandis que les lois relatives aux droits de l’homme régissent l’application des lois nationales. La différence est importante, car les lois relatives aux droits de l’homme imposent des contraintes plus strictes à l’emploi de la force.
Dans
ces deux controverses, toutes les parties partent d’une prémisse
commune : Israël a le droit de recourir à la force pour empêcher les
habitants de Gaza de franchir la clôture. Le différend se résume à cette
question : quelle quantité de force est légitime ? Les critiques qui
allèguent une force « disproportionnée » ou « excessive » légitiment
tacitement le recours par Israël à une force « proportionnée » ou «
modérée », tandis que ceux qui insistent sur l'applicabilité des lois
relatives aux droits de l'homme considèrent que le recours à la force
par Israël est légitime en cas de « menace imminente » à la vie d'un
sniper.
Cette présomption existe même au pôle le plus critique du débat sur Gaza. Le groupe israélien de défense des droits de l'homme B'Tselem a condamné comme « illégal » le recours à la force létale par Israël contre des personnes non armées qui « s'approchaient de la clôture, l'endommageaient ou tentaient de la franchir ». Mais il a concédé « [qu'] évidemment, l'armée a le droit d'empêcher de telles actions, et même de détenir les individus qui tentent de les mener à bien ». Un haut responsable de Human Rights Watch a déclaré que le recours par Israël aux balles réelles à Gaza était « illégal ». Mais il a suggéré que « le recours à des moyens non létaux tels que le gaz lacrymogène, le skunk [liquide chimique pestilentiel] et les billes d'acier revêtues de caoutchouc » serait considéré légal. Le Comité international de la Croix-Rouge a averti Israël que « la force létale ne devait être utilisée qu'en dernier recours et lorsqu'elle est impérieusement requise pour protéger la vie [d'Israéliens] ». Même les principales organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont qualifié l'usage de la force par Israël d' « excessif », d' « indiscriminé » et de « disproportionné » plutôt que d'intrinsèquement illégal.
Mais le fait est qu'Israël ne peut légitimement revendiquer aucun droit de recourir à la force de quelque manière que ce soit à Gaza, que cet usage de la force soit modéré ou excessif, proportionné ou disproportionné, que les manifestants soient armés ou désarmés, qu'ils constituent une menace imminente pour la vie ou pas. Si ce fait n'est pas de notoriété publique, c'est parce que le débat actuel ne tient pas compte de réserves décisives du droit international et des abrégés de la situation spécifique à Gaza.
Ce que dit le droit international
Pour justifier son usage de la force à Gaza, Israël revendique le droit d'empêcher toute intrusion étrangère sur son territoire souverain. Un commentateur juridique israélien observe que cette préoccupation déclarée pour le caractère sacré de la « frontière » de Gaza est sélective et opportuniste. Israël envahit Gaza à volonté ; ce n'est que lorsque les Palestiniens cherchent à traverser la clôture dans l'autre sens que celle-ci devient sacro-sainte. Cette hypocrisie mise à part, le prétendu droit à la légitime défense d’Israël n’a toujours aucun fondement juridique. Au contraire, le recours à la force par Israël est contraire au droit international.
Les Palestiniens de Cisjordanie —y compris Jérusalem-Est— et de Gaza luttent pour obtenir leur « droit à l'autodétermination », qui a été reconnu et validé sur le plan international (Cour internationale de justice). Comme le souligne James Crawford, éminent juriste, le droit international interdit le recours à la force militaire « par une puissance administrante pour réprimer l’insurrection populaire généralisée dans une unité d’autodétermination », tandis que « le recours à la force par une entité non-étatique dans l'exercice d'un droit à l'autodétermination est juridiquement neutre, c'est-à-dire qu'il n'est aucunement réglementé par le droit international. »
Les manifestants à Gaza ont choisi de recourir à la non-violence pour obtenir leurs droits internationalement reconnus —une tactique que, bien sûr, le droit international n’interdit pas non plus. Mais cette décision prudente n'est pas une exigence légale. Même si les habitants de Gaza décidaient d’utiliser des armes contre les snipers israéliens qui entravent leur droit à l’autodétermination, le recours à la force militaire par Israël serait toujours légalement interdit.
La répartition des droits et des devoirs dans le discours occidental conventionnel —qui accorde de fait à Israël le droit d’utiliser la force violente pour se défendre contre les habitants de Gaza, alors qu’elle les oblige à mener leur lutte pour l'autodétermination de manière non-violente— bouleverse le droit international.
On pourrait objecter que dans la mesure où Israël est un occupant belligérant à Gaza, il a le droit, en vertu de la quatrième Convention de Genève de 1949, d’utiliser la force pour maintenir l’ordre public. Mais cette objection n'est pas recevable pour trois raisons.
Premièrement, la quatrième Convention de Genève oblige un occupant belligérant à subvenir aux besoins et à assurer le bien-être de la population occupée. En effet, la « Protection des civils en temps de guerre » est la raison d'être de cette Convention. Israël, cependant, a soumis la population civile de Gaza à un siège prolongé qui constitue une « punition collective » illégale selon le Comité international de la Croix-Rouge, et qui a rendu Gaza physiquement « invivable » selon l'ONU. La quatrième Convention de Genève ne garantit pas le droit d’Israël à préserver l’ordre à Gaza alors même qu’il viole de manière flagrante son obligation complémentaire de protéger le bien-être de la population civile de Gaza. De fait, les troubles qu'Israël prétend avoir le droit de réprimer découle directement du blocus criminel qu'il a imposé.
Deuxièmement, même si Israël est qualifié d'occupant belligérant à Gaza, le droit d'un peuple à l'autodétermination est une norme impérative (jus cogens) du droit international, à laquelle aucune dérogation n'est possible. Si, comme c'est ici le cas, le droit de l'occupation belligérante empiète sur le droit à l'autodétermination, le droit de Gaza à l'autodétermination l'emporte sur le droit d'Israël de maintenir l'ordre ; et si, comme c'est ici le cas, la lutte pour l'autodétermination est menée de manière non-violente, alors le prétendu droit d'Israël d'utiliser la force armée pour maintenir l'ordre est manifestement infondé.
Troisièmement, de fait, l'occupation de Gaza par Israël est désormais illégale, et Israël a par conséquent renoncé à ses droits d'occupant belligérant. La Cour internationale de Justice a statué en 1971 que puisque l’Afrique du Sud avait refusé de mener des négociations de bonne foi pour mettre fin à son occupation de la Namibie, cette occupation était devenue illégale. Le refus d’Israël, depuis plus d’un demi-siècle, de mener des négociations de bonne foi sur la base du droit international pour se retirer de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de Gaza, a également eu pour effet de délégitimer son occupation.
Il y a également une autre dimension juridique primordiale qui a été ignorée. C’est un principe fondamental du droit international qu’aucun État ne peut recourir à des mesures violentes avant d'avoir épuisé tous les « moyens pacifiques » (Charte des Nations Unies, article 2). Ce principe est aussi sacré pour la primauté du droit que le serment d'Hippocrate analogue, primum non nocere (avant tout, ne pas nuire), l'est pour la médecine. L’élan derrière les manifestations à la clôture de Gaza est le siège illégal d’Israël, et leur objectif est d’y mettre fin. Même le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a concédé : « Ils étouffent économiquement, et par conséquent, ils ont décidé de foncer sur la clôture ».
Si Israël veut protéger ses frontières, il n’a pas besoin de recourir à la coercition létale ou non-létale. Il lui suffit simplement de lever le siège. L'équipe de choc du Président Donald Trump pour le Moyen-Orient —son beau-fils Jared Kushner, l'ancien avocat en droit de la faillite David Friedman, l'ancien conseiller juridique de l'Organisation Trump Jason Greenblatt, et l'ancien gouverneur de Caroline du Sud Nikki Haley— allèguent, au contraire, que c'est le Hamas qui « maintient les Palestiniens de Gaza en captivité » et est « le premier responsable… de la perpétuation des souffrances du peuple de Gaza ». Mais s'ils sont tombés dans le terrier d'Alice (au pays des merveilles, dans un monde complètement absurde), nous ne sommes pas tenus de les y suivre. « Israël, en tant que puissance occupante », a statué le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (l'autorité en la matière), « doit lever le blocus qui viole... la quatrième Convention de Genève interdisant les sanctions collectives et empêche la réalisation d'un large éventail de droits de l'homme. »
De plus, le Hamas a constamment offert à Israël une trêve de longue durée (hudna) en échange de la fin du siège, et il a réitéré cette proposition tout au long des manifestations actuelles. Le 7 mai, une semaine avant qu'Israël tue plus de soixante manifestants à Gaza, Haaretz a rapporté que « les dirigeants du Hamas » avaient « transmis à Israël des messages indiquant leur volonté de négocier un cessez-le-feu de longue durée » en échange de, entre autres choses, « l'assouplissement du siège ». « Le Hamas continue de transmettre des messages aux autorités (civiles et militaires israéliennes) chargées de la défense selon lesquels il est toujours intéressé par une « hudna », a révélé un correspondant militaire israélien chevronné quelques jours plus tard. « Le Hamas lui-même a transmis l’année dernière à Israël différentes versions d’une hudna restreinte ou élargie, qui comprend non seulement Gaza mais aussi la Cisjordanie ».
L’armée israélienne a pris au sérieux ces offres de cessez-le-feu : « Le Hamas, selon les services de renseignement, est prêt à parvenir à un accord ». En effet, un officier supérieur a vivement insisté sur le fait que c'était « le moment de parvenir à un accord avec le Hamas », exhortant le gouvernement israélien à saisir cette occasion afin de prévenir « d'autres escalades armées ». Mais les autorités israéliennes n'étaient pas intéressées : « Les exigences et les conditions du Hamas n'ont jamais été discutées, car Israël refuse de parler au Hamas ». Le rejet par Israël de cette étape préliminaire pacifique constitue une double violation du droit international : l'imposition d'un blocus illégal et le recours illicite à la force armée lorsque les moyens pacifiques n'ont pas été épuisés.
Un droit d'empoisonner les enfants ?
Un des principes du droit est qu’aucun droit ne peut découler d’actes illégaux (ex injuria non oritur jus), et il est évident que le droit à la légitime défense n’existe pas dans toutes les situations. Un violeur ne peut prétendre à la légitime défense si la victime le martèle de coups de poing. Un propriétaire de théâtre n'a pas le droit de se défendre si les spectateurs s'en prennent à lui après qu'il ait mis le feu à l'édifice et les empêche de fuir. Le comportement d’Israël vis-à-vis de Gaza entre dans cette catégorie d’actes qui rendent nul et non avenu le droit à la légitime défense. S'il en était autrement, cela équivaudrait à valider le droit d'utiliser la force militaire pour maintenir une occupation illégale aggravée par un siège illégal.
S'il est malgré tout largement admis qu'Israël a le droit de recourir à la force pour empêcher les Gazaouis de violer sa « clôture frontalière », c'est parce que de savantes arguties sur les considérations d'ordre technique du droit ont occulté les enjeux humanitaires de la situation.
Qu'est-ce qu'est Gaza ?
L'étroite bande côtière compte parmi les zones les plus densément peuplées de la planète. Plus de 70% de ses deux millions d'habitants sont des réfugiés, tandis que plus de la moitié —un million— sont des enfants de moins de dix-huit ans. Pendant plus de dix ans, Israël a imposé à ce morceau de territoire un siège dévastateur. Cinquante pour cent de la main-d'œuvre de Gaza est maintenant au chômage, 80% dépend de l'aide alimentaire internationale et 96% de l'eau du robinet est contaminée.
Au début du mois de juillet, Israël a resserré davantage ses restrictions sur les marchandises autorisées à entrer à Gaza et a complètement interdit les exportations ; et par la suite, il a bloqué l'entrée de carburant, provoquant une urgence médicale, car des hôpitaux déjà débordés ont dû fermer. Selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Gisha, cette « mesure radicale de punition collective » constituait un retour aux « périodes les plus difficiles du siège » et équivalait à « une guerre économique ouverte contre la population civile de Gaza ». Cela a été suivi mi-juillet par des attaques aériennes sur des dizaines de cibles à Gaza.
Israël a justifié le siège renforcé et les attaques aériennes en réaction aux cerfs-volants enflammés envoyés au-dessus du périmètre de la clôture par des manifestants de Gaza. Mais ces soi-disant « cerfs-volants terroristes » ont causé des destructions estimées au total à 2 millions de dollars et, selon des sources militaires israéliennes, « ne constituent pas une menace immédiate ou sérieuse ». Comme l'a sobrement rapporté un correspondant militaire israélien, « les dégâts psychologiques causés par les incendies le long de la frontière sont pires que les dégâts réels ». « Toutes ces jérémiades à propos des cerfs-volants me rendent fou », râla un officier israélien de haut rang pour éluder la question des cerfs-volants. « C'est aussi tout le contraire de ce que vous entendez de la plupart des gens qui vivent ici... Les gens disent ouvertement : nous aimons cet endroit, nous voulons vivre ici malgré les incendies. »
« Nous ne sommes pas des terroristes », a plaidé un lanceur de cerfs-volants de l’autre côté de la clôture. « Nous sommes une génération sans espoir et sans horizon qui vit sous un siège suffocant, et c'est ce message que nous essayons d'envoyer au monde. En Israël, ils pleurent sur les champs et les forêts qui ont brûlé. Mais qu'en est-il de nous, qui mourons tous les jours ? » « Les activistes du cerf-volant, principalement des adolescents, ont juré de « continuer... jusqu'à... ce que les exigences du peuple palestinien de lever le blocus » soient satisfaites.
À la fin du mois de juillet, un retour partiel au statu quo ante a été rétabli, Israël permettant à un filet de marchandises d'entrer dans Gaza tandis que le Hamas serrait la bride des cerfs-volants. Mais il y a de fortes chances que les événements récents se reproduisent —manifestations non violentes à Gaza, provocations israéliennes violentes, riposte du Hamas, siège renforcé—, culminant dans un autre assaut militaire israélien qui sera, d'après les menaces du ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman, « plus douloureux que l'opération Bordure protectrice. »
Si et au moment où la nouvelle conflagration arrive(ra), et qu'Israël proclame qu'il ne fait que défendre sa frontière, la riposte rhétoriquement correcte sera que la barrière séparant Gaza d'Israël n'est pas plus une « frontière » que Gaza n'est un État. Le professeur distingué de l’université hébraïque, Baruch Kimmerling, a qualifié Gaza de « camp de concentration », tandis que l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, l’a désignée comme une « prison à ciel ouvert ». L'équipe éditoriale d'Haaretz l'a appelé un « ghetto », le journal The Economist une « déchetterie humaine » et le Comité international de la Croix-Rouge un « navire en perdition ». Gaza est ce que le responsable en chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé un « bidonville toxique » dans lequel toute une population civile est « enfermée de leur naissance jusqu'à leur mort ».
Est-ce qu'Israël a le droit d'utiliser la force pour incarcérer le million d'enfants de Gaza dans un « ghetto » ou un « bidonville toxique » ? Les habitants de Gaza n'ont-ils pas le droit de s'évader d'un « camp de concentration » ?
Aujourd'hui, trouve-t-on des gens qui débattent pour savoir si l’Allemagne nazie a utilisé ou non une force « excessive » et « disproportionnée » pour réprimer le soulèvement du Ghetto de Varsovie ? Qui se demande maintenant si l'Allemagne nazie avait un « droit à la légitime défense » contre l'Organisation juive de combat —qui a résisté les armes à la main ? De telles questions sont-elles seulement concevables ?
On pourrait objecter que Gaza n'est pas le Ghetto de Varsovie. Mais comme l'a remarqué un journaliste israélien qui a servi à Gaza lors de la première Intifada, « le problème ne réside pas dans la similitude... mais dans le fait qu'il n'y ait pas assez de manque de similitude ». L'Organisation mondiale de la santé a déclaré que « plus d'un million de personnes dans la bande de Gaza risquent de contracter des maladies hydriques », tandis qu'un expert israélien prédit que Gaza sera bientôt envahie par des épidémies de typhus et de choléra comme celles qui ont décimé les Juifs dans le Ghetto de Varsovie.
L’objectif principal du droit international humanitaire est de protéger les civils des ravages de la guerre. L’objectif principal du droit international relatif aux droits de l’homme est de protéger la dignité des personnes. Comment l'un ou l'autre de ces corps de lois pourrait-il donc être utilisé pour justifier un recours à la force —quel qu'elle soit— conçu pour piéger des civils dans un enfer dans lequel ils sont avilis, tourmentés et tués ?
Si, à titre spéculatif, on reconnaissait à Israël le droit légal d'utiliser la force pour empêcher les habitants de Gaza d'échapper à leur « prison », cela exposerait simplement la profonde inadéquation de la loi.
Dans son opinion dissidente sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 1996 sur la légalité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, le juge Weeramantry a relevé l’ironie suivante : la CIJ condamne le recours aux balles « dum-dum » (éclatant à l'impact pour maximiser les dégâts sans tuer), mais rechigne à condamner l'utilisation d'armes nucléaires. « Il semblerait étrange, écrit-il, que l'expansion dans le corps d'un seul soldat d'une seule balle soit une cruauté excessive que le droit international ne peut tolérer depuis 1899, mais que l'incinération en une seconde de cent mille civils ne le soit pas ». Le juge Weeramantry a ensuite fait remarquer :
Cette présomption existe même au pôle le plus critique du débat sur Gaza. Le groupe israélien de défense des droits de l'homme B'Tselem a condamné comme « illégal » le recours à la force létale par Israël contre des personnes non armées qui « s'approchaient de la clôture, l'endommageaient ou tentaient de la franchir ». Mais il a concédé « [qu'] évidemment, l'armée a le droit d'empêcher de telles actions, et même de détenir les individus qui tentent de les mener à bien ». Un haut responsable de Human Rights Watch a déclaré que le recours par Israël aux balles réelles à Gaza était « illégal ». Mais il a suggéré que « le recours à des moyens non létaux tels que le gaz lacrymogène, le skunk [liquide chimique pestilentiel] et les billes d'acier revêtues de caoutchouc » serait considéré légal. Le Comité international de la Croix-Rouge a averti Israël que « la force létale ne devait être utilisée qu'en dernier recours et lorsqu'elle est impérieusement requise pour protéger la vie [d'Israéliens] ». Même les principales organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont qualifié l'usage de la force par Israël d' « excessif », d' « indiscriminé » et de « disproportionné » plutôt que d'intrinsèquement illégal.
Mais le fait est qu'Israël ne peut légitimement revendiquer aucun droit de recourir à la force de quelque manière que ce soit à Gaza, que cet usage de la force soit modéré ou excessif, proportionné ou disproportionné, que les manifestants soient armés ou désarmés, qu'ils constituent une menace imminente pour la vie ou pas. Si ce fait n'est pas de notoriété publique, c'est parce que le débat actuel ne tient pas compte de réserves décisives du droit international et des abrégés de la situation spécifique à Gaza.
Ce que dit le droit international
Pour justifier son usage de la force à Gaza, Israël revendique le droit d'empêcher toute intrusion étrangère sur son territoire souverain. Un commentateur juridique israélien observe que cette préoccupation déclarée pour le caractère sacré de la « frontière » de Gaza est sélective et opportuniste. Israël envahit Gaza à volonté ; ce n'est que lorsque les Palestiniens cherchent à traverser la clôture dans l'autre sens que celle-ci devient sacro-sainte. Cette hypocrisie mise à part, le prétendu droit à la légitime défense d’Israël n’a toujours aucun fondement juridique. Au contraire, le recours à la force par Israël est contraire au droit international.
Les Palestiniens de Cisjordanie —y compris Jérusalem-Est— et de Gaza luttent pour obtenir leur « droit à l'autodétermination », qui a été reconnu et validé sur le plan international (Cour internationale de justice). Comme le souligne James Crawford, éminent juriste, le droit international interdit le recours à la force militaire « par une puissance administrante pour réprimer l’insurrection populaire généralisée dans une unité d’autodétermination », tandis que « le recours à la force par une entité non-étatique dans l'exercice d'un droit à l'autodétermination est juridiquement neutre, c'est-à-dire qu'il n'est aucunement réglementé par le droit international. »
Les manifestants à Gaza ont choisi de recourir à la non-violence pour obtenir leurs droits internationalement reconnus —une tactique que, bien sûr, le droit international n’interdit pas non plus. Mais cette décision prudente n'est pas une exigence légale. Même si les habitants de Gaza décidaient d’utiliser des armes contre les snipers israéliens qui entravent leur droit à l’autodétermination, le recours à la force militaire par Israël serait toujours légalement interdit.
La répartition des droits et des devoirs dans le discours occidental conventionnel —qui accorde de fait à Israël le droit d’utiliser la force violente pour se défendre contre les habitants de Gaza, alors qu’elle les oblige à mener leur lutte pour l'autodétermination de manière non-violente— bouleverse le droit international.
On pourrait objecter que dans la mesure où Israël est un occupant belligérant à Gaza, il a le droit, en vertu de la quatrième Convention de Genève de 1949, d’utiliser la force pour maintenir l’ordre public. Mais cette objection n'est pas recevable pour trois raisons.
Premièrement, la quatrième Convention de Genève oblige un occupant belligérant à subvenir aux besoins et à assurer le bien-être de la population occupée. En effet, la « Protection des civils en temps de guerre » est la raison d'être de cette Convention. Israël, cependant, a soumis la population civile de Gaza à un siège prolongé qui constitue une « punition collective » illégale selon le Comité international de la Croix-Rouge, et qui a rendu Gaza physiquement « invivable » selon l'ONU. La quatrième Convention de Genève ne garantit pas le droit d’Israël à préserver l’ordre à Gaza alors même qu’il viole de manière flagrante son obligation complémentaire de protéger le bien-être de la population civile de Gaza. De fait, les troubles qu'Israël prétend avoir le droit de réprimer découle directement du blocus criminel qu'il a imposé.
Deuxièmement, même si Israël est qualifié d'occupant belligérant à Gaza, le droit d'un peuple à l'autodétermination est une norme impérative (jus cogens) du droit international, à laquelle aucune dérogation n'est possible. Si, comme c'est ici le cas, le droit de l'occupation belligérante empiète sur le droit à l'autodétermination, le droit de Gaza à l'autodétermination l'emporte sur le droit d'Israël de maintenir l'ordre ; et si, comme c'est ici le cas, la lutte pour l'autodétermination est menée de manière non-violente, alors le prétendu droit d'Israël d'utiliser la force armée pour maintenir l'ordre est manifestement infondé.
Troisièmement, de fait, l'occupation de Gaza par Israël est désormais illégale, et Israël a par conséquent renoncé à ses droits d'occupant belligérant. La Cour internationale de Justice a statué en 1971 que puisque l’Afrique du Sud avait refusé de mener des négociations de bonne foi pour mettre fin à son occupation de la Namibie, cette occupation était devenue illégale. Le refus d’Israël, depuis plus d’un demi-siècle, de mener des négociations de bonne foi sur la base du droit international pour se retirer de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de Gaza, a également eu pour effet de délégitimer son occupation.
Il y a également une autre dimension juridique primordiale qui a été ignorée. C’est un principe fondamental du droit international qu’aucun État ne peut recourir à des mesures violentes avant d'avoir épuisé tous les « moyens pacifiques » (Charte des Nations Unies, article 2). Ce principe est aussi sacré pour la primauté du droit que le serment d'Hippocrate analogue, primum non nocere (avant tout, ne pas nuire), l'est pour la médecine. L’élan derrière les manifestations à la clôture de Gaza est le siège illégal d’Israël, et leur objectif est d’y mettre fin. Même le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a concédé : « Ils étouffent économiquement, et par conséquent, ils ont décidé de foncer sur la clôture ».
Si Israël veut protéger ses frontières, il n’a pas besoin de recourir à la coercition létale ou non-létale. Il lui suffit simplement de lever le siège. L'équipe de choc du Président Donald Trump pour le Moyen-Orient —son beau-fils Jared Kushner, l'ancien avocat en droit de la faillite David Friedman, l'ancien conseiller juridique de l'Organisation Trump Jason Greenblatt, et l'ancien gouverneur de Caroline du Sud Nikki Haley— allèguent, au contraire, que c'est le Hamas qui « maintient les Palestiniens de Gaza en captivité » et est « le premier responsable… de la perpétuation des souffrances du peuple de Gaza ». Mais s'ils sont tombés dans le terrier d'Alice (au pays des merveilles, dans un monde complètement absurde), nous ne sommes pas tenus de les y suivre. « Israël, en tant que puissance occupante », a statué le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (l'autorité en la matière), « doit lever le blocus qui viole... la quatrième Convention de Genève interdisant les sanctions collectives et empêche la réalisation d'un large éventail de droits de l'homme. »
De plus, le Hamas a constamment offert à Israël une trêve de longue durée (hudna) en échange de la fin du siège, et il a réitéré cette proposition tout au long des manifestations actuelles. Le 7 mai, une semaine avant qu'Israël tue plus de soixante manifestants à Gaza, Haaretz a rapporté que « les dirigeants du Hamas » avaient « transmis à Israël des messages indiquant leur volonté de négocier un cessez-le-feu de longue durée » en échange de, entre autres choses, « l'assouplissement du siège ». « Le Hamas continue de transmettre des messages aux autorités (civiles et militaires israéliennes) chargées de la défense selon lesquels il est toujours intéressé par une « hudna », a révélé un correspondant militaire israélien chevronné quelques jours plus tard. « Le Hamas lui-même a transmis l’année dernière à Israël différentes versions d’une hudna restreinte ou élargie, qui comprend non seulement Gaza mais aussi la Cisjordanie ».
L’armée israélienne a pris au sérieux ces offres de cessez-le-feu : « Le Hamas, selon les services de renseignement, est prêt à parvenir à un accord ». En effet, un officier supérieur a vivement insisté sur le fait que c'était « le moment de parvenir à un accord avec le Hamas », exhortant le gouvernement israélien à saisir cette occasion afin de prévenir « d'autres escalades armées ». Mais les autorités israéliennes n'étaient pas intéressées : « Les exigences et les conditions du Hamas n'ont jamais été discutées, car Israël refuse de parler au Hamas ». Le rejet par Israël de cette étape préliminaire pacifique constitue une double violation du droit international : l'imposition d'un blocus illégal et le recours illicite à la force armée lorsque les moyens pacifiques n'ont pas été épuisés.
Un droit d'empoisonner les enfants ?
Un des principes du droit est qu’aucun droit ne peut découler d’actes illégaux (ex injuria non oritur jus), et il est évident que le droit à la légitime défense n’existe pas dans toutes les situations. Un violeur ne peut prétendre à la légitime défense si la victime le martèle de coups de poing. Un propriétaire de théâtre n'a pas le droit de se défendre si les spectateurs s'en prennent à lui après qu'il ait mis le feu à l'édifice et les empêche de fuir. Le comportement d’Israël vis-à-vis de Gaza entre dans cette catégorie d’actes qui rendent nul et non avenu le droit à la légitime défense. S'il en était autrement, cela équivaudrait à valider le droit d'utiliser la force militaire pour maintenir une occupation illégale aggravée par un siège illégal.
S'il est malgré tout largement admis qu'Israël a le droit de recourir à la force pour empêcher les Gazaouis de violer sa « clôture frontalière », c'est parce que de savantes arguties sur les considérations d'ordre technique du droit ont occulté les enjeux humanitaires de la situation.
Qu'est-ce qu'est Gaza ?
L'étroite bande côtière compte parmi les zones les plus densément peuplées de la planète. Plus de 70% de ses deux millions d'habitants sont des réfugiés, tandis que plus de la moitié —un million— sont des enfants de moins de dix-huit ans. Pendant plus de dix ans, Israël a imposé à ce morceau de territoire un siège dévastateur. Cinquante pour cent de la main-d'œuvre de Gaza est maintenant au chômage, 80% dépend de l'aide alimentaire internationale et 96% de l'eau du robinet est contaminée.
Au début du mois de juillet, Israël a resserré davantage ses restrictions sur les marchandises autorisées à entrer à Gaza et a complètement interdit les exportations ; et par la suite, il a bloqué l'entrée de carburant, provoquant une urgence médicale, car des hôpitaux déjà débordés ont dû fermer. Selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Gisha, cette « mesure radicale de punition collective » constituait un retour aux « périodes les plus difficiles du siège » et équivalait à « une guerre économique ouverte contre la population civile de Gaza ». Cela a été suivi mi-juillet par des attaques aériennes sur des dizaines de cibles à Gaza.
Israël a justifié le siège renforcé et les attaques aériennes en réaction aux cerfs-volants enflammés envoyés au-dessus du périmètre de la clôture par des manifestants de Gaza. Mais ces soi-disant « cerfs-volants terroristes » ont causé des destructions estimées au total à 2 millions de dollars et, selon des sources militaires israéliennes, « ne constituent pas une menace immédiate ou sérieuse ». Comme l'a sobrement rapporté un correspondant militaire israélien, « les dégâts psychologiques causés par les incendies le long de la frontière sont pires que les dégâts réels ». « Toutes ces jérémiades à propos des cerfs-volants me rendent fou », râla un officier israélien de haut rang pour éluder la question des cerfs-volants. « C'est aussi tout le contraire de ce que vous entendez de la plupart des gens qui vivent ici... Les gens disent ouvertement : nous aimons cet endroit, nous voulons vivre ici malgré les incendies. »
« Nous ne sommes pas des terroristes », a plaidé un lanceur de cerfs-volants de l’autre côté de la clôture. « Nous sommes une génération sans espoir et sans horizon qui vit sous un siège suffocant, et c'est ce message que nous essayons d'envoyer au monde. En Israël, ils pleurent sur les champs et les forêts qui ont brûlé. Mais qu'en est-il de nous, qui mourons tous les jours ? » « Les activistes du cerf-volant, principalement des adolescents, ont juré de « continuer... jusqu'à... ce que les exigences du peuple palestinien de lever le blocus » soient satisfaites.
À la fin du mois de juillet, un retour partiel au statu quo ante a été rétabli, Israël permettant à un filet de marchandises d'entrer dans Gaza tandis que le Hamas serrait la bride des cerfs-volants. Mais il y a de fortes chances que les événements récents se reproduisent —manifestations non violentes à Gaza, provocations israéliennes violentes, riposte du Hamas, siège renforcé—, culminant dans un autre assaut militaire israélien qui sera, d'après les menaces du ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman, « plus douloureux que l'opération Bordure protectrice. »
Si et au moment où la nouvelle conflagration arrive(ra), et qu'Israël proclame qu'il ne fait que défendre sa frontière, la riposte rhétoriquement correcte sera que la barrière séparant Gaza d'Israël n'est pas plus une « frontière » que Gaza n'est un État. Le professeur distingué de l’université hébraïque, Baruch Kimmerling, a qualifié Gaza de « camp de concentration », tandis que l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, l’a désignée comme une « prison à ciel ouvert ». L'équipe éditoriale d'Haaretz l'a appelé un « ghetto », le journal The Economist une « déchetterie humaine » et le Comité international de la Croix-Rouge un « navire en perdition ». Gaza est ce que le responsable en chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé un « bidonville toxique » dans lequel toute une population civile est « enfermée de leur naissance jusqu'à leur mort ».
Est-ce qu'Israël a le droit d'utiliser la force pour incarcérer le million d'enfants de Gaza dans un « ghetto » ou un « bidonville toxique » ? Les habitants de Gaza n'ont-ils pas le droit de s'évader d'un « camp de concentration » ?
Aujourd'hui, trouve-t-on des gens qui débattent pour savoir si l’Allemagne nazie a utilisé ou non une force « excessive » et « disproportionnée » pour réprimer le soulèvement du Ghetto de Varsovie ? Qui se demande maintenant si l'Allemagne nazie avait un « droit à la légitime défense » contre l'Organisation juive de combat —qui a résisté les armes à la main ? De telles questions sont-elles seulement concevables ?
On pourrait objecter que Gaza n'est pas le Ghetto de Varsovie. Mais comme l'a remarqué un journaliste israélien qui a servi à Gaza lors de la première Intifada, « le problème ne réside pas dans la similitude... mais dans le fait qu'il n'y ait pas assez de manque de similitude ». L'Organisation mondiale de la santé a déclaré que « plus d'un million de personnes dans la bande de Gaza risquent de contracter des maladies hydriques », tandis qu'un expert israélien prédit que Gaza sera bientôt envahie par des épidémies de typhus et de choléra comme celles qui ont décimé les Juifs dans le Ghetto de Varsovie.
L’objectif principal du droit international humanitaire est de protéger les civils des ravages de la guerre. L’objectif principal du droit international relatif aux droits de l’homme est de protéger la dignité des personnes. Comment l'un ou l'autre de ces corps de lois pourrait-il donc être utilisé pour justifier un recours à la force —quel qu'elle soit— conçu pour piéger des civils dans un enfer dans lequel ils sont avilis, tourmentés et tués ?
Si, à titre spéculatif, on reconnaissait à Israël le droit légal d'utiliser la force pour empêcher les habitants de Gaza d'échapper à leur « prison », cela exposerait simplement la profonde inadéquation de la loi.
Dans son opinion dissidente sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 1996 sur la légalité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, le juge Weeramantry a relevé l’ironie suivante : la CIJ condamne le recours aux balles « dum-dum » (éclatant à l'impact pour maximiser les dégâts sans tuer), mais rechigne à condamner l'utilisation d'armes nucléaires. « Il semblerait étrange, écrit-il, que l'expansion dans le corps d'un seul soldat d'une seule balle soit une cruauté excessive que le droit international ne peut tolérer depuis 1899, mais que l'incinération en une seconde de cent mille civils ne le soit pas ». Le juge Weeramantry a ensuite fait remarquer :
«
Chaque branche de la connaissance tire bénéfice d'un processus
consistant à prendre de temps en temps du recul vis-a-vis d'elle-même et
à se scruter objectivement pour détecter les anomalies et les
absurdités. Si une anomalie ou une absurdité flagrante devient apparente
mais n'est pas remise en question, cette discipline risque d’être
perçue comme *se noyant* dans ses propres considérations techniques. »
L’idée
qu’Israël aurait le droit d’enfermer de force un million d’enfants dans
un espace invivable est une absurdité, et les avocats qui se demandent
si Israël a utilisé ou non une force « excessive » pour empêcher les
Gazaouis de fuir leur ghetto *se noient* dans leurs considérations
techniques.
« Des êtres humains innocents, pour la plupart des jeunes », a observé Sara Roy, du Centre d'études sur le Moyen-Orient de l'Université de Harvard, « sont en train d'être lentement empoisonnés par l'eau qu'ils boivent et probablement par le sol dans lequel ils plantent ».
La seule question moralement saine posée par la situation à Gaza est la suivante : Israël a-t-il le droit, au nom de la « légitime défense », d'empoisonner un million d'enfants ?
Il est consternant que cette simple question n’ait pas seulement été contournée, mais ne soit même pas visible dans le débat actuel.
Norman G. Finkelstein est l'auteur de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-palestinien. Son dernier livre s'intitule Gaza : enquête sur son martyre.
Jamie Stern-Weiner est le rédacteur en chef de Moment de vérité : Les questions les plus difficiles sur Israël et la Palestine.
« Des êtres humains innocents, pour la plupart des jeunes », a observé Sara Roy, du Centre d'études sur le Moyen-Orient de l'Université de Harvard, « sont en train d'être lentement empoisonnés par l'eau qu'ils boivent et probablement par le sol dans lequel ils plantent ».
La seule question moralement saine posée par la situation à Gaza est la suivante : Israël a-t-il le droit, au nom de la « légitime défense », d'empoisonner un million d'enfants ?
Il est consternant que cette simple question n’ait pas seulement été contournée, mais ne soit même pas visible dans le débat actuel.
Norman G. Finkelstein est l'auteur de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-palestinien. Son dernier livre s'intitule Gaza : enquête sur son martyre.
Jamie Stern-Weiner est le rédacteur en chef de Moment de vérité : Les questions les plus difficiles sur Israël et la Palestine.
***
Par Ron Unz*
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.com
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Il y a 35 ans environ, j'étais assis dans ma chambre universitaire et je lisais le New York Times
comme chaque matin, lorsqu'un article étonnant sur le nouveau Premier
ministre israélien controversé, Yitzhak Shamir, a tout particulièrement
attiré mon attention.
En ces temps anciens, la Grey Lady [surnom du New York Times] était une publication entièrement imprimée en noir et blanc, dépourvue des grandes photographies en couleurs de stars du rap et de longs récits sur les différents régimes diététiques qui occupent tant de place dans les médias actuels, et elle semblait également être beaucoup plus incisive dans ses reportages sur le Moyen-Orient. Environ un an plus tôt, le prédécesseur de Shamir, Menachem Begin, avait autorisé son ministre de la Défense Ariel Sharon à envahir le Liban et à assiéger Beyrouth, et le massacre de femmes et d'enfants palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila qui s'ensuivit avait indigné le monde entier et suscité la colère du gouvernement américain. Cela a finalement conduit à la démission de Begin, Shamir, son ministre des Affaires étrangères, prenant sa place.
Avant sa surprenante victoire électorale de 1977, Begin avait passé des décennies dans le désert politique, étant considéré comme un homme inacceptable de la droite dure, et Shamir avait un passé encore plus extrême, les médias dominants américains rapportant librement sa longue implication dans toutes sortes d'assassinats de grande envergure et dans des attaques terroristes dans les années 1940, le décrivant en effet comme un individu très peu recommandable.
Compte tenu des activités notoires de Shamir, peu de révélations auraient pu me choquer, mais ce fut le cas de celle-ci. Apparemment, à la fin des années 1930, Shamir et sa petite faction sioniste étaient devenus de grands admirateurs des fascistes italiens et des Nazis allemands, et après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ils avaient tenté à plusieurs reprises de contacter Mussolini et les dirigeants allemands en 1940 et 1941, espérant s'enrôler dans les puissances de l'Axe en tant que leur affilié palestinien, et entreprendre une campagne d'attaques et d'espionnage contre les forces britanniques locales, puis partager le butin politique après le triomphe inévitable d'Hitler.
De fait, le New York Times considérait clairement Shamir sous un jour très négatif, mais il me semblait extrêmement improbable qu'il ait pu publier une histoire aussi remarquable sans être absolument certain de la réalité des faits. Entre autres, il publiait de longs extraits des lettres officielles envoyées à Mussolini dans lesquelles Shamir dénonçait férocement les systèmes démocratiques « décadents » de Grande-Bretagne et de France auxquels il s'opposait, et assurant Il Duce que de telles notions politiques ridicules n'auraient aucune place dans le futur État client totalitaire qu'il espérait établir sous ses auspices en Palestine.
En l'occurrence, l'Allemagne et l'Italie étaient alors préoccupées par des problèmes géopolitiques de plus grande ampleur, et compte tenu de la petite taille de la faction sioniste de Shamir, il semble que ces efforts n'aient jamais abouti à grand-chose. Mais l'idée que le Premier ministre actuel de l'Etat juif ait passé ses premières années de guerre en aspirant vainement à être l'allié des Nazis était certainement un fait marquant, pas tout à fait conforme au récit traditionnel de l'époque que j'avais jusque-là accepté.
Plus remarquable encore, la révélation du passé pro-Axe de Shamir semble n'avoir eu qu'un impact relativement mineur sur sa position politique au sein de la société israélienne. Je pense que toute personnalité politique américaine dont on découvrirait qu'elle avait soutenu une alliance militaire avec l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale aurait les plus grandes difficultés à survivre au scandale politique qui en résulterait, et il en irait de même pour les politiciens britanniques, français, ou la plupart des autres pays occidentaux. Mais bien qu'il y ait certainement eu de l'embarras exprimé dans la presse israélienne, en particulier après que cette histoire choquante ait fait les gros titres de la presse internationale, la plupart des Israéliens semblent avoir considéré toute l'affaire sans broncher, et Shamir est resté au pouvoir durant une autre année, puis a exercé un second mandat, beaucoup plus long, en tant que Premier ministre de 1986 à 1992. Les Juifs d'Israël semblaient considérer l'Allemagne nazie très différemment de la plupart des Américains, sans même parler de la plupart des Juifs américains.
En ces temps anciens, la Grey Lady [surnom du New York Times] était une publication entièrement imprimée en noir et blanc, dépourvue des grandes photographies en couleurs de stars du rap et de longs récits sur les différents régimes diététiques qui occupent tant de place dans les médias actuels, et elle semblait également être beaucoup plus incisive dans ses reportages sur le Moyen-Orient. Environ un an plus tôt, le prédécesseur de Shamir, Menachem Begin, avait autorisé son ministre de la Défense Ariel Sharon à envahir le Liban et à assiéger Beyrouth, et le massacre de femmes et d'enfants palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila qui s'ensuivit avait indigné le monde entier et suscité la colère du gouvernement américain. Cela a finalement conduit à la démission de Begin, Shamir, son ministre des Affaires étrangères, prenant sa place.
Avant sa surprenante victoire électorale de 1977, Begin avait passé des décennies dans le désert politique, étant considéré comme un homme inacceptable de la droite dure, et Shamir avait un passé encore plus extrême, les médias dominants américains rapportant librement sa longue implication dans toutes sortes d'assassinats de grande envergure et dans des attaques terroristes dans les années 1940, le décrivant en effet comme un individu très peu recommandable.
Compte tenu des activités notoires de Shamir, peu de révélations auraient pu me choquer, mais ce fut le cas de celle-ci. Apparemment, à la fin des années 1930, Shamir et sa petite faction sioniste étaient devenus de grands admirateurs des fascistes italiens et des Nazis allemands, et après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ils avaient tenté à plusieurs reprises de contacter Mussolini et les dirigeants allemands en 1940 et 1941, espérant s'enrôler dans les puissances de l'Axe en tant que leur affilié palestinien, et entreprendre une campagne d'attaques et d'espionnage contre les forces britanniques locales, puis partager le butin politique après le triomphe inévitable d'Hitler.
De fait, le New York Times considérait clairement Shamir sous un jour très négatif, mais il me semblait extrêmement improbable qu'il ait pu publier une histoire aussi remarquable sans être absolument certain de la réalité des faits. Entre autres, il publiait de longs extraits des lettres officielles envoyées à Mussolini dans lesquelles Shamir dénonçait férocement les systèmes démocratiques « décadents » de Grande-Bretagne et de France auxquels il s'opposait, et assurant Il Duce que de telles notions politiques ridicules n'auraient aucune place dans le futur État client totalitaire qu'il espérait établir sous ses auspices en Palestine.
En l'occurrence, l'Allemagne et l'Italie étaient alors préoccupées par des problèmes géopolitiques de plus grande ampleur, et compte tenu de la petite taille de la faction sioniste de Shamir, il semble que ces efforts n'aient jamais abouti à grand-chose. Mais l'idée que le Premier ministre actuel de l'Etat juif ait passé ses premières années de guerre en aspirant vainement à être l'allié des Nazis était certainement un fait marquant, pas tout à fait conforme au récit traditionnel de l'époque que j'avais jusque-là accepté.
Plus remarquable encore, la révélation du passé pro-Axe de Shamir semble n'avoir eu qu'un impact relativement mineur sur sa position politique au sein de la société israélienne. Je pense que toute personnalité politique américaine dont on découvrirait qu'elle avait soutenu une alliance militaire avec l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale aurait les plus grandes difficultés à survivre au scandale politique qui en résulterait, et il en irait de même pour les politiciens britanniques, français, ou la plupart des autres pays occidentaux. Mais bien qu'il y ait certainement eu de l'embarras exprimé dans la presse israélienne, en particulier après que cette histoire choquante ait fait les gros titres de la presse internationale, la plupart des Israéliens semblent avoir considéré toute l'affaire sans broncher, et Shamir est resté au pouvoir durant une autre année, puis a exercé un second mandat, beaucoup plus long, en tant que Premier ministre de 1986 à 1992. Les Juifs d'Israël semblaient considérer l'Allemagne nazie très différemment de la plupart des Américains, sans même parler de la plupart des Juifs américains.
***
A
la même époque, un deuxième exemple intriguant de cette perspective
israélienne très différente à l'égard des Nazis a également été porté à
mon attention. En 1983, Amoz Oz, souvent décrit comme le plus grand
romancier d'Israël, avait publié Dans la Terre d'Israël, recevant
des critiques élogieuses. Ce livre était un recueil de longues
interviews de diverses personnalités représentatives de la société
israélienne, à la fois modérées et extrêmes, ainsi que de reportages sur
les Palestiniens qui vivaient également parmi eux.
Parmi ces profils idéologiques, l'un des plus brefs mais celui dont on parla le plus était une personnalité politique particulièrement intransigeante, anonyme mais presque universellement identifiée comme Ariel Sharon, une conclusion clairement étayée par les détails personnels et la description physique qui étaient fournis. Au tout début, cette figure mentionnait que des personnalités de son parti idéologique avaient récemment été dénoncées comme des « judéo-nazis » par un éminent universitaire libéral israélien, mais plutôt que de rejeter cette étiquette, il s'en félicitait pleinement. Cet homme fut donc généralement évoqué dans les discussions publiques comme le « judéo-nazi ».
Qu'il se décrive en ces termes n'était guère une exagération, puisqu'il préconisait avec allégresse le massacre de millions d'ennemis d'Israël et la vaste expansion du territoire israélien par la conquête des territoires voisins et l'expulsion de leurs populations, ainsi que la libre utilisation d'armes nucléaire si celles-ci ou quiconque s'opposaient trop fermement à de tels efforts. Selon son opinion audacieuse, les Israéliens et les Juifs en général étaient tout simplement trop doux et trop humbles et devaient retrouver leur place dans le monde en redevenant un peuple conquérant, probablement détesté mais certainement craint. Pour lui, le massacre récent de femmes et d'enfants palestiniens à Sabra et à Chatila n'avait absolument aucune importance, et l'aspect le plus regrettable de l'incident était que les meurtriers soient des phalangistes chrétiens alliés d'Israël plutôt que des soldats israéliens eux-mêmes.
Certes, l'excès rhétorique est assez répandu parmi les politiciens, et de toute évidence, un voile d'anonymat garanti déliera de nombreuses langues. Mais est-ce que quelqu'un peut imaginer une personnalité américaine ou occidentale s'exprimer en ces termes, a plus forte raison de quelqu'un qui évolue dans les plus hautes sphères politiques ? Ces jours-ci, Donald Trump tweete parfois à deux heures du matin une insulte grossière mal orthographiée, et les médias américains sont saisis d'horreur. Mais étant donné que son administration fuit comme une passoire, s'il se vantait régulièrement auprès de ses confidents de vouloir massacrer des millions de personnes, nous en aurions sûrement entendu parler. D'ailleurs, il ne semble pas y avoir la moindre preuve que les premiers Nazis allemands aient jamais parlé de cette manière en privé, et encore moins pendant qu'un journaliste prenait soigneusement des notes. Mais en ce qui concerne les « judéo-nazis » d'Israël, c'est une toute autre histoire.
Parmi ces profils idéologiques, l'un des plus brefs mais celui dont on parla le plus était une personnalité politique particulièrement intransigeante, anonyme mais presque universellement identifiée comme Ariel Sharon, une conclusion clairement étayée par les détails personnels et la description physique qui étaient fournis. Au tout début, cette figure mentionnait que des personnalités de son parti idéologique avaient récemment été dénoncées comme des « judéo-nazis » par un éminent universitaire libéral israélien, mais plutôt que de rejeter cette étiquette, il s'en félicitait pleinement. Cet homme fut donc généralement évoqué dans les discussions publiques comme le « judéo-nazi ».
Qu'il se décrive en ces termes n'était guère une exagération, puisqu'il préconisait avec allégresse le massacre de millions d'ennemis d'Israël et la vaste expansion du territoire israélien par la conquête des territoires voisins et l'expulsion de leurs populations, ainsi que la libre utilisation d'armes nucléaire si celles-ci ou quiconque s'opposaient trop fermement à de tels efforts. Selon son opinion audacieuse, les Israéliens et les Juifs en général étaient tout simplement trop doux et trop humbles et devaient retrouver leur place dans le monde en redevenant un peuple conquérant, probablement détesté mais certainement craint. Pour lui, le massacre récent de femmes et d'enfants palestiniens à Sabra et à Chatila n'avait absolument aucune importance, et l'aspect le plus regrettable de l'incident était que les meurtriers soient des phalangistes chrétiens alliés d'Israël plutôt que des soldats israéliens eux-mêmes.
Certes, l'excès rhétorique est assez répandu parmi les politiciens, et de toute évidence, un voile d'anonymat garanti déliera de nombreuses langues. Mais est-ce que quelqu'un peut imaginer une personnalité américaine ou occidentale s'exprimer en ces termes, a plus forte raison de quelqu'un qui évolue dans les plus hautes sphères politiques ? Ces jours-ci, Donald Trump tweete parfois à deux heures du matin une insulte grossière mal orthographiée, et les médias américains sont saisis d'horreur. Mais étant donné que son administration fuit comme une passoire, s'il se vantait régulièrement auprès de ses confidents de vouloir massacrer des millions de personnes, nous en aurions sûrement entendu parler. D'ailleurs, il ne semble pas y avoir la moindre preuve que les premiers Nazis allemands aient jamais parlé de cette manière en privé, et encore moins pendant qu'un journaliste prenait soigneusement des notes. Mais en ce qui concerne les « judéo-nazis » d'Israël, c'est une toute autre histoire.
Si je me souviens bien, la dernière figure de la vie publique américaine d'une certaine proéminence à se déclarer « Nazi » fut George Lincoln Rockwell dans les années 1960, et il était beaucoup plus un artiste politique qu'un véritable leader politique. Même un personnage aussi marginalisé que David Duke a toujours démenti une telle accusation avec véhémence. Mais apparemment, les règles de la vie politique en Israël sont différentes.
En tout état de cause, les déclarations alléguées de Sharon semblent avoir eu peu d'impact négatif sur sa carrière politique ultérieure, et après avoir passé quelque temps dans le désert politique après le désastre du Liban, il a finalement servi cinq ans en tant que Premier ministre de 2001 à 2006, bien qu'à la fin de cette période, ses opinions aient été régulièrement dénoncées comme trop souples et trop portées sur le compromis en raison de la dérive régulière du spectre politique israélien vers la droite la plus dure.
***
Au fil des ans, j'ai parfois tenté, sans conviction, de retrouver l'article du New York Times sur Shamir qui était resté longtemps dans ma mémoire, mais en vain, soit parce qu'il a été retiré des archives du Times,
soit plus probablement parce que mes compétences de recherche médiocres
se sont avérées inadéquates. Mais je suis presque certain que cet
article avait été inspiré par la publication en 1983 de l'ouvrage Le sionisme à l'époque des dictateurs
par Lenni Brenner, un antisioniste de la persuasion trotskiste et
d'origine juive. Je n'ai découvert ce livre que très récemment, et il
raconte une histoire extrêmement intéressante.
Brenner, né en 1937, a été toute sa vie un intransigeant gauchiste de la vieille école, son enthousiasme allant de la révolution marxiste aux Black Panthers, et il est bien sûr prisonnier de ses idées et de ses vues. Parfois, ce contexte entrave le déroulement de son texte, et les allusions périodiques aux « prolétaires », à la « bourgeoisie » et aux « classes capitalistes » deviennent parfois lassantes, de même que son acceptation inconsidérée de toutes les croyances communes de son cercle politique. Mais il est probable que seule une personne ayant un tel engagement idéologique fervent pouvait être prête à consacrer autant de temps et d'efforts à enquêter sur ce sujet controversé et à ignorer les dénonciations interminables qui en ont résulté, y compris des agressions physiques de militants sionistes.
Quoi qu'il en soit, sa documentation semble absolument irréfutable, et quelques années après la parution originale de son livre, il publia un volume complémentaire intitulé 51 Documents : la collaboration sioniste avec les Nazis, qui fournit simplement des traductions en anglais de toutes les données brutes soutenant son cadre analytique, permettant aux parties intéressées de lire les documents et de tirer leurs propres conclusions.
Brenner, né en 1937, a été toute sa vie un intransigeant gauchiste de la vieille école, son enthousiasme allant de la révolution marxiste aux Black Panthers, et il est bien sûr prisonnier de ses idées et de ses vues. Parfois, ce contexte entrave le déroulement de son texte, et les allusions périodiques aux « prolétaires », à la « bourgeoisie » et aux « classes capitalistes » deviennent parfois lassantes, de même que son acceptation inconsidérée de toutes les croyances communes de son cercle politique. Mais il est probable que seule une personne ayant un tel engagement idéologique fervent pouvait être prête à consacrer autant de temps et d'efforts à enquêter sur ce sujet controversé et à ignorer les dénonciations interminables qui en ont résulté, y compris des agressions physiques de militants sionistes.
Quoi qu'il en soit, sa documentation semble absolument irréfutable, et quelques années après la parution originale de son livre, il publia un volume complémentaire intitulé 51 Documents : la collaboration sioniste avec les Nazis, qui fournit simplement des traductions en anglais de toutes les données brutes soutenant son cadre analytique, permettant aux parties intéressées de lire les documents et de tirer leurs propres conclusions.
Entre autres choses, Brenner fournit des preuves considérables que la faction sioniste de droite, plus importante et prédominante, dirigée plus tard par le Premier ministre israélien Menachem Begin, était presque invariablement considérée comme un mouvement fasciste dans les années 1930, même au-delà de son admiration pour le régime italien de Mussolini. Ce n'était guère un secret à l'époque, étant donné que son principal journal palestinien publiait régulièrement la chronique d'un haut responsable idéologique intitulée « Journal d'un fasciste ». Lors de l'une des principales conférences sionistes internationales, le chef de faction Vladimir Jabotinsky entra dans la salle avec ses partisans en chemise brune et en formation militaire, ce qui conduisit le Président à interdire le port d'uniformes afin d'éviter des rixes, et sa faction fut bientôt vaincue politiquement et finalement expulsée de l'organisation sioniste qui chapeautait toutes les autres. Ce revers majeur était dû en grande partie à l'hostilité généralisée que le groupe avait suscitée après l'arrestation de deux de ses membres par la police britannique pour le récent assassinat de Chaïm Arlosoroff, l'un des plus hauts responsables sionistes basés en Palestine.
En effet, l'inclination des factions sionistes les plus à droite pour l'assassinat, le terrorisme et d'autres formes de comportement essentiellement criminel était vraiment remarquable. Par exemple, en 1943, Shamir organisa l'assassinat de son rival, un an après que les deux hommes se soient échappés de prison pour un braquage de banque au cours duquel des passants avaient été tués, et il a affirmé qu'il avait agi pour empêcher l'assassinat prévu de David Ben Gourion, le principal dirigeant sioniste et futur Premier ministre fondateur d'Israël. Shamir et sa faction ont certainement maintenu ce comportement criminel durant les années 1940, assassinant avec succès Lord Moyne, le ministre britannique pour le Moyen-Orient, et le comte Folke Bernadotte, négociateur de paix des Nations unies, bien qu'ils aient échoué dans leurs autres tentatives de tuer le Président américain Harry Truman et le ministre britannique des Affaires étrangères Ernest Bevin ; quant à leur projet d'assassiner Winston Churchill, il n'a apparemment jamais dépassé l'étape de la discussion. Son groupe a également été le premier à utiliser des voitures piégées terroristes et d'autres attaques explosives contre des cibles civiles innocentes, bien avant qu'aucun Arabe ou musulman n'ait jamais envisagé d'utiliser des tactiques similaires ; et la faction sioniste plus grande et plus « modérée » de Begin a fait de même. Compte tenu de ces antécédents, il n'était guère surprenant que Shamir devienne plus tard directeur des assassinats au Mossad israélien en 1955-1965, et si le Mossad a effectivement joué un rôle majeur dans l'assassinat du président John F. Kennedy, il fut très probablement impliqué.
***
Sur la couverture de l'édition de poche 2014 du livre de Brenner, on peut voir la médaille commémorative frappée par l'Allemagne nazie pour marquer son alliance sioniste, avec une étoile de David sur une face et une croix gammée sur l'autre. Mais curieusement, ce médaillon symbolique n'avait en fait aucun lien avec les tentatives infructueuses de la petite faction de Shamir d'organiser une alliance militaire avec les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Bien
que les Allemands aient accordé peu d'attention aux instances de cette
organisation mineure, le mouvement sioniste dominant de Chaïm Weizmann
et David Ben-Gourion, beaucoup plus important et influent, était tout à
fait autre chose. Et pendant la majeure partie des années 1930, ces
autres sionistes ont formé un partenariat économique important avec
l'Allemagne nazie, fondé sur une communauté d'intérêts évidente. Après
tout, Hitler considérait les 1% de population juive allemande comme un
élément perturbateur et potentiellement dangereux dont il voulait se
débarrasser, et le Moyen-Orient semblait une destination aussi favorable
qu'une autre. Pendant ce temps, les sionistes avaient des objectifs
très similaires, et la création de leur nouvelle patrie nationale en
Palestine nécessitait évidemment à la fois des immigrants juifs et des
investissements financiers juifs.
Après que Hitler eut été nommé chancelier en 1933, des Juifs indignés du monde entier avaient rapidement lancé un boycott économique, espérant mettre l'Allemagne à genoux, avec le quotidien britannique londonien publiant fameusement en première page la bannière « La Judée déclare la guerre à l'Allemagne ». L'influence politique et économique des Juifs était alors, tout comme maintenant, tout à fait considérable, et dans les affres de la Grande Dépression, l'Allemagne appauvrie devait exporter ou mourir, si bien qu'un boycott à grande échelle contre les principaux marchés allemands constituait une menace potentiellement grave. Mais cette situation apportait précisément aux groupes sionistes une excellente opportunité d'offrir aux Allemands un moyen de briser cet embargo commercial, et ils exigèrent des conditions favorables pour l'exportation de produits manufacturés allemands de haute qualité en Palestine, accompagnés de Juifs allemands. Lorsque le mot « Ha'avara » ou « Accord de transfert » avec les Nazis a été prononcé lors d'une convention sioniste de 1933, de nombreux Juifs et sionistes ont été scandalisés, et cela a conduit à diverses scissions et controverses. Mais l'accord économique était trop beau pour être rejeté, et il s'est poursuivi et a progressé rapidement.L'importance du pacte nazi-sioniste pour l'établissement d'Israël est difficile à surestimer. Selon une analyse de 1974 de Jewish Frontier citée par Brenner, entre 1933 et 1939, plus de 60% de l'investissement en Palestine juive provenait de l'Allemagne nazie. L'appauvrissement mondial de la Grande Dépression avait considérablement réduit le soutien financier juif de toutes les autres sources, et Brenner suggère raisonnablement que sans le soutien financier d'Hitler, la colonie juive naissante, si petite et si fragile, aurait pu facilement se dessécher et mourir pendant cette période difficile.
Une telle conclusion conduit à des hypothèses fascinantes. Lorsque j'ai découvert pour la première fois des références à l'accord Ha'avara sur des sites internet ici et là, l'un des commentateurs mentionnant cette question en plaisantant suggérait que si Hitler avait gagné la guerre, des statues lui auraient sûrement été érigées en Israël, et il serait aujourd'hui reconnu par les Juifs du monde entier comme le chef héroïque des Gentils qui avait joué un rôle central dans le rétablissement d'une patrie nationale pour le peuple juif en Palestine après presque 2 000 ans d'exil amer.
Cette possibilité étonnante et contre-factuelle n'est pas aussi absurde qu'elle pourrait le paraître à nos oreilles d'aujourd'hui. Nous devons prendre conscience du fait que notre compréhension historique de la réalité est façonnée par les médias, et que les organes médiatiques sont contrôlés par les gagnants des grandes guerres et leurs alliés, les détails dérangeants étant souvent exclus pour éviter de troubler le public. Il est indéniablement vrai que dans son livre de 1924, Mein Kampf, Hitler avait écrit toutes sortes de choses hostiles et haineuses sur les Juifs, en particulier les immigrants récents venus d'Europe de l'Est, mais lorsque j'ai lu l'ouvrage au lycée, j'ai été surpris de découvrir que ces sentiments anti-Juifs ne semblaient aucunement centraux dans son texte. En outre, quelques années auparavant, une personnalité publique beaucoup plus importante, le ministre britannique Winston Churchill, avait publié des sentiments presque aussi hostiles et haineux, se concentrant sur les crimes monstrueux commis par les Juifs bolcheviks. Dans Les larmes d'Isaïe d'Albert Lindemann, j'ai été surpris de découvrir que l'auteur de la célèbre Déclaration Balfour, au fondement du projet sioniste, était apparemment tout aussi hostile aux Juifs, sa motivation étant probablement en partie son désir de les exclure de la Grande-Bretagne.
Une fois qu'Hitler a consolidé son pouvoir en Allemagne, il a rapidement interdit toutes les autres organisations politiques pour le peuple allemand, seul le Parti Nazi et les symboles politiques des nazis étant autorisés par la loi. Mais une exception spéciale a été faite pour les Juifs allemands, et le parti sioniste local allemand a obtenu un statut juridique parfaitement légal, les marches sionistes, les uniformes sionistes et les drapeaux sionistes étant tout à fait autorisés. Sous Hitler, il y avait une censure stricte de toutes les publications allemandes, mais le journal hebdomadaire sioniste était vendu librement dans tous les kiosques et coins de rue. L'idée claire semblait être qu'un parti national-socialiste allemand était le foyer politique approprié pour les 99% d'Allemands majoritaires du pays, tandis que le national-socialisme sioniste remplirait le même rôle pour la minuscule minorité juive.
En 1934, les dirigeants sionistes invitèrent un important officiel SS à passer six mois dans les colonies juives en Palestine et, à son retour, ses impressions très favorables sur l'entreprise sioniste en pleine expansion furent publiées en une série massive de douze parties dans le Der Angriff de Joseph Goebbels, l'organe médiatique phare du parti Nazi, sous le titre descriptif « Un Nazi se rend en Palestine ». Dans sa critique très véhémente de 1920 contre l'activité bolchevique juive, Churchill avait soutenu que le sionisme était engagé dans une bataille acharnée contre le bolchevisme pour gagner l'âme de la communauté juive européenne, et que seule sa victoire pourrait assurer de futures relations amicales entre les Juifs et les Gentils. Sur la base des preuves disponibles, Hitler et plusieurs autres dirigeants Nazis semblaient avoir atteint une conclusion similaire au milieu des années 1930.
Au cours de cette période, des sentiments extrêmement durs à l'égard de la diaspora juive se sont parfois manifestés dans des milieux plutôt surprenants. Après la controverse autour des liens de Shamir avec les Nazis, les documents de Brenner sont devenus le point de départ d'un article important d'Edward Mortimer, expert du Moyen-Orient de l'auguste Times of London, et l'édition 2014 du livre de Brenner comprend des extraits choisis de l'article de Mortimer paru le 11 février 1984 dans le Times of London :
«
Qui a dit à un auditoire de Berlin en mars 1912 que ‘Chaque pays ne
peut absorber qu'un nombre limité de Juifs, s'il ne veut pas de maux
d'estomac. L'Allemagne a déjà trop de Juifs’ ?
Non,
ce n'est pas Adolf Hitler, mais Chaïm Weizmann, qui deviendra le
Président de l'Organisation sioniste mondiale et plus tard encore le
premier Président de l'État d'Israël.
Et où pourriez-vous trouver l'affirmation suivante, à l'origine rédigée en 1917, mais encore republiée en 1936 : ‘Le Juif est la caricature d'un être humain normal et naturel, à la fois physiquement et spirituellement. En tant qu'individu dans la société, il se révolte et se débarrasse du harnais de l'obligation sociale, et ne connaît ni l'ordre ni la discipline’ ?
Pas dans Der Stürmer [hebdomadaire nazi] mais dans l'organe de l'organisation de la jeunesse sioniste, Hashomer Hatzair.
Et où pourriez-vous trouver l'affirmation suivante, à l'origine rédigée en 1917, mais encore republiée en 1936 : ‘Le Juif est la caricature d'un être humain normal et naturel, à la fois physiquement et spirituellement. En tant qu'individu dans la société, il se révolte et se débarrasse du harnais de l'obligation sociale, et ne connaît ni l'ordre ni la discipline’ ?
Pas dans Der Stürmer [hebdomadaire nazi] mais dans l'organe de l'organisation de la jeunesse sioniste, Hashomer Hatzair.
Comme
l'indiquent les déclaration citées ci-dessus, le sionisme lui-même a
encouragé et exploité la haine de soi dans la diaspora. Il partait du
principe que l'antisémitisme était inévitable et même justifié dans un
certains sens tant que les Juifs se trouvaient en dehors de la terre
d'Israël.
Il est vrai que seule une frange extrémiste lunatique du sionisme est allée jusqu'à proposer de participer à la guerre du côté allemand en 1941, dans l'espoir d'établir ‘L'État juif historique sur une base nationale et totalitaire, et lié par un traité avec le Reich allemand’. Malheureusement, c'est le groupe que l'actuel Premier ministre d'Israël avait choisi de rejoindre. »
Il est vrai que seule une frange extrémiste lunatique du sionisme est allée jusqu'à proposer de participer à la guerre du côté allemand en 1941, dans l'espoir d'établir ‘L'État juif historique sur une base nationale et totalitaire, et lié par un traité avec le Reich allemand’. Malheureusement, c'est le groupe que l'actuel Premier ministre d'Israël avait choisi de rejoindre. »
La vérité très dérangeante est que les caractérisations sévères des Juifs de la diaspora trouvées dans les pages de Mein Kampf n'étaient
pas si différentes de celles exprimées par les pères fondateurs du
sionisme et ses dirigeants subséquents. La coopération de ces deux
mouvements idéologiques n'était donc pas tellement surprenante.
Cependant, les vérités dérangeantes restent dérangeantes. Mortimer avait passé dix-neuf ans au Times of London, les dernières douze années en tant que le spécialiste étranger et le rédacteur en chef sur les affaires du Moyen-Orient. Mais un an après avoir écrit cet article comportant ces citations controversées, sa carrière dans ce journal a pris fin, entraînant un vide inhabituel dans sa période d'emploi, et ce développement peut ne pas être une pure coïncidence.
Le rôle d'Adolf Eichmann, dont le nom figure probablement aujourd'hui parmi les six Nazis les plus célèbres de l'histoire –du fait de son kidnapping après-guerre en 1960 par des agents israéliens suivi de son procès public et de son exécution en tant que criminel de guerre–, fut également assez ironique. En l'occurrence, Eichmann avait été une figure nazie centrale dans l'alliance sioniste, étudiant même l'hébreu et devenant apparemment une sorte de philosémite au cours des années de sa collaboration étroite avec les principaux dirigeants sionistes.
Brenner était prisonnier de son idéologie et de ses croyances, acceptant sans conteste le récit historique dans lequel il avait été élevé. Il semblait ne rien trouver d'étrange au fait qu'Eichmann ait été un partenaire philosémite des sionistes juifs à la fin des années 1930 et se soit soudainement transformé en un assassin de masse des Juifs européens au début des années 1940, commettant volontairement les crimes monstrueux pour lesquels les Israéliens l'ont ensuite mis à mort à juste titre.
Un tel bouleversement est certainement possible, mais je suis vraiment sceptique. Un observateur plus cynique pourrait considérer comme une très étrange coïncidence le fait que le premier éminent Nazi pour la traque et l'exécution duquel les Israéliens ont déployé tant d'efforts ait été leur ancien allié et collaborateur politique le plus proche. Après la défaite de l'Allemagne, Eichmann avait fui en Argentine et y avait vécu tranquillement pendant plusieurs années, jusqu'à ce que son nom refasse surface dans une controverse du milieu des années 1950 entourant l'un de ses principaux partenaires sionistes, un haut fonctionnaire respecté d'Israël qui fut alors dénoncé comme un collaborateur des Nazis ; il a finalement été jugé innocent après un procès célèbre, mais fut plus tard assassiné par d'anciens membres de la faction de Shamir.
À la suite de cette controverse en Israël, Eichmann aurait donné une longue interview personnelle à un journaliste nazi hollandais, et bien qu'elle n'ait pas été publiée à l'époque, le fait qu'elle se soit tenue a pu circuler et parvenir à certaines oreilles concernées. Le nouvel État d'Israël n'avait que quelques années à l'époque et était très fragile politiquement et économiquement, dépendant désespérément de la bonne volonté et du soutien des Etats-Unis et de donateurs juifs du monde entier. Leur ancienne alliance nazie, tout à fait remarquable, était un secret profondément enfoui, dont la diffusion publique aurait pu avoir des conséquences absolument désastreuses.
Selon la version de l'interview publiée plus tard en deux parties dans Life Magazine, les déclarations d'Eichmann ne semblaient pas avoir trait au sujet mortel du partenariat nazi-sioniste des années 1930. Mais les dirigeants israéliens ont sûrement dû être terrifiés à l'idée de ne pas être aussi chanceux la prochaine fois. Nous pouvons donc supposer que l'élimination d'Eichmann est devenue une priorité nationale et qu'il a été retrouvé et capturé en 1960. Des moyens sévères ont probablement été utilisés pour le persuader de ne révéler aucun de ces dangereux secrets d'avant-guerre lors de son procès à Jérusalem, et on peut se demander si la raison pour laquelle il a été fameusement maintenu dans une cabine de verre était de pouvoir couper rapidement le son s'il commençait à dévier du script convenu. Toute cette analyse est totalement spéculative, mais le rôle d'Eichmann en tant que figure centrale dans le partenariat nazi-sioniste des années 1930 est un fait historique indéniable.
Cependant, les vérités dérangeantes restent dérangeantes. Mortimer avait passé dix-neuf ans au Times of London, les dernières douze années en tant que le spécialiste étranger et le rédacteur en chef sur les affaires du Moyen-Orient. Mais un an après avoir écrit cet article comportant ces citations controversées, sa carrière dans ce journal a pris fin, entraînant un vide inhabituel dans sa période d'emploi, et ce développement peut ne pas être une pure coïncidence.
Le rôle d'Adolf Eichmann, dont le nom figure probablement aujourd'hui parmi les six Nazis les plus célèbres de l'histoire –du fait de son kidnapping après-guerre en 1960 par des agents israéliens suivi de son procès public et de son exécution en tant que criminel de guerre–, fut également assez ironique. En l'occurrence, Eichmann avait été une figure nazie centrale dans l'alliance sioniste, étudiant même l'hébreu et devenant apparemment une sorte de philosémite au cours des années de sa collaboration étroite avec les principaux dirigeants sionistes.
Brenner était prisonnier de son idéologie et de ses croyances, acceptant sans conteste le récit historique dans lequel il avait été élevé. Il semblait ne rien trouver d'étrange au fait qu'Eichmann ait été un partenaire philosémite des sionistes juifs à la fin des années 1930 et se soit soudainement transformé en un assassin de masse des Juifs européens au début des années 1940, commettant volontairement les crimes monstrueux pour lesquels les Israéliens l'ont ensuite mis à mort à juste titre.
Un tel bouleversement est certainement possible, mais je suis vraiment sceptique. Un observateur plus cynique pourrait considérer comme une très étrange coïncidence le fait que le premier éminent Nazi pour la traque et l'exécution duquel les Israéliens ont déployé tant d'efforts ait été leur ancien allié et collaborateur politique le plus proche. Après la défaite de l'Allemagne, Eichmann avait fui en Argentine et y avait vécu tranquillement pendant plusieurs années, jusqu'à ce que son nom refasse surface dans une controverse du milieu des années 1950 entourant l'un de ses principaux partenaires sionistes, un haut fonctionnaire respecté d'Israël qui fut alors dénoncé comme un collaborateur des Nazis ; il a finalement été jugé innocent après un procès célèbre, mais fut plus tard assassiné par d'anciens membres de la faction de Shamir.
À la suite de cette controverse en Israël, Eichmann aurait donné une longue interview personnelle à un journaliste nazi hollandais, et bien qu'elle n'ait pas été publiée à l'époque, le fait qu'elle se soit tenue a pu circuler et parvenir à certaines oreilles concernées. Le nouvel État d'Israël n'avait que quelques années à l'époque et était très fragile politiquement et économiquement, dépendant désespérément de la bonne volonté et du soutien des Etats-Unis et de donateurs juifs du monde entier. Leur ancienne alliance nazie, tout à fait remarquable, était un secret profondément enfoui, dont la diffusion publique aurait pu avoir des conséquences absolument désastreuses.
Selon la version de l'interview publiée plus tard en deux parties dans Life Magazine, les déclarations d'Eichmann ne semblaient pas avoir trait au sujet mortel du partenariat nazi-sioniste des années 1930. Mais les dirigeants israéliens ont sûrement dû être terrifiés à l'idée de ne pas être aussi chanceux la prochaine fois. Nous pouvons donc supposer que l'élimination d'Eichmann est devenue une priorité nationale et qu'il a été retrouvé et capturé en 1960. Des moyens sévères ont probablement été utilisés pour le persuader de ne révéler aucun de ces dangereux secrets d'avant-guerre lors de son procès à Jérusalem, et on peut se demander si la raison pour laquelle il a été fameusement maintenu dans une cabine de verre était de pouvoir couper rapidement le son s'il commençait à dévier du script convenu. Toute cette analyse est totalement spéculative, mais le rôle d'Eichmann en tant que figure centrale dans le partenariat nazi-sioniste des années 1930 est un fait historique indéniable.
***
Comme
on peut l'imaginer, l'industrie de l'édition américaine, largement
pro-israélienne, n'était guère désireuse de servir de canal public aux
révélations choquantes de Brenner quant à l'étroit partenariat
économique nazi-sioniste, et il mentionne que son agent littéraire avait
été systématiquement rejeté par chaque maison d'édition qu'il avait
approchée, sur la base d'une grande variété de prétextes. Cependant, il
parvint finalement à localiser un éditeur extrêmement obscur en
Grande-Bretagne qui était prêt à accepter le projet, et son livre fut
publié en 1983, ne recevant initialement comme critiques qu'une ou deux
dénonciations sévères et superficielles, bien que l'Izvestia soviétique se soit intéressé à son projet avant de découvrir qu'il était un trotskiste abhorré.
Sa
notoriété est survenue lorsque Shamir est soudainement devenu le
Premier ministre d'Israël, et que Brenner a fourni les preuves de ses
anciens liens avec les Nazis à la presse palestinienne de langue
anglaise, qui les a largement publiées. Plusieurs marxistes
britanniques, dont le tristement célèbre « Red Ken » Livingstone de
Londres, lui ont organisé une tournée de conférences, et lorsqu'un
groupe de militants sionistes de droite a attaqué l'un des événements et
causé des blessures, l'histoire de la rixe a attiré l'attention des
journaux grand public. Peu après, la discussion des découvertes
étonnantes de Brenner parut dans le Times of London et parvint aux médias internationaux. Vraisemblablement, l'article du New York Times qui avait attiré mon attention à l'origine parut au cours de cette période.
Les professionnels des relations publiques sont très compétents pour minimiser l'impact des révélations préjudiciables, et les organisations pro-israéliennes ne manquent pas de telles personnes. Juste avant la publication de son livre remarquable en 1983, Brenner a soudain découvert qu'un jeune auteur pro-sioniste, Edwin Black, travaillait avec acharnement sur un projet similaire, apparemment soutenu par des ressources financières suffisantes pour employer une armée de cinquante chercheurs afin de lui permettre de terminer son projet en un temps record.
Étant donné que le sujet embarrassant du partenariat nazi-sioniste avait été tenu à l'écart du public pendant près de cinq décennies, ce timing semble certainement plus qu'une simple coïncidence. On peut supposer que les nombreux efforts infructueux de Brenner pour trouver un éditeur grand public en 1982 ont été connus, de même que son succès final à trouver un éditeur marginal en Grande-Bretagne. N'ayant pas réussi à empêcher la publication d'un document aussi explosif, des groupes pro-israéliens ont discrètement décidé que leur meilleure option était maintenant d'essayer de s'emparer eux-mêmes du sujet, permettant la divulgation des parties de l'histoire qui ne pouvaient plus être dissimulées, mais excluant les éléments plus dangereux, tout en présentant cette histoire sordide sous le meilleur jour possible.
Les professionnels des relations publiques sont très compétents pour minimiser l'impact des révélations préjudiciables, et les organisations pro-israéliennes ne manquent pas de telles personnes. Juste avant la publication de son livre remarquable en 1983, Brenner a soudain découvert qu'un jeune auteur pro-sioniste, Edwin Black, travaillait avec acharnement sur un projet similaire, apparemment soutenu par des ressources financières suffisantes pour employer une armée de cinquante chercheurs afin de lui permettre de terminer son projet en un temps record.
Étant donné que le sujet embarrassant du partenariat nazi-sioniste avait été tenu à l'écart du public pendant près de cinq décennies, ce timing semble certainement plus qu'une simple coïncidence. On peut supposer que les nombreux efforts infructueux de Brenner pour trouver un éditeur grand public en 1982 ont été connus, de même que son succès final à trouver un éditeur marginal en Grande-Bretagne. N'ayant pas réussi à empêcher la publication d'un document aussi explosif, des groupes pro-israéliens ont discrètement décidé que leur meilleure option était maintenant d'essayer de s'emparer eux-mêmes du sujet, permettant la divulgation des parties de l'histoire qui ne pouvaient plus être dissimulées, mais excluant les éléments plus dangereux, tout en présentant cette histoire sordide sous le meilleur jour possible.
Le livre de Black, The Transfer Agreement,
a peut-être paru un an plus tard que celui de Brenner, mais il a
clairement été soutenu par une publicité et des ressources beaucoup plus
importantes. Il a été publié par Macmillan, un éditeur de premier plan,
était presque deux fois plus long que le court ouvrage de Brenner, et a
été fortement soutenu par des personnalités de premier plan du
firmament du militantisme juif, dont le Centre Simon Weisenthal, le
Mémorial israélien de l'Holocauste et les Archives juives américaines.
En conséquence, il a reçu des critiques longues, pas forcément
favorables, dans des publications influentes telles que The New Republic et Commentary.
En toute justice, je devrais mentionner que dans l'avant-propos de son livre, Black affirme que ses efforts de recherche ont été totalement découragés par presque toutes les personnes qu'il a approchées, et que par conséquent, il avait travaillé sur le projet seul et intensément depuis de nombreuses années. Cela impliquerait que la sortie quasi simultanée des deux livres soit uniquement due au hasard. Mais une telle image ne concorde guère avec les témoignages élogieux de tant de dirigeants juifs éminents, et personnellement, je trouve que l'affirmation de Brenner selon laquelle Black fut assisté de cinquante chercheurs est beaucoup plus convaincante.
Puisque Black et Brenner décrivaient tous deux la même réalité fondamentale et s'appuyaient sur beaucoup de documents identiques, à bien des égards, les histoires qu'ils racontent sont généralement similaires. Mais Black exclut soigneusement toute mention d'offres de coopération militaire sioniste avec les Nazis, sans parler des tentatives répétées de la faction sioniste de Shamir pour rejoindre officiellement les puissances de l'Axe après le déclenchement de la guerre, ainsi que de nombreux autres détails particulièrement embarrassants.
En considérant que le livre de Black a été publié pour les raisons que j'ai suggérées, je pense que la stratégie des groupes pro-israéliens a largement réussi, sa version de l'histoire semblant avoir rapidement supplanté celle de Brenner, sauf peut-être dans les milieux fortement gauchistes ou antisionistes. En tapant chaque combinaison du titre et de l'auteur sur Google, le livre de Black obtient huit fois plus de résultats, et ses ventes et critiques sur Amazon sont également à peu près huit fois supérieures. Plus particulièrement, à la date de publication de cet article, ni l'article de Wikipédia sur L'accord de transfert ni celui sur L'accord Ha'avara ne comportent la moindre référence aux recherches de Brenner, bien que son livre ait été publié le premier, soit beaucoup plus large et qu'il ait été le seul à fournir des preuves documentaires. En guise d'exemple personnel de la situation actuelle, j'ignorais complètement l'histoire de la Ha'avara jusqu'à il y a quelques années, quand j'ai trouvé des commentaires sur certains sites internet mentionnant le livre de Black, ce qui m'a amené à l'acheter et à le lire. Mais même alors, le volume beaucoup plus vaste et explosif de Brenner m'est resté totalement inconnu, jusqu'à tout récemment.
En toute justice, je devrais mentionner que dans l'avant-propos de son livre, Black affirme que ses efforts de recherche ont été totalement découragés par presque toutes les personnes qu'il a approchées, et que par conséquent, il avait travaillé sur le projet seul et intensément depuis de nombreuses années. Cela impliquerait que la sortie quasi simultanée des deux livres soit uniquement due au hasard. Mais une telle image ne concorde guère avec les témoignages élogieux de tant de dirigeants juifs éminents, et personnellement, je trouve que l'affirmation de Brenner selon laquelle Black fut assisté de cinquante chercheurs est beaucoup plus convaincante.
Puisque Black et Brenner décrivaient tous deux la même réalité fondamentale et s'appuyaient sur beaucoup de documents identiques, à bien des égards, les histoires qu'ils racontent sont généralement similaires. Mais Black exclut soigneusement toute mention d'offres de coopération militaire sioniste avec les Nazis, sans parler des tentatives répétées de la faction sioniste de Shamir pour rejoindre officiellement les puissances de l'Axe après le déclenchement de la guerre, ainsi que de nombreux autres détails particulièrement embarrassants.
En considérant que le livre de Black a été publié pour les raisons que j'ai suggérées, je pense que la stratégie des groupes pro-israéliens a largement réussi, sa version de l'histoire semblant avoir rapidement supplanté celle de Brenner, sauf peut-être dans les milieux fortement gauchistes ou antisionistes. En tapant chaque combinaison du titre et de l'auteur sur Google, le livre de Black obtient huit fois plus de résultats, et ses ventes et critiques sur Amazon sont également à peu près huit fois supérieures. Plus particulièrement, à la date de publication de cet article, ni l'article de Wikipédia sur L'accord de transfert ni celui sur L'accord Ha'avara ne comportent la moindre référence aux recherches de Brenner, bien que son livre ait été publié le premier, soit beaucoup plus large et qu'il ait été le seul à fournir des preuves documentaires. En guise d'exemple personnel de la situation actuelle, j'ignorais complètement l'histoire de la Ha'avara jusqu'à il y a quelques années, quand j'ai trouvé des commentaires sur certains sites internet mentionnant le livre de Black, ce qui m'a amené à l'acheter et à le lire. Mais même alors, le volume beaucoup plus vaste et explosif de Brenner m'est resté totalement inconnu, jusqu'à tout récemment.
***
Une
fois que la Seconde Guerre mondiale a commencé, ce partenariat
nazi-sioniste s'est rapidement évanoui pour des raisons évidentes.
L'Allemagne était maintenant en guerre avec l'Empire britannique, et les
transferts financiers vers la Palestine sous contrôle britannique
n'étaient plus possibles. En outre, les Palestiniens arabes étaient
devenus très hostiles aux immigrants juifs, craignant légitimement de se
voir expulsés et remplacés, et une fois que les Allemands ont été
forcés de choisir entre maintenir leur relation avec un mouvement
sioniste relativement marginal ou gagner la sympathie politique d'une
vaste mer d'Arabes et de musulmans du Moyen-Orient, leur décision fut
naturelle. Les sionistes faisaient face à un choix similaire, et en
particulier une fois que la propagande de guerre commença à noircir les
gouvernements allemand et italien, leur long partenariat précédent
n'était pas quelque chose qu'ils souhaitaient que le public connaisse.
Cependant, exactement à ce même moment, une connexion quelque peu différente et également oubliée depuis longtemps entre les Juifs et l'Allemagne nazie est soudainement apparue.
Comme la plupart des gens partout dans le monde, l'Allemand moyen, qu'il soit Juif ou Gentil, n'était probablement pas très politisé, et même si le sionisme occupait depuis des années une place privilégiée dans la société allemande, le nombre de Juifs allemands ordinaires qui y ont accordé beaucoup d'attention n'est pas entièrement clair. Les dizaines de milliers de personnes qui ont émigré en Palestine pendant cette période étaient probablement motivées autant par les pressions économiques que par l'engagement idéologique. Mais la guerre a changé les choses de plusieurs autres manières.
Cependant, exactement à ce même moment, une connexion quelque peu différente et également oubliée depuis longtemps entre les Juifs et l'Allemagne nazie est soudainement apparue.
Comme la plupart des gens partout dans le monde, l'Allemand moyen, qu'il soit Juif ou Gentil, n'était probablement pas très politisé, et même si le sionisme occupait depuis des années une place privilégiée dans la société allemande, le nombre de Juifs allemands ordinaires qui y ont accordé beaucoup d'attention n'est pas entièrement clair. Les dizaines de milliers de personnes qui ont émigré en Palestine pendant cette période étaient probablement motivées autant par les pressions économiques que par l'engagement idéologique. Mais la guerre a changé les choses de plusieurs autres manières.
Cela
était encore plus vrai pour le gouvernement allemand. Le déclenchement
d'une guerre mondiale contre une coalition puissante des empires
britannique et français, renforcée par la suite par la Russie soviétique
et les États-Unis, imposait le genre de pressions énormes qui pouvaient
souvent surmonter les scrupules idéologiques. Il y a quelques années,
j'ai découvert un livre fascinant de Bryan Mark Rigg publié en 2002, Les soldats juifs d'Hitler,
une étude universitaire rigoureuse sur ce que le titre suggère. La
qualité de cette analyse historique controversée est illustrée par les
commentaires élogieux de nombreux experts universitaires en quatrième de
couverture, et un traitement extrêmement favorable par un éminent
spécialiste de l'American Historical Review.
De
toute évidence, l'idéologie nazie était essentiellement centrée sur la
race et considérait la pureté raciale comme un facteur crucial de la
cohésion nationale. Les individus possédant une ascendance non allemande
substantielle étaient considérés avec beaucoup de suspicion, et cette
préoccupation était grandement amplifiée si ce métissage était Juif.
Mais dans une lutte militaire contre une coalition adverse possédant de
nombreuses fois la population et les ressources industrielles de
l'Allemagne, de tels facteurs idéologiques pouvaient être surmontés par
des considérations pratiques, et Rigg soutient de manière convaincante
que quelque 150 000 demi-Juifs ou quarts-Juifs ont servi dans les forces
armées du Troisième Reich, un pourcentage probablement pas très
différent de leur proportion dans la population générale en âge de
servir dans l'armée.
La population juive allemande, intégrée et assimilée depuis longtemps, a toujours été disproportionnellement urbaine, riche et bien éduquée. En conséquence, il n'est pas étonnant qu'une grande partie de ces soldats partiellement Juifs qui ont servi Hitler aient été des officiers de combat plutôt que des simples conscrits, et ils comprenaient au moins 15 généraux et amiraux à moitié Juifs, et une autre douzaine de quart-Juifs occupant les mêmes hauts rangs. L'exemple le plus notable est celui du maréchal Erhard Milch, puissant commandant en second d'Hermann Goering, qui a joué un rôle opérationnel si important dans la création de la Luftwaffe. Il est certain que Milch avait un père Juif et, selon certaines affirmations beaucoup moins fondées, peut-être même une mère Juive, alors que sa sœur était mariée à un général SS.
Certes, l'élite raciale des SS avait généralement des normes d'ascendance beaucoup plus strictes, et même une trace de filiation non aryenne était normalement considérée comme éliminatoire. Mais même dans ce cas, la situation était parfois complexe, étant donné qu'il existait de nombreuses rumeurs selon lesquelles Reinhard Heydrich, le numéro deux de cette organisation très puissante, avait en fait des origines juives considérables. Rigg enquête sur cette affirmation sans en arriver à des conclusions claires, bien qu'il semble croire que les preuves indirectes impliquées pourraient avoir été utilisées par d'autres personnalités nazies comme moyen de pression ou de chantage sur Heydrich, qui était l'un des plus influents et importants personnages du Troisième Reich.
Autre ironie du sort, la plupart de ces personnes avaient leur ascendance juive par l'intermédiaire de leur père et non de leur mère. Donc bien que n'étant pas Juifs selon la loi rabbinique, leurs noms de famille reflétaient souvent en partie leurs origines sémitiques, bien que dans de nombreux cas, les autorités nazies se soient efforcées de fermer les yeux sur cette situation outrageusement flagrante. En guise d'exemple extrême cité par un critique académique du livre, un demi-Juif portant le nom distinctement non-Aryen de Werner Goldberg a effectivement eu sa photo en évidence dans un journal de propagande nazi de 1939, avec la légende le décrivant comme « Le soldat allemand idéal ».
L'auteur a mené plus de 400 entretiens individuels avec des semi-Juifs et des membres de leur famille encore en vie. Ceux-ci ont brossé un tableau très contrasté des difficultés rencontrées sous le régime nazi, qui varient énormément en fonction des circonstances et de la personnalité de leur supérieurs. Une cause importante de plainte était qu'en raison de leur statut, les semi-Juifs se voyaient souvent refuser les honneurs militaires ou les promotions qu'ils avaient légitimement gagnés. Toutefois, dans des conditions particulièrement favorables, ils pouvaient également être reclassés juridiquement dans la catégorie « De sang allemand », ce qui éliminait officiellement toute atteinte à leur statut.
Même la politique officielle semble avoir été assez contradictoire et vacillante. Par exemple, lorsque les humiliations civiles parfois infligées à des membres entièrement Juifs de la famille de demi-Juifs servant dans l'armée ont été portées à l'attention de Hitler, il a estimé que cette situation était intolérable, déclarant que soit ces parents devaient être totalement protégés face à de telles humiliations, soit tous les demi-Juifs devaient être renvoyés de l'Armée, et finalement, en avril 1940, il a publié un décret exigeant l'application de la deuxième option. Cependant, cet ordre a été largement ignoré par de nombreux commandants, ou mis en œuvre par un système de déclaration sur l'honneur qui équivalait presque à un « Ne posez aucune question, ne donnez aucune réponse », si bien qu'une fraction considérable de demi-Juifs purent rester dans l'armée s'ils le souhaitaient. Puis en juillet 1941, Hitler a fait marche arrière, promulguant un nouveau décret autorisant les demi-Juifs « méritants » qui avaient été exclus à retourner dans l'armée en tant qu'officiers, tout en annonçant qu'après la guerre, tous les quart-Juifs seraient reclassés en tant que citoyens Aryens « De sang allemand ».
Il a été rapporté qu'après que des questions aient été soulevées sur l'ascendance juive de certains de ses subordonnés, Goring aurait répondu avec colère : « C'est moi qui décide qui est Juif ! » Cette attitude semble capturer raisonnablement une partie de la complexité et de la nature subjective de la situation sociale d'alors.
Il est intéressant de noter que beaucoup de semi-Juifs interrogés par Rigg ont rappelé qu'avant l'arrivée au pouvoir de Hitler, les mariages mixtes de leurs parents avaient souvent suscité une hostilité beaucoup plus grande de la part des Juifs que des Gentils, suggérant que même en Allemagne où ils étaient très assimilés, la tendance juive traditionnelle à l'exclusivité ethnique était demeurée un facteur puissant.
Bien que les semi-Juifs dans le service militaire allemand aient certainement été soumis à diverses formes de mauvais traitements et de discrimination, nous devrions peut-être comparer cette situation à la situation analogue dans notre propre armée durant ces mêmes années au sujet des minorités américaines noires ou japonaises. À cette époque, les mariages interraciaux étaient légalement interdits dans une grande partie des États-Unis, de sorte que la population métisse de ces groupes était presque inexistante ou d'origine très différente. Mais lorsque les Américains d'origine japonaise furent autorisés à quitter leurs camps de concentration de guerre et à s'enrôler dans l'armée, ils furent exclusivement confinés à des unités entièrement japonaises, dont les officiers étaient généralement blancs. Pendant ce temps, les Noirs étaient presque entièrement exclus du service de combat, même s'ils pouvaient parfois avoir des rôles de soutien strictement réservés aux Noirs. L'idée qu'un Américain ayant une trace notable d'ascendance africaine, japonaise ou même chinoise puisse servir comme général ou même officier dans l'armée américaine et exercer ainsi une autorité de commandement sur les troupes américaines blanches aurait été presque impensable. Le contraste avec la pratique dans la propre armée d'Hitler est très différent de ce que les Américains pourraient naïvement supposer.
La population juive allemande, intégrée et assimilée depuis longtemps, a toujours été disproportionnellement urbaine, riche et bien éduquée. En conséquence, il n'est pas étonnant qu'une grande partie de ces soldats partiellement Juifs qui ont servi Hitler aient été des officiers de combat plutôt que des simples conscrits, et ils comprenaient au moins 15 généraux et amiraux à moitié Juifs, et une autre douzaine de quart-Juifs occupant les mêmes hauts rangs. L'exemple le plus notable est celui du maréchal Erhard Milch, puissant commandant en second d'Hermann Goering, qui a joué un rôle opérationnel si important dans la création de la Luftwaffe. Il est certain que Milch avait un père Juif et, selon certaines affirmations beaucoup moins fondées, peut-être même une mère Juive, alors que sa sœur était mariée à un général SS.
Certes, l'élite raciale des SS avait généralement des normes d'ascendance beaucoup plus strictes, et même une trace de filiation non aryenne était normalement considérée comme éliminatoire. Mais même dans ce cas, la situation était parfois complexe, étant donné qu'il existait de nombreuses rumeurs selon lesquelles Reinhard Heydrich, le numéro deux de cette organisation très puissante, avait en fait des origines juives considérables. Rigg enquête sur cette affirmation sans en arriver à des conclusions claires, bien qu'il semble croire que les preuves indirectes impliquées pourraient avoir été utilisées par d'autres personnalités nazies comme moyen de pression ou de chantage sur Heydrich, qui était l'un des plus influents et importants personnages du Troisième Reich.
Autre ironie du sort, la plupart de ces personnes avaient leur ascendance juive par l'intermédiaire de leur père et non de leur mère. Donc bien que n'étant pas Juifs selon la loi rabbinique, leurs noms de famille reflétaient souvent en partie leurs origines sémitiques, bien que dans de nombreux cas, les autorités nazies se soient efforcées de fermer les yeux sur cette situation outrageusement flagrante. En guise d'exemple extrême cité par un critique académique du livre, un demi-Juif portant le nom distinctement non-Aryen de Werner Goldberg a effectivement eu sa photo en évidence dans un journal de propagande nazi de 1939, avec la légende le décrivant comme « Le soldat allemand idéal ».
L'auteur a mené plus de 400 entretiens individuels avec des semi-Juifs et des membres de leur famille encore en vie. Ceux-ci ont brossé un tableau très contrasté des difficultés rencontrées sous le régime nazi, qui varient énormément en fonction des circonstances et de la personnalité de leur supérieurs. Une cause importante de plainte était qu'en raison de leur statut, les semi-Juifs se voyaient souvent refuser les honneurs militaires ou les promotions qu'ils avaient légitimement gagnés. Toutefois, dans des conditions particulièrement favorables, ils pouvaient également être reclassés juridiquement dans la catégorie « De sang allemand », ce qui éliminait officiellement toute atteinte à leur statut.
Même la politique officielle semble avoir été assez contradictoire et vacillante. Par exemple, lorsque les humiliations civiles parfois infligées à des membres entièrement Juifs de la famille de demi-Juifs servant dans l'armée ont été portées à l'attention de Hitler, il a estimé que cette situation était intolérable, déclarant que soit ces parents devaient être totalement protégés face à de telles humiliations, soit tous les demi-Juifs devaient être renvoyés de l'Armée, et finalement, en avril 1940, il a publié un décret exigeant l'application de la deuxième option. Cependant, cet ordre a été largement ignoré par de nombreux commandants, ou mis en œuvre par un système de déclaration sur l'honneur qui équivalait presque à un « Ne posez aucune question, ne donnez aucune réponse », si bien qu'une fraction considérable de demi-Juifs purent rester dans l'armée s'ils le souhaitaient. Puis en juillet 1941, Hitler a fait marche arrière, promulguant un nouveau décret autorisant les demi-Juifs « méritants » qui avaient été exclus à retourner dans l'armée en tant qu'officiers, tout en annonçant qu'après la guerre, tous les quart-Juifs seraient reclassés en tant que citoyens Aryens « De sang allemand ».
Il a été rapporté qu'après que des questions aient été soulevées sur l'ascendance juive de certains de ses subordonnés, Goring aurait répondu avec colère : « C'est moi qui décide qui est Juif ! » Cette attitude semble capturer raisonnablement une partie de la complexité et de la nature subjective de la situation sociale d'alors.
Il est intéressant de noter que beaucoup de semi-Juifs interrogés par Rigg ont rappelé qu'avant l'arrivée au pouvoir de Hitler, les mariages mixtes de leurs parents avaient souvent suscité une hostilité beaucoup plus grande de la part des Juifs que des Gentils, suggérant que même en Allemagne où ils étaient très assimilés, la tendance juive traditionnelle à l'exclusivité ethnique était demeurée un facteur puissant.
Bien que les semi-Juifs dans le service militaire allemand aient certainement été soumis à diverses formes de mauvais traitements et de discrimination, nous devrions peut-être comparer cette situation à la situation analogue dans notre propre armée durant ces mêmes années au sujet des minorités américaines noires ou japonaises. À cette époque, les mariages interraciaux étaient légalement interdits dans une grande partie des États-Unis, de sorte que la population métisse de ces groupes était presque inexistante ou d'origine très différente. Mais lorsque les Américains d'origine japonaise furent autorisés à quitter leurs camps de concentration de guerre et à s'enrôler dans l'armée, ils furent exclusivement confinés à des unités entièrement japonaises, dont les officiers étaient généralement blancs. Pendant ce temps, les Noirs étaient presque entièrement exclus du service de combat, même s'ils pouvaient parfois avoir des rôles de soutien strictement réservés aux Noirs. L'idée qu'un Américain ayant une trace notable d'ascendance africaine, japonaise ou même chinoise puisse servir comme général ou même officier dans l'armée américaine et exercer ainsi une autorité de commandement sur les troupes américaines blanches aurait été presque impensable. Le contraste avec la pratique dans la propre armée d'Hitler est très différent de ce que les Américains pourraient naïvement supposer.
***
Ce paradoxe est loin d'être aussi surprenant qu'on pourrait le supposer. Les divisions non économiques dans les sociétés européennes avaient presque toujours suivi des lignes de démarcation religieuses, linguistiques et culturelles plutôt que tenant à l'ascendance raciale, et la tradition sociale de plus d'un millénaire ne pouvait être facilement balayée par une demi-douzaine d'années d'idéologie national-socialiste. Au cours de ces premiers siècles, un Juif sincèrement baptisé, que ce soit en Allemagne ou ailleurs, était généralement considéré comme aussi chrétien qu'un autre. Par exemple, Tomás de Torquemada, la figure la plus effrayante de la redoutable Inquisition espagnole, est issu d'une famille de Juifs convertis.
Même des différences raciales plus larges étaient difficilement considérées comme d'une importance cruciale. Certains des plus grands héros de cultures nationales particulières, comme le Russe Alexandre Pouchkine et le Français Alexandre Dumas, avaient une ascendance africaine noire importante, ce qui n'était certainement pas considéré comme une caractéristique éliminatoire.
En revanche, la société américaine, depuis sa création, a toujours été nettement divisée par la race, d'autres différences constituant généralement des obstacles beaucoup moins importants aux mariages mixtes et au mélange. J'ai lu des affirmations très répandues selon lesquelles, lorsque le Troisième Reich a élaboré ses lois de Nuremberg de 1935 restreignant le mariage et les autres arrangements sociaux entre Aryens, non-Aryens et semi-Aryens, ses experts auraient puisé dans la longue expérience juridique américaine, ce qui semble tout à fait plausible. En vertu de cette nouvelle loi nazie, les mariages mixtes préexistants bénéficiaient d'une certaine protection juridique, mais dorénavant, les Juifs et les demi-Juifs ne pouvaient se marier qu'entre eux, tandis que les quart-Juifs ne pouvaient épouser que des Aryens normaux. L'intention évidente était d'absorber ce dernier groupe dans la société allemande dominante, tout en isolant la population plus fortement juive.
Ironie du sort, Israël est aujourd'hui l'un des rares pays à avoir un type similaire de critères strictement raciaux pour le statut de citoyen et d'autres privilèges, la politique d'immigration exclusivement juive étant désormais souvent déterminée par des tests ADN, et les mariages entre Juifs et non-Juifs légalement interdits. Il y a quelques années, les médias du monde entier ont rapporté l'histoire remarquable d'un Arabe palestinien condamné à une peine de prison pour viol parce qu'il avait eu des relations sexuelles consenties avec une femme juive en se faisant passer pour un Juif.
Puisque le judaïsme orthodoxe est strictement matrilinéaire et contrôle la loi israélienne, même les Juifs d'autres branches peuvent éprouver des difficultés inattendues en raison de conflits entre leur identité ethnique personnelle et leur statut juridique officiel. La grande majorité des familles juives les plus riches et les plus influentes du monde ne suivent pas les traditions religieuses orthodoxes et, au fil des générations, elles ont souvent épousé des femmes païennes. Cependant, même si ces dernières se sont converties au judaïsme, leurs conversions sont considérées comme invalides par le rabbinat orthodoxe et aucun de leurs descendants ne sont considérés comme Juifs. Donc si certains membres de ces familles développent plus tard un engagement profond envers leur héritage juif et immigrent en Israël, ils sont parfois scandalisés de découvrir qu'ils sont officiellement classés comme « goyim » en vertu de la loi orthodoxe et que la loi leur interdit d'épouser des Juifs. Ces controverses politiques majeures éclatent périodiquement et atteignent parfois les médias internationaux.
Il me semble évident que tout fonctionnaire américain qui proposerait des tests d'ADN raciaux pour décider de l'admission ou de l'exclusion d'immigrants potentiels aurait beaucoup de mal à rester en poste, et les activistes Juifs d'organisations comme l'Anti-Defamation League (ADL) seraient probablement les premiers à le dénoncer. Et il en irait de même pour tout procureur ou juge qui enverrait des non-Blancs en prison pour le crime de « s'être fait passer » pour un Blanc et d'être parvenu à séduire des femmes de ce groupe. Un destin similaire frapperait les partisans de telles politiques en Grande-Bretagne, en France ou dans la plupart des autres pays occidentaux, avec les organisations locales de type ADL jouant certainement un rôle important dans les campagnes de dénonciation de ces politiques racistes. Pourtant, en ce qui concerne Israël, l'existence de telles lois ne fait qu'engendrer un petit embarras temporaire lorsqu'elles sont couvertes par les médias internationaux, et elles restent invariablement en place après la disparition de l'agitation et son oubli. Ce genre de problèmes est considéré comme étant aussi négligeable que l'étaient les relations nazies du Premier ministre israélien pendant la majeure partie des années 1980.
Mais peut-être que la solution à cette différence déconcertante dans la réaction du public réside dans une vieille blague. Un homme de gauche plein d'esprit a un jour affirmé que la raison pour laquelle l'Amérique n'avait jamais connu de coup d'État militaire est que c'est le seul pays au monde qui n'a pas d'ambassade américaine pour l'organiser. Et contrairement aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, à la France et à de nombreux autres pays majoritairement blancs, Israël n'a pas d'organisation militante juive nationale qui remplisse le rôle puissant de l'ADL.
***
Au cours des dernières années, de nombreux observateurs extérieurs ont noté une situation politique apparemment tout aussi étrange en Ukraine. Ce pays infortuné possède de puissants groupes militants, dont les symboles publics, l'idéologie déclarée et l'ascendance politique les identifient clairement comme des néo-Nazis. Pourtant, ces éléments néo-Nazis violents sont tous financés et contrôlés par un oligarque Juif qui possède la double citoyenneté israélienne. En outre, cette alliance particulière avait été médiatisée et bénie par certaines des plus grandes personnalités juives américaines telles que Victoria Nuland, qui ont utilisé leur influence médiatique avec succès pour maintenir ces faits explosifs méconnus du public américain.
À première vue, une relation étroite entre des Juifs israéliens et des néo-Nazis européens semble une mésalliance aussi grotesque et bizarre qu'on peut l'imaginer, mais après avoir récemment lu le fascinant ouvrage de Brenner, mon point de vue a rapidement changé. En effet, la principale différence entre l'époque et l'heure actuelle est que dans les années 1930, les factions sionistes représentaient le partenaire minoritaire très insignifiant d'un puissant Troisième Reich, alors qu'aujourd'hui, ce sont les Nazis qui occupent le rôle de fervents suppliants de la puissance formidable du sionisme international, qui domine tant le système politique américain, et, à travers lui, une grande partie du monde.
* Ron Unz est un entrepreneur, homme politique et intellectuel américain d'ascendance juive. Il est l'éditeur en chef de « The Unz Review,
une sélection de médias alternatifs rassemblant des perspectives
intéressantes, importantes et controversées largement exclues des médias
dominants américains. » Il y tient une chronique intitulée American Pravda
ou Pravda américaine, où il revient sur les mensonges, dissimulations
et omissions de l'histoire officielle et de la presse dominante. La
Pravda était l'organe officiel en URSS, devenu aujourd'hui un synonyme
de propagande d'Etat en Occident.
***
Rencontre avec les ambassadeurs et représentants permanents de la Russie, 19 juillet 2018.
Vladimir Poutine a participé à une réunion d'ambassadeurs et de représentants permanents de la Russie au sein d'organisations et d'associations internationales, où il a exposé les principaux objectifs de la diplomatie russe.
Source : http://en.kremlin.ru/events/president/news/58037
Vladimir Poutine a participé à une réunion d'ambassadeurs et de représentants permanents de la Russie au sein d'organisations et d'associations internationales, où il a exposé les principaux objectifs de la diplomatie russe.
Source : http://en.kremlin.ru/events/president/news/58037
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.com
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Transcription :
[...]
J'aimerais souligner que tous les projets commerciaux que nous mettons
en œuvre avec l'Europe, y compris, par exemple, Nord Stream 2, sont
uniquement commerciaux et économiquement viables. Ils n'ont aucune
teneur politique et aucun agenda caché.
La clé pour assurer la sécurité et la sûreté en Europe consiste à développer la coopération et à restaurer la confiance, et non à déployer de nouvelles bases et infrastructures militaires de l’OTAN près des frontières de la Russie, comme cela se passe actuellement.
La clé pour assurer la sécurité et la sûreté en Europe consiste à développer la coopération et à restaurer la confiance, et non à déployer de nouvelles bases et infrastructures militaires de l’OTAN près des frontières de la Russie, comme cela se passe actuellement.
Nous réagirons de manière appropriée à ces mesures agressives, qui constituent une menace directe pour la Russie. Nos collègues, qui s'efforcent d’aggraver la situation en cherchant à inclure, entre autres, l’Ukraine et la Géorgie dans l’orbite de l’OTAN, devraient réfléchir aux conséquences possibles d’une politique aussi irresponsable.
Nous avons besoin d'un nouveau programme positif visant à la collaboration et à trouver un terrain d'entente. Bien sûr, j'en ai discuté lors de ma rencontre avec le Président des États-Unis, M. Trump.
Nos points de vue étant différents sur de nombreux dossiers, nous avons convenu que les relations entre la Russie et les États-Unis étaient profondément insatisfaisantes et, à bien des égards, pires que pendant la Guerre froide.
Bien sûr, il serait naïf de croire que des problèmes accumulés durant des années puissent être résolus en quelques heures. Personne ne comptait sur ça. Cependant, je crois que nous sommes sur la voie de changements positifs.
Il est important de noter qu’un sommet à part entière avec la possibilité de parler directement a finalement eu lieu. Il a été couronné de succès et a débouché sur des accords productifs.
Bien sûr, nous devrons attendre pour voir la tournure que prendront les événements, d’autant plus que certaines forces aux Etats-Unis tentent de minimiser et de désavouer les résultats du sommet d’Helsinki.
Je voudrais faire une petite digression et dire quelques mots sur une note plus personnelle, pour ainsi dire.
Nous voyons qu’il y a des forces aux États-Unis disposées à sacrifier les relations entre la Russie et les États-Unis pour promouvoir leurs ambitions dans le conflit politique interne aux États-Unis. Elles sont prêtes à sacrifier les intérêts de leurs entreprises, qui perdent des contrats de plusieurs millions de dollars et le marché russe en général, ainsi que des emplois aux États-Unis, même s'ils ne sont pas si nombreux, mais il existe encore des emplois dans le cadre de la coopération avec la Russie. Nous parlons de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers d’emplois.
Ces forces sont prêtes à sacrifier les intérêts de leurs alliés en Europe et au Moyen-Orient, en particulier ceux de l’État d’Israël. Entre autres choses, nous avons parlé de la sécurité sur les hauteurs du Golan pendant l’opération (antiterroriste) en Syrie. Apparemment, personne ne s'y intéresse. Elles sont même prêtes à sacrifier leur propre sécurité.
Je voudrais rappeler que le nouveau Traité START expirera en 2021. De manière générale, nous aurions pu nous en passer, même il y a plusieurs années, mais nous avons fait un pas dans la bonne direction en le signant. Si nous ne commençons pas à travailler dès maintenant pour coordonner son prolongement, il cessera d'exister dans un an et demi. Nous n'aurons tout simplement plus ce traité.
Quand j'ai parlé de ces forces, vous savez, cela ne correspond pas à notre philosophie politique, car on nous a toujours enseigné que les responsables travaillant dans l'intérêt de l'État et de la société doivent penser avant tout à ces intérêts fondamentaux et leur donner la priorité. Malheureusement, il existe aux États-Unis des forces qui défendent leurs intérêts étroits de groupe et de parti avant les intérêts nationaux.
Nos célèbres écrivains satiriques ont jadis décrit ces gens-là comme « Des misérables gueux ! » Mais ce n'est pas le cas, du moins pas en ce qui concerne cette affaire. Ce ne sont pas des personnes misérables ou gueuses. Non, ce sont des gens puissants et forts qui peuvent faire avaler – pardon pour le mauvais ton – des histoires incroyables et illogiques (l'ingérence russe dans les élections américaines, etc.) à des millions de leurs concitoyens. Oui, ils en sont vraiment capables.
Je ne dis pas cela pour rabaisser ou louer qui que ce soit. Absolument pas. Je dis cela pour que nous le prenions en compte dans notre travail pratique en ce qui concerne les Etats-Unis. Ce sont les faits de la vie moderne.
Néanmoins, la Russie est ouverte à de nouveaux contacts avec les États-Unis sur une base égale et mutuellement bénéfique. C'est ce dont non seulement notre peuple mais le monde entier ont besoin. En tant que principales puissances nucléaires du monde, nous avons la responsabilité particulière de la stabilité et de la sécurité stratégiques. [...]
***
Discours
du Secrétaire Général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah le 26 juillet
2006, au 14e jour de la guerre d'annihilation déclenchée par Israël.
Traduit
pour la première fois à l'occasion du 12ème anniversaire de
l'événement. Tous les discours du Secrétaire Général du Hezbollah durant
la guerre de 2006, inédits en français, seront intégralement publiés
cet été.
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr
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«
Je n'ai aucun intérêt pour une diplomatie qui viserait à ramener le
Liban et Israël au statu quo ante. Je pense que ce serait une erreur. Ce
que nous voyons ici, dans un sens, est la naissance, les contractions
de l'enfantement d’un nouveau Moyen-Orient. Quoi que nous fassions, nous
devons être certains que nous poussons les choses vers le nouveau
Moyen-Orient et que nous ne retournons pas vers l'ancien. » Rapport spécial du Secrétaire d'Etat des Etats-Unis Condoleeza Rice, 21 juillet 2006.
«
On nous demande toujours si, en capturant ces deux soldats, nous nous
attendions ou pas à une réponse et à une réaction d'une telle ampleur.
Mais laissez-moi vous dire autre chose : lorsqu'elle a capturé ces deux
soldats israéliens, la Résistance, sans le savoir –je ne prétends pas
qu'on le savait, on ne le savait pas–, a neutralisé le plus dangereux
projet et le pire scénario de guerre contre le Liban, contre la
Résistance au Liban et contre le peuple libanais. Voilà la vérité. Telle
est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus aujourd'hui. Du fait
de la capture de ses deux soldats, l'ennemi israélien s'est retrouvé
dans une situation difficile et humiliante, ne pouvant pas supporter un
tel coup, et il a donc accéléré la guerre (d'annihilation) qu'il
s'apprêtait de toute façon à lancer en septembre ou en octobre, (avec ou
sans prétexte). L'importance de cette accélération réside en premier lieu dans le fait que l'ennemi a perdu l'élément de surprise. » Hassan Nasrallah, 26 juillet 2006.
Douze
ans après la guerre de 2006, les zones d'ombre qui entourent ce conflit
restent si tenaces que la grande majorité du public, y compris nombre
de partisans du Hezbollah, adhèrent à la propagande israélienne qui
prétend que la guerre de 2006 a été déclenchée par la capture de deux
soldats israéliens par la Résistance libanaise, et que Hassan Nasrallah
lui-même aurait admis que s'il avait pu imaginer à quel point la
réaction d'Israël allait être dévastatrice, jamais le Hezbollah n'aurait
entrepris cette opération. Rien ne saurait être plus éloigné de la
vérité.
Dans
son quatrième discours après le déclenchement de la guerre, Hassan
Nasrallah a longuement exposé la chaîne des événements qui ont conduit à
la conflagration de 2006, dans laquelle l'enlèvement des deux soldats
israéliens –parfaitement légal sur le plan du droit international,
Israël restant une puissance occupante de parcelles de territoires du
sud-Liban et par conséquent une cible légitime jusqu'à la Libération
complète– ne constitue qu'un catalyseur.
Mais un catalyseur d'une importance considérable, car il a déclenché la
guerre deux mois plus tôt que prévu, privant l'agresseur de l'élément
de surprise. Selon Norman Finkelstein,
la guerre de 2006 était rien moins que la guerre la plus longuement
préparée de l'histoire de l'entité sioniste, et le Hezbollah, en
position de légitime défense tant en 1982-2000 qu'en 2006, n'aurait rien
pu faire (ou ne pas faire) pour l'éviter, sinon se soumettre
complètement aux diktats américano-israéliens :
« Les analystes militaires israéliens affirment aujourd’hui que la guerre de 2006 contre le Liban a été la plus longuement planifiée de l’histoire d’Israël. Cela faisait six ans qu’ils s’y préparaient. [...]
Si vous voulez fermer les yeux et croire que tout était fini en mai 2000, vous pouvez le faire, vous pouvez jouer à ce jeu. Mais la réalité était, et tout le monde le comprenait, que l’attitude d’Israël était : « On va écraser le Hezbollah ». Et ils ont commencé à planifier une nouvelle guerre juste après avoir été forcés de quitter (le Liban) en 2000. Ils ont trouvé leur excuse, leur prétexte, en juillet 2006 [lorsque le Hezbollah a capturé deux soldats israéliens pour les échanger contre les prisonniers libanais détenus en Israël]. Mais chez les gens rationnels, il ne fait pas le moindre doute qu’Israël n’allait jamais avaler cette victoire, ils n’allaient jamais accepter la victoire du Hezbollah. Ils étaient déterminés à leur donner [une leçon]. [...]
Cette guerre n’aurait jamais pu être évitée. Il est impossible que les Etats-Unis et Israël tolèrent la moindre Résistance (surtout victorieuse) dans le monde arabe. Vous voulez prétendre qu’elle aurait pu être évitée ? Vous pouvez jouer à ce jeu. Mais les gens sérieux et lucides savaient qu’il y aurait une guerre tôt ou tard. [...]
Si le Hezbollah dépose les armes et annonce qu’il fera tout ce que veulent les Américains, vous n’aurez pas de guerre, c’est vrai, mais vous serez également les esclaves des Américains. Je me dois de respecter ceux qui refusent d’être esclaves. [...] Il n'y a pas d'autre voie que la Résistance militaire. »
S'il
est douteux que cette guerre, lancée en septembre ou en octobre, eût pu
réaliser son objectif d'annihiler le Hezbollah, il est certain que le
fait que la Résistance libanaise ait pris l'initiative a en grande
partie neutralisé les plans de guerre élaborés depuis plus d'une année
par les états-majors des Etats-Unis et d'Israël. Le mythe d'une guerre
constituant une réaction épidermique à un événement imprévu par Israël
est une hypothèse absurde en soi tant les objectifs annoncés étaient
considérables –éradiquer le Hezbollah et façonner un « Nouveau
Moyen-Orient » par le fer et le feu :
on ne décide pas de redessiner toute la carte d'une région du jour au
lendemain–, et n'a d'autre but que de présenter faussement Israël en
position de légitime défense, et surtout d'occulter l'ampleur de la
débâcle militaire du tandem américano-sioniste malgré des années de
préparatifs, face à une guérilla de 2 à 3000 hommes de surcroît. Dans un
article du 17 août 2006 intitulé –à juste titre : les mensonges sont toujours enrobés d'une couche plus ou moins fine de vérité– « Nasrallah remporte la guerre », The Economist soutenait ce mythe dans un numéro d'équilibriste classique de la presse mainstream, dénonçant les adeptes de récits alternatifs comme des théoriciens du complot:
« Cette guerre n'était probablement rien de plus qu'une erreur [d'Israël] ayant suivi une provocation [du Hezbollah] et non un complot préparé par Israël et les Etats-Unis contre l'Iran, ou par l'Iran contre Israël et les Etats-Unis, comme le soutiennent des théories du complot rivales. »
La déclaration de Condoleeza Rice concernant les « contractions de l'enfantement d’un nouveau Moyen-Orient »,
d'un cynisme écœurant (« C’est la déclaration d’un monstre. Seul un
monstre peut comparer la naissance d’un enfant avec la destruction d’un
pays », déclara Norman Finkelstein à ce sujet),
visait à justifier les vétos américains réitérés qui ont repoussé de
trois semaines l'adoption d'une résolution de cessez-le-feu au Conseil
de Sécurité de l'ONU. Les plans de l'administration Bush, responsable du
plus grand crime du XXIe siècle –l'invasion de l'Irak–,
impliquaient d'en finir avec le Hezbollah au Liban, et Israël avait été
mandaté pour ce faire. Washington était pour ainsi dire prêt à
continuer cette guerre jusqu'au dernier soldat israélien –car comme le souligne souvent Hassan Nasrallah, malgré la puissance incontestable des réseaux sionistes, c'est bien Israël qui est un instrument des Etats-Unis et non l'inverse.
Ce n'est que pour protéger Israël d'un effondrement imminent que Bush a
finalement consenti à la résolution de cessez-le-feu. En somme, la
déclaration de Condoleeza Rice était à la fois un acte ignoble
démasquant la barbarie foncière des Etats-Unis, qui aspirent à
refaçonner le Moyen-Orient selon leurs intérêts par les bombes, et une
erreur d'appréciation spectaculaire –la victoire d'Israël ne faisait initialement aucun doute.
La guerre de 2006 a enfanté un Nouveau Moyen-Orient non pas entièrement
soumis à l'emprise et à l'hégémonie américano-sioniste, mais plus libre
et défiant que jamais. L'Axe de la Résistance le prouve encore
aujourd'hui sur les champs de bataille de Syrie, d'Irak, du Yémen et de
Palestine.
Le Hezbollah ne pouvait donc que se féliciter –et certainement pas regretter– d'avoir capturé ces soldats israéliens le 12 juillet 2006, deux mois avant l'agression prévue.
Certains appelleraient cela un heureux hasard, mais le Parti de Dieu,
pour qui la notion de coïncidence est une absurdité ontologique, ne peut
le considérer que comme une Grâce divine manifeste.
Transcription :
Au
Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Louange à
Dieu, Seigneur des Mondes, et que les prières et la paix soient sur
notre Maître Muhammad, sur sa famille noble et pure, sur ses compagnons
fidèles et sur l'ensemble des Prophètes et des Messagers. Que la paix
soit sur vous, ainsi que la Miséricorde de Dieu et Ses Bénédictions.
Après deux semaines de combats, d'agression sioniste monstrueuse et barbare contre le Liban, et d'une résistance qui confine au miracle, la résistance de ce noble peuple et de cette Résistance courageuse (le Hezbollah), je souhaite m'adresser à vous à nouveau du fait de plusieurs développements politiques et sur le terrain, car certaines choses requièrent des commentaires et des prises de position particulières, afin de bien savoir ce que nous devrons faire durant les jours prochains.
Je commence par le plan politique. Sur le plan politique, nous devons connaitre et prendre pleinement conscience de la véritable portée de la guerre qui a été imposée au Liban et de l'arrière-plan de l'agression qui est actuellement lancée contre le Liban. Après deux semaines, je considère que les choses sont maintenant beaucoup plus claires. De nombreuses données et informations sont devenues disponibles, ainsi que des déclarations publiques et officielles claires, que ce soit de la part de hauts responsables de l'administration américaine, de dirigeants de l'ennemi sioniste ou de ceux qui gravitent dans leur orbite, et également de nombreuses analyses et faits qui mènent à une conclusion unique et claire qui peut nous expliquer clairement la vérité de cette guerre qui se poursuit. Car ce n'est qu'en ayant conscience de la nature de la bataille que nous menons vraiment aujourd'hui, et de la guerre qui nous est imposée depuis deux semaines, que nous saurons comment nous devons nous comporter durant les jours à venir.
O mes frères et sœurs, après les propos du Secrétaire d'Etat américain [Condoleeza Rice] à propos d'un « Nouveau Moyen-Orient », c'est-à-dire un nouveau Moyen-Orient américano-israélien, quelqu'un se figure-t-il encore que ce projet majeur et colossal est né au moment, le jour même ou le lendemain de la capture de deux soldats israéliens par la Résistance islamique ? C'est impossible. Toutes les données confirment que ce projet de Nouveau Moyen-Orient était sur le point d'être lancé, et que depuis une année pour le moins, il était activement préparé.
Après deux semaines de combats, d'agression sioniste monstrueuse et barbare contre le Liban, et d'une résistance qui confine au miracle, la résistance de ce noble peuple et de cette Résistance courageuse (le Hezbollah), je souhaite m'adresser à vous à nouveau du fait de plusieurs développements politiques et sur le terrain, car certaines choses requièrent des commentaires et des prises de position particulières, afin de bien savoir ce que nous devrons faire durant les jours prochains.
Je commence par le plan politique. Sur le plan politique, nous devons connaitre et prendre pleinement conscience de la véritable portée de la guerre qui a été imposée au Liban et de l'arrière-plan de l'agression qui est actuellement lancée contre le Liban. Après deux semaines, je considère que les choses sont maintenant beaucoup plus claires. De nombreuses données et informations sont devenues disponibles, ainsi que des déclarations publiques et officielles claires, que ce soit de la part de hauts responsables de l'administration américaine, de dirigeants de l'ennemi sioniste ou de ceux qui gravitent dans leur orbite, et également de nombreuses analyses et faits qui mènent à une conclusion unique et claire qui peut nous expliquer clairement la vérité de cette guerre qui se poursuit. Car ce n'est qu'en ayant conscience de la nature de la bataille que nous menons vraiment aujourd'hui, et de la guerre qui nous est imposée depuis deux semaines, que nous saurons comment nous devons nous comporter durant les jours à venir.
O mes frères et sœurs, après les propos du Secrétaire d'Etat américain [Condoleeza Rice] à propos d'un « Nouveau Moyen-Orient », c'est-à-dire un nouveau Moyen-Orient américano-israélien, quelqu'un se figure-t-il encore que ce projet majeur et colossal est né au moment, le jour même ou le lendemain de la capture de deux soldats israéliens par la Résistance islamique ? C'est impossible. Toutes les données confirment que ce projet de Nouveau Moyen-Orient était sur le point d'être lancé, et que depuis une année pour le moins, il était activement préparé.
Aux
yeux des Etats-Unis, et à leurs côtés des sionistes, il y avait des
obstacles à leur projet de Nouveau Moyen-Orient, qui signifie la région
sous l'emprise (totale) de l'administration américaine qui serait la
seule à gérer ses affaires, ses ressources et ses choix, et dont le
premier partenaire serait Israël. Dans le Nouveau Moyen-Orient, il faut
liquider la cause palestinienne. Dans le Nouveau Moyen-Orient, les
Palestiniens doivent accepter les miettes que leur proposent Sharon et
Olmert. Dans le Nouveau Moyen-Orient, il n'y a de place pour aucun
mouvement de Résistance.
Le
principal obstacle face au Nouveau Moyen-Orient est la présence de
mouvements de Résistance en Palestine et au Liban, et, au niveau des
régimes, essentiellement la Syrie et l'Iran. Il fallait donc en finir
avec ces obstacles et les ôter de la voie du projet américain historique
qui est préparé pour cette région.
Ce (projet) a commencé (à être appliqué) en Palestine. Il fallait liquider les mouvements de Résistance en Palestine. Des élections ont été tenues (à Gaza), et (les Américains & Israéliens) ont été surpris des succès obtenus par les mouvements de la Résistance, et surtout par le Hamas, dans les élections parlementaires qui s'y sont tenues. Cela les a mis dans un grand embarras. Car ce mouvement devait être considéré comme terroriste et assiégé pour qu'ils puissent le liquider. Cette surprise les a amenés à revoir leurs plans. Ils ont assiégé et affamé le peuple palestinien, et ont interdit qu'on lui apporte de l'aide, lui fermant toutes les portes du monde d'ici-bas. Ils poussaient les choses à l'intérieur de Gaza et à l'intérieur de la Palestine à la guerre civile, et le danger auquel faisait face le peuple palestinien était la sédition interne.
Puis l'opération de capture du soldat israélien (Gilad Shalit) à Gaza a eu lieu, qui a été désignée comme (l'Opération) Illusion déformée, et en vérité, l'importance de cette opération est qu'elle a repoussé le danger de guerre civile et ramené tous les Palestiniens à leur bataille véritable et fondamentale (contre Israël). Même ceux qui auraient pu pointer leurs armes contre leurs frères des mouvements de la Résistance sont devenus incapables de le faire.
Au Liban, durant une année complète, il y eut des efforts américains directs et indirects, et les Américains suivaient la situation interne de manière claire, précise et minutieuse. Et ils misaient... Mais leurs espoirs ont échoué au niveau interne. Il est devenu clair pour eux qu'il n'y avait pas de force politique au Liban qui accepterait, si on veut être optimiste (quant au patriotismes des partis politiques libanais), ou qui soit capable, si on est pessimiste, d'en finir avec le mouvement de la Résistance, sa présence et son existence au Liban. Ils ont été surpris de l'ampleur du soutien populaire autour de cette Résistance et de la force de ses alliances internes. Et ils ont donc opté pour un autre choix.
Durant une année entière, ils ont étudié la situation de l'armée libanaise, et je sais que de nombreuses délégations militaires sont venues et ont posé beaucoup de questions, mais ils ont été surpris de découvrir qu'il était impossible que l'armée libanaise s'engage dans un complot de cette nature (et s'en prenne à la Résistance) car c'est une armée patriote. Ses dirigeants, ses officiers, ses échelons, ses soldats, l'organisation de l'armée, la doctrine et la fondation même de cette institution nationale refuseraient (catégoriquement) de s'engager dans un tel complot. Et elle s'est comportée de manière méticuleuse et sage durant l'étape difficile qu'a traversée le Liban quant à sa situation et ses développements internes.
Au début, ils ont également misé sur le fait qu'en entrant au gouvernement et au pouvoir, le Hezbollah serait accaparé par les affaires, les postes, les projets, etc., ce qui pourrait le pousser à faire marche arrière en ce qui concerne les responsabilités djihadistes (militaires) auxquelles il croit et pour lesquelles il a sacrifié beaucoup de martyrs, et à emprunter une autre voie. Mais cela ne s'est pas produit.
Par conséquent, toutes les données internes confirmaient qu'il n'y avait aucune possibilité d'en finir avec la Résistance (de manière intra-libanaise). Ils ont également suivi le débat national, dont ils scrutaient rigoureusement les résultats, et ils sont parvenus au résultat qu'il était impossible de réaliser cet objectif. Au niveau national, les choses se sont donc arrêtées là. Et je considère que les Etats-Unis se sont vus communiquer ou sont parvenus eux-mêmes au résultat qu'il n'y avait aucune voie interne nationale, qu'elle soit politique, sécuritaire, militaire ou populaire, qui puisse permettre de neutraliser la Résistance, sa base populaire et son existence au Liban.
Au niveau régional, par le passé, ils ont beaucoup misé et œuvré pour que nos amis en Syrie et en Iran (finissent par rompre leurs liens avec nous du fait des offres, pressions et menaces), mais ils ont découvert, et je suis très confiant à ce propos, malgré toutes les sornettes que certaines commères essaient de colporter de nos jours, que ni l'Iran ni la Syrie n'étaient prêts à rompre leurs liens avec la Résistance au Liban ou avec la Résistance en Palestine.
Ce (projet) a commencé (à être appliqué) en Palestine. Il fallait liquider les mouvements de Résistance en Palestine. Des élections ont été tenues (à Gaza), et (les Américains & Israéliens) ont été surpris des succès obtenus par les mouvements de la Résistance, et surtout par le Hamas, dans les élections parlementaires qui s'y sont tenues. Cela les a mis dans un grand embarras. Car ce mouvement devait être considéré comme terroriste et assiégé pour qu'ils puissent le liquider. Cette surprise les a amenés à revoir leurs plans. Ils ont assiégé et affamé le peuple palestinien, et ont interdit qu'on lui apporte de l'aide, lui fermant toutes les portes du monde d'ici-bas. Ils poussaient les choses à l'intérieur de Gaza et à l'intérieur de la Palestine à la guerre civile, et le danger auquel faisait face le peuple palestinien était la sédition interne.
Puis l'opération de capture du soldat israélien (Gilad Shalit) à Gaza a eu lieu, qui a été désignée comme (l'Opération) Illusion déformée, et en vérité, l'importance de cette opération est qu'elle a repoussé le danger de guerre civile et ramené tous les Palestiniens à leur bataille véritable et fondamentale (contre Israël). Même ceux qui auraient pu pointer leurs armes contre leurs frères des mouvements de la Résistance sont devenus incapables de le faire.
Au Liban, durant une année complète, il y eut des efforts américains directs et indirects, et les Américains suivaient la situation interne de manière claire, précise et minutieuse. Et ils misaient... Mais leurs espoirs ont échoué au niveau interne. Il est devenu clair pour eux qu'il n'y avait pas de force politique au Liban qui accepterait, si on veut être optimiste (quant au patriotismes des partis politiques libanais), ou qui soit capable, si on est pessimiste, d'en finir avec le mouvement de la Résistance, sa présence et son existence au Liban. Ils ont été surpris de l'ampleur du soutien populaire autour de cette Résistance et de la force de ses alliances internes. Et ils ont donc opté pour un autre choix.
Durant une année entière, ils ont étudié la situation de l'armée libanaise, et je sais que de nombreuses délégations militaires sont venues et ont posé beaucoup de questions, mais ils ont été surpris de découvrir qu'il était impossible que l'armée libanaise s'engage dans un complot de cette nature (et s'en prenne à la Résistance) car c'est une armée patriote. Ses dirigeants, ses officiers, ses échelons, ses soldats, l'organisation de l'armée, la doctrine et la fondation même de cette institution nationale refuseraient (catégoriquement) de s'engager dans un tel complot. Et elle s'est comportée de manière méticuleuse et sage durant l'étape difficile qu'a traversée le Liban quant à sa situation et ses développements internes.
Au début, ils ont également misé sur le fait qu'en entrant au gouvernement et au pouvoir, le Hezbollah serait accaparé par les affaires, les postes, les projets, etc., ce qui pourrait le pousser à faire marche arrière en ce qui concerne les responsabilités djihadistes (militaires) auxquelles il croit et pour lesquelles il a sacrifié beaucoup de martyrs, et à emprunter une autre voie. Mais cela ne s'est pas produit.
Par conséquent, toutes les données internes confirmaient qu'il n'y avait aucune possibilité d'en finir avec la Résistance (de manière intra-libanaise). Ils ont également suivi le débat national, dont ils scrutaient rigoureusement les résultats, et ils sont parvenus au résultat qu'il était impossible de réaliser cet objectif. Au niveau national, les choses se sont donc arrêtées là. Et je considère que les Etats-Unis se sont vus communiquer ou sont parvenus eux-mêmes au résultat qu'il n'y avait aucune voie interne nationale, qu'elle soit politique, sécuritaire, militaire ou populaire, qui puisse permettre de neutraliser la Résistance, sa base populaire et son existence au Liban.
Au niveau régional, par le passé, ils ont beaucoup misé et œuvré pour que nos amis en Syrie et en Iran (finissent par rompre leurs liens avec nous du fait des offres, pressions et menaces), mais ils ont découvert, et je suis très confiant à ce propos, malgré toutes les sornettes que certaines commères essaient de colporter de nos jours, que ni l'Iran ni la Syrie n'étaient prêts à rompre leurs liens avec la Résistance au Liban ou avec la Résistance en Palestine.
Par
conséquent, ils en sont arrivés à la seule conclusion possible à leurs
yeux, à savoir qu'ils ne pouvaient s'en remettre qu'à une seule partie
(Israël) pour porter un coup fatal à la Résistance au Liban, et ensuite à
la Résistance en Palestine, après quoi ils pourraient œuvrer à isoler
la Syrie et l'Iran, à les menacer, etc. En me basant sur cette analyse
que j'ai présentée de manière très synthétique, leur choix s'est porté
sur la guerre (lancée par) Israël et l'agression sioniste contre le
Liban. Selon les informations qui nous sont parvenues jusqu'à présent,
toutes les manœuvres menées par les forces ennemies durant ces derniers
mois, surtout au nord et au sud de la Palestine occupée, semblent avoir
été des préparations pour une agression contre le Liban.
Le
timing (de l'agression) qui était alors envisagé, ou sur lequel on se
basait, était fin septembre ou début octobre. Ils avaient encore besoin
de données et d'informations (de la part de leurs services) de
renseignement pour compléter les plans militaires qu'ils s'apprêtaient à
mettre en œuvre fin septembre ou début octobre de cette année. Leur
plan supposait également qu'en un seul coup, l'ennemi israélien, avec ou
sans excuse ou prétexte, surtout qu'il bénéficie d'un soutien du monde
entier et est couvert dans plus d'un endroit du monde, devait lancer une
opération terrestre fulgurante et s'emparer de toute la région
(libanaise) au sud du (fleuve) Litani pour empêcher que des roquettes
Katioucha puissent être tirées depuis cette région. Et au même moment,
durant ces mêmes heures, l'aviation israélienne devait frapper toutes
les maisons des cadres et responsables et tous les centres et organismes
du Hezbollah, ainsi que l'infrastructure (du Liban). Cela était censé
entrainer une paralysie complète des mouvements de la Résistance et du
pays, et bien sûr soulever les Libanais contre la Résistance, et priver
la Résistance de toute capacité de reprendre l'initiative (dans les
combats), et donc lui porter un coup si violent qu'elle ne puisse plus
jamais s'en relever. Voilà ce qui se préparait.
Certains nous demanderont peut-être : « Pourquoi donc avec-vous capturé deux prisonniers ? » Si nous n'avions pas effectué cette opération, ce projet aurait été infailliblement lancé en septembre ou en octobre. Lorsque nous avons effectué l'opération de capture de prisonniers, et je vais parler en toute franchise et en toute clarté... On nous demande toujours si, en capturant ces deux soldats, nous nous attendions ou pas à une réponse et à une réaction d'une telle ampleur. Mais laissez-moi vous dire autre chose : lorsqu'elle a capturé ces deux soldats israéliens, la Résistance, sans le savoir –je ne prétends pas qu'on le savait, on ne le savait pas–, a neutralisé le plus dangereux projet et le pire scénario de guerre contre le Liban, contre la Résistance au Liban et contre le peuple libanais. Voilà la vérité. Telle est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus aujourd'hui. Du fait de la capture de ses deux soldats, l'ennemi israélien s'est retrouvé dans une situation difficile et humiliante, ne pouvant pas supporter un tel coup, et il a donc accéléré la guerre qu'il s'apprêtait à lancer en septembre ou en octobre.
Certains nous demanderont peut-être : « Pourquoi donc avec-vous capturé deux prisonniers ? » Si nous n'avions pas effectué cette opération, ce projet aurait été infailliblement lancé en septembre ou en octobre. Lorsque nous avons effectué l'opération de capture de prisonniers, et je vais parler en toute franchise et en toute clarté... On nous demande toujours si, en capturant ces deux soldats, nous nous attendions ou pas à une réponse et à une réaction d'une telle ampleur. Mais laissez-moi vous dire autre chose : lorsqu'elle a capturé ces deux soldats israéliens, la Résistance, sans le savoir –je ne prétends pas qu'on le savait, on ne le savait pas–, a neutralisé le plus dangereux projet et le pire scénario de guerre contre le Liban, contre la Résistance au Liban et contre le peuple libanais. Voilà la vérité. Telle est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus aujourd'hui. Du fait de la capture de ses deux soldats, l'ennemi israélien s'est retrouvé dans une situation difficile et humiliante, ne pouvant pas supporter un tel coup, et il a donc accéléré la guerre qu'il s'apprêtait à lancer en septembre ou en octobre.
L'importance
de cette accélération réside en premier lieu dans le fait que l'ennemi a
perdu l'élément de surprise. Le scénario que je viens de décrire se
basait avant tout sur l'élément de surprise. Ils supposaient qu'en
septembre ou octobre, nous serions négligents, endormis, inattentifs, et
qu'en un seul coup, le sud du Litani serait occupé, que nos maisons,
nos centres et nos organisations seraient frappés, que nous perdrions
notre direction, notre contrôle (sur la Résistance), nos moyens de
communication et notre capacité de mouvement, et que par conséquent, la
Résistance serait complètement paralysée, avec le moins de pertes
possibles pour l'ennemi.
Ce
qui s'est passé avec cette capture de deux soldats israéliens est que
la réaction excessive de l'ennemi a neutralisé le premier scénario et
leur a fait perdre l'élément de surprise, qui était le point le plus
dangereux sur lequel comptait l'ennemi israélien dans ce scénario.
J'ajoute que l'ennemi israélien a été contraint de lancer cette
opération avant son heure, et avant d'avoir réuni toutes les données et
informations et effectué les préparatifs nécessaires pour cette
opération, et qui pouvaient aider à son succès. Telle est donc la guerre
qu'ils ont désignée comme une guerre ouverte, et dans laquelle nous
nous sommes également engagés, car nous n'avions pas d'autre choix.
Plus
que jamais, ô mes frères et sœurs, ô cher peuple libanais, et ô peuples
du monde qui nous suivez et dont les cœurs battent pour nous, nous
avons commencé à prendre conscience de manière claire et indéniable
l'arrière-plan de cette guerre et ses objectifs. Et par conséquent, tous
les débats qui ont eu lieu durant ces derniers jours pour savoir si les
prévisions de la Résistance s'étaient révélées fausses, si elle avait
donné un prétexte à l'ennemi pour lancer cette guerre (sont vains).
L'ennemi s'apprêtait à lancer cette guerre sous deux mois. Et ce qu'a
réalisé la Résistance, a cet égard, est peut-être une manifestation de
la bonté divine, dans notre manière de voir les choses.
Quoi
qu'il en soit, la guerre a commencé, et nous étions prêts du fait de
l'opération de capture des prisonniers et notre attente à des réponses
violentes. Et la confrontation s'est poursuivie et se poursuit jusqu'à
présent. O mes frères, le projet qui est le fondement et la cause de la
guerre qui est lancée aujourd'hui est de ramener le Liban dans la sphère
de l'emprise et de l'hégémonie américano-israéliennes, soit quelque
chose de pire que l'invasion de 1982, et pire que l'accord (de paix
israélo-libanais qui perpétuait l'occupation) du 17 mai (1983). Ce qui
est requis, c'est que tout le Liban soit arraché à son histoire, à ses
engagements, à sa culture et à son identité véritable pour devenir
américano-sioniste, dirigé par les Etats-Unis et par Israël par le biais
de parties libanaises (collaboratrices) obéissantes, fidèles et sans
aucune force ou pouvoir (réels).
Oui, notre destin, à nouveau, aux côtés de tous les véritables patriotes et dignes (Libanais), est de faire face à ce projet malfaisant, de faire en sorte que les objectifs de cette guerre échouent et de mener la bataille de Libération de ce qui reste de territoire occupé et de nos prisonniers, et de mener la bataille de la souveraineté et et de l'indépendance authentiques. Et c'est ce que nous avons confirmé durant les derniers jours.
O mes frères et sœurs, aujourd'hui, après votre forte et grande résistance, les mouvements politiques et diplomatiques ont commencé, et ont donné à l'ennemi l'occasion requise (par plusieurs vétos américain à l'ONU bloquant des résolutions de cessez-le-feu). Et ils lui donneront des occasions supplémentaires, comme je l'expliquerai dans un instant. Avant Condoleeza Rice, une délégation est venue, puis Condoleeza Rice elle-même, et tous ceux qui sont venus jusqu'à présent sont venus pour imposer les conditions américano-sionistes, sans proposer de solution ou d'issue à la crise et aux combats actuels.
Quoi qu'il en soit, je ne discuterai pas maintenant des propositions et des conditions (de cessez-le-feu), car nous préférons laisser cela entre les mains de ceux sur qui nous comptons et pour les réunions internes, surtout qu'en vérité, ce dossier, tant dans sa teneur d'ensemble que dans ses détails, est géré par la personne de confiance (dont j'ai parlé dans mon précédent discours, Nabih Berri), mais je souhaite seulement faire un bref commentaire pour que ce soit clair pour vous et pour tout le monde : j'affirme catégoriquement que nous refuserons toute condition humiliante pour notre pays, pour notre peuple ou pour notre Résistance, ou toute formule qui soit aux dépens des intérêts nationaux, de la souveraineté et de l'indépendance du Liban, surtout après tous ces sacrifices. Quelles que soient la durée de la confrontation et l'étendue des sacrifices, notre slogan véritable et fondamental est avant tout la dignité. Les maisons détruites seront reconstruites par la Grâce de Dieu, de même que l'infrastructure qui a été frappée, mais quant à notre dignité, nous ne permettrons jamais qu'elle soit souillée par quiconque. Il est impossible que nous acceptions la moindre condition humiliante. Nous sommes ouverts à la résolution et au débat politiques, et nous nous comportons de manière responsable et flexible, mais il y a une ligne rouge : nos intérêts nationaux, notre souveraineté et notre indépendance.
Après que Condoleeza Rice soit venue au Liban et soit repartie en Palestine occupée, elle a donné à l'ennemi israélien une occasion supplémentaire. En toute certitude –il s'agit d'une semaine ou de dix jours (de délai supplémentaire accordé à Israël)–, et comme le disent les Israéliens eux-mêmes, ce seront des jours décisifs pour l'avenir. Davantage de persévérance, d'endurance, de cohésion interne et de patience sont requis. Comme cela est connu depuis le début de la bataille, ils comptent sur le fait qu'on sera les premiers à crier grâce. Mais nous continuerons à combattre, et je souhaite enfin déclarer, avant d'aborder la situation sur le terrain, qu'après tout ce temps et l'ampleur des frappes de l'ennemi israélien contre le Liban, de même que j'avais annoncé précédemment que nous étions à l'étape Haïfa (point le plus éloigné frappé par les roquettes et missiles du Hezbollah), j'annonce que nous entrons maintenant dans l'étape au-delà de Haïfa. Et par conséquent, c'est une nouvelle étape de la confrontation et du combat que nous impose l'ennemi, et c'est un choix inévitable. Oui, dans cette nouvelle étape, nos frappes ne s'arrêteront pas à Haïfa, quelles qu'aient pu être les réactions des forces de l'ennemi au bombardement de Haïfa, nous allons passer à l'étape au-delà de Haïfa, et si les choses continuent, nous choisirons le moment où nous irons au-delà de ce qu'il y a au-delà de Haïfa (jusqu'au sud d'Israël). Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, en ce qui concerne les combats terrestres. Jusqu'à présent, les combattants de la Résistance ont réalisé de très grands exploits, et l'ennemi sioniste a subi d'importantes pertes au niveau de ses officiers, de ses soldats, de son aviation et de ses tanks. Aujourd'hui, nous combattons à Bint Jbeil, et nous combattrons comme nous l'avons fait à Maroun al-Ras, et comme nous le ferons dans toute ville, tout village, toute position et tout point.
Oui, notre destin, à nouveau, aux côtés de tous les véritables patriotes et dignes (Libanais), est de faire face à ce projet malfaisant, de faire en sorte que les objectifs de cette guerre échouent et de mener la bataille de Libération de ce qui reste de territoire occupé et de nos prisonniers, et de mener la bataille de la souveraineté et et de l'indépendance authentiques. Et c'est ce que nous avons confirmé durant les derniers jours.
O mes frères et sœurs, aujourd'hui, après votre forte et grande résistance, les mouvements politiques et diplomatiques ont commencé, et ont donné à l'ennemi l'occasion requise (par plusieurs vétos américain à l'ONU bloquant des résolutions de cessez-le-feu). Et ils lui donneront des occasions supplémentaires, comme je l'expliquerai dans un instant. Avant Condoleeza Rice, une délégation est venue, puis Condoleeza Rice elle-même, et tous ceux qui sont venus jusqu'à présent sont venus pour imposer les conditions américano-sionistes, sans proposer de solution ou d'issue à la crise et aux combats actuels.
Quoi qu'il en soit, je ne discuterai pas maintenant des propositions et des conditions (de cessez-le-feu), car nous préférons laisser cela entre les mains de ceux sur qui nous comptons et pour les réunions internes, surtout qu'en vérité, ce dossier, tant dans sa teneur d'ensemble que dans ses détails, est géré par la personne de confiance (dont j'ai parlé dans mon précédent discours, Nabih Berri), mais je souhaite seulement faire un bref commentaire pour que ce soit clair pour vous et pour tout le monde : j'affirme catégoriquement que nous refuserons toute condition humiliante pour notre pays, pour notre peuple ou pour notre Résistance, ou toute formule qui soit aux dépens des intérêts nationaux, de la souveraineté et de l'indépendance du Liban, surtout après tous ces sacrifices. Quelles que soient la durée de la confrontation et l'étendue des sacrifices, notre slogan véritable et fondamental est avant tout la dignité. Les maisons détruites seront reconstruites par la Grâce de Dieu, de même que l'infrastructure qui a été frappée, mais quant à notre dignité, nous ne permettrons jamais qu'elle soit souillée par quiconque. Il est impossible que nous acceptions la moindre condition humiliante. Nous sommes ouverts à la résolution et au débat politiques, et nous nous comportons de manière responsable et flexible, mais il y a une ligne rouge : nos intérêts nationaux, notre souveraineté et notre indépendance.
Après que Condoleeza Rice soit venue au Liban et soit repartie en Palestine occupée, elle a donné à l'ennemi israélien une occasion supplémentaire. En toute certitude –il s'agit d'une semaine ou de dix jours (de délai supplémentaire accordé à Israël)–, et comme le disent les Israéliens eux-mêmes, ce seront des jours décisifs pour l'avenir. Davantage de persévérance, d'endurance, de cohésion interne et de patience sont requis. Comme cela est connu depuis le début de la bataille, ils comptent sur le fait qu'on sera les premiers à crier grâce. Mais nous continuerons à combattre, et je souhaite enfin déclarer, avant d'aborder la situation sur le terrain, qu'après tout ce temps et l'ampleur des frappes de l'ennemi israélien contre le Liban, de même que j'avais annoncé précédemment que nous étions à l'étape Haïfa (point le plus éloigné frappé par les roquettes et missiles du Hezbollah), j'annonce que nous entrons maintenant dans l'étape au-delà de Haïfa. Et par conséquent, c'est une nouvelle étape de la confrontation et du combat que nous impose l'ennemi, et c'est un choix inévitable. Oui, dans cette nouvelle étape, nos frappes ne s'arrêteront pas à Haïfa, quelles qu'aient pu être les réactions des forces de l'ennemi au bombardement de Haïfa, nous allons passer à l'étape au-delà de Haïfa, et si les choses continuent, nous choisirons le moment où nous irons au-delà de ce qu'il y a au-delà de Haïfa (jusqu'au sud d'Israël). Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, en ce qui concerne les combats terrestres. Jusqu'à présent, les combattants de la Résistance ont réalisé de très grands exploits, et l'ennemi sioniste a subi d'importantes pertes au niveau de ses officiers, de ses soldats, de son aviation et de ses tanks. Aujourd'hui, nous combattons à Bint Jbeil, et nous combattrons comme nous l'avons fait à Maroun al-Ras, et comme nous le ferons dans toute ville, tout village, toute position et tout point.
Bien
sûr, comme je l'ai dit il y a quelques jours, nous ne sommes pas une
armée classique, et nous ne formons pas une ligne de défense classique.
Nous combattons selon la guerre de guérilla, et tout le monde connait la
manière et les moyens de cette lutte. Et par conséquent, l'important
dans la bataille terrestre est l'ampleur des pertes que nous infligeons à
l'ennemi israélien. Et je vous confirme que quelle que soit l'ampleur
de l'incursion terrestre que parviendra à réaliser l'ennemi israélien,
qui possède une grande puissance à cet égard, l'objectif de cette
incursion, à savoir empêcher le bombardement des colonies au nord de la
Palestine occupée, ne sera pas réalisé. Ces frappes se poursuivront
quelle que soit l'ampleur de l'incursion terrestre et de la nouvelle
occupation qu'essaie de réaliser l'ennemi sioniste.
L'occupation du moindre pouce de notre territoire libanais constituera une cause et une incitation supplémentaire pour perpétuer et amplifier la résistance. L'arrivée de l'armée sioniste sur notre territoire nous permettra de tuer davantage de ses soldats et de ses officiers et de détruire ses tanks, et nous donnera une occasion plus grande et plus vaste de combattre directement et de saigner les forces de l'ennemi, au lieu qu'il reste terré dans ses casernes à la frontière internationalement reconnue et qu'il se contente de son aviation puissante pour frapper et détruire les villes et les villages et tuer les femmes, les enfants et les civils. Par conséquent, dans la confrontation terrestre, nous aurons l'avantage. Le critère dans cette lutte est l'ampleur des pertes que nous infligerons à l'ennemi et non la quantité de territoire qui restera entre nos mains ou échappera à notre contrôle, car nous ne combattons pas comme un Etat. Tout territoire occupé par l'ennemi, nous le récupèrerons assurément après avoir fait subir à l'ennemi toutes les pertes (possibles).
Nous sommes donc tout à fait prêts à la confrontation terrestre, et nous continuerons à faire face aux agresseurs avec la Grâce de Dieu, et nos espoirs et notre confiance sont placés en Dieu le Très-Haut et l'Exalté et en les bras puissants, les cœurs emplis de foi, les esprits pleins de connaissance et les âmes avides de rencontrer Dieu le Très-Haut et l'Exalté (dans l'au-delà) de nos combattants, pour qui le monde et tout ce qu'il contient n'ont absolument aucune valeur, et dont les pieds sont fermement enracinés sur le champ de bataille.
L'occupation du moindre pouce de notre territoire libanais constituera une cause et une incitation supplémentaire pour perpétuer et amplifier la résistance. L'arrivée de l'armée sioniste sur notre territoire nous permettra de tuer davantage de ses soldats et de ses officiers et de détruire ses tanks, et nous donnera une occasion plus grande et plus vaste de combattre directement et de saigner les forces de l'ennemi, au lieu qu'il reste terré dans ses casernes à la frontière internationalement reconnue et qu'il se contente de son aviation puissante pour frapper et détruire les villes et les villages et tuer les femmes, les enfants et les civils. Par conséquent, dans la confrontation terrestre, nous aurons l'avantage. Le critère dans cette lutte est l'ampleur des pertes que nous infligerons à l'ennemi et non la quantité de territoire qui restera entre nos mains ou échappera à notre contrôle, car nous ne combattons pas comme un Etat. Tout territoire occupé par l'ennemi, nous le récupèrerons assurément après avoir fait subir à l'ennemi toutes les pertes (possibles).
Nous sommes donc tout à fait prêts à la confrontation terrestre, et nous continuerons à faire face aux agresseurs avec la Grâce de Dieu, et nos espoirs et notre confiance sont placés en Dieu le Très-Haut et l'Exalté et en les bras puissants, les cœurs emplis de foi, les esprits pleins de connaissance et les âmes avides de rencontrer Dieu le Très-Haut et l'Exalté (dans l'au-delà) de nos combattants, pour qui le monde et tout ce qu'il contient n'ont absolument aucune valeur, et dont les pieds sont fermement enracinés sur le champ de bataille.
En
ce qui concerne la confrontation terrestre, je souhaite souligner la
nature de la guerre psychologique que mène l'ennemi, et face à laquelle
la Résistance et le peuple doivent être vigilants. Je vous assure que
nous sommes francs et véridiques avec vous, comme vous le savez. Nous ne
dissimulons pas nos martyrs. Si l'un de nos commandants ou cadres est
tué, qui qu'il soit, nous l'annoncerons publiquement et nous nous en
enorgueillirons. Si nous avons un grand nombre de martyrs, nous en
serons fiers et nous nous en enorgueillirons. Si des blessés tombent
entre les mains de l'ennemi ou qu'il capture des prisonniers parmi nos
combattants, nous ne le nierons pas. C'est ce que nous avons toujours
fait.
Même durant les combats à Maroun al-Ras, nous avons annoncé que des combats s'y déroulaient. Et lorsque nos derniers combattants ont quitté Maroun al-Ras, nous avons déclaré que nous n'y combattions plus (et que cette ville était entre les mains de l'ennemi). Nous n'avons pas caché cette vérité. C'est pourquoi vous devez nous écouter nous plutôt que la guerre psychologique menée par l'ennemi israélien. L'ennemi israélien affirme depuis deux jours qu'il s'est emparé de la ville de Bint Jbeil. Et malheureusement, il est aidé par plusieurs médias libanais et arabes qui propagent (ses mensonges). Mais l'ennemi ne s'est pas emparé de Bint Jbeil, qui reste entièrement entre les mains des combattants jusqu'à l'enregistrement de ce discours, et ils combattent, affrontent et résistent avec succès.
L'ennemi israélien parle de centaines de martyrs du Hezbollah. Où sont ces centaines (de martyrs) ? Depuis quelque temps, il parle de 20 prisonniers. Où sont ces 20 prisonniers ? Il y a quelques jours, il a évoqué deux prisonniers à Maroun al-Ras, mais il les a relâchés aujourd'hui car ce sont des civils qui n'ont aucun lien avec la Résistance ou avec les combats qui s'y déroulaient.
Ainsi, l'ennemi israélien se vantera d'occuper des villes et de villages, d'avoir tué un grand nombre de combattants et fait un grand nombre de prisonniers, afin de briser le moral des combattants et du peuple. Je vous invite à ne pas croire ces mensonges et à nous faire confiance. Lorsque nous aurons des martyrs, nous les annoncerons. Lorsque nous quitterons un village après y avoir combattu héroïquement, nous annoncerons que nous en sommes sortis.
Nous ne mentons pas à notre peuple, mais ce sont eux qui mentent à leur peuple. Ce sont eux qui imposent une (stricte) censure militaire et mentent à leur peuple et au monde entier, et c'est une preuve de leur faiblesse et de leur détresse, tandis que notre franchise et notre clarté sont une preuve de notre force et de notre volonté.
Quoi qu'il en soit, lorsque nous avons choisi la voie de la Résistance (en 1982), nous savions que nous choisissions une voie des plus ardues, la voie du martyre et des sacrifices qui façonnent la victoire. Nous n'avons rien à cacher. Nous sommes déterminés à tenir bon, à résister, à préserver notre dignité, notre souveraineté, notre liberté et celle de notre patrie. Nous devons seulement résister, être endurants et continuer, et ainsi, les choses ne resteront pas telles qu'elles sont. Par la Grâce de Dieu, la victoire nous est promise, et nous l'emporterons dans cette bataille comme nous l'avons emporté dans les précédentes.
Même durant les combats à Maroun al-Ras, nous avons annoncé que des combats s'y déroulaient. Et lorsque nos derniers combattants ont quitté Maroun al-Ras, nous avons déclaré que nous n'y combattions plus (et que cette ville était entre les mains de l'ennemi). Nous n'avons pas caché cette vérité. C'est pourquoi vous devez nous écouter nous plutôt que la guerre psychologique menée par l'ennemi israélien. L'ennemi israélien affirme depuis deux jours qu'il s'est emparé de la ville de Bint Jbeil. Et malheureusement, il est aidé par plusieurs médias libanais et arabes qui propagent (ses mensonges). Mais l'ennemi ne s'est pas emparé de Bint Jbeil, qui reste entièrement entre les mains des combattants jusqu'à l'enregistrement de ce discours, et ils combattent, affrontent et résistent avec succès.
L'ennemi israélien parle de centaines de martyrs du Hezbollah. Où sont ces centaines (de martyrs) ? Depuis quelque temps, il parle de 20 prisonniers. Où sont ces 20 prisonniers ? Il y a quelques jours, il a évoqué deux prisonniers à Maroun al-Ras, mais il les a relâchés aujourd'hui car ce sont des civils qui n'ont aucun lien avec la Résistance ou avec les combats qui s'y déroulaient.
Ainsi, l'ennemi israélien se vantera d'occuper des villes et de villages, d'avoir tué un grand nombre de combattants et fait un grand nombre de prisonniers, afin de briser le moral des combattants et du peuple. Je vous invite à ne pas croire ces mensonges et à nous faire confiance. Lorsque nous aurons des martyrs, nous les annoncerons. Lorsque nous quitterons un village après y avoir combattu héroïquement, nous annoncerons que nous en sommes sortis.
Nous ne mentons pas à notre peuple, mais ce sont eux qui mentent à leur peuple. Ce sont eux qui imposent une (stricte) censure militaire et mentent à leur peuple et au monde entier, et c'est une preuve de leur faiblesse et de leur détresse, tandis que notre franchise et notre clarté sont une preuve de notre force et de notre volonté.
Quoi qu'il en soit, lorsque nous avons choisi la voie de la Résistance (en 1982), nous savions que nous choisissions une voie des plus ardues, la voie du martyre et des sacrifices qui façonnent la victoire. Nous n'avons rien à cacher. Nous sommes déterminés à tenir bon, à résister, à préserver notre dignité, notre souveraineté, notre liberté et celle de notre patrie. Nous devons seulement résister, être endurants et continuer, et ainsi, les choses ne resteront pas telles qu'elles sont. Par la Grâce de Dieu, la victoire nous est promise, et nous l'emporterons dans cette bataille comme nous l'avons emporté dans les précédentes.
Notre
résistance transformera la réalité qui nous entoure, la situation
régionale et internationale. L'ennemi n'aura pas beaucoup de temps,
quelle que soit la couverture qu'accorde l'administration américaine à
cet ennemi : en fin de compte, l'épanchement du sang pur des femmes, des
enfants et des civils opprimés, et des martyrs et combattants qui
résistent, que ce soit ceux du Hezbollah, de l'armée libanaise ou de
toute position de sacrifice aujourd'hui, ce sang triomphera
inévitablement de l'épée [allusion au martyre de l'Imam Hussein qui a
causé la chute de Yazid et des Omeyyades, ses assassins]. Telle est la
loi divine (régissant ce monde).
Que la paix soit sur vous, ainsi que la Miséricorde de Dieu et Sa Bénédiction.
Que la paix soit sur vous, ainsi que la Miséricorde de Dieu et Sa Bénédiction.