On pensait difficile d’égaler – a fortiori de battre – François
Hollande en matière de racket fiscal, mais la malédiction de la Ve
République semble définitivement résider dans le fait que chaque
président aura réussi à nous faire regretter le précédent.
Et Emmanuel Macron est en train de réussir l’exploit de faire regretter François Hollande.
Certes, il a tout de même plus de prestance que son prédécesseur.
Encore que déclarer publiquement qu’Alexandre Benalla n’est pas son
amant n’est guère plus raffiné que d’aller retrouver sa maîtresse en
scooter rue du Cirque.
En tout cas, fiscalement, le racket est encore plus fort sous Macron que sous Hollande.
Nous avons déjà eu la hausse de la CSG de plus de 22 milliards d’euros
(et nous attendons toujours la diminution, annoncée en échange, des
cotisations sociales).
Nous avons eu aussi la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h,
dont tout le monde sait que c’est principalement un moyen de remplir les
caisses de l’État (aux dépens des « ruraux » qui ont le bon goût de ne
pas être suffisamment organisés pour s’opposer à ce type de mesures).
Nous avons désormais la proposition de faire payer aux entreprises les arrêts maladie.
Oh ! Pas tous les arrêts maladie, bien sûr ! Mais les arrêts de courte durée (moins de 8 jours) – en attendant les autres.
C’est ainsi que M. Macron prévoit de revenir à l’équilibre pour la
Sécurité sociale : en piquant dans les poches des autres, jamais en
économisant.
D’ailleurs, avez-vous entendu parler, de la part de ce gouvernement,
d’une seule réforme structurelle visant à diminuer la dépense publique ?
Pour ma part, tout ce que j’ai entendu relève de transferts de charges :
on bascule des dépenses de l’État sur les collectivités territoriales ;
on transfère des dépenses de la Sécurité sociale aux entreprises ; on
fait payer les propriétaires, etc.
Mais on ne réduit jamais la dépense publique.
En l’occurrence, le projet gouvernemental sur les arrêts maladie
coûterait la bagatelle de 900 millions d’euros par an aux entreprises,
selon les calculs du Medef.
Patrick Martin, vice-président de l’organisation patronale, a très
judicieusement dit que cela constituerait une double peine pour
l’entreprise, déjà pénalisée par l’arrêt maladie de l’un de ses
collaborateurs.
Mais on voit mal pourquoi le gouvernement s’arrêterait à de si
insignifiants détails. Puisque les médias claironnent que la croissance
revient et le chômage diminue, pourquoi s’embarrasser avec des réformes,
au risque de perdre des voix ?
JEAN ROUXEL pour les4verites.com