Elle en a pris, du temps, pour réfléchir, Marlène Schiappa, depuis
plusieurs jours que des femmes politiques LR et LREM, à propos d’une
fillette portant le voile en affiche de la campagne publicitaire de
l’enseigne américaine Gap, « Back to School », diffusée aux États-Unis
et au Royaume-uni, se sont, de façon virulente, exprimées à plusieurs
reprises sur la question. Décoiffant !
Il faut dire qu’elle prend des vacances bien méritées, la secrétaire
d’État à l’Égalité femmes-hommes, et qu’au bord de la mer, entourée de «
mixité sociale » sans affreux « yachts pour milliardaires » au milieu
de « tout le monde » (pour reprendre les mots de son interview donnée à
La Provence, la semaine dernière),
elle a autre chose à faire et à penser ! Et puis,
qui sait si ce n’était pas un « choix éclairé » de la part de cette
gamine, de se cacher les cheveux, puisque maman Schiappa « n’interdirait
rien idéologiquement » à ses filles, n’est-ce pas ?
En tout cas, côté féministes, éclairées celles-ci, on ne décolère pas.
Non sans raison. C’est Florence Portelli, la vice-présidente du groupe
LR au conseil régional d’Île-de-France, qui se montrait « assez
abasourdie par le silence des féministes » en face de « ce genre
d’affiche scandaleux ». « En quoi une petite fille est un symbole sexuel
», « en quoi son visage exprimerait quelque chose d’indécent » ?
Finalement, Marlène est d’accord : « À 9/10 ans, ce n’est pas un choix
de porter le voile. » Mais à onze, l’âge de son aînée, si ?
Pour Valérie Boyer, la députée LR des Bouches-du-Rhône, voiler des
gamines occidentales, contrées dans lesquelles se sont déchaînées les
campagnes « MeeToo » et « BalanceTonPorc », tandis qu’en Orient « des
femmes risquent leur peau pour l’enlever », est proprement inadmissible.
Du côté de LREM, seule la députée Anne Lang s’est dite « heurtée » par
cette affiche « tout à fait insupportable ».
Mais Marlène a donc réagi, alors, où est le problème ? Le problème,
c’est que Marlène Schiappa, si elle n’y avait pas été un peu obligée,
dérangée par le coup de téléphone d’un journaliste à l’heure de l’apéro,
aurait peut-être fait la sourde oreille.
Féministe, Marlène Schiappa ? Une féministe, mais du XXIe siècle, qui
voit dans le voile « un choix pour les femmes adultes » en même temps
qu’« une forme de promotion de l’islam politique ». Mais alors, que peut
bien signifier d’autre le voile porté par des mineures ? Mystère. Et
contre l’expansion de cet islam politique, qui apparemment l’inquiète,
que fait-elle, celle qui s’autodéfinit comme une ambitieuse ? On ne
saura pas.
Marlène Schiappa, la féministe type de notre époque, maniant avec aplomb
des contradictions qu’aucune lueur de lucidité ne vient jamais
ébranler. Une féministe d’un genre nouveau pour qui les « ennemis des
droits de la femme et de l’homme » sont « les extrémistes nationalistes
et les obscurantistes de l’autre ». Vous savez, ceux qui « s’allient »
et « promeuvent un idéal de société mortifère dans lesquels les femmes
n’ont plus de liberté ».
Vous savez quoi ? En fait, Marlène, qui « s’imagine avoir des orgasmes à
l’Assemblée », doit aimer se faire désirer. Apprécier que des
journalistes « aillent la chercher ». Alors, celle qui reçoit « des
menaces de mort et de viol » a pris son courage à deux mains pour
envoyer un courrier à Gap. Pour lui remonter les bretelles, lui dire
tout le mal qu’elle pensait de cette affiche promouvant l’obscurantisme
musulman ? Notre culottée de féministe lui a tout bonnement demandé… de «
s’expliquer ». Waouh !
En Macronie, avec des féministes de cet acabit, les obscurantistes sont tranquilles…
Caroline Artus pour bvoltaire.fr