par Karl Müller
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
Les
mass media allemands mènent actuellement une campagne ouverte contre le
gouvernement ukrainien et à l’aide de celle-ci également une contre le
gouvernement russe. Toute personne qui n’a que les informations des mass
media à disposition et qui doit donc se former une opinion en se
fondant sur celles-ci, ne sait pas ce qui se passe réellement en
Ukraine.
Néanmoins, même sur la base des informations publiées, il est possible de poser quelques questions et d’exiger des réponses:
Les
mass media allemands, ainsi que le gouvernement, exigent vivement de
l’Ukraine qu’elle respecte le droit de protestation pacifique. Faut-il
en déduire que le gouvernement allemand considère que les occupations de
maisons, les blocus, l’édification de barricades, les détériorations et
les actes de violence massive sont des «protestations pacifiques»?
Pourquoi ne condamne-t-on pas ces violations évidentes du droit,
poursuivies en Allemagne comme violations de domicile et de l’ordre
public, quand il s’agit de l’Ukraine?
Les
«protestations» dans la capitale de l’Ukraine ressemblent beaucoup à
d’autres manifestations menées de l’extérieur pour imposer des
changements de régime, le tout non pas sur la base de règles
institutionnelles, mais à l’aide de la pression de la rue, méthode
s’étant substituée aux putschs militaires qui ne sont plus très à la
mode.1 Vitali Klitschko est un produit allemand, mis en place par la Fondation Konrad-Adenauer de la CDU.2
Quelles sont les justifications du gouvernement allemand concernant la
violation massive de la Charte de l’ONU interdisant strictement toute
ingérence dans les affaires intérieures d’un autre Etat souverain?Certains
commentaires rappellent, même si leur objectif n’est pas le même, qu’on
peut de l’extérieur manœuvrer un pays dans une situation de pré-guerre
civile. Ainsi, on a pu lire dans la «Süddeutsche Zeitung» du 23 janvier:
«Il est vrai qu’il n’y a pas encore de guerre civile en Ukraine. Mais
il est aussi vrai que toute guerre civile commence ainsi ou dans des
circonstances semblables. En Syrie, la diplomatie occidentale a dû se
soumettre dans la douleur à une certaine retenue. Cela ne doit pas se
passer en Ukraine.» En ce qui concerne la Syrie, on sait à quel point
l’Occident, y compris l’Allemagne, a attisé le feu. Le gouvernement
allemand peut-il garantir qu’il n’en sera pas de même pour l’Ukraine?Sur
la base des analyses géopolitiques et stratégiques actuellement connues
concernant le rôle de l’Ukraine dans la politique mondiale, on peut
estimer qu’il y a suffisamment d’indices légitimant l’idée qu’en réalité
le gouvernement allemand ne s’intéresse en Ukraine ni aux droits
humains, ni à la démocratie, ni au bien-être de la population. On sait
depuis le milieu des années 1990 que l’Ukraine doit être le fer de lance
occidental des Etats-Unis et de leurs alliés dans leur lutte contre la
Russie (Brzezinski: «Le grand échiquier – L’Amérique et le reste du
monde»). C’est dans ce but que vont les tentatives d’«intégrer»
l’Ukraine dans l’UE et l’OTAN. Le gouvernement allemand peut-il de façon
crédible faire croire que ces analyses sont sans intérêt et que la
politique du gouvernement allemand envers l’Ukraine et la Russie est
menée en toute honnêteté, dans le sens d’une coopération pacifique et en
toute égalité, comme il se doit entre pays se trouvant sur un pied
d’égalité?
Les
peuples d’Ukraine, d’Allemagne et de Russie ne veulent pas se voir
entraînés dans des conflits sanglants. Ils vivent sur le même continent
où chaque pays dépend de l’autre. Ils savent quels sont les dangers de
se laisser entraîner dans des conflits suscités par des campagnes
mensongères à l’intérieur ou entre leurs pays. Ils se souviennent des
innombrables victimes causées par la surenchère de violence. Cette
année, on commémore pour la centième fois le début de la Grande guerre.
Cela ne reste-t-il pas un avertissement pour tous les peuples européens?
C’est à juste titre qu’on s’interroge sur les raisons des campagnes médiatiques se suivant à un rythme accéléré. Pourquoi veut-on nous distraire des véritables questions urgentes qui touchent nos pays et l’Europe toute entière? La classe politique allemande et «occidentale» croit-elle réellement pouvoir détourner l’attention de ses propres échecs en menant une campagne médiatique bruyante? N’est-il pas temps de réfléchir? Pourquoi ne voit-on pas apparaître une politique honnête, fondée sur les valeurs fondamentales?3
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1 cf. Wayne Madson: NATO’s Eastern Prize,
www.strategic-culture.org/news/2013/12/16/ukraine-nato-eastern-prize.html du 16/12/13. Version allemande: Die Ukraine: Ein Staat im Osten, den die NATO gern vereinnahmen möchte, www.luftpost-kl.de/luftpost-archiv/LP_13/LP20113_221213.pdf du 22/12/13
2 cf. Horizons et débats no 39 du 23/12/13, p. 6–7
3 cf. «Etat des lieux en début d’année», in: Horizons et débats, no 1 du 20/1/14, p. 1
www.strategic-culture.org/news/2013/12/16/ukraine-nato-eastern-prize.html du 16/12/13. Version allemande: Die Ukraine: Ein Staat im Osten, den die NATO gern vereinnahmen möchte, www.luftpost-kl.de/luftpost-archiv/LP_13/LP20113_221213.pdf du 22/12/13
2 cf. Horizons et débats no 39 du 23/12/13, p. 6–7
3 cf. «Etat des lieux en début d’année», in: Horizons et débats, no 1 du 20/1/14, p. 1