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samedi 24 décembre 2005

Sur l'enquête du Figaro

Samedi, 24 Décembre 2005
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Sur l'enquête du Figaro

Philippe Delbauvre

Politique
Sur l'enquête du Figaro
L'enquête publiée par le figaro en date du 7 décembre 2005 prête à sourire, comme je me dois le montrer déontologie oblige. Il s'agit donc d'un « enquête », oeuvre du Cevipof qui n'est autre que le centre de recheche de sciences po, de Paris ou peut être de province tant ces établissements ont fleuri en des délais très brefs. Le résumé de « l'étude » nous permet de comprendre de façon très nuancée quel est l'enjeu:

"les Français issus de l'immigration qui observent l'islam sont plus sexistes et plus antisémites que les autres."

Il s'agit évidemment du titre introductif ou de la conclusion mise avant l'introduction comme l'on voudra. On sait aussi que d'un texte c'est la première phrase que le grand public retient.

On y apprend que pour la première fois (!!!), on s'est intéressé à l'influence de l'Islam sur le populations immigrées, et cela très sérieusement puiqu'il furent ... deux chercheurs à s'y consacrer. Sachant que c'était une première et qu'un climat d'un calme des plus propices en France ces derniers temps poussait à une étude toute sérieuse et toute objective, c'était le moment ou jamais.

La déception vient de l'étude ou de l'enquête: on a interrogé 1003 personnes, ce qui constitue un sondage et rien de plus. Nous sommes dès lors confrontés à des analyses portant sur un simple sondage avec toute la validité que cela peut signifier.

Ces 1003 qui sont majoritairement issus de milieux populaires et qui votent à 63 % à gauche: J'eusse aimé un encadrement par exemple financier de « milieu populaire », du pourcentage de population aux élections et savoir si Arlette Laguillier est comptabilisée à gauche. Cela ne me donnera pas pour autant ce qu'ont pu représenter les différents courants de gauche ni la pratique de la pêche durant les élections.

« Alors que ces nouveaux Français sont plus jeunes, en moyenne plus diplômés et plus à gauche que le reste de la population, ils se montrent plus conservateurs en matière de moeurs. «

Je pense que la phrase est mal structurée.

Dans l'échantillon de faible ampleur, les jeunes sont plus conservateurs là où les autres ne disent plus l'être (phénomène non nouveau).

Diplomés de quoi ? Peut on comparer bep et doctorat dans lles modifications des choix de morale ?

Pour le choix de gauche, on peut attendre un clarification comme exprimé ci dessus.

S'ils condamnent l'homosexualité (pratiquement le double), on peut se poser la question si ce n'est pas la marque de leur jeunesse, comme spécifié plus haut, où l'homosexualité est encore injurieuse. On ne sait d'ailleurs pas ce qu'ils contestent dans l'homosexualité. « Ils sont 43% à approuver des horaires séparés pour les femmes dans les piscines et encore un tiers à exiger la virginité avant le mariage. » Est ce un progrès: ils furent 100 % des paroissiens franco-français à séparer les hommes des femmes dans les églises et la virginité féminine est un phantasme qui résiste bien au temps, toutes origines confondues.

« Le décalage est d'autant plus frappant qu'il s'accroît parmi les jeunes générations. Alors que seulement 3% des Français de 18 à 35 ans donnent des réponses qui les classent comme «conservateurs», ils sont 40% parmi ceux issus de cette immigration. Ce rigorisme, essentiellement porté par les jeunes hommes musulmans, se heurte au désir d'émancipation des femmes de leur âge, beaucoup plus permissives. Ce qui explique les tensions observées ces dernières années. D'autant que les familles musulmanes refusent clairement les mariages exogames pour leurs filles (contrairement aux garçons). «Qu'ils soient immigrés naturalisés, de première génération ou de deuxième génération, l'effet de l'islam sur la tolérance sexuelle ne s'atténue pas», souligne le rapport. «

Là encore se pose un problème de terminologie: qu'est ce qu'un conservateur ? Ne fais t-on pas d'assimilation entre Tradtion (ce qui toujours fut) et conservatisme (je freine tant qu'il m'est possible de le faire). Quid du regard du père sur le beau fils, endogamie ou exogamie ?

La pratique religieuse évolue pourtant au fil du temps. Aujourd'hui, près de 59% des descendants de Turcs, Africains ou Maghrébins se disent musulmans, 13% catholiques, et 20% athées. Seuls 22% des musulmans pratiquent régulièrement – comme dans les autres religions. Mais ce processus de sécularisation cache deux tendances opposées. «D'un côté, certains s'éloignent de la religion de leurs parents, notamment les enfants de couples mixtes, qui adoptent massivement les comportements de l'ensemble des Français, précise Sylvain Brouard, l'un des auteurs. »

Et oui.

« De l'autre, on observe une réislamisation des jeunes qui se montrent les plus pratiquants.» Ainsi 90% des jeunes maghrébins issus de mariage non mixte se déclarent musulmans. La pratique décroît ensuite avec l'âge et le niveau de revenu. En revanche, les études n'influencent pas l'engagement religieux. «

J'avais un jour demander un sociologue des religions ce qu'était un catholique: il m'a répondu que c'était quelqu'un qui se disait catholique.... C'est tout.

Il se déclarent musumans: soit et je suis tout le prêt à le croire malgré le « sondage », mais la pratique .... on attend davantage de renseignements.

« Depuis le regain d'actes antisémites au tournant des années 2000, (Carpentras ??? ) les sociologues expliquaient la forte implication de jeunes issus de l'immigration par leur antisionisme, l'identification aux Palestiniens, ou encore la jalousie sociale. «Nous avons été étonnés de constater que c'est avant tout la pratique religieuse musulmane qui conditionne les préjugés antisémites», explique Vincent Tiberj, auteur du rapport. Ainsi, 46% des musulmans pratiquants de l'échantillon manifestent des sentiments antisémites, tandis 28% s'en montrent exempts (voir infographie). «

Sue les 1003 sélectionnés, combien de pratiquants ? Messés ou Messialisants si j'ose écrire ainsi ? Les jeunes sont compris ou non dans les pratiquants et à quelle hauteur ?

« Un antijudaïsme religieux »

On peut emetttre le fait que c'est un facteur, de la à énoncer « antijudaisme religieux »

Chez les musulmans non pratiquants, ils ne sont plus que 30% à exprimer des préjugés antijuifs. Ce sentiment diffère des autres racismes, insiste le chercheur. Il n'est pas la simple expression d'un ethnocentrisme, puisque 80% des pratiquants expriment une opinion positive sur la religion chrétienne. De plus, cet antisémitisme persiste en partie chez les plus éduqués et chez les jeunes.

Cela fait 20 % des pratiquants dont l'attitude à l'égard du christiannisme n'est pas « positive »

Il eût été intéressant de savoir ce qu'est un prèjugé anti juif: cela peut prendre de nombreuses formes.

« Encore 37% des bac+ 2 et 20% des universitaires manifestent de l'hostilité aux juifs. «Les préjugés antijuifs ne sont pas un épiphénomène parmi ces Français issus de l'immigration», observe Vincent Tiberj. Cependant, l'antisémitisme est loin d'être l'apanage des banlieues. Parmi les Français, encore 18% pensent que les juifs ont trop de pouvoir. En mettant en lumière les points d'achoppement entre une certaine pratique de l'islam et la République, l'étude balise le chemin de l'intégration. »

Puisque l'on en est à comparer les dipolomes, on constate un décrue d'antisémitisme ave l'augmentation du nouveau intellectuel. N'eut til pas été judicieux de faire une comparaison avec les français d'origine à niveau comparable. Quel est le niveau des 18 % ?

notes

* Français comme les autres ? Enquête réalisée sur les citoyens d'origine maghrébine, africaine et turque. Presses de Sciences-po. Echantillon de 1 003 personnes qui ont au moins un parent ou grand-parent de nationalité turque, algérienne, marocaine, et autres pays d'Afrique.

lefigaro.fr

dimanche 18 décembre 2005

Les multinationales polluent et les peuples trinquent !

Dimanche, 18 Décembre 2005
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Les multinationales polluent et les peuples trinquent !

Philippe Delbauvre
Étranger
Les multinationales polluent et les peuples trinquent !
Deux scientifiques canadiens ont jugé utile de lancer un cri d'alarme au sujet du réchauffement climatique qui nous touche tous et qui pourrait à long terme nous être fatal. L'appartenance nationale d'Hubert Reeves et de David Suzuki explique cette prise de position courageuse à l'encontre de leur propre gouvernement qui ne respecterait l'engagement pris lors du sommet de Rio en 1992 et confirmé en 1997 en conclusion de celui de Kyoto. C'est la une démarche sympathique qui devrait être imité par les scientifiques du monde entier. Pour autant et par extrapollation, ce sont tous les pays qui ont signé qui sont parjures et le plus pollueur de la planète, à savoir les états unis, qui n' a pas signé. Le gaz à effet de serre ici visé s'il n'est pas la moindre des calamités ne doit pas faire oublier tout ce qui nuit au juste équilibre naturel et à la préservation de la planète. Il est peut être temps d'effectuer un état des lieux pour comprendre l'ampleur de la catastrophe.

- L'air que nous respirons comme en témoigne une étude américaine sérieuse puisque s'étalant sur 16 ans et portant sur 500 000 personnes montrent qu'il est porteur de particules fines issues des centrales thermiques des usines et des moteurs diesel.

Elles ont pour conséquence une augmentation du risque du cancer du poumon.

A titre d'exemple ces particules occasionneraient 30 000 morts par an aux états unis.

Il faut savoir que la mer « accueille » chaque année 6 000 000 tonnes d'hydrocarbures soit 300 naufrages similaires à celui d'Erika, c'est à dire pratiquement un par jour.

Les multinationales des pays riches peuvent polluer en toute impunité, ainsi:

Aux Etats Unis on peut pointer du doigt DOW Chemicals. On peut rappeler la catastrophe de Bhopal en Inde en décembre 1984. Le bilan est de 25 000 morts et de 150 000 handicapés, le tout suite à l'échappement de pesticides. L'eau des puits étant contaminée, on continue encore aujourd'hui d'en souffrir et d'en mourir. Les habitants n'ont jamais été indemnisés.

Au Japon la palme revient à EBARA : rejet dans les rivières de substances nocives. Cette fabrique d'incinérateurs est aussi fabriquant de dioxynes dont on connait les conséquences cancérigènes. Les incinérateurs augmentent également la mortalité infantile. Aucune sanction.

Au Canada justement, qui ne connait pas MONSANTO responsable d'une pollution génétique irréversible en développant le Colza génétiquement modifié qui se répercuta sur les cultures saines. L'opération simplement effectuée afin que ces ogm puissent résister à l'herbicide Monsanto. Aucune sanction.

Au Royaume Uni c'est ICI qui est un géant de la chimie qui se caractérise par l'enfouissement de pesticide à l'étranger comme ce fut le cas pour l'Argentine. Dépollution obligatoire mais non effectuée.

En Italie c'est le complexe pétrochimique Montedison / EniChem qui pollue la lagune de Venise et dont 116 travailleurs sont morts et 257 malades. Indemnisation des victimes mais poursuite de la polution.

En Allemagne c'est BAYER que tout le monde connait et qui fait des désastres dans l'écosystème.

En France, TOTAL qui fait des campagnes publicitaires bien sympathiques est associé à des noms lugubre comme La Mède, l'Erika, AZF...c'est la première entreprise française et le quatrième pétrolier mondial.

En Russie, c'est MINATOM : spécialiste du nucléaire.Tchernobyl fut administrée par Minatom. Bilan : plusieurs dizaines de milliers de morts. La plus grande catastrophe industrielle de tous les temps...

Bien sur, cette liste n'est pas exaustive mais elle a le mérite de montrer l'ampleur des dégâts. De la puissance des entreprises capables de faire plier les états. La libéralisation est le fait de leur donner davantage de pouvoir encore. Evitons ça !

jeudi 24 novembre 2005

SMIC aux 24 heures du Mans

Jeudi, 24 Novembre 2005
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SMIC aux 24 heures du Mans

Philippe Delbauvre
Politique
SMIC aux 24 heures du Mans
Les socialistes ne sont pas différents des autres hommes politiques de l'échiquier français. D'une part parce qu'ils ont cessé d'être socialistes (l'ont t-ils jamais été ?), d'autre part parce que faisant partie d'un système, ils se voient contraints d'obéir à ses us et coutumes qui dans le cas présent ne sont que vices. Il fallait la grande unification alors on a décrété qu'elle a eu lieu. Pourtant personne n'est dupe et les petites phrases assassines ont circulé durant toute la durée du congrès. Bien conscients de l'impression détestable laissée aux français, il fallait trouver le machin qui allait vraiment faire de gauche et qui soit capable d'être mobilisateur en effaçant la pénible amertune des militants en fin de congrès. Cela fut fait par l'intermédiaire d'une proposition novatrice qui ne pouvait que faire des satisfaits dans le monde pseudo socialiste qui caractérise le parti portant le même nom: le smic à 1500 euros, c'est à dire une brique.

Dans l'inconscient de ceux qui ont la quarantaine aujourd'hui, ces 10 000 francs représentent une certaine aisance. C'était un cap que peu atteignaient à une époque où il est vrai que l'inflation avoisinnait les 15 % et où le smic se situait au voisinage de 4000 francs. On peut dès lors faire remarquer que ceux qui se nomment eux mêmes socialistes nous proposent pour demain ce qui n'est autre que le rêve d'hier. En cela la proposition joue sur l'inconscient afin de susciter l'adhésion sachant pourtant que la donne a changé. Quand bien même cette mesure pourrait être adoptée, on peut légitimement s'interroger sur sa faisabilité.

Le simple bon sens suffit à effacer tout espoir quant à une éventuelle réussite du projet. En effet, si on considère que le salaire représente une part des profits obtenus par l'entreprise, il est illusoire de penser possible d'augmenter le smic: dans un secteur concurrentiel, seule la minoration des sorties parmi lesquelles figurent les salaires permet l'obtention des nouvelles parts de marché. On retrouve le système capitaliste et sa froide logique qui implique que seuls des salaires bas peuvent rendre la compétitivité des entreprises. Donc, les socialistes qui n'ont jamais prétendu mettre à bas ce système économique, feignent par commencer par là où ils devraient finir. Mais comme aucune voix ne s'est élevée, on a pu se permettre de tout dire.

Un autre problème se pose, qui n'a bien entendu pas été évoqué et qui pourtant relève de la logique la plus élémentaire. Toute augmentation du smic implique un relèvement des salaires situés au dessus ou directement indexés sur lui. Dès lors, par un effet domino, c'est toute la pyramide salariale qui viendrait à être affectée par une telle mesure. Là encore, personne ne semble avoir réagi dans la salle: il est probable que le volet social si peu ouvert et pourtant mal suffise par simple évocation à susciter l'enthousiasme et fermer les cerveaux.

Ce que les socialistes, qui sont loin d'être naifs ont tu, ou préféré taire par simple démagogie, c'est la prochaine disparition du smic. Cela fait partie de la logique du système, encore une fois, et sans en sortir on continuera à en subir les foudres. Il va de soi que l'on peut promettre n'importe qu'elle augmentation concernant le smic si l'on sait à l'avance que celui ci va disparaître.

Enfin, ce que les socialistes savaient parfaitement, c'est la distinction entre salaire net et salaire brut. Celui qui donne compte en brut et celui qui reçoit pense en net. Il va de soi que dans le meilleur des cas, c'est d'un salaire brut qu'il s'agit. Mais compte tenu de ce qui fut écrit plus haut, cela n'a pas vraiment d'importance...



dimanche 30 octobre 2005

Les faux miroirs du système

Dimanche, 30 Octobre 2005
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Les faux miroirs du système

Philippe Delbauvre

Politique
Le gouvernement qui dirige la politique française est un gouvernement de coalition. Non pas que je fasse référence à l'UDF, groupement sur lequel je me suis déjà exprimé lors d'un article précédent (A quoi sert l'UDF ?), mais plutôt à l'UMP et à ses deux tendances principales incarnées par les présences de Sarkozy et de Villepin. Je ne pense pas qu'il s'agisse dans les deux cas de convictions sincères mais davantage de choix tactiques afin d'atteindre la plus haute marche de l'état. Le ministre de l'intérieur a choisi depuis longtemps le modèle américain sans chercher à le dissimuler. Après l'apologie du self made man, l'éloge de la culture américaine, le voici prônant la discrimination positive. Cela ne l'empêche pas pour autant de se déclarer favorable aux droits de vote des immigrés, façon de se démarquer à droite et d'embarrasser la gauche où les promesses dans ce domaine sont restées lettre morte. Nicolas Sarkozy oublie qu'outre atlantique il faut prêter serment pour adopter la nationalité américaine. Qu'importe, tout et bon pour troubler l'échiquier politique et faire parler de lui. Pourtant, les parlementaires ump ne l'entendent pas de cette oreille et semblent se demander comment va se terminer cette farce. Le ministre de l'intérieur est devenu un habitué des changements de cap: après avoir souhaité un passage au karcher, le même homme au même endroit est venu apporter des capitaux.

A moins d'être naif on ne peut faire confiance à cet homme là qui incarne la droite au sein du gouvernement. On peut aussi se demander si ce n'est pas pour lui que le vicomte De Villiers roule, soucieux de ratisser dès le premier tour des voix qui ne lui appartiennent pas. Nombre d'électeurs du front national sont soucieux de rétablir l'intégrité en politique, démarche noble qui ne passe par aucun de ces deux hommes.

Difficile de trahir plus d'ailleurs que ne l'a fait le maire de Neuilly.

Il en est de même en économie où toutes les voiles du vaisseau libéral sont déployées.

Ainsi on ne va pas assez vite dans les différents secteurs alors même que les français souhaiteraient une pause. Comme le faisait remarquer Devedjan, lieutenant de Sarkozy, il faut en finir avec le tout gratuit: là encore, il y a désaccord avec le peuple français qui veut voir disparaître la spirale du tout payant. Bref, avec ce courant au sein du gouvernement, c'est la droite qui s'exprime sans aucun complexe. C'est une autre mélodie qu'entonnent et Jacques Chirac et Dominique De Villepin, soucieux de représenter le juste milieu et la préservation de l'équilibre social. Ils représentent donc la gauche du gouvernement, soucieuse de mettre un bémol au libéralisme échevelé. Soyons honnêtes: dans les deux cas l'objectif reste le même, seul les moyens utilisés ainsi que le temps attribué aux réformes changent. L'équipage derrière Jacques Chirac représente la gauche tout simplement parce qu'il côtoie la droite libérale et patronale qui ne se cache pas derrière de déclarations de bonnes intentions. Et le parti socialiste me demanderez vous ? Et bien c'est la gauche chiraquienne. En effet, si François Hollande et ses amis sont aussi discrets dans l'opposition, on peut être certain qu'au pouvoir ils feront la même politique. Les surenchères gauchisantes voire gauchistes sont simplement liées à la proximité d'un congrès où devant les militants il faut faire bonne figure. Comme à l'accoutumé, ceux-ci crieront au scandale une fois les promesses oubliées. Ce qui est à retenir c'est ce resserrement de l'échiquier politique où comme outre atlantique on vote pour un homme, les partis démocrate et républicain n'étant que deux équipes jouant le même jeu.


vendredi 14 octobre 2005

Kafka en Corse

Vendredi, 14 Octobre 2005
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Kafka en Corse

Philippe Delbauvre

Politique
On ne comprend pas. D'ailleurs aucun nationaliste sensé ne peut comprendre ce qui vient d'arriver en Corse suite à la volonté gouvernementale de privatiser la SNCM. Entre nos soldats qui furent longtemps qualifiés "de la paix" (paisibles ?!!) et qui servirent, gros contingents à l'appui, l'ONU que De Gaulle à juste titre appelait le machin, en servant de cibles mais aussi par leur présence de caution, et les GIGN, commandos de marine (nageurs de combat) réquisitionnés pour chasser du syndicaliste, il n'y a plus rien à comprendre sur le moment. Dieu merci, l'analyse est là pour décrypter ce décalage où l'on trouve là où on devait trouver ce qui ne devait pas être et réciproquement. L'état peut être fort. Il vient de le montrer. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Les constantes reviennent: fort à l'intérieur comme il est faible à l'extérieur, davantage motivé par les problèmes de finance que par la sécurité publique. Il n'est pas besoin d'ouvrir un code pénal pour constater qu'un délit économique à l'encontre de l'état est bien plus sanctionné qu'un crime de sang. Paradoxalement, l'état qui laisse échapper ses prisonniers et se trouve dans l'incapacité à mettre fin aux agissements des groupes mafieux locaux, est le même qui vous envoie ponctuellement ses feuilles d'impôts et parvient à vous retrouver en cas de problème. La mémoire longue dans ce cas, plusieurs années après, des indus vous seront réclamés.

Le problème est ici tout autre quoique participant de la même logique. Quels sont les faits ? Une société nationalisée est privatisée comme c'est le cas pour beaucoup d'autres comme chacun aura pu le remarquer. Je préfère utiliser le terme de dénationalisation, même si dans mon esprit, il n'a pas ici de connotations économiques. Maurras écrivait que tout ce qui et national est notre. Voilà une phrase assez connue mais aussi consensuelle dans les milieux nationalistes. Ce que le gouvernement tente de faire, comme à l'accoutumé est de nous priver de ce qui est notre, bref de ce ce qui nous appartient.
Pourtant, il me semble que la mission des plus hautes instances de l'état ont pour mission de coordonner les actions des différents intervenants situés à différents stades afin d'assurer le bien commun de l'ensemble de la nation. Trahissant sa vocation naturelle, le gouvernement fut remplacé de facto par un groupe formé de nationalistes et de cégétistes, obéissant au principe de flagrance qui permet à tout national d'intervenir et de se substituer à l'état lorsqu'on se trouve en présence d'un délit.

Si les conditions d'application de ce principe légal ne sont pas valides dans le cas qui nous préoccupe, il n'en reste pas moins que, dans le principe, force est de constater, qu'en s'opposant à la privatisation, c'est la dénationalisation qui fut compromise et en conséquence une partie de notre bien à tous qui fut protégé. Ce qui est kafkaïen dans cet épisode où le gouvernement n'est une fois de plus pas sorti grandi, c'est outre l'envoi de troupes de choc, l'émergence d'une situation où les rôles sont inversés, l'état trahissant le pays et quelques particuliers devenant les garants de l'intérêt national.

Symptomatique.



samedi 24 septembre 2005

Sur les élections allemandes

Samedi, 24 Septembre 2005
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Sur les élections allemandes

Philippe Delbauvre

Étranger
Ce qui est symptomatique dans ces élections, c'est le parallèle entre la France et l'Allemagne. On peut dans un premier temps en douter, probablement en raison du fait que le mode de scrutin n'est pas similaire et voile ainsi les résultats. On voit pourtant bien que la CDU se propose de faire plus rapidement ce que fait déjà le SPD, tout comme en France, le parti socialiste (et là les sissidents leur sont utiles), quoiqu'ils en disent, souhaitent la même politique que l'UMP tout en y mettant les formes et en allant crescendo. A la chancellerie on souhaite un personnage d'envergure ce qu'Angela Merkel à l'évidence n'est pas, et l'on vote donc également à la "tête" indépendamment des idées politiques. Est t-il nécessaire de rappeler ici encore la similitude avec la France ?

Schroder est un perdant (retard colossal sur la CDU en début de campagne) dont l'incompétence d'Angela Merkel a fait un gagnant au final. Il a servi de repoussoir à l'électorat allemand qui ne souhaitait pas du chef de la CDU. Il ne faudrait cependant pas oublier les prévisions désastreuses dont il était crédité. C'est bien là le symbole du rejet de sa politique sur lequel les média font silence. A tort.

Là où la différence se fait entre les deux pays c'est donc le mode de scrutin. En quoi l'udf aujourd'hui se distingue du ps ou de l'ump ? Seuls des calculs correspondants à des choix de carrière personnelle conduise à cette position. On ne voit pas en effet, comment situé entre l'ump et le parti socialiste, l'udf pourrait pratiquer une autre politique. Si l'on utilisait un autre mode de scrutin, l'udf agirait politiquement de manière différente ... pour faire la même politique.

On constate aussi, comme en France une gauche dure qui perce, à laquelle il faut ajouter une partie des verts qui eux, n'ont que peu de rapport avec leurs homologues français.

Dernier parallèle: en consultant les média, on constate que l'on ne parle pas davantage du NPD en Allemagne que du Front national en France.

dimanche 18 septembre 2005

Coalition droite – gauche marque déposée

Dimanche, 18 Septembre 2005
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Coalition droite – gauche marque déposée

Philippe Delbauvre

Politique
L'Allemagne, une fois de plus nous surprend. Les deux grands partis en présence qui sont le SPD (social-libéral) et la CDU (libéral-social) que par habitude on oppose aurait une idée fort séduisante à proposer aux électeurs. Celui d'un grand gouvernement de coalition. Sachant qu'il faut une majorité pour pouvoir diriger le pays et que ce que l'on appelle l'extrême droite et la CDU ne peuvent s'entendre suite à des différences notoires dans leurs conceptions sociétales, différences tout aussi notoire entre le SPD et ce que l'on appelle le parti de gauche PDS, c'est la seule solution restante. Les allemands nous apportent la pleine lumière sur les événements politiques de ces dernières années. Alors qu'en France l'obscurité souhaitée par la gauche et la droite et pratiquée par des oppositions factices reste la règle, en Allemagne on annonce la couleur en toute honnêteté. Autant avouer que je préfère l'attitude adoptée outre-Rhin qui a le mérite de la clarté. Elle justifie aussi les analyses du réseau radical qui considère qu'il n'y a plus d'alternance politique en France, mais simplement des changements d'équipes, portant certes des couleurs différentes mais pratiquant la même politique. Bien entendu, le scrutin n'a pas encore eu lieu, mais c'est la perspective la plus probable qui s'annonce. Cela signifie que dès lors où on est situé au voisinage du centre géographique de la vie politique française, c'est à dire ce que l'on appelle couramment le système, on a sa place au gouvernement. Les noms de partis sont comme les marques de lesssive: dénomination différente, emballage différent, mais même produit. Entre les libéraux partisans du libéralisme, ce qui a le mérite de la cohérence et Jospin premier ministre déclarant que le gouvernement n'avait pas à intervenir dans le cadre de l'affaire michelin, ou se trouve la différence ? L'un s'appelle socialiste, l'autre libéral, l'un fût prof, l'autre énarque et le résultat est le même. Il est bien beau de dire que gauche et droite sont désuets. Encore faut t-il en prendre acte et en comprendre la signification.

Ce n'est pas tant qu'il y aurait des courants qui s'entendent entre la gauche et la droite, comme on le croît parce qu'on l'a fait accroire, l'étude politique montre le contraire. On peut se souvenir de la candidature Chevènement qui fut une catastrophe au final si on souhaite un exemple. Non, la fin de ce clivage est la conséquence de l'accord entre ce que l'on appellait auparavant gauche et droite et que, malheureusement on continue d'appeler ainsi, accord pratiquement unanime sur le traitement des problèmes de société. Tout est dès lors réduit à des simples ambitions personnelles. Il suffit de choisir la bonne écurie, ou de se mettre derrière le bon étalon. Le scrutin français ne permet pas de prouver ce qui fût avancé, une dose respectable de proportionelle modifierait la donne.



mercredi 7 septembre 2005

Mazarine dogmes et réflexions

Mercredi, 7 Septembre 2005
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Mazarine dogmes et réflexions

Philippe Delbauvre

Politique
Lorsque l'on parle de Mazarine, on sait à l'avance que c'est à la fille longtemps cachée puis exhibée de François Mitterand. Fruit d'un amour adultérin la jeune femme a entrepris une carrière d'écrivain(e) et vendu des livres auprès d'un public avant tout soucieux de juger comment peut écrire la fille d'un président de la république. De l'avis des connaisseurs, il n'y avait là rien d'extraordinaire, et l'engouement passé, tout fût oublié.

La dame est de retour, exploitant un fait divers des plus communs dans la France d'aujourd'hui, à savoir le brassage des cultures. La dame aurait rencontré un monsieur très probablement musulman. Il s'en est suivi un enfant mixte de deux cultures religieuses. Si le problème mérite réflexion, il n'est pas nécessaire pour autant d'aller faire référence à l'ancien président pour tenter de faire accroîre des jugements qui défient la logique.

Ainsi l'autoproclamée fée du socialisme nous énonce qu'elle est « pas croyante mais catholique ». Le phénomène inverse est évidemment plus courant. Peut être que la lecture de Maurras chère à son père a laissé des traces dans les gênes, le penseur nationaliste ne disant pas autre chose. Encore faut t-il remarquer que le penseur de l'action française s'était expliqué sur ce choix paradoxal, surtout à l'époque. Lorsque l'on ne croit pas en Dieu et que l'on se définit comme catholique, c'est que l'on retire de cette religion tout ce qui est divin. Que reste t-il donc ? L'architecture des cathédrales ? Le cérémonial ? La continuité historique ? Le rôle de stabilisateur social ? Ce n'est pas tant le mystère de la foi que celui du manque explications qui appert.

L'histoire se complique puisque le père est « musulman non religieux ». Là encore plusieurs explications peuvent être proposées. On peut convenir que contrairement à son épouse, il a la foi mais n'apprécie pas les mosquées. Un libre penseur de l'Islam en quelque sorte. Voilà un couple bien assorti: il croira pour elle au dieu des musulmans et elle lui fera visiter les abbayes. A moins qu'ils ne perdent Dieu et ne trouvent les boites de nuit.

L'histoire se complique: l'enfant devra avoir la double éducation religieuse. Mais laquelle ? Avec ou sans mosquée ou église, avec ou sans Dieu ? Mystère encore. Il aura le choix de ce que l'on ne sait pas. La circoncision n'est pas évoquée. Bizarre. L'objectif est louable, mais cela risque de ne rien donner du tout. Et pour cause.

Ensuite, la dame énonce un postulat: attention les yeux: "Toutes les religions se valent du point de vue dogmatique, tous les dogmes peuvent conduire aux intégrismes et les intégrismes me glacent".

De quoi faire mourir de rire tous les théologiens. Toutes les religions ont justement des dogmes différents et se sont opposés à ce sujet. Quant au lien entre dogme et intégrisme, sachant qu'une arme à feu peut tuer autant l'interdire y compris à la police.

Si maintenant l'enfant doit être au courant de ces racines, c'est bien par référence à une identité auquel cas c'est cohérent. Mais je comprends mal comment des dogmes similaires peuvent donner lieu à des communautarismes.



Fonction publique : clarification

Mercredi, 7 Septembre 2005
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Fonction publique : clarification

Philippe Delbauvre

Politique
La fonction publique (« les fonctionnaires ») fait l'objet de la part des autres salariés d'un mélange assez stupéfiant de quolibets, de mépris mais aussi d'envie et parfois de respect. Paradoxalement si nombre de français s'accorde à reconnaître qu'il y en a trop (sans en connaître le nombre ), ils éprouvent des difficultés insurmontables à indiquer dans quels secteurs les postes devraient être supprimés et en quel nombre.

Les phénomènes de délocalisations, les privatisations, le mal-être social s'ils n'excusent pas la vindicte populaire permettent au moins de l'expliquer. Il fût une époque où la situation était inversée et où le fonctionnaire était davantage plaint que raillé. A titre d'exemple, le corps des enseignants au début des années 80 recevait davantage l'aumone qu'un traitement (avant dernière place en Europe).

Effectuons un rappel des chiffres, sachant que les statuts sont quelquefois très complexes et donnent probablement lieu à des migraines aux statisticiens chargés des études.

En tout premier lieu, on doit savoir que la fonction publique se décompose en trois catégories qui sont la fonction publique d'état, la fonction publique territoriale et ( sans doute la plus appréciée), la fonction publique hospitalière.

Début 2004, la fonction publique emploie 5 millions de personnes ce qui correspond à 20 % des salariés. On est donc bien loin de l'économie soviétique que l'on veut nous présenter. Exprimé autrement, quatre français sur cinq ne sont pas fonctionnaires. Gageons que s'il y avait davantage de places aux différents concours (où l'on se bouscule, ce qui est quand même paradoxal), le pourcentage serait différent.

Globalement 50 % travaillent pour la fonction publique d'état.

30 % appartiennent à la fonction publique territoriale.

Les 20 % restants officient dans la fonction publique hospitalière.

On trouve également des emplois aidés comme les CES ou emplois jeunes. Ceux ci représentent environ 250 000 personnes. Les temps incomplets sont évidemment dans cette catégorie légion. Dans le même registre, il faut savoir que 80 % seulement sont titulaires. Voilà qui remet sérieusement en cause l'idée de la sécurité d'emploi tant reprochée par les autres travailleurs. Ce qui signifie que 15 % des fonctionnaires sont des non-titulaires ce qui surprend celui qui n'a pas consuluté les chiffres. Les 5% restants sont représentés dans des catégories particulières.

Ces non-titulaires sont répartis différemment, 20 % pour la fonction publique territoriale, 13% pour la fonction publique hospitalière et pour la fonction publique d'état. En effet, certains postes ne peuvent être occupés par des titulaires, de même que d'autres correspondent à des emplois saisonniers. Ainsi les disparités sont importantes. Dans la fonction publique d'état on trouve 45 % de cadres alors que dans la fonction publique territoriale le taux chute à 8 % pour remonter à 14 % dans la fonction publique hospitalière. Ces chiffres ne doivent pas nous tromper: ils incluent les enseignants dans le premier cas et le corps des médecins dans le troisième. En fait dans ces trois secteurs la catégorie C qui n'est autre que la plus ingrate, la moins rémunérée et la moins gratifiante est nettement majoritaire.

Sans sombrer dans la caricature, le fonctionnaire représentatif est donc l'agent d'execution, sans perspective d'avenir et mal payé.



jeudi 1 septembre 2005

avancee
Jeudi, 1 Septembre 2005
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A quoi sert l’udf ?

Philippe Delbauvre

Politique
L’udf est un mouvement créé en 1978 par Valéry Giscard d’Estaing. C’est l’époque où ses rapports avec son ancien premier ministre vont au plus mal. Ce dernier dispose d’une machine de guerre qui est le rpr, successeur de l’udr. Or, les législatives arrivent et quand les experts ne pronostiquent pas une victoire de la gauche, c’est Jacques Chirac qui dispose de leurs faveurs. Dès lors, au sein de la droite, le combat est engagé afin de savoir qui dispose du leadership dans cette portion de l’électorat. Sera ainsi créée l’udf censée représenter ceux qui se sentent plus proche de Giscard que de Chirac. On y trouve des libéraux, des démocrates sociaux, des démocrates chrétiens et des radicaux partagés en cinq tendances, toutes unies dans l’antichiraquisme. Les anti-gaullistes de toujours sont évidemment présents en masse. C’est une famille qui prend un autre nom, mais qui est présente depuis longtemps dans la politique française. Sous la quatrième république, ils tentent de faire avancer l’Europe face à l’axe qui s’est constitué entre gaullistes et communistes qui pour des raisons différentes s’éfforcent de faire sombrer nombre de projets comme celui de la communauté européenne de défense. Ce sont des descendants du mrp dont De Gaulle disait que « c’était le mouvement à ramasser les pétainistes ». Depuis, l’histoire a avancé Et l’udf de Giscard n’a plus sa vocation originelle à être, d’autant plus que la création de l’ump a permis l’entrée d’anciens udf dont Raffarin était un représentant. Il est à noter que la cohabition entre le premier ministre et le président de la république n’a posé aucun problème. Remarque intéressante, sous la houlette d’Alain Madelin, la frange la plus dynamique, lointain rejeton des républicains indépendants a pris son indépendance sous l’étiquette de démocratie libérale.

On comprend mieux les difficultés de l’udf à émerger dans les statistiques. Ce mouvement et sensé se positionner au milieu de l’échiquier politique, soucieux historiquement d’être la troisième voie entre socialo-communisme et libéralisme échevelé. Le problème est que les futurs représentants de la première mouvance semblent devoir être Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn dont le plan quinquennal n’est sans doute pas la première des priorités. Quant à ce que l’on appelle abusivement la droite, les deux dernières décennies ont montré que sa politique n’était autre que celle menée par la gauche. On voit ici toute la difficulté que peut avoir François Bayrou a exister entre deux gauches (ou de droites) dont ils se réclame. Cette gauche ou droite est donc partagée en deux par un « un check point » qui n’a plus sa raison d’être politiquement. Si le grand manitou de la mouvance fait feu sur le gouvernement avec autant d’ardeur, il se garde bien de dire où se trouve la « sortie du tunnel ». Un poste de premier ministre l’eût peut être calmé.

L’électorat existe, mais de moins en moins. C’est celui de Barre, de Méhaignerie. En conséquence un parti de notables se situant « au milieu » mais « pas trop ». Ils ne sont pas homophobes voire même très homophiles lorsque c’est chez les autres. Dans la difficulté vous pouvez espérer un morceau de fromage, enfin la croute, afin de ne pas créer de mauvaises habitudes. Ils sont favorables à une Europe chrétienne sur un continent où les églises sont vides.

C’est donc un mentalité à part : bourgeoise. « Ni trop, ni trop peu mais plutôt à moitié ». Quoique située au centre c’est la vrai droite au sens caricatural du terme. Si me souvenirs sont justes Douste Blazy a rejoint l’ump pendant que De Robien tout en restant udf participait au gouvernement. Pendant ce temps Bayrou se lance dans une opposition « franche MAIS mesurée ». Il a d’ailleurs essayé de transformer le mouvement en parti de masse. Fiasco complet pour les raisons sociologiques invoquées.

Je m’étais déjà posé la question au sujet du parti socialiste, mais avouons le, c’est encore plus flagrant ici :

A quoi sert l’udf ?

mardi 30 août 2005

Réponse à Annelys de France

Mardi, 30 Août 2005
Réponse à Annelys de France

                                                                Philippe Delbauvre


Mademoiselle,

Croyez bien que je m'honore d'avoir été lu par une personne au pseudo si évocateur. Ce sera peut être pour moi l'occasion de retourner à Cholet où,  il n'y a pas si longtemps, mon coeur a battu.

Nous voilà fâchés pour un rien et votre ire, si je méconnaissais vos armoiries, vous ferait vite passer pour un de ces pieds poudreux dont nous avons bien eu tort de laisser la possibilité, dans nos villes, de s'installer.

Je vous le dirai tout net: le sujet de cet article ne m'intéressait pas quant à son objet principal, savoir les finances publiques, la comptabilité générale et autres immondices contemporaines. L'histoire semble nous montrer que ce sont les méchants qui triomphent à la fin et qu'en conséquence les tourments qui vous affectent ne sont qu'une des lois de la nature.

Je reconnais et persiste avoir de mes doigts que j'aie fins consacrer quelques temps à la rédaction d'un tapuscrit, objet depuis de vos migraines. Une vive contrariété, si elle vous a permis la lecture du texte, vous a de même privée de l'esprit qui s'y trouvait. Dans ce temps qui est le nôtre, il est illusoire d'espérer d'un homme politique. Nous n'y pouvons rien et ces rampants n'ont pas accès à nos cieux. Néanmoins, certains d'entre eux, désintéressés et honnêtes méritent l'attention. Raymond Barre est de ceux là. Non que je goûte son prénom et sa tenue, mais sa rigueur me rappelant tel président du conseil payant de ses propres deniers les enveloppes utilisées à des fins personnelles. Ainsi le professeur, pour lequel j'ai quelques respects, s'était prononcé contre: argumentaire des plus simples, impôt anti-économique et fuite des capitaux à l'étranger. Vous ne dîtes pas autre chose même si vous le faîtes avec un style qui est tout autre. Je le crois moi aussi bien volontiers.

Le livret A est probablement ce qui se fait de plus connu. Il s'adresse, osons le mot, aux pauvres. On vient de baisser sa rémunération. De plus en plus, on fait la proposition d'acheter trois articles similaires pour le prix de deux. Il n'est pas rare qu'un eût suffi. Je ne vous ferai pas l'injure de rappeler l'équation économique qui fait intervenir la circulation de monétaire, mais le fond du problème réside là. Si on supprime la vignette automobile, c'est pour favoriser l'obtention des produits haut de gamme qui n'en sont pas moins périssables. A quoi bon placer sur un livret A si mal rémunéré alors que la publicité vous sollicite pour de multiples achats et que les intérêts perdus sont dérisoires ?

Votre cas est différent. Il s'agit d'immobilier: patrimoine en briques si je puis m'exprimer ainsi. Et non rentable puisqu'une fois acquis, l'argent est immobilisé. En jouant le jeu de l'économie contemporaine, c'est à dire en dépensant vous échapperez à la sanction. On peut légitimement se poser la question au sujet des oeuvres d'art. Réponse simple, ce serait la fuite à l'étranger que vous évoquiez en abordant un autre domaine.

Les cinq cents patates ne sont pas passées. Faîtes des frites, cela facilite le trajet.

Je sais fort bien que c'est un capital que l'on atteint assez rapidement lorsque l'on appartient aux professions libérales pour prendre un exemple connu et qu'en France on parvient à l'aisance sans quelquefois le vouloir ou le mériter. Au sujet des cadres de valeur, ils sont directement recherchés sur place et envoyés aux usa. Ceux qui n'ont pas été contactés sont les autres. Alors, le chantage au départ.... Il y a de la réserve.

On ne retient personne: un certain état d'esprit montre que la greffe a pris et qu'en conséquence la nationalité française, indépendamment du nombre de générations précédentes n'est plus fiable.

J'ai écrit parce qu'il y a le peuple qui subit bien davantage dans son ensemble et parce qu'on ne se plaint pas d'une piqure de moustique quand un compatriote saute sur une mine. Vous faîtes penser à certains fonctionnaires qui ne comprennent pas en pleine période de chômage pourquoi les salariés du secteur privé considèrent la sécurité de l'emploi comme un avantage. Au fait, combien de fonctionnaires soumis à l'isf ?

Considérations évoliennes

Philippe Delbauvre



mercredi 24 août 2005

Le PS largue sa base historique

Mercredi, 24 Août 2005
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Le PS largue sa base historique

Philippe Delbauvre

Éditorial
Ce qui arrive à la gauche d'aujourd'hui est grave, au sens où on l'entendait originellement: est grave ce qui pèse, ce qui a du poids et en conséquence ce qui va influencer le voisinage extérieur.

Chacun sait que la gauche française dans son histoire a évolué de telle sorte qu'elle a longtemps disposée d'une spécificité au sein de l'Europe. Même si au congrès de Tours, Léon Blum s'est livré à une critique acerbe du communisme et surtout de l'omniprésence du parti dans tous les rouages de l'état comme comme dans toutes les sphères de vie personnelle, il n'a jamais cessé de se référer au marxisme comme modèle de penser, ce qui fût rappelé dans l'âpre querelle avec les « néos » durant les années trente. Révélatrice est d'ailleurs l'expression SFIO (section française de l'internationale ouvrière) où le parti socialiste de l'époque (excusez l'anachronisme) ne se définissait que comme une des parties nationales de ce qui était avant tout prévaloir, à savoir l'internationale ouvrière. Exprimé ainsi, c'est à dire conformément à l'histoire ainsi qu'à la terminologie les erreurs d'interprétation si fréquentes au sujet des fonts baptismaux qui permirent la mise en place de cette structure politique ne peuvent que disparaître.

Loin de moi l'idée d'aller retracer l'histoire riche de ce mouvement. Cela a été fait et fort bien par des historiens hautement spécialisés qui me permettent après leurs saines lectures d'effectuer une rectification sur les fondements permettant ainsi une mise au point afin de mieux comprendre ce que des ouvrages partiaux n'ont cessé de vouloir voiler. Ceci est tout aussi juste pour le passé que pour le présent. Cette imprégnation marxiste a très longtemps perduré: il est inutile de rechercher dans notre histoire l'équivalent d'un « Bad Godesberg » symbolisant une rupture totale avec les analyses marxistes et acceptant donc de fait l'économie de marché. En revanche on a pu constater que ce qui n'était dit (avoué ?) était bel et bien fait dans la réalité. Ainsi la IVème république fût celle de l'alignement sur l'ami américain, de la liberté économique et des sévices en Algérie, avec une participation massive des socialistes qui ne furent pas les moins zélés. On peut sans difficulté imaginer plus socialiste comme comportement. Certaines voix se sont élevées, n'entraînant pas pour autant un débat de fond. Le faire oui, le dire non.

Les années 70 furent marquées par l'émergence d'un ancien candidat à la présidentielle qui n'était autre que Michel Rocard. Aidé d'un autre compère (Jacques Delors/ tiens tiens) ils font entendre une autre voix que l'on appellera la deuxième gauche, par opposition à la première restée elle dans l'orbite marxiste C'est l'époque de l'autogestion, prélude à la monogestion patronale.

La gauche au pouvoir ne modifie pas la donne: si les deux camps s'exècrent personnellement, Marx, Lénine et Castro sont cités, en privatisant cela va de soi. C'est la fameuse pause de 1983 dont nous ne sommes jamais sortis.

Il semble que les socialistes vont se réunir et que peut être pour une fois la question des présidentiables ne soit pas la principale. Michel Rocard vient d'approuver une éventuelle scission; quant à Bernard Kouchner il propose d'aller travailler avec François Bayrou. Ce que disent l'un et l'autre est juste, mais vont t-ils le faire ?

Que le chef hautement charismatique de l'udf soit en parfait accord avec l'ump, on le sait très bien. Combien de fois a t-il exercé des responsabilités ? Il ne s'oppose pas par désaccord idéologique mais pour exister politiquement en attendant des jours meilleurs. La voie qu'il a choisie ne peut que le pousser à applaudir la démarche rocardienne afin de mieux incarner « le juste milieu ». Trompant ainsi les français en postulant que sa démarche serait médiane alors qu'elle serait la même. Se serait là une autre version de la réduction de la « fracture sociale » qui a beaucoup séduit à l'origine pour beaucoup décevoir par la suite.

Ainsi, l'aile droite du parti socialiste rejoint la droite. Elle fût toute surprise d'un référendum où le peuple le désavoua. Cela précipita les événements et conforta les partisans des non et engagés dont nous fûmes dans leur choix.

Il ne reste de ce naufrage (l'espoir étant perdu depuis longtemps) que la gauche du parti socialiste qui elle aussi a ses chefs, et ce qui va avec ses guerres.

Il y aura des ralliements de dernière minute, des compromissions.

Et puis beaucoup plus grave, si j'étais partisan d'une politique alternative (ce que je suis par ailleurs), j'aurais des contacts avec des partis frères, des associations et cela en Europe et dans le monde.

Messieurs les socialistes français, pourquoi n'avez vous pas de contacts avec l'internationale ouvrière ?

Messieurs les véritables socialistes français, pourquoi n'avez vous pas de contacts avec les résistants au nouvel ordre mondial ?



dimanche 21 août 2005

L'isf et la solidarité...

Dimanche, 21 Août 2005
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L'isf et la solidarité...

Philippe Delbauvre

Politique
Ah, l'impôt de solidarité sur la fortune: quelle expression évocatrice ! Et quelle alliance de mots. Impôt/solidarité/fortune. Bizarre quand même. Résumons le problème politique puisqu'un l'esquisse d'un choix semble se dessiner.

Faut t-il considérer que les fortunés doivent faire preuve de solidarité ou bien doit t-on devenir solidaires des fortunés ? Quels malheureux doit t-on choisir ?

On hésite au gouvernement entre différentes ... solidarités dont certaines sont liées à une certaine parentèle et d'autres à des choix plus politiciens. En clair, ne nous y trompons pas, ce n'est pas un problème se solidarité au sens habituel du terme et encore moins une histoire de pauvreté, on l'aura compris.

Pour être soumis à ce prélèvement, il suffit de posséder au moins 732 000 euros, soit comme l'on dit dans notre terroir 500 patates. Je ne les ai pas. Vous non plus probablement. Les malfaisants pour reprendre un terme d'Audiard vont aussitôt clamer que seule la jalousie peut m'avoir contraint à aborder ce problème en ayant le point de vue qui est le mien. Que nenni ! Si l'étalage de la richesse de manière délibérée m'a toujours révolté ne serait ce que pour des questions de pudeur, j'ai toujours su qu'il existait des gens qui avaient du bien et que c'était comme cela dans l'ordre naturel des choses. Il y a en moi un vieux fond paysan qui invoque le fatum antique. Et puis l'argent, voyez vous, c'est d'un vulgaire, la preuve en est que tout le monde en veut. Et c'est bien là le problème, qui certes ne date pas d'aujourd'hui mais qui prend aujourd'hui une forme qui s'apparente au paroxysme. Dans une société de l'honneur, il faut être honorable. Et bien évidemment dans une société de consommation, il faut de l'argent. « Autres temps, autres moeurs » faisait remarquer quelqu'un depuis quelque temps décédé. L'argent est donc devenu LA valeur, quoique ayant un prix le terme est inapropprié.

J'ai menti. Par omission. Si vous disposez de 731 000 euros et de deux Picasso, vous n'êtes pas astreint à l'ISF. Idem si vous disposez d'une collection de voitures italiennes datant de l'après guerre. Les oeuvres d'art et les objets de collection ne sont pas taxés. On comprend que l'ISF touche si peu. L'investissement dans l'art permet d'échapper au supplice. La flagellation du bourgeois dans notre contrée s'effectue à l'aide d'une plume.

Alors des experts (comme Friedmann, prix nobel d'économie qui dans un autre domaine déclarait que l'euro ne se ferait jamais) vous expliquent les catastrophes que produisent cette ponction. A titre d'exemple, que des français normaux dont le patrimoine a augmenté simplement en raison du boom immobilier (qu'ils devaient condamner, comme chacun peut s'en douter), sont désormais soumis très injustement au supplice désormais. Vous en connaissez beaucoup des français normaux à 500 patates ? Il faut croire que c'est courant. Des experts vous dis je !

Autre conséquence, la fuite à l'étranger. On s'établit dans certains lieux de prédilection où la fiscalité est à moindre pression. Globalement c'est rare. Ceux qui se trouvent en haut de l'échelle ont l'ISF indolore (je précise que les 732 000 euros, c'est la version cosette chez les riches), quant à ceux qui se trouvent en bas (500 patates), leur statut ne les pousse pas à partir, la marge de manoeuvre étant trop étroite. Encore et toujours, donc, on nous raconte des bêtises. Intéressées évidemment.



jeudi 11 août 2005

Terrorisme et terrorisme ... d'état

Jeudi, 11 Août 2005
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Terrorisme et terrorisme ... d'état

Philippe Delbauvre

Tribune libre
Le terrorisme qui s'est manifesté récemment à Londres a contraint le gouvernement français à renforcer son dispositif de protection. L'analyse que j'ai effectuée dans un premier temps de la réaction ministérielle fût l'occasion pour moi d'un certain amusement suite à la faiblesse des moyens mobilisés ainsi que de l'aspect répétitif du renforcement sécuritaire en période estivale avec l'espoir d'une minoration des actes délictueux. On songe apocalypse nucléaire alors qu'il s'agit de contenir des chiffres qui pourraient être embarrassants à la prochaine rentrée parlementaire. Résumons le tout: une opération de politique politicienne.

Possibilité n'est pas certitude.

On sait que la France a eu une position originale dans son attitude envers les pays arabes. Cela dès l'arrivée au pouvoir du fondateur de la cinquième république. La France a certes participé à la guerre du golfe mais en déployant des efforts diplomatiques jusqu'à la dernière limite afin d'éviter le conflit. Elle a également perdu son ministre de la défense, parti pour manifester son désaccord envers une agression qu'il ne cautionnait pas. Plus récemment et de façon emblématique, c'est le chef charismatique Yasser Arafat qui fut hébergé pouvant ainsi finir ses jours dans la quiétude et sous protection. Paris a aussi été la capitale de l'opposition à la guerre en Irak, et ce malgré les menaces américaines. A nouveau se manifeste une politique différente de celle conduite par d'autres pays européens qui se comportèrent servilement, davantage soucieux d'obtenir diverses gratifications de Washington qui n'en est pas avare lorsqu'il s'agit de favoriser sa politique étrangère. On peut donc comprendre que la mélodie émise par la France est un raffinement pour les oreilles arabo-musulmanes qui tranche avec la grosse caisse étoilée. C'est ce qui me rassure mais c'est aussi de là que me vient l'inquiétude.

Rassurant parce que s'il est un pays qu'un groupe arabe ou musulman décidé à frapper doit épargner, c'est bien la France. Quelle contre-publicité si l'un des seuls pays dont la diplomatie n'est pas entrée dans l'idée simpliste du choc des civilisations venait à être touché. Les fondamentalistes activistes sont majoritairement d'un niveau très supérieur à la moyenne. Penser qu'ils puissent commettre une telle erreur stratégique n'est pas raisonnable.

Inquiétant parce qu'en raison de ce qui vient d'être écrit, s'il advenait que la France devienne une victime, alors c'est, sous le poids de l'opinion publique entre autres, toute la politique étrangère qui serait à revoir. Pour le plus grand plaisir de nicolas et angela même s'il ne s'agit là que d'un détail.

J'en connais d'autres qui ne seraient pas mécontents du scénario. Et qui probablement seraient prêts à s'investir dans le rôle de producteur-réalisateur.

A une époque, ce que l'on appelle l'extrême gauche activiste ne chômait pas en Europe. On le pressentait à l'époque, on le sait maintenant l'union soviétique organisait la logistique. C'est le même pays qui a tenté d'assassiner le pape. On peut trouver des armes de guerre sur le territoire national. Certains souvenirs après des opérations extérieures, les réseaux de mercenaires aussi. La difficulté consiste à réaliser l'attentat, puis s'il n'est pas suicidaire à quitter les frontières du pays. Cela ne relève plus du militantisme activiste, même avec la meilleure des volontés. Cela nécessite impérativement le concours d'une structure hautement élaborée. Elle ne peut être un groupe par manque de moyens.

Ceux ci ne peuvent se trouver qu'à l'échelle d'un état. La France a utilisé le terrorisme. Ce fût le cas pour le Rainbow warrior. Inutile de faire étalage de tout ce qui a pu être commis par différents états tant en terme d'assassinats que d'attentats. Il m'a semblé judicieux de prendre la France comme exemple, non pas parce qu'elle est la plus active (loin de là), mais parce que le navire écologiste a été coulé par notre beau pays avec un gouvernement plutôt pacifiste, antimilitariste et écologiste.

Ce que j'ai donc écrit n'est en rien ridicule: le terrorisme d'état existe, il a été pratiqué et il l'est encore. Inquiétant ai je écrit. Je crains beaucoup moins l'action de fanatiques que de certaines structures étatiques. Lesquelles ? Celles dont c'est l'intérêt. Dans ce domaine on ne laisse pas sa carte de visite, mais plutôt celle de ses ennemis.



samedi 30 juillet 2005

Vers un totalitarisme soft

Vendredi, 30 Septembre 2005
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Vers un totalitarisme soft

Philippe Delbauvre

Tribune libre
La situation française devient préoccupante. Et il ne faut avoir de cesse de dénoncer des dérives qui, dans un premier temps masquées, se pratiquent désormais aujourd'hui au plein jour. Dès lors où un gouvernement utilise des procédés douteux, il lui suffit d'exhiber sa carte joker estampillée « défense des libertés, droit de l'homme » pour justifier ce qu'il faut bien appeler leur négation. Comme de plus les journeaux télévisés ou la presse à grand tirage entonnent le même refrain, la population française dans son ensemble ne peut comprendre la gravité de la situation.

Croyez vous de ma part à une exagération ?

On peut avoir son point de vue sur les sans papiers. Je constate simplement qu'ils furent inviter à se rendre en préfecture afin de régulariser leur situation. Démarche généreuse, que l'on peut contester. Je remarque simplement que l'histoire n'a pas eu une fin heureuse pour beaucoup de personnes concernées. La pratique en question est tout simplement immorale.

L'installation de caméras de surveillance qui se généralise n'a peut être pas la fonction préventive et protectrice que l'on peut imaginer. Après tout, chacun est en droit dans la rue de rencontrer ou d'embrasser qui il veut, sans être observé et filmé. C'est le français normal qui est concerné, le « gibier » recherché échappant souvent à la police et à la justice. C'est donc l'affaire de tous.

Les informations de la carte vitale ne sont pas que médicales. Elles indiquent aussi les coordonnées personnelles. Une fois entrées dans l'ordinateur, que reste t-il des données ? Il semble qu'elles ne puissent être effacées. Dans le cas d'une maladie spécifique, donneriez vous toute confiance à un membre du personnel administratif, tout heureux d'annoncer à son entourage qui éventuellement vous connait ?

Les cartes d'identité nouveau modèle sont sécurisées. Paradoxalement, dans une société où tout se paie, il y a ici gratuité induisant un renouvellement de carte. Je ne suis pas rentré dans le jeu. On nous a annoncé la naissance prochaine d'une nouveau modèle plus performant, à l'américaine. Quelles informations vont t-elles contenir ?

Les CRS ne sont plus habillés comme de par le passé. Il n'est pas impossible que vous ayez constaté l'évolution. Ils sont désormais carapacés de la tête au pied. Qu'on le veuille ou non, il y a désormais militarisation de la police. On ne dit plus inspecteur mais lieutenant (comme aux USA). L'utilisation de tonfas ou des nouveaux pistolets taser relève de la même logique. La naissance de la BAC (brigade anti criminalité) dont les hommes sont tout de noir vétus, est issue du même terroir.

La toute récente mise au pas lors du problème corse a vu des syndicalistes confrontés à des troupes d'élite de l'armée. Pourquoi ne les utilise t-on pas contre la délinquance puisque c'est l'objectif désigné en premier qui permet de justifier les mesures de sécurité prises.

Je ne fantasme pas, je constate. Il a beaucoup d'autres exemples. Amusez vous à les trouver, même si c'est beaucoup moins drôle qu'inquiétant.

samedi 23 juillet 2005

On continue à parler du fascisme et c'est lassant

Samedi, 23 Juillet 2005
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On continue à parler du fascisme et c'est lassant

Philippe Delbauvre

Tribune libre
On continue à parler du fascisme et cela devient lassant. D'une part, parce que les français sont en quête d'un renouvellement, d'autre part parce qu'il s'agit là d'un anachronisme.

Sternhell s'est imposé comme le grand spécialiste du fascisme français et cela grâce à une étude monumentale disponible en quatre tomes en édition de poche.

L'historien israélien s'est vu pourtant reprocher une minimisation de l'influence de la première guerre mondiale par nombre de ses collègues. S'il est exact que l'aspect conceptuel du phénomène politique était préexistant à la première guerre mondiale, il y manquait l'ingrédient qui fait que la réaction en chaines s'opère ou non.

En 1918, celui à qui tout le monde veut ressembler, c'est au poilu. On a beau parler de « der des der », le héros c'est quand même et avant tout le combattant.

Ou mieux, le guerrier. Car au fond, rien de nouveau sous le soleil à cet époque. Héros grecs ou romains, port de l'épée réservé à la noblesse, carrière des armes, mythes des deux empereurs suivant la célébration du « grand » Louis XIV, la vénération populaire passe par la célébration du héros casqué. Ceux qui y sont allés et les autres, l'avant qui tient mais l'arrière sur lequel on se pose des questions et on émet des doutes. On retire le chapeau ou le bérêt devant l'ancien combattant ou le soldat qui défilent. C'est la grande muette qui fait le plus parler.

Alors, après coup, ceux qui en furent versèrent dans le pacifisme quitte à célèbrer le temps des copains et de la fraternité partagée, ou alors célèbrèrent leurs passés plus ou moins glorieux en transmettant et les uns et les autres la bonne parole à ceux qui n'avaient pas l'âge. On comprend bien que les seconds parce que leurs récits étaient plus virils et plus grandioses qui fascinèrent le plus. Entre anciens combattants bardés de médailles scrutant l'outre Rhin (confère les croix de feu) et le jeunesse respectueuse mais aussi soucieuse de faire mieux que les anciens, l'alchimie ne pouvait que naître. Le port de l'uniforme qui n'est d'ailleurs pas le monopole de la droite est à ce titre emblématique de la fascination exercée par l'armée (combattante) sur l'ensemble des esprits de la république. On a donc assisté durant les deux guerres à la militarisation des esprits mais aussi des habitudes voire des réflexes. Et cela non pas afin de préparer la seconde, mais d'imiter, de perpétuer voire de recommencer la première.

Voilà la raison pour laquelle, lorsque je lis « ce fascisme qui vient », je me dis qu'un des phénomènes dont on a le plus parlé n'a pas été compris. Parce que justement, cette militarisation des esprits n'est plus. Les conséquences sont importantes: cela signifie une rupture avec toute l 'éthique guerrière de notre histoire. Cela signifie aussi, et rien ne vous empêche de regarder autour de vous afin de vérifier, que le fascisme est mort.



jeudi 7 juillet 2005

Réaction à chaud

Jeudi, 7 Juillet 2005
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Réaction à chaud

Philippe Delbauvre

Tribune libre
Je viens d'apprendre la nouvelle tout comme vous. Londres a été victime d'attentats. Certains ont déjà ressorti leurs vieux discours en imputant les actions à qui vous savez. Il semblerait que cela soit un groupe inconnu. Très doués pour des débutants. C'est le premier aspect ridicule de ces événements.

Londres a été frappée. Elle devait l'être. Cela avait été promis. On peut regretter que ces attentats touchent un peuple , mais Blair est toujours là et dans une guerre , conventionnelle ou pas, c'est toujours le peuple qui est en première ligne.

La réaction des élites européennes m'indigne. Elles sont en train de fanatiser leurs opinions publiques en pointant les quelques dizaines de morts outre manche. A lire un éditorial, j'apprends que « nous sommes tous des londoniens ». Vous peut être monsieur, moi pas. Je me situe de l'autre côté de la barrière. Les pauvres innocents de Londres ? Les femmes et les enfants irakiens victimes du blocus américains n'étaient t-ils pas eux aussi des innocents ? D'un côté quelques dizaines, de l'autre quelques centaines de milliers. Pas innocents la majorité des palestiniens tués ? Pourquoi ce deux poids de mesure ? Je veux bien admettre que pour un journaliste il est plus facile de montrer des images et de faire jouer la fibre affective en excluant toute analyse, mais le procédé s'apparente à de la désinformation.

Parce qu'il est peut être bon de raisonner et de se demander pourquoi ce sont les peuples de Bush, Aznar et Blair qui ont été touchés. Les lois du hasard présentent aussi leurs limites. Lorsqu'on se décidera à compendre qu'à se méler des affaires des autres un peu partout dans le monde, de plus en utilisant les armes, on ne récolte qu'une juste révolte, on aura avancé. Les américains, les espagnols ou aujourd'hui les anglais n'ont reçu qu'à doses homéopathiques ce que d'autres peuples ont subi auparavant à une toute autre échelle. C'est cette leçon là qu'il faut retenir. Que les américains fassent leur politique, mais que les européens cessent de leur emboiter le pas. On ne s'en portera que mieux. Ou alors il faut aller expliquer aux français que nos soldats doivent aller se battre à des milliers de kilomètres, sans intérêt vital, quitte à payer un Paris ensanglanté.

Vous allez vous amuser en 2012 en dépensant des montagnes d'argent, alors vous en paierez le prix: après tout alors que le terrien moyen vit avec 3 euros par jour, où se trouvent le scandale et l'indécence ? Je ne pense pas pour autant que c'était la raison qui a mené ces actions. Disons que cela tombe bien, et ne fait que confirmer le jugement de ceux qui tout en souhaitant du sport ne voulaient pas des jeux d'argent. Londres c'est aussi la city: il ne faut pas oublier qu'avant l'étalon dollar il y eut l'étalon livre sterling. Il ne faut pas oublier que Blair est un socialiste comme on en a jamais fait. Le G8 est aussi visé, cela va de soi: cette impertinence à l'égard des pays les plus démunis, cette façon de monopoliser les chaises au conseil permanent, cette onu qui fonctionne aux ordres. Tout cela a de quoi exaspérer ce qui constitue la majeure partie de la planète. Un G8 entre autre, consacré à l'Afrique et à sa pauvreté: cela fait des décénnies que cela dure. Ne s'agit t-il pas plutôt d'un partage de ressources ?

En fait, pour l'Européen moyen enfermé dans sa vie morne et répétitive les quelques dizaines de morts de Londres sont un divertissement teinté d'effroi. C'est bizarre, c'est pourtant ce qui se passe tous les jours en Irak, en Afghanistan ou en Palestine.

« l'Organisation secrète de la Djihad d'Al Qaïda en Europe" aurait revendiqué l'attentat. Organisation inconnue de toutes les polices, mais visiblement sachant faire sauter des bombes, mais mal. Une organisation décidée à faire des dégâts utilisent des lieux fermés afin d'accroître les phénomènes de panique et aussi d'augmenter l'onde de choc. En prévenant les membres d'un immeuble de grande taille que tout allait sauter et en déclenchant une bombe même de faible puissance au sein du même immeuble, on faisait là encore beaucoup de dégâts. Cette organisation secrète (son numéro de téléphone n'est pas dans l'annuaire) serait donc parvenue à ne faire qu'une quarantaine de morts avec quatre bombes. Je me demande quel serait le nombre de morts obtenus en balançant trois grenades reliées, dans une rame de métro pleine. Davantage d'effets mais moins de pub. Le monde a les yeux braqué sur Blair, dont on évoquait le départ il y a quelques semaines. Le G8, les jeux olympiques expliquent le phénomène.

Pas impossible qu'on trouve un passeport iranien sous la cloche de Big Ben, ou au palais de Windsor.



dimanche 3 juillet 2005

Une papauté médiatique

Dimanche, 3 Juillet 2005
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Une papauté médiatique

Philippe Delbauvre

Tribune libre
L'élection d'un pape n'a jamais été un succès médiatique dans l'histoire humaine. On peut trouver à cela plusieurs explications. La première est que le pape était le pape et reconnu comme tel. Ainsi les catholiques se réjouissaient de l'heureuse nouvelle alors qu'au contraire les anticléricaux voyaient en l'homme à peine élu le tenant du féodalisme théocratique. La seconde raison qui me vient à l'esprit est l'existence des moyens de communication qui se développent sur l'ensemble de la planète et qui permettent de suivre l'information en direct, phénomène qui n'est pas nouveau mais qui prend une ampleur exceptionnelle. Enfin, le monde a longtemps fait preuve d'inertie, la planète se réduisant au continent européen.

Le premier pape véritablement médiatique fût Jean Paul II. Cela commença par la nouvelle de sa nationalité qui avait de quoi surprendre. Puis ce fût les longueurs de piscine, le regard doux (le saint père était un bon père) ... Jean Paul II fût un grand communicateur ayant parfaitement compris le fonctionnement du monde dans lequel il vivait et décidé à exploiter les moyens d'expression contemporains afin de faire passer son message. Cela, jusque sa lente agonie que tous les hommes purent suivre pratiquement en direct. Il va de soi qu'une mort instantannée n'eût pas permis toutes les supputations quant à son éventuel succcesseur. Si les pronostics allaient bon train chez les laïcs où chacun y allait de son analyse (« il sera issu du tiers monde »), les analyses devaient être toutes autres au Vatican où on doit se baser sur d'autres critères, où l'on a d'autres objectifs et où on bénéficie d'autres renseignements.

Le verdict est tombé très rapidement. Le cardinal Ratzinger a donc été élu. Il n'est pas du tiers monde mais allemand, n'est pas noir mais ancien des jeunesses hitlériennes. Evidemment, certains avaient d'autres espérances et on peut les comprendre. Si cependant, si le conclave en a décidé autrement c'est qu'il devait avoir ses raisons.

Revenons sur les jeunesses hitlériennes: on pouvait s'attendre à un tollé général et cela l'Eglise le savait. Or pratiquement rien, et le peu fût clos par Jean Marie Lustiger, juif converti au catholicisme, volant au secours de Benoit XVI. Certains verront peu être là un détail, mais je pense que cela a de son importance et nous y reviendront plus loin.

Joseph Ratzinger a 78 ans c'est à dire qu'il est du même âge approximativement que Jean Paul II. On sait qu'il fût préfet pour la congrégation pour la doctrine de la foi dont il est difficile de donner un équivalent laïc mais dont on pourrait considérer que c'est l'équivalent d'un responsable aux questions idéologiques dans un parti politique.

C'est donc un personnage outre le fait qu'il soit lettré, qui est aussi un spécialiste des questions religieuses dans le cadre dogmatique. C'est un homme qui a dit oui sans retenue au concile vatican II avant de s'infliger une « auto-critique » suite aux dérives libérales occasionnées. En ce sens il ne faut attendre ni le charisme de Jean Paul II, ni une profonde rupture. Certains parlent de continuité. Rien n'est moins sur. D'autres de transition, ce qui supposerait connaître la date de son décès. Il semblerait plutôt si on prend en compte sa formation, son parcours, sa présence auprès de Jean Paul II où il devait jouer davantage le rôle de faucon que celui de colombe, que l'on s'oriente vers davantage de rigidité dogmatique. Si le discours à l'égard des catholiques a de fortes chances de rester le même sur le fond, la forme risque d'être plus austère. Si un catholicisme aseptisé a de quoi séduire les hommes qui vivent la post modernité, il n'en est pas de même ailleurs. Ce serait d'ailleurs le risque majeur que de se metttre en compétition avec le protestantisme, pratique religieuse bien plus adaptée à notre époque. Le catholicisme risquant de passer pour un protestantisme de « tristes ». On peut donc songer non à une réaction au sens politique du terme mais à la remise au goût du jour de certaines pratiques aujourd'hui abandonnées. De même, on peut s'attendre à un refus total de mise en phase avec l'évolution de la société. L'église maintiendra ses dogmes, quitte à perdre une partie de ses paroissiens. En cela Benoit XVI sera le gardien du dogme, attentif à faire passer son message et à le défendre. Il est très bien placé pour savoir que si les indifférents dans le domaine religieux progressent. Il existe toute une population, qui pour l'instant partique le bricolage religieux en juxtaposant différents emprunts, mais qui aussi pour une partie est en quête de vraie spiritualité quitte à en accepter les contraintes (mêmes sévères au vu du monde contemporain). Ainsi, l'affadissement des religions, la mise en valeur de la subjectivité, le relativisme risque à long terme de pénaliser les pratiques qui se seront mises au goût du jour.

De même, il ne faut pas oublier que le cardinal Ratzinger fut celui qui n'hésita pas à dire que le catholicisme était devenu cette barque qui prenait l'eau de partout. Est ce là un constat enchanteur, une glorification de l'oeuvre de Jean Paul II présent à la tête de l'église depuis plus d'un quart de siècle ? En fait les chiffres attestent, d'une part le nombre de prêtres est en diminution avec d'importants départs en retraite dans les prochaines années, d'autre part au niveau mondial le catholicisme était passé de 18 à 17 % de la population mondiale ce qui montre bien le décalage entre le succès médiatique de Jean Paul II et son impact réel sur l'engagement religieux.

Or c'est justement c'est art de la communication qui délibéremment risque de disparaître. Un Jean Paul II qui aimait les signes phares, ce qui est bien dans l'air du temps. Ainsi un voyage au Maroc où devant une foule musulmane rassemblée, il s'écrie: «nous adorons le même Dieu.» Ce même Jean Paul II recevant le Dalaï Lama, faisant l'apologie de la bonne entente avec l'Islam, se rendant à la synagogue de Rome, demandant pardon aux murs des lamentations. Cela fait beaucoup, pour probablement peu de résultats (une sympathie certaine) et des prises de position
qui ne sont pas faites pour plaire à tout le monde chez les catholiques. On risque donc de constater un retour à une attitud plus conforme à la tradition, le pape passant par les élites pour communiquer plutôt que de s'adresser directement aux peuples.

Parce que ce quart de siècle de Jean Paul II fût particulièrement riche historiquement: le monde a subi une métamorphose dont on peut constater les conséquences dans de nombreux domaines. Ainsi, l'avortement s'est généralisé en Europe ou presque, la contraception n'est plus taboue, hommes et femmes ne sont plus séparés dans l'église, l'érotisme et la pornographie sont présents sur les chaines de télévision, l'homosexualité n'est plus un délit, le concubinage est généralisé. Ainsi dans ses aspects les plus susceptibles de troubler l'église, il y a eu nouvelle donne. Ce quart de siècle fût aussi celui de la fin de l'affrontement entre le monde communisme et le monde libéral. Jusque 1989 tout raisonnement passait par une lecture est/ouest y compris dans les milieux religieux. On sait la part qu'à joué Jean Paul II dans ce conflit en égratignant à chaque fois qu'il le pouvait le régime soviétique ou l'un de ses satellites. Par voie de conséquence, c'est aussi l'idée de gauche qui disparaît des esprits en Europe. On accepte certes de se dire de gauche mais plus question de

socialisme, privatisation importante, règne de l'individu roi et d'une certaine façon, fin de la communauté qui laisse place à la société. Il va de soi que les conséquences en terme religieux se font dès lors sentir. L'individu roi de la société profane qui se proclame le centre de tout ne peut plus guère accepter une pensée dogmatique (au sens propre du terme) qu'il faudrait accepter dans son ensemble sans rien pouvoir rejeter. On ne s'étonnera pas dès lors du concept de «bricolage religieux » inventé par les sociologues des religions qui caractérise des emprunts effectués par les individus à plusieurs religions. A titre d'exemple 25 % des catholiques croient à la réincarnation, idée fort peu catholique... mais qui représente tout de même donc une personne sur quatre dans la catégorie considérée, ce qui n'est pas rien puisqu'il y a évidemment incompatibilité entre les deux croyances. Ce bricolage religieux est la conséquence bien sur de l'individualisme, mais aussi de l'augmentation du nombre de moyens de communication aussi bien en nombre qu'en type. Il en résulte un « menu » particulièrement varié où chacun en choisissant ses propres plats trouve sa spécificité.

Ainsi, l'Eglise qui est caractérisée par une pensée dogmatique subit à elle aussi le recul qu'ont pu vivre toutes les idéologies durant ces trente dernières années. Si le libéralisme fait exception, ce n'est pas parce qu'il n'est pas une idéologie mais justement parce qu'il se présente comme n'en étant pas une. Il va de soi que le phénomène touche également les autres religions et que tout pays entré dans la modernité est touché de manière similaire. Ainsi, si Benoit XVI se trouve confronté à des problèmes internes à l'église catholique (le rapport entre l'institution et les hommes), il a également à gérer le dialogue entre les religions. Comme dit plus haut, rien n'empêche un européen d'embrasser une religion non européenne avec quelques ajouts personnels, d'autre part l'immigration à amener avec elle ses propres pratiques.

On imagine la difficulté à gérer ces nouveaux rapports au sein des pays. Ainsi un religieux catholique va discuter avec un français de souche devenu bouddhiste pour ensuite s'adresser à un français d'origine algérienne converti au catholicisme. Les pays sont donc devenus à l'image des individus et donc beaucoup plus difficiles à gérer en terme d'identité religieuse. Cela d'autant plus qu'un autre phénomène est tout aussi menaçant pour l'institution qui est l'indifférence religieuse. Ni Athéisme, ni agnosticisme, c'est un phénomène relativement nouveau qui consiste « naturellement » à ignorer les problèmes religieux, peut être parce que ceux ci échappent à l'utilitarisme ambiant, peut être aussi et là encore c'est lié parce que la notion de sacré n'est plus perçue aujourd'hui suite et au matérialisme et à la volonté de ridiculiser tout ce qui pouvait y faire référence.

Chacune des religions étant plus ou moins confrontée aux mêmes problèmes, se posent donc leurs rapports que cela soit dans le cadre de l'oecuménisme ou du dialogue interreligieux. Toutes font plus ou moins du prosélytisme, y compris le bouddhisme qui par ses conférences en Europe parvient à recueillir de nouveaux adeptes. Si Jean Paul II avait rencontré le Dalaï Lama, on sentait bien que la nature des relations n'est pas la même: en effet il y a d'un côté les gens du livre et le ... reste.

On se souvient du réchauffement très net entre catholicisme et judaisme surtout à l'occasion de la demande de pardon pour les erreurs de l'église. On ne voit guère de raison pour que Benoit XVI ne s'inscrive pas dans une telle continuité.

Remarquable aussi ce rapprochement (volonté de dialogue) entre Rome et le protestantisme. C'est notamment le cas avec l'évangélisme où le refus de la contraception de l'homosexualité et de l'avortement constituent un axe spécifiquement chrétien. Cette convergence de vue n'empêche pas évidemment les différences et les frictions mais il n'empêche que l'axe principal passe par là.

Tout autre est la relation entre catholique et Islam où à nouveau Jean Pau II avait fait des voyages particulièrement remarqués tant au Maroc que dans l'afrique subsaharienne accompagné quelquefois de déclarations choquantes pours certains « nous aimons le même Dieu ». Déjà à cette époque le cardinal Ratzinger avait mis en garde contre les menaces de syncrétisme. L'élection de Benoit XVI a plutôt inquié les musulmans qui se contentent d'espérer que son pontificat sera dans le prolongement de celui de Jean Paul II. En fait le cardinal Ratzinger ne s'est guère exprimé au sujet de l'Islam, mais le peu qu'il ait fait ne laisse pas présager de bonne relations: ainsi avait t-il dit que « l'Islam ne pouvait renoncer à sa volonté intrinsèque d'être un élément décisif de l'ordre public ». Remarque un tant soit peu amusante dans la mesure où c'est paratiquement le cas de toutes les religions. Mais il a aussi fait pire
en signant, en septembre 2000, la fameuse déclaration Dominus Jesus, dont les positions sont beaucoup plus radicales que celles affichées par Jean Paul II. Ainsi, on y apprend que les religions non chrétiennes (donc l'Islam) ne sont pas une foi mais « une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle ». L'islam étant ainsi de facto devenue une religion inférieure, on comprend mieux l'opposition de Benoit XVI à la Turquie dans l'Europe.

Nous avions fait remarquer (voir supra) que le terrain de prédilection des missionnaires n'étaient autes que les pays pauvres, ou à tout le moins moins avancés.

Et derrière les embrassades publiques, que de rivalité pour conquérir de nouveau espace. Ainsi en Afrique, plus on descend vers le sud et plus le christianisme prend de l'ampleur. Ne doutons pas que son but soit de prendre le cap plein nord pour faire reculer et les religions traditionnelles et l'Islam. Même si l'indonésie est à majorité musulmane, c'est toute la mosaïque des religions qui est représentée. A une moindre ampleur, on trouve le même phénomène en Chine, en Inde, et si l'on regarde bien une carte du monde on peut généraliser. Dès lors où l'on connait les positions de Benoit XVI au sujet de l'Islam, il faut s'attendre malgré le ferme maintien des spécificités catholiques à un rapprochement avec le protestantisme ne serait ce que pour freiner la propagation de l'Islam. Les choix religieux ont bien entendu des incidences politiques, tout comme les politiques ont compris depuis longtemps le parti qu'ils pouvaient tirer de l'instrumentalisation des religions.