Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Tous les jours ou presque, j’attire votre attention sur la nécessité
de vous préparer à l’effondrement économique non pas à venir mais qui
est en cours. Je voulais partager avec vous mes différentes réflexions à
ce sujet, notamment parce que vous êtes de plus en plus nombreux à
m’écrire pour savoir quoi faire, quand cela va se produire, etc.
L’effondrement économique, c’est quoi ?
L’effondrement économique est un terme assez dangereux et trompeur.
Pourquoi ? Parce que l’idée d’effondrement renvoi implicitement à un
phénomène brutal et violent.
Pourtant en Grèce, rien n’a cessé du jour au lendemain. Vous y
trouvez toujours des hôpitaux (devenus payants), des transports en
commun (avec une fréquence moindre), des policiers (pour vous taper
dessus avec de plus en plus de violence), des agents des impôts (qui
désormais vous vident vraiment les poches), des magasins d’alimentation
aux rayons remplis (mais où vous ne pouvez plus rien acheter puisque
vous n’avez plus d’argent), etc. Je pourrais vous faire une liste à
rallonge.
Que penser alors de la Grèce ? Eh bien la Grèce tourne. 7 ans après
le début de la crise, quoi que l’on en dise et en dépit de toutes les
difficultés plus que réelles, la Grèce ne s’est pas effondrée en tant
qu’État et pays. L’eau coule dans les robinets, et l’électricité
fonctionne (encore).
Le cas grec nous montre bien à quel point il ne faut pas confondre
cette idée d’effondrement économique avec une réalité qui correspond
beaucoup plus à une lente dégringolade, à une spirale déflationniste et
récessive majeure entraînant les peuples dans la misère… sans pour
autant conduire (pour le moment) à l’effondrement de la normalité et des
structures étatiques, ce qui évite évidemment une situation totalement
anarchique.
Vous remarquerez d’ailleurs au passage que les aspects démocratiques
s’érodent globalement au même rythme que l’économie se délite. Plus la
situation est difficile, plus il est difficile de maintenir l’ordre. Dès
lors, les États s’adaptent et se préparent à affronter des situations
sociales explosives. Il ne faut pas être un grand devin pour comprendre
que les droits démocratiques standards ne sont pas adaptés à des
situations exceptionnelles.
Pour résumer, il y a en gros deux possibilités.
Pour résumer, il y a en gros deux possibilités.
Soit nous serons confrontés à un effondrement brutal et violent
entraînant ce que l’on appelle une rupture de la normalité (plus de flux
d’approvisionnement et de marchandises, coupure des services supports
comme les hôpitaux, l’eau courante ou encore l’électricité et l’énergie
de façon générale). Dans un tel cas, il n’y a aucun échappatoire ou
presque, tout le monde est touché, concerné, ou impacté plus ou moins
fortement.
Soit nous serons confrontés, comme en Grèce ou à Chypre, dans une
moindre mesure c’est également le cas en Espagne, aux États-Unis, en
Italie et bien sûr en France, à une lente descente aux enfers
économiques. Mais contrairement à l’hypothèse précédente, il s’agit là
non pas d’un risque collectif mais d’un risque avant tout individuel.
C’est vous ou votre conjoint qui serez sans emploi. C’est vous dont la
maison ou l’appartement sera saisi par le vilain banquier. C’est vous
qui serez obligé d’aller vous ravitailler à la soupe populaire, aux
foods stamps, ou encore aux Restos du cœur ! Dans un tel cas de figure,
il n’y a pas de rupture générale de la normalité, il n’y a que des
ruptures individuelles de la normalité. L’eau coulera, l’électricité
fonctionnera, vous pourrez faire le plein de la cuve à fioul… mais,
vous, vous ne pourrez pas payer les factures, donc vous serez privé de
nombreux services supports non pas parce qu’ils n’existent plus, mais
parce que vous n’êtes plus en mesure de les acheter financièrement.
Les quatre exemples à avoir en tête lorsque l’on parle de préparation
Il existe de très nombreux exemples de crises plus ou moins violentes
et durables. Nos concitoyens, expatriés notamment dans des zones
politiquement instables, savent en général de quoi je parle parce qu’il
ont été confrontés à une évacuation en urgence, sans bagage, ramassés
par un convoi militaire les mettant au plus vite dans un avion de
l’armée pour être rapatriés. En général, ils perdent tout ! La
littérature abonde donc dans tous les sens ! Néanmoins, dans le cas qui
nous préoccupe, je pense que les 4 exemples les plus pertinents (si nous
devions en retenir uniquement 4) sont les suivants :
- La crise Argentine de 2001. Faillite de l’Argentine en 2001, pays
développé et civilisé, dont la crise relativement récente donne un
excellent aperçu de ce que peut être un effondrement économique rapide
et brutal et de ses conséquences sur la vie quotidienne (très largement
dégradée).
- La crise grecque depuis 2007, soit déjà presque 7 années de
difficultés à chaque fois grandissantes. Dans ce cas, nous sommes dans
une déliquescence plus ou moins lente, sans rupture de la normalité,
mais avec désormais 60 % de gens sans emploi, des difficultés réelles
pour réussir simplement à se nourrir et alimenter sa famille et ses
enfants. Je ne parle même pas de l’accès aux soins…
- La crise chypriote, qui nous donne l’illustration parfaite de ce
qui va se passer concrètement chez nous et ailleurs lorsqu’il faudra, ce
qui est une quasi certitude, renflouer à nouveau les banques qui, de
toutes les façons, ne pourront pas survivre à leur endettement
hallucinant et à leurs engagements hors bilan notamment avec les
produits dérivés qui, je le rappelle, selon la BRI (banque des
règlements internationaux) représentent environ… 700 000 milliards de
dollars !!
- Le passage de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans aux USA n’est
pas un exemple d’effondrement économique, mais pour l’information de
tous, c’est une situation qui nous montre parfaitement ce qu’est une
rupture majeure de la normalité. Plus de services support, plus d’État,
plus d’approvisionnement, plus de sécurité pour ne pas dire une
situation d’anarchie totale, bref… le seul recours, et le seul secours
que vous auriez dans un tel cas, serait uniquement le vôtre, votre
préparation et vos proches !!
Définir ce à quoi l’on veut se préparer !
C’est l’une des questions clefs pour bâtir votre réflexion dont il
pourra, par la suite, découler logiquement des actes de préparation
concrets (et nous verrons lesquels un peu plus loin).
Se préparer à un effondrement brutal va nécessiter en particulier un
stockage très important de ressources vous permettant de pallier par
exemple à une rupture massive des approvisionnements et à une situation
de pénurie durable et généralisée.
Se préparer à un lent délitement va certes nécessiter moins de
préparatifs « techniques » ou en tout cas vous risquez de moins en
percevoir l’importance et pourtant… lorsque vous serez directement
touché par la misère en raison de la perte d’emploi par exemple et de
l’impossibilité d’en retrouver un autre, vous pourriez alors avoir
quelques regrets…
Bref, dans tous les cas, et parce que je considère intimement (c’est
une conviction) que la responsabilité individuelle est non seulement une
valeur essentielle, mais qu’en plus on constate lors des évènements
brutaux les mêmes commentaires des mêmes ânes : « Mais heuuuuu, que fait
l’État pour venir m’aider ? » Effectivement, pas grand-chose, car
l’État ne peut en général pas grand-chose lorsqu’il y a un mètre de
neige ou encore 2 mètres d’eau !! Vous êtes en général, et pendant une
période plus ou moins longue, seul et face à vos décisions, face à vos
responsabilités……….
Auteur Charles Sannat
Source Le Contrarien.com
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »