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lundi 21 novembre 2016

Primaire à droite : 4 leçons de la large victoire de Fillon



Très large victoire de François Fillon à la primaire ouverte de la droite et du centre ce dimanche. Quatre leçons à en tirer.


Les électeurs de la droite et du centre ont parlé nombreux hier, avec un message clair : François Fillon, avec près de 45% des voix, est très largement en tête de ce 1er tour de la primaire ouverte de la droite et du centre et sera, à 99%, le candidat de la droite à la présidentielle de 2012. Avec plus de 4,2 millions d’électeurs, c’est un succès populaire aussi, qui valide le principe même des primaires.


Victoire massive et d’adhésion pour François Fillon


Le principal enseignement de la campagne, c’est l’ampleur de la victoire de François Fillon, vote d’adhésion à un programme clairement libéral-conservateur, qui n’a pas menti sur la rigueur du régime à mettre en oeuvre pour améliorer sensiblement la situation économique de la France.

Cette victoire n’est pas inattendue pour qui savait observer et lire les sondages. Sur Contrepoints, nous vous avions averti de tous ces signes objectifs et forts qui soulignaient la force de la dynamique de François Fillon.

C’est aussi une victoire qui doit beaucoup à la chance : François Fillon a pu capitaliser sur la mauvaise campagne de Bruno Le Maire et s’attirer ensuite un vote « utile » des électeurs d’Alain Juppé qui ne votaient pour le maire de Bordeaux que pour éviter Sarkozy, comme nous l’écrivions récemment. Avec aucun candidat « secondaire » à plus de 2,6%, il a littéralement siphonné les voix de Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson ou Jean-François Copé.


L’émergence positive d’un conservatisme à la française


Fillon n’est pas un libéral chimiquement pur, c’est un conservateur dans le sens classique du terme, presque anglo-saxon, courant quasiment inexistant en France depuis plusieurs décennies. François Fillon s’est revendiqué de Margaret Thatcher pendant cette campagne. A juste titre, tant la situation désastreuse de la France aujourd’hui et les idées de l’ancien Premier Ministre se rapprochent de la situation de la Grande-Bretagne en 1979 et des idées libérales-conservatrices de Margaret Thatcher.

La victoire de François Fillon ouvre par là une fenêtre de tir pour les idées libérales dans le champ économique. Dans leur marasme politique actuel, les libéraux devraient s’en réjouir et rester critique sur les questions de société plutôt que de critiquer la non pureté randienne du candidat Fillon.


Le rejet massif de Nicolas Sarkozy et des affaires


Même dans les départements qui semblaient acquis à l’ancien président, en PACA par exemple, François Fillon bat facilement Nicolas Sarkozy. Seule (petite) exception, la Corse (cf. carte à gauche). Dans le Var avec 44% contre 32%, ou dans les Bouches du Rhône avec 41% contre 30%. Dans le fief sarkozyste des Hauts-de-Seine, c’est l’humiliation pour Nicolas Sarkozy, avec 15% des voix contre 47% à François Fillon.

Une large victoire qui a relégué Nicolas Sarkozy à la troisième place des résultats de dimanche, défaite humiliante pour l’ancien Président qui a annoncé (une fois de plus…) se retirer de la vie politique.

Plus marginalement, c’est aussi le parcours judiciaire d’Alain Juppé qui est visé par le résultat clair de dimanche : les Français ne veulent plus de ces visages usés, associés à des multitudes d’affaires judiciaires ou condamnés en justice. En marginalisant ces deux candidats, les électeurs de droite soulignent l’envie forte d’une classe politique propre qui, quand elle est condamnée ou mise en cause, a la décence de ne pas se présenter à une autre élection.


Juppé : un désaveu cinglant, qui promet d’être pire au second tour


Le score, décevant, d’Alain Juppé, et sa 2e place, inattendue, souligne l’échec couru d’avance d’un positionnement très à gauche pour une primaire… de droite. A croire que l’antisarkozysme suffirait et qu’il était inutile de faire campagne, le camp Juppé s’est tiré une balle dans le pied. On rallie son camp avant d’aller draguer chez son concurrent et pas l’inverse.

Tristement pour les juppéistes, les premières interventions des porte paroles d’Alain Juppé montre qu’ils souhaitent amplifier ce positionnement absurde à gauche de la droite pour une primaire de droite. Le soutien empoisonné de NKM ne va pas aider le maire de Bordeaux d’ailleurs.

La question qui se pose désormais est de savoir si Alain Juppé peut faire encore moins au 2e tour qu’au 1er tour. Un scénario qui n’a rien d’inenvisageable : les électeurs de gauche (15% de l’électorat ce dimanche selon des instituts), qui ont largement voté Juppé, n’ont plus de raison de voter au second tour une fois Sarkozy défait et Fillon si largement devant. Juppé à 25% dans une semaine, un scénario qui n’a rien d’inenvisageable. Rendez-vous dimanche prochain !

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