L’héritage
 de Coluche ne se limite pas aux Restos du Cœur, ni aux histrions 
appelés « Les Enfoirés ». Sa postérité inattendue se retrouve aussi en 
politique, un domaine que Michel Colucci tenta d’investir entre octobre 
1980 et mars 1981 quand il présenta sa candidature à l’élection 
présidentielle. Recueillant jusqu’à 16 % des intentions de votes, 
l’acteur comique se retira finalement après de nombreuses pressions 
parfois menaçantes…
Ce
 n’était pas la première fois qu’un comique postulait pour l’Élysée. En 
1965, Pierre Dac avait l’intention de se présenter avant que cet ancien 
de la France libre ne se retirât en faveur du général De Gaulle. Depuis,
 Pierre Dac et Coluche ont eu des épigones dans le monde entier. On 
pense bien sûr à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Étoiles
 en 2009. Il avait ouvert dès 2005 un virulent blogue contre Silvio 
Berlusconi, la corruption et la malbouffe. Aujourd’hui, sa formation 
serait la première d’Italie. Mais Grillo n’est pas seul.
Le
 25 octobre 2015, le Guatemala portait à sa présidence le conservateur 
protestant Jimmy Morales. Cet ancien enseignant en économie se fit 
connaître de ses futurs électeurs en tant que producteur de cinéma, 
réalisateur, acteur et humoriste télévisuel. En Hongrie, pour remplacer 
les partis de gauche en plein naufrage, des amateurs de street art hostiles à Viktor Orban lancèrent en 2006 un parti parodique au nom loufoque : le Parti hongrois du chien à deux queues (MKKP). Onze ans plus tard, ce parti est devenu le fer de lance de l’opposition face au Fidesz et au Jobbik. Il prône par exemple la « petite Hongrie » ou l’érection de montagnes près du Danube…
Le
 2 avril dernier, les Serbes élisaient dès le premier tour à la 
présidence leur Premier ministre Alexandre Vucitch. Troisième de 
l’élection avec 9,59 %, Luka Maksimovitch surnommé « Beli 
(Blanc) » est un modeste étudiant en communication de 25 ans qui s’est 
fait remarquer par un costume d’un blanc immaculé, des manifestations 
parodiques, un discours anti-corruption et un slogan percutant : « 
Frappe fort ». Ses facéties lui assurèrent une véritable popularité qui 
défavorisa les candidats nationalistes Vojislav Sesel (4,56 %) et Bosko 
Obradovitch (2,3 %).
En
 France, un certain comique troupier politicien a disparu avec le 
retrait de Nicolas Sarközy et de François Hollande. Gageons cependant 
que cette vacance sera vite comblée par les figures montantes surgies du
 PS, des Verts, de l’UDI, des Républicains et d’En Marche !.
Bonjour chez vous !
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 35, diffusée sur Radio-Libertés, le 26 mai 2017.