F. A.
Les
médias et la société de consommation, piliers de la modernité,
promeuvent une idéologie expliquant que les sociétés démocratiques
reposant sur la multiethnicité et le multiculturalisme forment un couple
parfait, donnant naissance au fameux vivre ensemble. A leurs
yeux, tout justifie cette propagande martelée aux peuples, et qui, au
demeurant, ne repose pas sur le principe de réalité. En effet, en
étudiant sérieusement les données historiques récentes et plus
anciennes, il nous paraît difficile de baser un raisonnement sérieux
reposant sur ce postulat mensonger et faux.
Commençons
par présenter l’idée forte de notre article : les sociétés
multiculturelles, multiethniques et « démocratiques » sont des
infrastructures violentes. Finalement elles implosent toujours.
Effectivement, ces Etats ne fonctionnent jamais très longtemps dans la
paix. Il suffit simplement de remonter le temps à notre époque post
Deuxième Guerre Mondiale pour trouver moult exemples confirmant notre
propos. L’Erythrée a été dominée à partir de 1952 par l’Ethiopie, de
part la volonté de l’ONU suite à la défaite italienne de 1945. C’est le
début de la guerre d’Indépendance qui conduira officiellement à sa
sécession en 1993, après la victoire du Front populaire de libération
de l’Erythrée. La Tchécoslovaquie fondée en 1918, suite aux péripéties
de la Première Guerre Mondiale, se divisa en composantes ethniques
tchèque et slovaque en 1993. L’Union Soviétique créée en 1917 a éclaté
en de nombreux Etats ethniques et disparates en 1991 (1). La
Yougoslavie, créée en 1918, s’est divisée en de nombreuses entités
ethniques en 1991 et d’autres subdivisions persistent. Le Liban, né en
1920, reste en réalité écartelé depuis 1975 – pour ne citer que les
principales composantes de la société libanaise – entre les chrétiens et
musulmans (chiites et sunnites), eux-mêmes sous domination syrienne,
avec les résultats malheureux que nous connaissons. L’Ile de Chypre,
officiellement indépendante depuis 1960 est de facto partagée
en territoire grec et une partie turque depuis les événements de 1974.
Sa capitale Nicosie est à ce jour coupée en deux par un long mur (La
ligne verte/Ligne Attila) composé de barbelés, de miradors, pour le plus
grand malheur des Chypriotes et dans la froide indifférence de
l’oligarchie européenne. Le Pakistan, indépendant depuis 1947, fut
amputé en 1971 d’un Bangladesh ethniquement distinct. N’oublions pas que
la République Islamique du Pakistan fut fondée au cours du découpage de
l’Empire des Indes. Il y a également la Malaisie qui gagna son
indépendance en 1963, mais elle fut chassée de 1965 de l’enclave de
Singapour, dominée par les chinois… Décidément, les gens aiment vivre
avec leurs semblables. Cette réalité constitue un des caractères
invariables de l’histoire humaine (et du monde animal).
Ensuite,
il convient d’évoquer les nombreux litiges en suspens qui
malheureusement ne manqueront d’exploser tôt ou tard, car le réel
l’emporte toujours sur les considérations idéologiques. En Inde, il
existe de réelles tensions entre les Sikhs et les Cachemiris ; le Sri
Lanka connaît de graves problèmes avec les Tamouls ; La Turquie, l’Irak
et l’Iran sont confrontés aux Kurdes (qui ne disposent toujours pas de
pays) ; il y a également la guerre permanente entre le Soudan et le
Tchad, autrement dit, entre les Arabes et les Noirs ; l’Ulster et ses
affrontements perpétuels entre catholiques et protestants ; la Belgique
avec son opposition larvée entre Flamands et Wallons, qui tôt ou tard
formeront deux entités bien distinctes ; le Canada qui doit réaliser un
grand écart permanent pour animer le « vivre ensemble » avec les
anglophones, les francophones et les immigrés qui sont de plus en plus
nombreux ; et bien évidemment le Zimbabwe et l’Afrique du Sud avec les
différends qui opposent continuellement les Noirs et les Blancs. Nous
nous arrêtons là, mais la liste des litiges ethniques et culturels est
encore bien longue.
Pour
contredire notre propos et appuyer leur démonstration, les propagateurs
de l’amour universel et sans frontières évoquent souvent notre voisin
helvète. De prime abord, certains seraient peut-être tentés de
considérer la Suisse comme un excellent contre exemple à l’endroit de
notre argumentation. En effet, la Suisse semble être à la fois un modèle
démocratique englobant une réalité multi ethniques et culturelles,
l’ensemble étant accompagné d’une réussite économique à faire pâlir nos
gouverneurs eurocrates et de surcroît mondialistes. Pourtant, dans ce
pays niché au cœur de l’Europe, il est nécessaire de rappeler que le
pouvoir central, comprendre l’Etat au sens originel du terme, abandonne
les questions essentielles de l’éducation, des écoles et de la culture
aux cantons. Seuls ces derniers sont habilités d’un point de vue légal à
trancher dans les domaines précédemment énoncés. De même, la Suisse,
loin d’être un mélange culturel et ethnique au sens babélien du terme,
présente la particularité, en dépit de la forte immigration qui sévit en
Europe, d’être organisée en vingt six cantons et demi-cantons qui sont
sur les plans ethniques et culturels homogènes en leur sein (2). De
plus, il convient de préciser que dix-sept cantons sont quasiment
exclusivement alémaniques, quatre exclusivement français et un est
majoritairement italien (canton du Tessin/Ticino). Il n’y a que trois
cantons bilingues à ce jour. Les migrations interculturelles entre les
cantons sont plutôt rarissimes ce qui permet au « système ethnoculturel
suisse » de rester stable dans de grandes proportions. Nonobstant ces
précisions historiques et juridiques allant à l’encontre de la pensée
dominante, il faut rappeler qu’entre 1845 et 1847 la Suisse vécut sa
guerre de Sécession quand des cantons conservateurs à majorité
catholiques d’Uri, Schwyz, Unterwald, Zug, Fribourg et Valais,
Lucerne s’unirent en décembre 1845 pour constituer une alliance
défensive, qualifiée aussitôt de Sonderbund (Ligue séparatiste) par ses
détracteurs (3). Or, le pacte de 1815 interdisait la formation
d’alliances entre les cantons. La révolte fut combattue par l’armée
confédérale sous les ordres du général Guillaume-Henri Dufour (4). De
même, il faut rappeler que des années d’activisme à la fois politique et
terroriste conduisirent en 1979 à la création d’un nouveau canton du
Jura, à majorité francophone, séparé du canton principalement alémanique
de Berne. De fait, et indépendamment du discours ambiant reposant sur
des banalités, si la Suisse se présente comme un pays où il fait encore
bon vivre, elle le doit à différents facteurs : fédéralisme,
décentralisation, homogénéité culturelle et ethnique voire religieuse
(5), réussite économique. Nous citons également le Brésil et les Etats
Unis d’Amérique, sociétés multiethniques et multiculturelles par
excellence, qui aujourd’hui, mais déjà hier, sont deux des sociétés les
plus violentes au monde. De plus, il existe dans ces deux pays un écart
économique abyssal entre la super classe aisée et le reste de la
population. Cette fracture, en plus des injustices sociales criantes, ne
contribuent pas à la cohésion et au bien commun…
Pour
conclure, nous affirmons qu’il existe des peuples, des coutumes, des
cultures que notre devoir nous commande de protéger. Il n’y a rien de
plus dangereux que de vouloir agréger l’humanité dans un conglomérat
vide de sens. Nous portons une responsabilité énorme, que nous devons à
la fois aux Anciens et aux futures générations, dans la préservation des
spécificités humaines. Enfin, la démocratie et le républicanisme ne
correspondent pas à l’expression du génie de tous les peuples. Dans ce
domaine aussi, il convient de conserver les particularités politiques
façonnées par l’histoire et héritées de nos traditions…
Notes
(1)
Il convient de préciser que si l’URSS a tenu autant de temps, elle le
doit, non pas à son démocratisme, mais à un gouvernement dictatorial
répressif, coercitif et sanglant. Lire à ce sujet : Le Livre noir du communisme.
Crimes, terreur, répression est un ouvrage rédigé par un collectif
d’universitaires, publié en 1997 par les Editions Robert Laffon.
(2) Histoire de la Suisse de Jean-Jacques Bouquet et Le modèle suisse de François Garçon
(3) Pierre de Meuse, « Conflit du Sonderbund : une guerre de sécession helvétique », Nouvelle Revue d’Histoire, n°78 de mai – juin 2015 et La Grande Guerre du Sondrebond de Charles Ferdinand Ramuz
(4)
Il fut un ancien officier du Génie dans la Grande Armée et également
co-fondateur de la Croix Rouge. Il dirigea l’Ecole militaire centrale
fédérale de Thoune. Franc-maçon, il a été membre de la Grande Loge
suisse Alpina.
(5)
Les populations suisses sont très majoritairement chrétiennes en dépit
de divisions regrettables (calvinisme, luthérianisme, catholicisme
romain etc.).