Les candidats Les
Républicains peinent à convaincre sur le terrain, malgré des sondages
corrects pour leur parti au niveau national. En interne, l'objectif
d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale a été oublié.
Fin mars, les députés Les Républicains sortants,
déjà en campagne pour leur réélection, reconnaissaient une situation
compliquée. "Si Fillon perd, nous sommes tous sur la sellette", disait
Bernard Reynès, élu des Bouches-du-Rhône. Pourtant, après la
présidentielle, François Baroin,
devenu chef de file de son camp pour les législatives, croyait encore
en la possibilité d'une majorité absolue. Plus réaliste, un cadre de LR
estimait alors possible d'obtenir plus de 200 députés le 18 juin. Trois
semaines plus tard, c'est un chiffre bien plus modeste que ce
prévisionniste avance : 140 députés tout au plus, et en comptant une
vingtaine d'élus UDI. Voici les raisons d'une mauvaise dynamique.Parce que leur candidat a perdu la présidentielle
Au regard des résultats du premier tour de la présidentielle, la majorité des électeurs français se sont répartis en quatre blocs, entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. Pour Les Républicains, la Bérézina attendue a donc été relative : au moins 20,01% des Français soutiennent encore leurs idées. Reste qu'en France, prime est toujours donnée au vainqueur. La logique voudrait que les électeurs donnent une majorité à Emmanuel Macron. Pour preuve, le sondage Ipsos-Sopra Steria du 30 mai pour France Télévisions qui donne l'alliance La République en marche-MoDem en tête (29,5%) devant le tandem LR-UDI (22%) et le FN (18%). Ce sondage, réalisé au niveau national, est toutefois à relativiser : une élection législative dépend aussi d'une situation locale et de la popularité du député sortant s'il se représente.Parce qu'ils sont partis en ordre dispersé
Depuis la défaite de François Fillon, Les Républicains sont au bord de l'implosion. Si, bon an mal an, le parti s'est mis en ordre de bataille derrière François Baroin, la nomination au gouvernement d'Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin a semé la zizanie. En annonçant une correction de la directive des travailleurs détachés ou sa réforme du Code du travail, Emmanuel Macron s'est aussi adressé aux électeurs de droite, empêchant Les Républicains de faire une campagne d'opposition frontale.Cette stratégie du Président a mieux fait apparaître les divisions, au niveau national, au sein des Républicains. D'un côté, ceux qui se projettent dans une opposition constructive à l'image d'Alain Juppé ou Jean-Pierre Raffarin ; de l'autre côté, ceux qui refusent en bloc les propositions d'Emmanuel Macron, comme François Baroin ou Laurent Wauquiez. Entre ces deux lignes, sur le terrain, les candidats ont l'impression d'être pris en étau, directement concurrencés par En Marche ou le FN selon la stratégie qu'ils ont choisie.
Parce que le débat interne sur le "ni-ni" empoisonne leurs relations
Ces divisions internes s'expliquent d'abord par l'absence de leadership. Depuis la primaire de 2016, une partie de la droite n'a jamais accepté la victoire de François Fillon. Quant à ceux qui ont soutenu le candidat à la présidentielle jusqu'au bout malgré les affaires, ils se sentent désormais orphelins. François Baroin, nommé par le bureau du parti "chef de file national" dans ses législatives, devait tenter de maintenir l'unité. Mais, lundi, le sénateur-maire de Troyes (Aube) a relancé le débat sur le "ni-ni".En cas de triangulaire au second tour entre En Marche, LR et FN, le responsable souhaite en effet que le candidat de droite, s'il est arrivé troisième, "se désiste" pour limiter un risque de victoire de l'extrême droite. Ce "front républicain" ne passe pas pour une partie de son camp. Laurent Wauquiez ou Jean-François Copé, qui prône le "ni FN, ni PS ou En Marche", ont aussitôt pris leurs distances. Une ligne de fracture supplémentaire qui fragilise un peu plus le parti à une semaine du premier tour du scrutin.
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