Cinq années d’archives de résistance au sionisme et à l’impérialisme détruites par Google
« On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. » Ainsi commence Le Procès,
œuvre de Franz Kafka de 1925, dans laquelle Joseph K., employé de
banque sans histoires, est arrêté à son domicile par de mystérieux
agents et notifié d’une procédure judiciaire engagée à son encontre. Il
n’est pas informé du délit ou crime dont il se serait rendu coupable –
on lui laisse seulement entendre qu’il aurait enfreint une loi inconnue
–, et se voit remettre une convocation au tribunal un certain jour, sans
que l’heure ou le lieu exacts soient indiqués. Le protagoniste est
entrainé dans un engrenage complètement absurde, balloté entre
inspecteurs, huissiers, avocats et juges, et ne sachant à aucun moment
de quoi ou contre qui il doit se défendre. Il est finalement exécuté par
trois bourreaux distingués qui, avec d’ « horribles politesses », lui
plantent un couteau de boucher dans le cœur.
La
procédure par laquelle Youtube supprime des vidéos et même tout le
contenu d’une chaîne est comparable à ce roman noir à plus d’un titre. Comme je l’ai indiqué dans un article précédent, ma chaine Sayed Hasan,
qui, depuis plus de cinq ans, sous-titres en français et en anglais des
discours de Sayed Hassan Nasrallah, Secrétaire Général du Hezbollah,
ainsi que de Vladimir Poutine, Bachar al-Assad et Sayed Ali Khamenei (en
plus d’interviews de Norman Finkelstein, de contenus concernant
l’Amérique latine révolutionnaire, etc.), s’est vue infliger deux
avertissements par Youtube en moins d’un mois pour deux discours de
Hassan Nasrallah, au prétexte d’un « non-respect des règles concernant
le contenu violent ou choquant de Youtube ». La suppression totale de la
chaîne n’a guère tardé, puisqu’elle est survenue le 20 décembre 2017 à
la faveur du troisième et dernier avertissement annonçant la guillotine,
toujours à cause d’un discours de Hassan Nasrallah publié en... 2014 –
il n’y a guère de prescription chez Youtube, ni de demi-mesure. Ainsi,
400 vidéos, plus de 6 millions de vues et bientôt 10 000 abonnés se sont
volatilisés, au moment de la plus forte croissance de leur histoire.
Youtube s’efforce de dissimuler sa censure derrière une procédure
pseudo-légaliste, mais de fait, comme nous allons le voir, tous les
créateurs doivent évoluer sous la menace permanente de son couperet
politique qui restreint drastiquement les contenus tolérés.
La chaine Sayed Hasan à la mi-décembre 2017
Le premier avertissement infligé à ma chaine date du 24 octobre 2017, et concerne un discours de février 2015 (sic)
intitulé « Hassan Nasrallah : l’Etat Islamique est l’allié d’Israël et
vise La Mecque et Médine ». Sa transcription complète est disponible
ici : http://sayed7asan.blogspot.com/2015/02/hassan-nasrallah-letat-islamique-veut.html.
Comme on peut le voir, ce discours ne fait que dénoncer le groupe
terroriste Daech, le caractérisant comme un danger pour l’Islam, les
musulmans et toute l’humanité, en rappelant sa collusion avec Israël. Il
ne comporte absolument rien de légalement répréhensible (appel à la
haine, au meurtre, etc.). Youtube ne daigne aucunement préciser en quel
endroit ou de quelle façon telle vidéo aurait enfreint les « règles
concernant le contenu violent ou choquant », comptant probablement sur
la perspicacité de l’accusé – qui se retrouve condamné de facto. Je n’y
ai absolument rien trouvé de répréhensible, même selon les critères les
plus stricts – à moins, bien entendu, que toute mention négative
d’Israël ne soit insoutenable pour les bonnes âmes de Tsahal, qui se
livrent assidument et sans relâche à ce travail de cyber-délation (leurs
soldats et mercenaires sont plus entreprenants sur Internet que face à
de véritables combattants), et qui trouvent en Google, Facebook et
autres géants du Web une oreille particulièrement complaisante. Nous
reviendrons plus en détail sur ce point.
En
toute bonne foi, j’ai immédiatement fait appel de cette décision –
Youtube n’accorde scandaleusement que 200 caractères pour cette
« procédure » (espaces compris), mais il est vrai qu’il est difficile
d’être loquace face à un crime inconnu –, et à ce jour, je n’ai reçu
aucune réponse. Il s’agit en quelque sorte d’un procès en sorcellerie,
où, en violation des principes les plus élémentaires du droit, c’est à
l’accusé de prouver son innocence face à une violation non spécifiée, et
où de fait, le seul fait d’être suspecté par (ou dénoncé à) la
toute-puissante Inquisition « Google » entraîne une condamnation
automatique, sans qu’à aucun moment les griefs ne soient clairement
énoncés, que la défense, même muselée, ne soit entendue, qu’un semblant
de jugement argumenté soit rendu ou que la pseudo-procédure d’appel soit
prise en compte, même formellement. « Nous ne répondons pas à ce genre
de questions », oppose un policier aux demandes de Joseph K. concernant
le motif de son inculpation. « Mais en règle générale, on n’intente pas
chez nous de procès qui ne puisse mener à rien. »
Le
deuxième avertissement date du 14 décembre, et concerne un discours du
11 décembre 2017 intitulé « Hassan Nasrallah : nous allons libérer
Al-Quds (Jérusalem) et toute la Palestine », qui n’est resté en ligne
qu’une demi-heure avant sa suppression. Sa transcription est disponible
ici : http://sayed7asan.blogspot.com/2017/12/hassan-nasrallah-nous-allons-liberer-al.html.
Encore une fois, au-delà de l’intitulé de l’infraction concernant « le
contenu violent ou choquant », Youtube n’a fourni aucune précision pour
justifier sa décision. Il est vrai que dans cet extrait, Hassan
Nasrallah soutient le démantèlement de l’Etat raciste, terroriste et
colonialiste d’Israël, champion du monde des violations des droits de
l’homme et du droit international, et invite les Palestiniens et
l’ensemble de l’Axe de la Résistance à prendre les armes en défense de
la Palestine et des lieux saints de l’Islam et du Christianisme (il est rejoint en cela par les Neturei Karta, groupe juif orthodoxe qui brûle publiquement des drapeaux israéliens en plein Jérusalem, comme on peut le voir sur sa chaine Youtube). Et il se trouve que le slogan de ralliement « Mort à Israël » y est prononcé par Hassan Nasrallah et repr
is par des milliers de manifestants qui participaient à un rassemblement d’opposition à Donald Trump et à sa décision de reconnaitre Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d’Israël. Mais au-delà du fait que la résistance armée face à un occupant est parfaitement légale selon le droit international (Résolution 37/43 des Nations Unies du 3 décembre 1982 réaffirmant « la légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la libération de la domination coloniale et étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée »), le droit à l’information doit primer, car sans cela, aucun discours politique dans un contexte de confrontation diplomatique et/ou militaire ne saurait être publié sur Youtube. Cependant, Google ne considère aucunement problématiques les déclarations bien plus « violentes ou choquantes » de Donald Trump menaçant de « détruire complètement » la Corée du Nord, les rodomontades israéliennes parlant de bombarder l’Iran et de renverser son régime, d’assassiner Hassan Nasrallah ou même les appels de juin 1940 du Général de Gaulle, ou les discours d’Aimé Césaire, qui n’auraient pas leur place sur Youtube d’après une application purement littéraliste du règlement concernant les contenus violents ou appelant à la violence (en l’occurrence, à résister contre le nazisme ou le colonialisme). Mais manifestement, avec Kafka, Youtube semble avoir également bien intégré Orwell : « Tous les [contenus] sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres. » Seules les vidéos hostiles à l’impérialisme et au sionisme sont victimes de censure et de bannissement.
is par des milliers de manifestants qui participaient à un rassemblement d’opposition à Donald Trump et à sa décision de reconnaitre Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d’Israël. Mais au-delà du fait que la résistance armée face à un occupant est parfaitement légale selon le droit international (Résolution 37/43 des Nations Unies du 3 décembre 1982 réaffirmant « la légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la libération de la domination coloniale et étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée »), le droit à l’information doit primer, car sans cela, aucun discours politique dans un contexte de confrontation diplomatique et/ou militaire ne saurait être publié sur Youtube. Cependant, Google ne considère aucunement problématiques les déclarations bien plus « violentes ou choquantes » de Donald Trump menaçant de « détruire complètement » la Corée du Nord, les rodomontades israéliennes parlant de bombarder l’Iran et de renverser son régime, d’assassiner Hassan Nasrallah ou même les appels de juin 1940 du Général de Gaulle, ou les discours d’Aimé Césaire, qui n’auraient pas leur place sur Youtube d’après une application purement littéraliste du règlement concernant les contenus violents ou appelant à la violence (en l’occurrence, à résister contre le nazisme ou le colonialisme). Mais manifestement, avec Kafka, Youtube semble avoir également bien intégré Orwell : « Tous les [contenus] sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres. » Seules les vidéos hostiles à l’impérialisme et au sionisme sont victimes de censure et de bannissement.
Avec
deux avertissements en moins d’un mois, la vie de ma chaine Youtube ne
tenait plus qu’à un fil : il est vrai qu’au bout de 3 mois, un
avertissement est supprimé, mais trois avertissements successifs sur un
compte entrainent la suppression pure et simple de la chaine et de tout
son contenu, et non pas des seules vidéos concernées. Et il était clair
pour moi que ces deux avertissements injustifiés et inédits seraient
rapidement suivis d’un troisième et d’une suppression complète de ma
chaine. Pour faire une analogie judiciaire, c’est comme si une
condamnation en diffamation (qui, en droit français, doit nécessairement
respecter un délai de prescription de 3 mois ; Google semble avoir opté
pour l’imprescriptibilité) entrainait la suppression non pas seulement
du passage incriminé – par exemple, dans « J’Accuse » de Zola, les deux
mots incriminés « par ordre », Zola n’ayant évidemment pas les moyens de
prouver matériellement que le deuxième conseil de guerre avait été
forcé d’acquitter Esterhazy par la hiérarchie militaire –, mais de
l’ensemble de l’œuvre du journaliste, auteur ou producteur de contenus
Youtube. Sans conviction, j’ai effectué la procédure d’appel
orwello-kafkaïenne aux 200 caractères, protesté auprès de Google par
courriel et publié un article dénonçant cette censure
et la suppression annoncée de ma chaine. Cette fois-ci, j’ai reçu une
réponse de Youtube en 12 heures, qui m’a démontré, si le doute
subsistait encore, que ces procédures ne constituent qu’une mascarade
visant à dissimuler le caractère totalement arbitraire, ou plutôt
politiquement orienté de la censure de Google : en effet, la réponse
tenait en trois lignes dans lesquelles Youtube me remerciait d’avoir
effectué cette procédure d’appel, m’informait qu’après un examen plus
attentif du contenu de ma vidéo, elle déterminait qu’elle ne respectait
pas le règlement de la communauté, et m’adressait ses salutations
cordiales. Conçoit-on un jugement, a fortiori en procédure d’appel, qui
se dispense de toute argumentation ? Google a complètement automatisé le
processus pseudo-légaliste de suppression des contenus, qui se fait
pour la malheureuse victime sans le moindre interlocuteur humain et donc
sans aucune possibilité de défense.
Comme
prévu, le troisième avertissement, qui n’était plus qu’une simple
formalité, n’a guère tardé : il est survenu le 20 décembre 2017 et
concerne un discours de 2009 publié en 2014 (re-sic) intitulé « Hassan Nasrallah : la prochaine guerre va changer la face de la région ». Dans cet extrait disponible sur Dailymotion,
Hassan Nasrallah considère l’hypothèse d’une agression israélienne
contre le Liban, et affirme que cette menace peut être transformée en
opportunité si l’armée ennemie est anéantie sur le sol libanais, après
quoi la Palestine et Al-Quds (Jérusalem) même pourraient être libérées,
tout comme le Sud-Liban en 2000. Cette vidéo ne comporte pas même le
slogan « Mort à Israël ». La formulation de l’hypothèse même de la
libération de la Palestine après une agression israélienne
(nombre d’empires se sont effondrés à cause de leurs expéditions
militaires extérieures, comme le rappelait Hassan Nasrallah)
constituerait donc un tabou. Encore une fois, on serait en droit de se
demander pourquoi Netanyahu peut pour sa part librement menacer Gaza, le Liban, la Syrie ou l’Iran
d’invasion et/ou de destruction, sans que Youtube n’estime devoir
supprimer ces vidéos. On comprend que lorsque Youtube veut supprimer une
chaine, elle sait faire flèche de tout bois et plante fatalement son
« couteau de boucher » dans le cœur de sa victime.
Il
faut préciser, au crédit de Youtube, qu’une procédure d’appel existe
également contre la suppression d’une chaîne, et cette fois-ci, ce ne
sont pas 200 mais bien 1000 caractères qui sont autorisés, soit environ
180 mots. Cela peut paraître léger pour un travail de plusieurs années
(voire le travail d’une vie), complètement détruit en quelques clics par
Google, mais légaliste jusqu’au bout, j’ai effectué cette
pseudo-procédure le jour même. La réponse n’a pas tardé – au crédit de
Youtube, citons encore ce temps judiciaire particulièrement expéditif et
récurrent : 12 heures, contre plusieurs années pour la justice
traditionnelle. Il semble évident que les procédures d’appels sont
systématiquement rejetées par un mail-type envoyé automatiquement au
bout de 12 heures. Cette réponse mérite d’être citée intégralement, sa
brièveté s’y prêtant volontiers :
Tel est l’épilogue – et la seule épitaphe – d’une chaine Youtube s’avisant de publier des contenus antisionistes et anti-impérialistes. Dénoncer le muselage d’Internet est aujourd’hui un poncif, mais il est toujours bon de l’illustrer par des exemples concrets, ce processus n’étant connu que de ceux qui en sont victimes.
Il
ne fait aucun doute que toutes les vidéos diffusant le point de vue de
l’Axe de la Résistance (Iran, Syrie, Liban, Palestine, Yémen, Irak voire
Russie) font l’objet d’une traque incessante de la part des
cyber-soldats de Tsahal. Le fait que cette vidéo ait été signalée et
supprimée dès sa publication suggèrerait même qu’un soldat ou agent
stipendié – et non pas seulement zélé – de « l’armée la plus morale du
monde » était aux aguets, particulièrement en ce contexte brûlant suite à
la reconnaissance par Donald Trump d’Al-Qods (Jérusalem) comme capitale
d’Israël. Les réseaux sociaux, à la suite des médias dominants, ayant
tendance à intégrer et anticiper les directives des gouvernements par un
processus d’autocensure bien décrit par Noam Chomsky, il est tout à
fait possible que ce soient des employés de Youtube qui se chargent
d’eux-mêmes de cette besogne, surtout à l’heure de la traque officielle
contre les prétendues « fake news » – qui n’est qu’une tentative de
préserver le monopole des affabulateurs mainstream patentés au service
du pouvoir et des grands intérêts économiques, mis en danger mortel par
la liberté du Net. La voix de Hassan Nasrallah en particulier est visée
par cette censure, car il s’agit du seul dirigeant arabe qui ait infligé
deux défaites – humiliantes de surcroît – à Israël (2000 et 2006), et
dont les combattants ont joué un rôle de premier plan dans la défaite de
Daech : si d’irréductibles agents de l’étranger disputent encore de la
qualité de terroristes des « djihadistes juifs »
d’Israël, personne n’ose plus le faire pour les « djihadistes
wahhabites » de Daech. Plus que jamais, la voix du Secrétaire Général du
Hezbollah est à même de porter dans le monde arabo-musulman et bien
au-delà, et ne saurait être tolérée. Après la multi-suppression de
chaînes telles que Parti Anti-Sioniste ou Pure Stream Media,
la principale chaine traduisant les discours de Hassan Nasrallah en
français et en anglais avait peu de chances d’échapper longtemps à la
censure.
Google
prétend à la fois à la neutralité politique, au respect de la liberté
d’expression et du droit à l’information et à la transparence. Mais son Transparency Report publié
chaque année manque singulièrement de transparence : il n’évoque (très
succinctement), en ce qui concerne les suppressions de contenus, que
celles qui concernent 1/ les droits d’auteur, 2/ la loi européenne de
droit à l’oubli et 3/ les demandes de suppression officielles effectuées
par les Etats – les Etats-Unis et Israël y figurent en bonne position.
Mais qu’en est-il des autres suppressions, notamment dues à des
signalements « particuliers » ou à des initiatives de Google, qui
représentent sans aucun doute la majorité de ces suppressions ?
Signalements « particuliers » en apparence seulement, et qui émanent
pour beaucoup d’agences gouvernementales ou au service de la propagande
d’Etats. Les cyber-soldats de Tsahal ou « trolls de la Hasbara » ont déjà été signalés pour leur propagande active organisée et rémunérée aux plus hauts niveaux sur Wikipédia, Facebook, et autres réseaux sociaux. Le gouvernement de Netanyahu vient d’octroyer 37 millions de dollars à une telle agence. Le New York Times
lui-même a révélé que « Les agences de sécurité israéliennes
surveillent Facebook et envoient à la compagnie les publications qu’ils
considèrent comme de l’incitation [à la haine/violence]. Facebook a
répondu en supprimant la plupart d’entre elles. » Glenn Greenwald, à
l’origine de la publication de l’affaire Snowden, vient pour sa part de révéler
que Facebook coordonne avec les gouvernements israélien et américain
les suppressions de contenus antisionistes et anti-impérialistes, comme
le montre récemment la suppression du compte Facebook de Ramzan Kadyrov.
Il va de soi que les propagandistes d’Israël sont aussi
particulièrement actifs sur Youtube, la principale plateforme de partage
de vidéos en ligne à l’échelle mondiale (et principale source de
contenus dont la suppression est demandée par des Etats selon le Transparency Report),
conférant une sorte de quasi-monopole à Google qui, dans son hybris, se
permet de bafouer ainsi le droit dans ses décisions de suppression de
contenus.
De
telles décisions n’épargnent du reste personne sur Youtube, et les plus
grands noms de cette plateforme ont eu l’occasion de se plaindre du véritable mépris
avec lequel elle traitait ses créateurs. C’est notamment le cas de
PewDiePie, LE numéro 1 de Youtube, dont la chaîne de Gaming/Vlogs
elle-même (près de 60 millions d’abonnés et 17 milliards de vues) a récemment subi les foudres (pro)sionistes qui n’épargnent décidément personne. C’est rien moins que le Wall Street Journal
qui s’est chargé de cette odieuse chasse aux sorcières, se livrant à un
véritable travail de délation calomnieuse auprès de Youtube et auprès
des sponsors de PewDiePie, Disney en particulier, le présentant comme un
antisémite et admirateur d’Hitler (sic). Le WSJ n’est pas
parvenu à faire fermer sa chaine, mais Disney a rompu son contrat avec
lui, et Youtube l’a exclu de ses programmes payants, lui faisant perdre
des sommes considérables (il ne figure même pas dans Youtube Rewind 2017).
PewDiePie avait déjà dénoncé les démonétisations arbitraires de vidéos,
notamment de toutes celles qui comportaient un contenu politique. Cette politique de censure a été officialisée en juin 2017, Youtube annonçant que seraient incompatibles avec les publicités (et donc démonétisés) «
les contenus vidéo traitant en partie ou intégralement de sujets ou
d’événements sensibles, y compris, mais sans s’y limiter, de la guerre,
de conflits politiques, du terrorisme ou de l’extrémisme, de la mort et
de tragédies, ou d’abus sexuels, même si aucune image choquante n'est
diffusée. » C’est ainsi que Youtube tient en respect tous ses
créateurs, les soumettant à une interdiction de fait d’aborder les
« Sujets controversés et événements sensibles » par cette forme de
censure plus discrète qu’est la démonétisation, et les confinant
exclusivement au simple « divertissement », sous l’acception la plus
restrictive du terme. Youtube n’ose évidemment pas supprimer toutes les
vidéos ou chaines récalcitrantes de peur du préjudice que cela lui
causerait, étant donnée la notoriété de certains créateurs, et se
contente d’une sanction d’ordre pécuniaire tout aussi paralysante, mais
n’a absolument aucun scrupule pour des chaines au public modeste comme
la mienne, qui sont supprimées sans états d’âme. On le voit, la liberté
d’expression s’arrête aux frontières (éternellement extensibles)
d’Israël et de sa « sensibilité » exacerbée.
C’est
évidemment une perte considérable pour le particulier qui a consacré
des centaines voire des milliers d’heures à la traduction et au
sous-titrage de ces vidéos, et qui voit cinq années d’efforts effacés
d’un trait de plume – ou plutôt d’un coup de hache. L’impact que ces
vidéos ont pu avoir cinq ans durant n’est pas réduit à néant, mais c’est
la possibilité de le voir croitre qui est bel et bien anéantie, et le
public acquis des prochaines vidéos réduit de la dizaine de milliers à
l’unité. Mais cette censure est-elle un signe de force du côté adverse ?
Certes non. Le fait que le travail bénévole d’un simple particulier,
effectué sur son temps libre, puisse déranger à ce point n’est que
l’indice révélateur de l’échec monumental de la propagande sioniste,
soutenue par des milliards de dollars, par la majorité des médias
dominants et par l’essentiel des forces politiques en Occident. Mais
malgré tous les efforts d’Israël et ceux de sa « Police de la pensée »
omniprésente, de ses mercenaires et autres chiens de garde enragés
lâchés sans merci contre toute forme de critique d’Israël (le CRIF, la
LICRA, l’inénarrable – mais précieux en ce qu’il révèle l’arrogance et le mépris souverain des sionistes
pour tout ce qui n’est pas Israël – Meyer Habib, l’ADL, l’AIPAC et
consorts), l’entité sioniste reste largement considérée comme un Etat
criminel et paria par la majorité des populations, menace principale
pour la paix dans le monde même en Europe,
et ne peut pas même supporter que les discours de Hassan Nasrallah
parviennent au public occidental, considérant qu’ils mettent en danger
sa sécurité et son existence même. Rappelons qu’Israël est le seul Etat
au monde à revendiquer un « droit à exister », conscient que son
existence est factice – et temporaire. Dans son dernier discours à l’ONU,
Netanyahu, s’évertuant à démontrer qu’Israël a des soutiens dans le
monde entier, a fait part de son souhait de visiter l’Antarctique, car
on lui aurait rapporté que « les pingouins eux aussi sont des partisans enthousiastes d’Israël
». Nul besoin pour les défenseurs de la Palestine de signaler les
vidéos sionistes pour les censurer, les dirigeants israéliens et leurs
thuriféraires faisant un excellent travail pour se discréditer – et
c’est certainement pour cela que le Hezbollah ne se livre pas à des
opérations ciblées pour venger ses dirigeants assassinés par Israël,
comptant sur leur « charisme » et leur « sagesse » pour détruire
l’entité sioniste de l’intérieur. La vérité sort de la bouche des
(magazines pour) enfants : Israël n’est « pas un vrai pays », comme Youpi l’a bien compris.
Cette censure incessante et acharnée démontre, comme l’a affirmé le Secrétaire Général du Hezbollah, que l’Etat sioniste est « plus faible qu’une toile d’araignée »,
et que ses jours sont comptés, tout comme ceux du monopole des réseaux
sociaux dominants – Youtube, Facebook, et autres Twitter, qui doivent
leur succès à leur politique universaliste d’ouverture, mais creusent
leur propre tombe avec leur politique de censure et de soumission aux
gouvernements, à l’impérialisme et au sionisme. Jour après jour, les
géants du Web se dévoilent davantage comme de simple relais du pouvoir,
qu’il soit politique ou économique, et seront progressivement désertés
par ceux qui recherchent des informations authentiques et non filtrées.
Des plateformes parallèles plus libres voient et continueront à voir le
jour, mettant progressivement fin à leur monopole. Hassan Nasrallah n’y
perd pas même au change : alors qu’aux débuts de ma chaine, seuls les
sites d’information alternatifs spécialisés voire marginaux relayaient
ses discours (Al-Manar, Al-Ahed News,…), aujourd’hui, toute la presse
mainstream est contrainte de le faire pour ne pas se retrouver à la
marge de l’actualité internationale et de ses principaux acteurs (Le Monde, Le Figaro, Libération, La Croix, BFM, New York Times, Washington Post, Daily Mail, ...). Youtube, hier précurseur, fait aujourd’hui figure d’exception.
Il
ne reste donc plus rien de ma chaine, si ce n’est une indication selon
laquelle « Ce compte a été clôturé en raison du non-respect du Règlement
de la communauté YouTube ». Youtube renvoie l’usager à des « Chaines
similaires » sans aucun rapport comme BuzzFeed Video ou… PewDiePie.
Lorsque Youtube vous enterre, c’est pour de bon, et vous n’avez pas même
le droit à une pierre tombale. Aucune trace ne doit subsister. Tout
cela est bien sûr éminemment décourageant. Toute chaine « dissidente »
arrivant à un certain degré de notoriété est donc condamnée à la
suppression. A quoi bon reprendre à zéro ? Il le faut pourtant, pour ne
pas céder à la censure, ni renoncer face à l’adversité. Lorsque vos
ennemis souhaitent vous neutraliser, c’est la preuve que vos efforts ont
un impact et que vous êtes sur la bonne voie, et c’est donc une
invitation à redoubler d’efforts et non à rendre les armes. Il faut
toujours s’efforcer de faire échouer les objectifs de l’adversaire :
Israël souhaite que Hassan Nasrallah disparaisse de Youtube ? Il faut
donc qu’il y soit plus présent que jamais. A ce jour, le monopole des
principaux réseaux sociaux reste relativement incontesté (après 5 ans,
une même vidéo comptait moins de 150 vues sur Dailymotion et plus de 65
000 sur Youtube), et la censure même est un signe de reconnaissance de
l’importance de ce travail. Du reste, ce sont là les instructions de
Hassan Nasrallah lui-même, qui a enjoint le monde entier à une véritable
Intifada électronique contre l’entité sioniste.
C’est pourquoi j’inaugure ma nouvelle chaine française avec ce discours : « Hassan Nasrallah appelle à une Intifada sur les réseaux sociaux en soutien à Al-Quds (Jérusalem) »,
en appelant à s’y abonner massivement. En espérant, sans trop d’espoir,
que cette vidéo ne sera pas considéré comme un « encouragement à
commettre des actes de violence » par Youtube. Et bien sûr, dorénavant,
je publierai toutes mes nouvelles vidéos simultanément sur mon blog principal et mes comptes Dailymotion, Vimeo, Facebook et ShiaTv,
auxquels j’invite également à s’abonner. Je ne commettrai plus l’erreur
de ne pas incruster les sous-titres dans les vidéos, ce qui a
l’avantage d’avoir simultanément plusieurs langues mais rend les vidéos
illisibles en dehors de Youtube. Et j’invite tous les
lecteurs/spectateurs à télécharger et reposter ces vidéos sur Youtube et
ailleurs autant que possible, la redondance étant le seul moyen
efficace de contourner la censure, comme le souligne Hassan Nasrallah.
La
bataille de l’information – et la lutte sur tous les autres terrains –
continue et continuera jusqu’à la victoire finale, à savoir la
libération totale de la Palestine, que toute la censure du monde ne
saurait empêcher ni retarder.
Sayed Hasan
Pour féliciter Google France de cette décision :
Adresse postale : 8 rue de Londres, 75 009 Paris
Courriel : mmechin@google.com / press-fr@google.fr
Téléphone : 01 42 68 53 00
Hassan Nasrallah appelle à une Intifada sur les réseaux sociaux en défense d'Al-Quds (Jérusalem)
Discours
du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 7
décembre 2017, suite à la décision de Donald Trump de reconnaître
Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d’Israël
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr
Transcription :
[…]
En ce qui concerne notre position (face à la décision de Trump au sujet
d’Al-Quds / Jérusalem), je souhaite énoncer certaines (actions
recommandées) que je vais classer en deux parties.
La
première partie concerne la protestation contre cette décision. (D’un
côté), toute forme de protestation, de condamnation, de dénonciation,
d’opposition, de refus, d’annonce de rejet face à cette agression
américaine ouverte et à cette mesure dangereuse, et, d’un autre côté,
toute annonce de solidarité, de soutien, du fait qu’on se tient aux
côtés de la Palestine, du peuple de Palestine et de la cause d’Al-Quds
(Jérusalem) qu’elle est importante pour nous tous, est notre
responsabilité et nous concerne tous, constituent des actions
indispensables, et c’est le moindre degré de foi (de lutte).
Peut-être
que quelqu’un demandera à quoi servent les paroles, mais non, il est
nécessaire et indispensable de s’exprimer, c’est le moindre degré de
foi. Que personne ne dévalorise ou n’amenuise (l’importance) des prises
de position, des déclarations, des discours et de toutes les formes de
dénonciation et de protestation dont je vais parler dans un instant. Ces
actions sont indispensables. Bien sûr, il faut faire davantage, mais si
certains ne font pas plus, cette responsabilité qui s’impose à nous
tous ne nous en est pas moins imposée.
Toutes
les formes de protestation, de condamnation, de rejet, de dénonciation
et d’opposition doivent être perçus par l’administration américaine et
ressentis par l’entité usurpatrice (d’Israël) à travers l’ensemble du
monde arabe et musulman et même dans le monde entier.
Pour
donner quelques exemples, aujourd’hui, par exemple, les réseaux sociaux
: une personne est posée chez elle, personne ne va lui tirer dessus
comme cela se passe maintenant au coeur de la Palestine, personne ne lui
créera d’ennuis ni rien du tout. La moindre des choses, l’action la
plus modeste pour quiconque est concerné par cette question, pour tout
homme libre et digne dans le monde, et pas seulement dans le monde
arabo-musulman, et durant les jours et même les semaines à venir, si
chaque jour, tous ceux qui sont sur les réseaux sociaux condamnent Trump
et ce qu’il a fait, et confirment qu’Al-Quds (Jérusalem) est la
capitale éternelle de l’Etat de Palestine, et refusent la judaïsation
d’Al-Quds, etc., s’ils expriment cette prise de position, si par exemple
des centaines de millions de Tweets sont émis, des centaines de
millions de prises de position sur les réseaux sociaux, ce durant des
jours et des semaines, cela se reflètera sur l’administration américaine
et l’entité sioniste en transformant la joie en amertume, et ils
réaliseront qu’ils font face à une opinion publique très grande et très
forte. Et qu’aurons-nous fait (pour obtenir ce résultat) ? On ne sera
pas descendu sous la neige, on n’aura pas offert nos poitrines aux
balles. De manière très simple, en toute simplicité, (par des posts
quotidiens sur les réseaux sociaux), et je le dis clairement, c’est le
moindre degré de foi, c’est le moindre de nos devoirs : tout homme,
toute femme, tout jeune homme et toute jeune fille, dans le monde
arabo-musulman et dans le monde entier, chaque jour, doivent simplement
prendre position, publier leur position sur les réseaux sociaux. C’est
l’une des opportunités que nous offrent aujourd’hui les réseaux sociaux.
L’administration de ces réseaux ne parviendra pas à (tous) les
supprimer lorsqu’elle en trouvera des centaines de millions, des
dizaines de millions pour le moins. C’est quelque chose qu’on peut
faire, c’est une des possibilités qui s’offrent à nous. Cette nuit,
demain, à chaque heure, c’est une possibilité qui s’offre à nous. Et
tout jeune homme et jeune fille, tout homme et toute femme doivent
considérer que c’est un devoir impérieux qui s’impose à eux, le moindre
des devoirs ces jours-ci envers la Palestine.
Il
faut donc publier des déclarations et prises de position dans tout le
monde arabo-musulman (et au-delà) : simples particuliers, personnalités,
organisations concernées, savants, penseurs, médias, élites,
professions libérales, syndicats, écoles, universités, associations,
tout ce que nous avons en fait de cadres, partis, mouvements, forces
politiques, tout ce que nous avons en fait de cadres et d’organisations
sociales, culturelles, médiatiques, politiques, à travers le monde
entier et le monde arabo-musulman, doivent publier des déclarations et
annoncer leur position. Ils n’ont pas le droit de rester silencieux.
Et
personne ne doit se comporter en se disant « Si je m’exprime, ça va
changer quoi ? » Si tu es le seul à m’exprimer, peut-être (que ça ne
changera rien). Si je suis le seul à m’exprimer, peut-être (que ça ne
changera rien). Mais si nous nous exprimons tous, si nous condamnons,
dénonçons, refusons et protestons tous, et si nous confirmons tous
l’identité culturelle d’Al-Quds (Jérusalem), alors cela aura un poids
considérable et très important. Il faut donc publier (massivement) des
déclarations et prises de positions.
(Il
faut) organiser des rencontres, des réunions, des appels, des
conférences, des rassemblements pour exprimer cette position. (Il faut)
que des manifestations et des sit-ins soient organisés. Et aujourd’hui
le peuple palestinien, depuis hier, a précédé (tout le monde dans les
manifestations). Aujourd’hui (même), il y a des confrontations, des
blessés. Je ne sais pas s’il y a déjà des martyrs.
Lorsque
nous manifestons, que tu manifestes, qu’untel et untel manifestent,
dans le monde arabe, dans le monde musulman et également dans les
(autres) capitales du monde, au sein des communautés arabes et
musulmanes, Trump va regarder la situation ébahi et se dire « Dans quel
pétrin, dans quel guêpier, je me suis fourré ? Je vais droit dans le mur
! Ceux qui m’ont dit qu’il n’y aura aucune réaction dans le monde
(m’ont trompé). » Qui a dit que ces manifestations, si elles se
produisent, et elles se produiront si Dieu le veut dans bien des
endroits, ne portent pas de message ? Elles transmettent un très fort
message face à cette agression et comportent un message de soutien très
fort pour le peuple palestinien qui se tient aujourd’hui sur la première
ligne de défense d’Al-Quds (Jérusalem), des lieux saints et de la
Palestine. […]
____________________________________
Avocats-rapaces Michael Chetkof et Allyson Burger : mon âme est témoin (Norman Finkelstein)
Je dois d’humbles excuses à mes lecteurs.
Après
une vague de soutien de la part de tant de personnes à travers le
monde, j’ai donné l’impression d’avoir disparu des radars.
J’ai reçu beaucoup de messages qui s’informaient de mon sort, mais je suis resté silencieux.
Mais ce n’était pas de l’indifférence et encore moins de l’ingratitude.
La machine légale s’était temporairement mise à l’arrêt.
J’ai
essayé de mettre de côté mon accablement face à la crucifixion du Dr
Baldeo et à l’absurdité de ma propre situation critique, m’efforçant de
me concentrer sur quelque chose de constructif.
Mais cette semaine, l’horreur a frappé.
Stacy D. Bennett, la juge dans l’affaire Baldeo, a rendu un verdict odieusement partial.
Le Dr Baldeo était anéanti. J’étais déchiré.
Ensuite,
le tribunal a ordonné au Dr Baldeo de livrer immédiatement l’ensemble
des économies réalisées durant sa vie, faute de quoi il irait «
immédiatement » en prison.
Cependant, quand il est allé à la banque, les agents l’ont informé qu’Allyson Burger avait gelé tous ses comptes bancaires !
Après m’avoir emprisonné, ce chacal cinq étoiles (summa cum laude) s’efforçait maintenant de le faire emprisonner.
Suis-je choqué ?
Bien sûr que non.
Nous sommes au Comté de Nassau.
Il
a une population d’à peine un peu plus d’un million d’habitants, mais
tapez « Corruption Nassau County » sur Google et vous obtindrez 150 000
résultats.
On
ne parle du Comté de Nassau aux informations que lorsqu’un nouveau
responsable est inculpé pour des accusations de corruption criminelle.
Le Comté de Nassau est dirigé comme un village perdu de l’Alabama où chaque responsable fait partie du Ku Klux Klan.
C’est
le genre d’endroit où Roy Moore [magistrat républicain d’Alabama
récemment accusé d’abus sexuels, et subséquemment battu aux élections
sénatoriales du 12 décembre 2017] serait élu à une écrasante majorité.
Le 13 décembre 2017, j’ai dû comparaître devant le juge.
Il faisait un froid glacial.
Le Palais de justice a trois entrées.
A 9h du matin, chacune des files d’attente s’étendait comme pour un concert de rock.
Sauf qu’à part moi, tout le monde était afro-américain.
Une
fois que vous entrez dans le Palais de justice, tous les officiels,
qu’il s’agisse des juges, des avocats ou des gardes en uniforme, sont
blancs.
Vous
ne pouvez pas vous empêcher de penser : « Si les gens qui font la queue
à l’extérieur du Palais de justice avaient eu la possibilité d’accéder à
des emplois à l’intérieur du Tribunal, peutêtre qu’ils ne
frissonneraient pas aujourd’hui dans le froid en attente de leur
jugement. »
Dans
ma salle d’audience, tous ceux qui attendaient leur procès étaient des
personnes de couleur. Les avocats siègeaient avec le jury en attendant
le juge. Les jurés étaient tous blancs.
Je suis blanc, je suis juif, j’ai 64 ans, j’ai un doctorat de Princeton et j’habite à Coney Island, Brooklyn.
Mais
les fonctionnaires du Comté de Nassau n’ont pas hésité à franchir les
frontières du Comté, surgissant dans mon appartement sans mandat en
pleine nuit, me kidnappant puis me brutalisant.
Et pas une fois seulement, mais deux fois.
Quand
je me suis présenté devant le juge la deuxième fois, il était tellement
indigné par mon apparence (je ne faisais pas preuve de suffisamment de
déférence envers Son Honneur) qu’il m’a ordonné de subir une évaluation
psychiatrique intensive.
Qui pourrait deviner l’objet de son indignation ?
Je n’étais pas correctement vêtu pour ses augustes chambres.
Ce n’est pas normal !
Mais
le fait que tout le monde à l’intérieur de la prison soit noir, et que
tout le monde à l’extérieur de la prison soit blanc...
C’est normal !
Je suis représenté par un avocat très compétent.
Le Procureur de district a abandonné certaines charges contre moi, et en a ajouté d’autres.
L’affaire a été ajournée au 24 janvier 2018.
La situation reste la même :
Il est vraiment possible que je sois condamné à de la prison.
Suis-je nerveux ?
Un peu.
Est-ce que la peur me fera reculer ?
Non.
Je ne veux qu’une chose :
Me présenter à la barre des témoins et témoigner de ce qui a été infligé au Dr Baldeo avec tous les détails atroces.
Comment un immigrant de Guyane sans le sou a vécu le rêve américain.
Comment il a été dévoré vif par deux avocats-vautours.
Comment ils l’ont piégé et soumis à un odieux chantage.
Comment ils l’ont laissé sans-abri et presque sans le sou.
Comme ils l’ont conduit au désespoir le plus abject, à la limite du suicide.
Mon avocat est confiant quant au fait que je pourrai témoigner devant les juges.
Une fois que j’aurai témoigné, un poids énorme sera ôté de ma poitrine.
Un dossier public impérissable subsistera, relatant cette farce tragique.
Je serai alors psychologiquement prêt pour la prison, ou pour tout ce qui pourra m’arriver.
Je remercie sincèrement tous ceux qui étaient là pour moi.
Je viens de publier un nouveau livre : GAZA : Une enquête sur son martyre.
En voici le dernier paragraphe :
Dans Un siècle de déshonneur,
écrit à la fin du XIXe siècle, Helen Hunt Jackson rapporte la
destruction de la population amérindienne par une politique
gouvernementale consciente et délibérée. Le livre a été largement
ignoré, puis oublié, et finalement redécouvert par des générations
postérieures prêtes à entendre et à supporter la vérité. Parlant du sort
de la nation Cherokee, qui a été expulsée d’une terre tribale après
l’autre et finalement dépouillée de l’ensemble de ses possessions par le
gouvernement américain, Jackson a écrit : « Les archives de cette
nation [les Etats-Unis] ne comportent aucune page aussi noire que cette
perfidie. »
Ce
livre a été modelé d’après son requiem brûlant. L’auteur [Norman
Finkelstein] n’entretient qu’un mince espoir qu’il trouve une audience
parmi ses contemporains. Cependant, la vérité doit être préservée ;
c’est le moins que l’on doive aux victimes. Peut-être qu’un jour, dans
un avenir lointain, à une époque plus réceptive, quelqu’un tombera sur
ce livre accumulant la poussière sur une étagère de bibliothèque,
soufflera sur les toiles d’araignée qui le recouvrent et sera outré par
le sort d’un peuple, sinon abandonné par Dieu, du moins trahi par la
cupidité et la corruption, le carriérisme et le cynisme, l’avidité et la
lâcheté de l’homme mortel. « Viendra un jour, prédit Jackson, où, pour
quiconque étudie l’histoire américaine, [ce qui a été fait aux
Cherokees] semblera presque incroyable ». N’est-il pas certain qu’un
jour, le dossier noir du martyre de Gaza paraitra lui aussi,
rétrospectivement, presque incroyable ?
Aussi
étrange que cela puisse paraître, dans mon esprit, les destins des
habitants de Gaza et du Dr Baldeo se croisent. Un peuple innocent, une
personne innocente, crucifiés. Un système corrompu ivre de pouvoir qui
ravage et détruit des vies en toute impunité. Tout ce qui reste, ce sont
des archives, vouées à être déterrées longtemps après que les auteurs,
les victimes et les spectateurs soient morts.
Ma vie a été une histoire de causes perdues.
Mais je n’ai aucun regret.
Aucun.
«
Il n’y a qu’un seul sort pire que d’être juif aujourd’hui, a déclaré le
dirigeant sioniste David Ben Gourion pendant la Seconde Guerre
mondiale, c’est d’être un nazi. »
Même
dans le chagrin et l’abattement de la défaite, je préfère toujours mon
sort à celui de Michael Chetkof, Allyson Burger et Stacy D. Bennett.
***
Le
Dr Baldeo a vidé son compte bancaire aujourd’hui. Chetkof et Burger se
tenaient à ses côtés, léchant leurs côtelettes hideuses.
Alors
que le Dr Baldeo se levait pour partir, Chetkof a exigé 7 500 dollars
de plus en honoraires d’avocat, en plus des 100 000 dollars qu’il avait
déjà perçus.
Que Dieu veille sur le Dr Baldeo durant cette épreuve terrible.
Puisse-t-il
trouver un réconfort dans la connaissance du fait que ses pouvoirs
magiques bénissent les enfants de son service d’urgence pédiatrique
chaque nuit avec la santé, l’espoir et le bonheur.
Tout l’argent du monde ne saurait acheter ou remplacer ce don.
Norman Finkelstein, 15 décembre 2017
N'oubliez pas de signer et de partager les pétitions!
https://www.change.org/p/janet-difiore-chief-judge-of-the-state-of-new-york-norman-g-finkelstein-must-walk-free (version française ici)
https://www.change.org/p/supreme-court-appellate-division-disbar-michael-chetkof-and-allyson-burger-for-perjury-and-blackmail-750c9ecc-9119-44c4-9bda-cdce30abd24e (version française ici)