Tout cela provoque un profond changement
dans la façon de considérer la vie et les relations entre les hommes.
Le fait que les législations de nombreux pays, s'éloignant le cas
échéant des principes mêmes qui fondent leurs Constitutions, aient
accepté de ne pas punir ou, plus encore, de reconnaître la légitimité
totale de ces pratiques contre la vie est tout à la fois un symptôme
préoccupant et une cause non négligeable d'un grave effondrement moral:
des choix considérés jadis par tous comme criminels et refusés par le
sens moral commun deviennent peu à peu socialement respectables. La
médecine elle-même, qui a pour vocation de défendre et de soigner la vie
humaine, se prête toujours plus largement dans certains secteurs à la
réalisation de ces actes contre la personne; ce faisant, elle défigure
son visage, se met en contradiction avec elle-même et blesse la dignité
de ceux qui l'exercent. Dans un tel contexte culturel et légal, même les
graves problèmes démographiques, sociaux ou familiaux, qui pèsent sur
de nombreux peuples du monde et qui exigent une attention responsable et
active des communautés nationales et internationales, risquent d'être
résolus de manière fausse et illusoire, en contradiction avec la vérité
et avec le bien des personnes et des nations.
Le résultat auquel on parvient est
dramatique: s'il est particulièrement grave et inquiétant de voir le
phénomène de l'élimination de tant de vies humaines naissantes ou sur le
chemin de leur déclin, il n'est pas moins grave et inquiétant que la
conscience elle-même, comme obscurcie par d'aussi profonds
conditionnements, ait toujours plus de difficulté à percevoir la
distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent la
valeur fondamentale de la vie humaine. » (§4)