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vendredi 24 janvier 2014

France, guerre, famille... : les déclarations fracassantes de Bachar al-Assad



+ VIDEO - Le président syrien Bachar al-Assad a accordé dimanche à l’AFP une interview exclusive dans laquelle, notamment, il charge la France, annonce qu’il se présentera « probablement » à la présidentielle de juin prochain et révèle avoir été approché par des services de renseignements occidentaux.

 

Bachar al-Assad - AFP
 
Bachar al-Assad - AFP
 
Le président syrien Bachar al-Assad a accordé dimanche à l’AFP une interview exclusive dans laquelle, notamment, il charge la France, annonce qu’il se présentera « probablement » à la présidentielle de juin prochain et révèle avoir été approché par des services de renseignements occidentaux.

La France, vassal du Qatar et de l’Arabie en échange des « pétrodollars »

Dans cet entretien, le président syrien charge particulièrement la France qui soutient la rébellion en Syrie et fut l’un des premiers pays à reconnaître la coalition de l’opposition et a appelé à plusieurs reprises au départ du chef de l’Etat. « La France est devenue un pays vassal qui exécute la politique du Qatar et de l’Arabie saoudite. Comment les pétrodollars peuvent-ils pousser certains responsables occidentaux, notamment en France, à échanger les principes de la Révolution française pour quelques milliards de dollars? », déclare-t-il. Pour le chef de l’Etat syrien, « après 2001 et les attaques terroristes du 11 septembre à New York, il n’y a pas de politique européenne, il y a seulement une politique américaine en Occident, et que certains pays européens exécutent ».

http://videos.lexpress.fr/actualite/monde/video-bachar-al-assad-en-syrie-il-y-a-de-fortes-chances-pour-que-je-me-porte-candidat_1315639.html
 
« Je ne pense pas que l’Europe, surtout la France qui dirigeait jadis la politique européenne, soit capable de jouer le moindre rôle en Syrie dans l’avenir. Et peut-être même dans les pays voisins », a-t-il souligné. «  Je ne pense donc pas que la France aura un rôle à jouer dans le proche avenir, à moins qu’elle ne change totalement et fondamentalement de politique, et qu’elle ne devienne un Etat indépendant dans ses prises de positions, comme ce fut le cas dans le passé », a-t-il insisté faisant allusion à la politique indépendante du général de Gaulle très appréciée par les pays arabes. 
Vidéo : F. Hollande en Arabie Saoudite : « Nous avons exactement la même position sur la Syrie »

http://videos.lesechos.fr/2989328138001
 

Probable candidat aux présidentielles de juin

« Je considère que rien n’empêche que je me porte candidat (...) et si l’opinion le souhaite, je n’hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu’il y a de fortes chances que je me porte candidat », a déclaré Bachar al- Assad, souriant et décontracté. Agé de 48 ans, Bachar al- Assad, au pouvoir depuis juillet 2000, a succédé à son père Hafez al-Assad décédé en juin 2000 après avoir dirigé le pays durant 30 ans.
Selon lui, l’opposition a été « fabriquée » par les services de renseignements étrangers. « Ils viennent aux frontières pour une demie-heure avant de prendre la fuite, comment peuvent-ils alors devenir membres du gouvernement. Est-ce qu’un ministre peut exercer ses fonctions de l’extérieur ? De telles idées sont totalement irréalistes, on peut les considérer comme une plaisanterie », a-t-il indiqué M. Assad.

La guerre civile

Alors que les combats ne connaissent pas de répit, le président syrien a affirmé que son armée avait accompli des progrès face aux insurgés qu’il qualifie de « terroristes ». « Nous pouvons dire que nous réalisons des progrès dans la lutte antiterroriste, mais cela ne signifie pas que la victoire est imminente », a-t-il reconnu. « Ce genre de bataille est compliqué, elle n’est pas facile et demande beaucoup de temps », a-t-il ajouté. 
Il a rejeté toute distinction entre rebelles et jihadistes qui se livrent depuis plus de deux semaines à une guerre sans merci. «  Nous sommes devant une seule partie, à savoir les organisations terroristes extrémistes indépendamment des appellations dans les médias occidentaux ».
 
Bachar al-Assad, qui vit à Damas avec sa femme et ses trois enfants, a indiqué n’avoir jamais pensé à fuir le pays depuis le début du conflit. « Fuir n’est pas une option dans ces cas-là. Je dois être au premier rang des défenseurs de la patrie. C’était le seul scénario depuis le premier jour de la crise », a-t-il martelé.
Le chef de l’Etat syrien a assuré que ses forces n’avaient commis « aucun massacre » depuis le début de la guerre, accusant en revanche les rebelles de perpétrer « partout » des tueries contre les civils. «  L’Etat syrien défend toujours les civils. Les séquences vidéos et les photos confirment que ce sont les terroristes qui commettent des massacres. Il n’y a aucun document qui prouve que le gouvernement syrien en a commis depuis le début de la crise jusqu’à l’heure actuelle », a-t-il assuré.

Chaos au Moyen-Orient

Mais si la Syrie perdait la bataille, le chaos s’étendra à tout le Moyen-Orient, a-t-il soutenu.

Approché par des services de renseignements occidentaux

Le président syrien a en outre révélé avoir opposé une fin de non-recevoir à des services de renseignements occidentaux qui souhaitaient établir des canaux de communication avec Damas en matière de lutte anti-terroriste. « Plusieurs rencontres ont eu lieu avec plus d’un service de renseignement de plus d’un pays. Notre réponse a été que la collaboration dans le domaine de la sécurité est indissociablement liée à la collaboration politique et celle-ci ne peut avoir lieu lorsque ces pays adoptent des positions politiques hostiles à la Syrie », a-t-il dit.

Conférence de Genève II

Pour Bachar al-Assad, la conférence de paix de Genève II prévue mercredi « La conférence de Genève doit aboutir à des résultats clairs concernant la lutte contre le terrorisme (...) cela serait la décision, le résultat le plus important de la conférence. Tout résultat politique qui ne comprendrait pas la lutte contre le terrorisme n’aura aucune valeur », a-t-il déclaré. 

Le tribunal international veut faire pression sur le Hezbollah

Le président syrien Bachar al-Assad a accusé le tribunal international qui juge quatre membres du Hezbollah dans l’affaire de l’assassinat de l’ex-dirigeant libanais Rafic Hariri, d’être « politisé » et de vouloir « faire pression » sur ce parti qui combat au côté du régime en Syrie. « Nous n’avons constaté aucune preuve tangible contre les parties impliquées dans l’affaire (...) Tout ce qui se passe est politisé et vise à faire pression sur le Hezbollah au Liban comme sur la Syrie dans le passé, immédiatement après l’assassinat de Hariri », a-t-il dit, en référence à un rapport préliminaire de l’enquête internationale qui avait au départ impliqué son pays dans ce meurtre. « Nous parlons d’un tribunal qui date de neuf ans. Chaque fois, il a accusé une partie pour des raisons politiques. Même durant ces derniers jours, nous n’avons constaté aucune preuve tangible contre les parties impliquées dans l’affaire », a-t-il déclaré. 
Le meurtre de Rafic Hariri a eu lieu le 14 février 2005 à Beyrouth à l’époque où la Syrie exerçait une tutelle au Liban voisin. Le procès des quatre membres du Hezbollah s’est ouvert jeudi à La Haye en leur absence malgré les mandats internationaux lancés contre eux, le mouvement chiite refusant de coopérer avec le TSL qu’il estime lui aussi politisé.
Deux mois après l’assassinat de Rafic Hariri, qui était Premier ministre avant de devenir un opposant à l’hégémonie de Damas, les troupes syriennes ont dû quitter le Liban après 30 ans de présence, sous la pression de la colère populaire et de l’opposition au Liban et de la communauté internationale.
Le TSL a été source de tensions entre le Hezbollah, soutenu par le pouvoir à Damas, et ses rivaux de la coalition antisyrienne emmenée par Saad Hariri, fils du dirigeant assassiné. Le Hezbollah, un proche allié du pouvoir en Syrie, a annoncé à la mi-2013 qu’il avait envoyé ses hommes combattre à ses côtés face aux rebelles.

Une vie de famille « pas facile »

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé qu’il était difficile pour lui d’expliquer la guerre à ses enfants et que la crise était un sujet de conversation quotidien. « Certaines choses n’ont pas changé : je vais au travail comme d’habitude, et nous vivons chez nous comme auparavant. Les enfants vont à l’école. Ces choses n’ont pas changé », a-t-il dit. Mais selon lui, « dans des circonstances pareilles, les enfants sont plus touchés que les adultes ». « Ils posent des questions qu’on n’entend pas dans des circonstances normales : ’Pourquoi voit-on de telles choses? Pourquoi y a-t-il des gens aussi méchants? Pourquoi y a-t-il des morts?’ », a raconté Bachar al- Assad, ajoutant: «  Il n’est pas facile d’expliquer de telles choses aux enfants ». « N’empêche, ajoute-t-il, que ce sont des questions quotidiennes, et une conversation de tous les jours entre les parents et les enfants. Nous faisons partie de ces familles qui discutent de ces mêmes questions ».
 
D’après lui, les enfants de cette génération ont une « maturité précoce » en raison de la crise. « Il y a des choses qui ont atteint tout foyer syrien, y compris le nôtre », a-t-il poursuivi. « C’est la tristesse que nous vivons dans notre quotidien et au fil des heures, en raison de ce que nous voyons et constatons, à travers les souffrances, les victimes tombées partout et qui ont affligé chaque famille, la destruction des infrastructures, des intérêts et de l’économie. Tout cela nous a affectés ».
 
Le conflit en Syrie a fait plus de 130.000 morts selon une ONG et poussé à la fuite des millions de Syriens.