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jeudi 23 janvier 2014

Maurice Rollet est mort


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Par Jean-Yves Camus

Le Docteur Maurice Rollet, qui fit partie des fondateurs du GRECE et en fut ensuite le Chancelier, est mort le 21 février à l’âge de 80 ans. Venu de la Fédération des Etudiants Nationalistes, il était resté un des animateurs de la Domus Europa, le lieu communautaire  du GRECE situé en Provence et de sa revue, Roquefavour. La nécrologie parue le lendemain de sa mort sur le site de Novopress mentionne qu’il « fut avec Jean Mabire, en 1973, l’initiateur d’un mouvement de jeunesse s’inspirant de l’expérience des wandervogels ».

Il était connu en dehors du milieu nationaliste par l’entretien télévisé qu’il donna à Marc- Olivier Fogiel pour évoquer son amitié avec Albert Spaggiari, Liens qui s’inscrivaient dans le cadre plus large de son engagement aux côtés de l’OAS, dont il soigna en outre plusieurs militants. Dans le “milieu”, il était surtout célèbre comme chantre d’un paganisme qu’il mettait en poèmes, dont certains ont été interprétés par “Docteur Merlin” dans son album Soleil de Pierre.

Lors d’une conférence prononcée en 1999 dans la Drôme, Maurice Rollet expliquait son paganisme ou plutôt, selon le terme qu’il préférait, sa “foi native”. Il la définissait comme une démarche individuelle fondée sur l’enracinement;  l’harmonie avec le cosmos, la recherche constante de l’esthétique physique et moral, enfin par la tolérance et le respect de l’Autre, “même ennemi », précisait-il, « en qui nous savons qu’il existe aussi une part du divin ». Adepte d’un paganisme qui devait selon lui se vivre jusque dans les moindres actes du quotidien, il soulignait le rôle de la prière dont il donnait la définition suivante : « La prière tel qu’un païen peut et doit la concevoir s’apparente bien plus à une sorte d’hymne, d’hommage à la beauté, à la force, à la joie, à la lumière qui illumine toute notre vie. La prière d’un païen ne demande rien, elle loue, elle exalte, au pire elle remercie ». Il insistait enfin sur l’importance du rituel familial et communautaire, évoquant comme exemple de « sobriété, d’intensité et d’esthétique » la réception à la Domus des cendres de Roger Lemoine, premier président du GRECE décédé en juin 1999.

C’est précisément cette mort qu’évoque Alain de Benoist dans son livre Dernière année, paru en 2001. Il la signalait comme la première disparition d’un des fondateurs du GRECE. Les quatre dernières années ont vu d’autres animateurs historiques de la mouvance néo-droitière s’éteindre. Le journaliste Jean-Claude Valla est parti ensuite, en Février 2010 : ses Mémoires inachevées sont en cours de publication aux éditions Alexipharmaque et nous en rendront compte ici sous peu. Jacques Bruyas, un des piliers du GRECE à Nice depuis l’origine, est décédé accidentellement en juin 2012, écrasé par un arbre qu’il venait de tronçonner pour qu’il serve à un feu de solstice. L’ancien président du groupement, Jean-Claude Jacquard est mort en Octobre 2012.  Enfin Dominique Venner s’est suicidé le 21 mai 2013.

Ce même 21 janvier où j’apprenais la mort de Maurice Rollet parvenait au public, par les éditions du Lore, l’annonce du décès à l’âge de 87 ans de Philippe Martin, qui avait publié en 2010 « A la recherche d’une éducation nouvelle : Histoire de la jeunesse allemande 1813-1945 ». Préfacé par un autre néo-droitier, Philippe Conrad, Philippe Martin semble avoir été un des derniers français encore vivants à avoir eu une connaissance de première main du mouvement Wandervogel que Maurice Rollet avait, avec Jean Mabire, réactualisé en créant Europe-Jeunesse.

On trouvera dans l’excellent bulletin de l’Association des amis de Jean Mabire (n°18, 2008), plusieurs récits de première main, dont celui de Maurice Rollet lui-même, des débuts d’Europe-Jeunesse en juillet 1973 et de ceux de leur premier groupe du Midi, « Les Aiglons de Provence », basé à la Domus.