Par Jean-Yves Camus
Le Docteur Maurice Rollet, qui fit partie
des fondateurs du GRECE et en fut ensuite le Chancelier, est mort le 21
février à l’âge de 80 ans. Venu de la Fédération des Etudiants
Nationalistes, il était resté un des animateurs de la Domus Europa, le
lieu communautaire du GRECE situé en Provence et de sa revue, Roquefavour.
La nécrologie parue le lendemain de sa mort sur le site de Novopress
mentionne qu’il « fut avec Jean Mabire, en 1973, l’initiateur d’un
mouvement de jeunesse s’inspirant de l’expérience des wandervogels ».
Il était connu en dehors du milieu
nationaliste par l’entretien télévisé qu’il donna à Marc- Olivier Fogiel
pour évoquer son amitié avec Albert Spaggiari, Liens qui s’inscrivaient
dans le cadre plus large de son engagement aux côtés de l’OAS, dont il
soigna en outre plusieurs militants. Dans le “milieu”, il était surtout
célèbre comme chantre d’un paganisme qu’il mettait en poèmes, dont
certains ont été interprétés par “Docteur Merlin” dans son album Soleil de Pierre.
Lors d’une conférence prononcée en 1999
dans la Drôme, Maurice Rollet expliquait son paganisme ou plutôt, selon
le terme qu’il préférait, sa “foi native”. Il la définissait comme une
démarche individuelle fondée sur l’enracinement; l’harmonie avec le
cosmos, la recherche constante de l’esthétique physique et moral, enfin
par la tolérance et le respect de l’Autre, “même ennemi », précisait-il,
« en qui nous savons qu’il existe aussi une part du divin ». Adepte
d’un paganisme qui devait selon lui se vivre jusque dans les moindres
actes du quotidien, il soulignait le rôle de la prière dont il donnait
la définition suivante : « La prière tel qu’un païen peut et doit la
concevoir s’apparente bien plus à une sorte d’hymne, d’hommage à la
beauté, à la force, à la joie, à la lumière qui illumine toute notre
vie. La prière d’un païen ne demande rien, elle loue, elle exalte, au
pire elle remercie ». Il insistait enfin sur l’importance du rituel
familial et communautaire, évoquant comme exemple de « sobriété,
d’intensité et d’esthétique » la réception à la Domus des cendres de
Roger Lemoine, premier président du GRECE décédé en juin 1999.
C’est précisément cette mort qu’évoque Alain de Benoist dans son livre Dernière année,
paru en 2001. Il la signalait comme la première disparition d’un des
fondateurs du GRECE. Les quatre dernières années ont vu
d’autres animateurs historiques de la mouvance néo-droitière s’éteindre.
Le journaliste Jean-Claude Valla est parti ensuite, en Février 2010 :
ses Mémoires inachevées sont en cours de publication aux éditions
Alexipharmaque et nous en rendront compte ici sous peu. Jacques Bruyas,
un des piliers du GRECE à Nice depuis l’origine, est décédé
accidentellement en juin 2012, écrasé par un arbre qu’il venait de
tronçonner pour qu’il serve à un feu de solstice. L’ancien président du
groupement, Jean-Claude Jacquard est mort en Octobre 2012. Enfin
Dominique Venner s’est suicidé le 21 mai 2013.
Ce même 21 janvier où j’apprenais la mort
de Maurice Rollet parvenait au public, par les éditions du Lore,
l’annonce du décès à l’âge de 87 ans de Philippe Martin, qui avait
publié en 2010 « A la recherche d’une éducation nouvelle : Histoire de la jeunesse allemande 1813-1945 ». Préfacé
par un autre néo-droitier, Philippe Conrad, Philippe Martin semble
avoir été un des derniers français encore vivants à avoir eu une
connaissance de première main du mouvement Wandervogel que Maurice
Rollet avait, avec Jean Mabire, réactualisé en créant Europe-Jeunesse.
On trouvera dans l’excellent bulletin de
l’Association des amis de Jean Mabire (n°18, 2008), plusieurs récits de
première main, dont celui de Maurice Rollet lui-même, des débuts
d’Europe-Jeunesse en juillet 1973 et de ceux de leur premier groupe du
Midi, « Les Aiglons de Provence », basé à la Domus.