Extrait de l'interview donné par maître Frédéric Pichon, vice-président du SIEL et ancien membre du FN, à Riposte Laïque :
Comment
le Siel, dont vous êtes le vice-président, analyse-t-il le résultat de
ces élections présidentielles, sachant que vous souteniez Marine Le
Pen ?
Le SIEL a soutenu Marine le Pen jusqu’au bout.
Cependant nous ne pouvons cacher notre déception du score du deuxième
tour. Le débat raté y est certainement pour beaucoup puisque j’ai
constaté autour de moi beaucoup d’indécis de droite qui comptaient voter
Marine et qui finalement sont allés à la pêche. L’élément
fédérateur de l’immense majorité des sympathisants c’est la défense de
l’identité et le refus de l’immigration et de l’islamisation, pas la
sortie de l’euro. Nous n’avons cessé de le répéter en vain.
Malheureusement Marine s’est embourbée dans un débat confus sur
l’économie alors qu’elle aurait pu faire la différence sur l’identité.
Vous avez écrit un article très
sévère, sur Boulevard Voltaire, appelant à en finir avec la ligne
Philippot. Pourquoi le vice-président du FN est-il à ce point votre bête
noire ?
Cela rejoint ce que je viens de dire. Qu’ils viennent de la droite ou de la gauche, qu’ils soient libéraux ou étatistes, l’immense majorité des électeurs du FN votent avant tout pour des motifs identitaires.
Pour Philippot qui
est souverainiste chevènementiste, le clivage est entre les partisans et
opposants à l’euro et à l’union européenne. Il pense pouvoir fédérer
les 55% de Français qui ont voté non en 2005. Seulement un vote
de rejet contre un projet de traité ne se traduit pas automatiquement en
vote d’adhésion pour un parti politique. Donc même si cette question est importante, elle ne doit pas constituer le point phare du programme.
De plus, si nous ne
sommes pas sectaires et nous souhaitons l’union de tous les patriotes
qu’ils viennent de gauche comme de droite, la ligne de Philippot est minoritaire parmi les militants du Front et même les électeurs. Marion avait obtenu plus de 80% au congrès en 2014.
Un sondage avait été
fait en janvier dernier par Le Figaro et il en ressortait que 52% des
électeurs du FN se sentaient en effet plus proches de Marion Maréchal
que du vice-président du parti (29%).
Or
Philippot n’a eu de cesse, en se livrant un chantage permanent à la
démission auprès de Marine Le Pen, de s’assurer une position hégémonique
au sein de l’appareil en éliminant par des procédures d’exclusion et de
mise à l’écart systématique tous les militants identifiés comme
proches de Marion ou encore trop identitaires ou trop catholiques.
A l’inverse, les proches de Philippot malgré des comportements parfois
injurieux à l’encontre d’autres cadres du FN ont toujours bénéficié
d’une incroyable mansuétude, Philippot prenant systématiquement leur
défense, voire menaçant la présidente de démission.
Cela en s’appuyant
sur des méthodes de flicage systématiques de la part de ses proches
qu’il a fait embaucher notamment dans le pôle communication :
identification des comptes hostiles à sa ligne, dénonciations et
finalement mise à l’écart. Sans compter de faux comptes facebook ou
twitter pour tacler en interne Marion Maréchal. Cela serait long à
développer mais je peux prouver tout ce que j’avance. Il a donc littéralement vidé le parti de ses militants les plus fidèles en les poussant vers la sortie.
Le départ de Marion qui est toujours restée loyale à sa tante, bien
qu’ayant ses convictions propres, n’y est pas totalement étranger.
La dernière
entreprise en date étant la création de son parti « Les Patriotes » au
sein du parti et ce alors que l’article 6 des statuts interdit la double
appartenance. Il s’agit là d’un énième chantage à Marine Le Pen. Soit
elle accepte, et il obtient gain de cause avant même que le congrès
n’ait eu lieu – l’appellation les patriotes a été déposée à
l’INPI par un de ses intimes, Joffrey Bollée, ce qui veut dire que si le
FN adopte ce nouveau nom, il sera juridiquement prisonnier par le clan
Philippot, un de ses proches étant propriétaire de l’appellation.
Soit elle refuse et il menace de quitter le Front pour fonder son propre parti soit il rejoint le cas échéant Dupont-Aignan. La
dernière étape du projet Philippot c’est l’éviction de Marine Le Pen.
D’ailleurs ses militants ne s’en cachent pas sur les réseaux sociaux.
Vous avez même été plus loin, dans
cet article, évoquant les limites apparues de Marine Le Pen, lors de ce
fameux débat. Vous paraissez donc contester le fait qu’elle puisse
continuer à être le phare des patriotes ?
Errare humanum est.
Perseverare diabolicum. Ce n’est pas faute d’avoir alerté Marine que la
plus grande marge de manœuvre était à droite et que c’était autour de
thématiques identitaires qu’elle progresserait. Sarkozy l’avait compris
en 2012 et avait fait 48%. Il avait également torpillé Le Pen en 2007
lorsque ce dernier s’était aventuré, sous l’influence de Soral, dans un
discours incompréhensible pour ses sympathisants sur la dalle
d’Argenteuil. Karim Ouchikh et Robert Ménard et avec eux Marion
Maréchal avaient encore attiré son attention à ce sujet au séminaire
d’Etiolles en 2016 avant d’être éconduits. Les militants
patriotes ne peuvent éternellement crier dans le désert auprès d’une
direction autiste. Je crois que l’implosion souhaitable des républicains
et celle plausible du Front national au moment du congrès sont
inéluctables. Il faut donc préparer le coup d’après (...)
Quelle est la stratégie du Siel pour les élections législatives ? Vous serez présents dans combien de circonscriptions ?
Nous devrions être
présents dans environ 70 circonscriptions. Notre stratégie est
précisément d’occuper le terrain en avançant sous nos couleurs et nos
idées. La défense de la civilisation et de l’identité nationale face au
Grand Remplacement et à l’islamisation, la défense de la famille et du
socle anthropologique chrétien face au nihilisme culturel et sociétal,
la défense des libertés et de la subsidiarité contre l’ultralibéralisme
marchand et le socialisme étatique (...)"