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lundi 22 mai 2017

Macron : les médias ont réinventé la cours de Versailles

Jean Ansar, journaliste ♦

La flagornerie en continu, niveau zéro du commentaire journalistique

Les informations audiovisuelles notamment sur les chaînes en continu se résument depuis des semaines en un éloge  du candidat Macron puis du Président puis de son gouvernement.

C’est de la propagande incessante sous sa forme la plus démocratique et médiatique, la flagornerie. C’est pire qu’au temps de Balladur.

Les journalistes sont devenus des courtisans fiers de l’être et se sont installés avec délectation dans une sorte de Versailles médiatique. Ils suivent leur élu souverain, pas à pas dans une admiration sans nuances. On sait tout de lui et de sa Pompadour. On l’admire quand il va au marché ou se rend aux cotés des troupes. On se battrait pour être de sa cours à ses cotés et obtenir un sourire, une approbation.

Le monarque républicain a donc sa cours médiatique qui l’isole du peuple et tente de l’influencer pour imposer une vision du monde qui est en fait une justification de ses usages et mœurs.
On en est pas encore à tenter d’obtenir une place au lever du roi pour avoir l’ insigne honneur d’annoncer aux autres qui attendent avec impatience le verdict que les selles sont saines, mais on et sur la bonne voie.
On connait la formule qui décrit le comportement de la presse, « on lèche, on lâche, on lynche »… Pour le moment, on est dans une période de lèche assez inégalée.
La multiplication des chaînes de télé qui disent toutes la même chose au même moment ajoute à l’impression de servilité médiatique qui touche également le premier ministre et certains membres du gouvernement.
Cette propagande est présentée comme de l’information. Une information orientée en apologie de l’exécutif et qui occulte tout le reste. L’actualité est réduite à la portion congrue pour permettre la multiplication d’éditions spéciales consacrées aux pas du créateur d’En marche.
On n’est pas loin de l’overdose, surtout si on y ajoute les dizaines de Une des magazines qui font de la politique people, L’obs ressemblant comme jamais à Closer.

Macron a créé une nouvelle classe de courtisans. Il a droit à un triomphe médiatique et pour le moment personne ou presque n’est sur son char pour lui susurrer dans l oreille « rappelle toi que tu n’es qu’un élu par défaut ».

Macron saura-t-il ne pas écouter les sirènes de la flagornerie journalistique pour tendre l’oreille vers le peuple ? Ce ne sera pas facile pour lui de s’échapper de ce Versailles virtuel pour présider dans le monde réel, sans se contenter d’être le roi des grenouilles du marais médiatique.

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