La
Justice vient donc de prononcer un non-lieu dans l'affaire de
l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic survenu en octobre
1980.
Cette
affaire est emblématique du climat qui régnait alors à Paris. Sans le
moindre début de preuve, s'appuyant sur une supposée revendication aux
aspects pour le moins fantaisistes, toutes les polices, tous les chiens
de garde du Système, journalistes, magistrats de gauche et politicards
confondus, se sont rués, telles des hyènes, sur les mouvements
nationalistes pour dénoncer le retour du "mal absolu"... Rappelons qu'à
cette époque, l'extrême droite, toutes tendances additionnées,
atteignait péniblement 1,5% lors des élections.
Des
dizaines de militants ont été arrêtés, perquisitionnés, livrés à la
vindicte démocratique, des mouvements ont été dissouts, des locaux
saccagés, des carrières professionnelles brisées.... Plusieurs camarades
ont été blessés, l'un a même été vitriolé sans que cela n'offusque les
bonnes consciences de la bien-pensance institutionnalisée. Et, 37 ans
après, les dernières pistes, pourtant bien éloignées des forces
patriotiques, s'estompent... C'est un lamentable échec pour la Police et
pour la Justice.
Libération,
dans son édition d'aujourd'hui (voir l'article ci-dessous), peut-être
pour légitimer les vils mensonges médiatiques, rappelle que cet attentat
faisait suite à une série d'autres qui, eux aussi, furent
précipitamment attribués aux nationalistes. Rappelons à notre tour
qu'aucun d'entre eux, mise à part une exception, ne fut vraiment
élucidé... L'exception ? Un fripier du Sentier qui avait incendié sa
propre boutique rue d'Aboukir (après avoir peint lui-même des graffitis
antisémites sur la porte), pour toucher l'assurance...
La
seule vraie question que les enquêteurs et les inquisiteurs auraient dû
se poser était la suivante : MAIS À QUI DONC PROFITAIT CE CRIME ?
Roland Hélie
Synthèse nationale
Revue de presse : Attentat de la rue Copernic : un non-lieu peu commun
Libération 12 janvier 2018
Le
Libano-Canadien Hassan Diab, soupçonné d’avoir posé la bombe qui a tué
quatre personnes près d’une synagogue à Paris en 1980, a été libéré
vendredi. Retour sur presque quatre décennies d’enquête.
Une
bombe, 4 morts, 46 blessés, trente-sept ans d’investigation et… un
non-lieu. C’est ainsi que s’est soldée vendredi l’enquête sur l’attentat
de la rue Copernic, l’une des plus célèbres de l’antiterrorisme
français. Estimant qu’il n’existe «pas de charges suffisantes», les
juges d’instruction Jean-Marc Herbaut et Richard Foltzer ont mis hors de
cause le principal suspect, Hassan Diab, 64 ans. Universitaire
libano-canadien au parcours parfois énigmatique, ce dernier est accusé
d’avoir posé la bombe qui a coûté la vie à quatre personnes aux abords
de la synagogue parisienne. Placé à l’isolement depuis trois ans à la
maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, il a été libéré vendredi en début
d’après-midi. Le parquet a aussitôt fait appel de la décision de
non-lieu, provoquant l’ire de l’avocat de Hassan Diab, William Bourdon,
qui rappelle que son client a déjà bénéficié dans cette affaire de huit
décisions de remise en liberté de quatre juges différents. «Si la
passion peut l’emporter sur la raison du côté des parties civiles, on le
comprend beaucoup moins du côté du parquet qui, par son obstination à
fabriquer un coupable, verse dans le maximalisme judiciaire», s’insurge
le pénaliste. Soupçonné d’avoir appartenu au groupe terroriste Front
populaire de libération de la Palestine-opérations spéciales, identifié
par les services secrets français en 1999 et extradé du Canada en
novembre 2014, Hassan Diab a toujours clamé son innocence.
Carcasse de motocyclette
Ce
3 octobre 1980, il est environ 18 h 30 lorsqu’une violente explosion
souffle les alentours de la synagogue de la rue Copernic. En arrivant
sur les lieux quelques minutes plus tard, la brigade criminelle de Paris
découvre une scène de guerre. Des voitures sont retournées en travers
de la chaussée, le plafond de la synagogue s’est écroulé et toute la rue
est jonchée de morceaux de verre et de gravats. Le bilan aurait pu être
bien plus lourd si l’explosion s’était produite quelques minutes plus
tard, à la sortie de l’office. Ce jour-là, plus de 300 personnes sont
présentes à l’intérieur de la synagogue. A quelques mètres de l’entrée,
les enquêteurs repèrent une carcasse de motocyclette totalement
carbonisée, dont ils parviennent à déchiffrer la plaque
d’immatriculation. Le début d’une enquête qui va s’étirer sur près de
quatre décennies.
Grâce
à la plaque, les policiers localisent rapidement le concessionnaire
d’où vient la moto, non loin de la place de l’Etoile. Elle a été vendue
deux semaines plus tôt à un certain Alexander Panadriyu, qui s’est
présenté avec un passeport chypriote. Les vendeurs décrivent un homme
âgé d’environ 25 ans, mesurant entre 1,65 m et 1,68 m, parlant français
avec un accent étranger, porteur d’une fine moustache, de cheveux blonds
avec des mèches plus foncées, de lunettes de vue rectangulaires et
d’une veste en cuir beige. «Ce qui m’a frappé le plus chez cet individu,
c’est qu’il avait le visage émacié, les traits fins et réguliers»,
précise alors un des témoins. Un portrait-robot est aussitôt établi à
partir de ces premières déclarations. Grâce au carnet d’immatriculation
de la moto, les enquêteurs de la Crim remontent ensuite jusqu’à la
dernière adresse connue où a séjourné Alexander Panadriyu, l’hôtel
Celtic, à Paris. Là-bas, ils saisissent une fiche d’enregistrement puis
interrogent le réceptionniste, le concierge de nuit et même une
prostituée avec qui le suspect a passé une partie de sa dernière nuit et
qui leur indique qu’il est circoncis.
Alors
que les enquêteurs poursuivent leurs investigations dans la plus grande
discrétion, une première piste voit le jour. Quelques heures seulement
après l’explosion, l’attentat est revendiqué par le mouvement d’extrême
droite Faisceaux nationalistes européens (FNE), avant que son président
ne démente l’information. Mais l’hypothèse, relayée aussi bien par les
médias nationaux que par les responsables politiques, va continuer à
être exploitée pendant plusieurs semaines. Elle apparaît alors d’autant
plus naturelle qu’au cours des deux années précédentes, plus de 160
attentats ont été revendiqués par différents mouvements d’extrême
droite, visant notamment des locaux d’associations antiracistes ou
juives. Dans les semaines qui suivent, plusieurs dizaines de personne
sont interpellées en France, membres du FNE, de l’Action française ou
simples sympathisants d’extrême droite. Mais toutes seront mises hors de
cause.
Notes déclassifiées
Les
enquêteurs vont alors bifurquer sur une autre piste, celle du
terrorisme palestinien. Quelques semaines après l’attentat, la Brigade
criminelle est en effet destinataire d’un renseignement confidentiel des
autorités allemandes, indiquant que les auteurs de l’attaque seraient
des Palestiniens ayant regagné Beyrouth immédiatement après les faits.
L’attentat serait l’œuvre d’un groupe de cinq hommes dont un d’origine
libanaise, nommé Hassan, bien connu à Beyrouth. De son côté, la
Direction de la surveillance du territoire (DST), le service de
contre-espionnage français, fait état d’une information fiable d’un
autre service étranger ciblant cette fois un groupe dissident du Front
de libération de la Palestine. Plusieurs notes déclassifiées, transmises
à la justice, semblent confirmer cette hypothèse, également corroborée
par différentes enquêtes journalistiques. Mais rien de concret ne permet
de remonter jusqu’à Alexander Panadriyu, l’homme de la moto et de
l’hôtel Celtic.
L’affaire
va finalement rebondir près de vingt ans plus tard, en 1999, lorsque la
DST transmet aux juges d’instruction de nouveaux renseignements de
«bonne valeur» sur l’identité des personnes ayant participé à
l’attentat. Le service révèle notamment qu’un passeport au nom de Hassan
Diab a été saisi le 8 octobre 1981 à Rome, lors de l’arrestation d’un
Palestinien impliqué dans un autre attentat commis à Anvers, en
Belgique. Sur le document, la photo ressemble de façon troublante au
portrait-robot du poseur de bombe. Surtout, le passeport arbore un visa
d’entrée sur le territoire européen daté du 20 septembre 1980, et un
visa de sortie du 7 octobre, soit quatre jours après le crime. Commence
alors une enquête mondiale pour retrouver la trace de Hassan Diab.
Israéliens, Libanais, Allemands, Américains, Canadiens, tous concourent à
la recherche d’indices concernant le suspect. En octobre 1999, le
bureau Interpol de Washington transmet des premiers éléments à la
justice française. Les magistrats apprennent ainsi l’arrivée de Hassan
Diab sur le sol américain le 27 août 1987, en compagnie de Nawal C.,
épousée une semaine plus tôt à Chypre. Installé à Syracuse, près de la
frontière canadienne, le couple se fait discret. Diab poursuit des
études de sociologie et semble voué à une brillante carrière
professorale.
«Cinq mots»
En
France, des analyses graphologiques sont entreprises. Une comparaison
minutieuse est effectuée pour tenter de déterminer si l’écriture
présente sur la fiche d’enregistrement de l’hôtel Celtic est la même que
celle figurant sur les documents administratifs de Diab aux Etats-Unis.
Deux experts étudient en particulier le dossier déposé par le suspect à
l’université de Syracuse, ainsi que ses documents d’immigration. C’est
l’aspect le plus homérique du dossier. Pour le premier expert, Dominique
Barbe-Prot, il n’est que «probable» que Hassan Diab soit le scripteur
de la fiche de l’hôtel. Evelyne Marganne, elle, est catégorique : Diab
en est forcément l’auteur. En conséquence, une troisième ordonnance de
comparaison est alors confiée à Anne Bisotti, qui tranche : «Il existe
une forte présomption que Hassan Diab ait écrit les cinq mots sur la
fiche de l’hôtel.»
Ultérieurement,
les avocats de Diab diligenteront quatre contre-expertises, contestant
la méthodologie utilisée par Anne Bisotti. Toutefois, c’est bien sur la
base de ces analyses graphologiques que le juge antiterroriste Marc
Trévidic réclamera l’extradition de Hassan Diab en 2008. Il réside à
cette époque dans la banlieue d’Ottawa, au Canada, et enseigne à temps
partiel à l’université de Carleton. Appréhendé par la police le 13
novembre 2008, il ne sera extradé que six ans plus tard. Depuis, les
éléments à décharge se sont multipliés. L’enquête a notamment recueilli
des documents universitaires et les témoignages de certains proches de
Diab ayant déclaré qu’à la fin de l’été 1980, ils révisaient leurs
examens ensemble à Beyrouth. Et les magistrats de conclure : «Il est
donc peu vraisemblable que Hassan Diab soit l’homme utilisant la fausse
identité d’Alexander Panadriyu, qui se trouvait en France à partir du 22
septembre 1980 et qui a ensuite posé la bombe rue Copernic.»