Maxime Perrotin
Le Front national
va-t-il changer de nom? La question est sur toutes les lèvres depuis la
polémique sur les chiffres de la consultation lancée auprès de ses
adhérents par le FN en novembre. Aussi désiré par Marine Le Pen soit-il,
ce changement de nom est-il une solution pour un parti présenté comme
«en déclin» depuis les présidentielles ?
«Cela
ne servirait strictement à rien de changer de nom. Je pensais que
changer de nom favoriserait le processus de dédiabolisation. Puis je me
rends compte que, de toute manière, quel que soit notre nom — même si
on s'appelait "la baie des anges", on nous stigmatiserait, on nous
diaboliserait!»

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REUTERS/ Gonzalo Fuentes
Entre les levées d'immunité parlementaire de Gilbert Collard et
Marine Le Pen, la volonté de l'exécutif de réformer le temps de parole
des formations politiques à l'occasion des élections européennes,
proportionnellement à leur représentation au Parlement ou la difficulté
du parti à nouer des alliances, la presse dépeint le FN comme
«inaudible», «en perte de vitesse» et avec un «électorat en proie au
doute».
La candidate malheureuse à la présidentielle voit-elle donc ce relooking comme une planche de salut? Elle a en tout cas réitéré lors d'un déplacement en Normandie, dimanche 7 janvier, son attachement au changement de nom de la formation politique crée par son père en 1972, afin d'en faire un «parti de gouvernement», susceptible de nouer des alliances, cette perspective de rebaptiser le parti ne ferait l'unanimité au sein des adhérents.
déclarait
la Présidente du parti lors d'une conférence de presse à Alençon,
affirmant que les militants seraient «plutôt majoritairement pour un
changement de nom» à ce stade du dépouillement des 28.000 questionnaires
retournés par les adhérentes frontistes dans le cadre de la «grande
consultation» lancée par le parti en novembre. Une déclaration qui vient
prendre à contrepied une information communiquée par RTL en date du 4 janvier, selon laquelle «80% des adhérents refusent que le FN s'appelle autrement».
La candidate malheureuse à la présidentielle voit-elle donc ce relooking comme une planche de salut? Elle a en tout cas réitéré lors d'un déplacement en Normandie, dimanche 7 janvier, son attachement au changement de nom de la formation politique crée par son père en 1972, afin d'en faire un «parti de gouvernement», susceptible de nouer des alliances, cette perspective de rebaptiser le parti ne ferait l'unanimité au sein des adhérents.
«Aujourd'hui, si nous changeons le Front national, alors il faut aussi changer l'appellation»,

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Sputnik.
Une tendance qui selon la première radio de France, mettant en avant
les ses sources au sein du parti, émergerait du dépouillement encore
partiel des questionnaires. Une information rapidement reprise par les
autres médias tout en étant qualifiée de «fake news» par des cadres du
Front national, à commencer par son porte-parole, Sébastien Chenu, auprès du Figaro ou Steeve Briois, Premier secrétaire, sur les réseaux sociaux.
Plus récemment, le chiffre de RTL a de nouveau été démenti les
proches de la présidente, «d'après les premiers résultats d'un
dépouillement très partiel des questionnaires, seulement 40% des
militants rejettent cette idée», assurerait jeudi 11 janvier, au Parisien, Philippe Olivier, conseiller de la patronne du Front.
Changer le nom du FN, une priorité que juge «relativement
secondaire» le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême
droite, qui rappelle le score historique réalisé par le parti lors des
dernières élections avec son nom historique et qui n'est donc pas
«persuadé que sous un autre nom, il aurait fait mieux». Pour lui, un
rejet «probable» du changement de nom par les adhérents ne serait «pas
bon» pour Marine Le Pen, qui souhaite cette rupture avec le passé depuis
qu'elle a repris les rênes du parti.
Pour Jean-Yves Camus, «le malaise est beaucoup plus profond que
cela», mettant en avant la qualité de la prestation de Marine Le Pen
lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours, l'offre politique durant
les présidentielles, avec «l'irruption du phénomène Macron» ou encore le
«flou» de la ligne du parti sur un bon nombre de sujets, notamment sur
la question de l'Europe.
Le débat «raté» et «l'incompréhension» qu'il a suscitée auprès
d'adhérents en proie au doute, un élément mis en avant par Éric Dillies,
conseiller régional dans les Hauts-de-France lors d'une interview à RTL fin octobre 2017 pour expliquer sa candidature à la présidence du Front national.
Car hormis les nouveaux statuts, le premier bureau politique de l'année du FN qui s'est tenu en début de semaine avait également pour but de préparer le 16e congrès du parti, qui doit se tenir à Lille les 10 et 11 mars prochain durant lequel la Présidence du Front sera remise en jeu jusqu'à l'horizon 2021, tout comme son Comité central (actuel «parlement» du FN). Une prestation de l'entre-deux-tours, mise en avant de manière récurrente, sur laquelle revient le politologue:
Une candidature d'Éric Dillies déclarée de façon tardive,
le 20 octobre, soit la veille la fermeture des dépôts et alors que la
démarche devait être soutenue par les parrainages d'au moins 20
secrétaires départementaux et qui reste donc virtuelle.
Autre candidat putatif, Jean-Pierre Hottinger, ex-candidat FN aux
élections législatives dans la 7e circonscription des Français de
l'étranger, qui quant à lui se présente en «candidat libre» à la
présidence du parti.
Une configuration qui laisse peu de doute quant à l'issue des élections, selon Jean-Yves Camus, pour qui «l'affaire est somme toute pliée». Le journaliste dépeint un gouffre en termes de «notoriété, en termes de responsabilités passées et présentes, en termes de visibilité» entre Marine Le Pen et ses potentiels concurrents. Ainsi, pour Jean-Yves Camus, «le combat n'est pas égal» et la présidence «acquise» à Marine Le Pen.
«Elle est persuadée que l'obstacle principal
qui se dresse sur le chemin du FN, c'est précisément ce nom qui renvoie
selon elle à l'époque où son père dirigeait le mouvement et aux
incartades de langage qu'étaient les siennes à cette époque.»
«C'est pour ces raisons-là, me semble-t-il, que
le Front national patine, même s'il n'est pas mort, tant s'en faut»,
insiste le politologue.
Car hormis les nouveaux statuts, le premier bureau politique de l'année du FN qui s'est tenu en début de semaine avait également pour but de préparer le 16e congrès du parti, qui doit se tenir à Lille les 10 et 11 mars prochain durant lequel la Présidence du Front sera remise en jeu jusqu'à l'horizon 2021, tout comme son Comité central (actuel «parlement» du FN). Une prestation de l'entre-deux-tours, mise en avant de manière récurrente, sur laquelle revient le politologue:
«Ce qui est assez injuste, car un candidat est
toujours préparé par une équipe, finalement il ne peut pas correctement
se comporter dans ce débat si la préparation a été mauvaise.»
Une configuration qui laisse peu de doute quant à l'issue des élections, selon Jean-Yves Camus, pour qui «l'affaire est somme toute pliée». Le journaliste dépeint un gouffre en termes de «notoriété, en termes de responsabilités passées et présentes, en termes de visibilité» entre Marine Le Pen et ses potentiels concurrents. Ainsi, pour Jean-Yves Camus, «le combat n'est pas égal» et la présidence «acquise» à Marine Le Pen.
«S'il pouvait venir une véritable contestation
sur des bases idéologiques, stratégiques, elles seraient venues, je
pense, de Marion Maréchal-Le Pen. Bruno Gollnisch incarne lui aussi une
autre sensibilité, mais il n'a pas l'intention de tenter de nouveau sa
chance.»