Guillaume Bernard répond aux questions de Boulevard Voltaire à propos du congrès du FN.
Vous avez suivi avec beaucoup d’attention le congrès du Front national. Quelle est votre analyse?
Je crois tout
d’abord que la réunion de ce congrès était statutairement prévue. Il
était normal qu’il se tînt. Mais je crois aussi qu’il y avait un certain
tangage au sein de l’organisation. Marine Le Pen
a certes réussi à être au second tour de la présidentielle, mais a fait
un score en-deçà des espérances du Front National. Par conséquent, son
autorité était battue en brèche. Elle était en partie discréditée dans
l’opinion publique. Il fallait donc qu’elle réaffirme son autorité.
De ce point de vue là, il semble qu’elle ait réussi à réaffirmer son pouvoir dans l’appareil et de mettre à ses côtés, dans les instances dirigeantes, les personnes qui lui sont proches et dévouées.
De ce point de vue là, il semble qu’elle ait réussi à réaffirmer son pouvoir dans l’appareil et de mettre à ses côtés, dans les instances dirigeantes, les personnes qui lui sont proches et dévouées.
Avec son nouveau nom, censé être
plus ouvert et moins clivant, le Front National est-il capable d’engager
des alliances à droite ?
C’est une question très importante. Pour autant, le changement de nom ne traduit pas un changement de ligne.
On a bien vu qu’avec le départ de Florian Philippot, il y avait
peut-être la possibilité pour le Front national de changer de stratégie
et de discours global. Or, Marine Le Pen est restée sur les mêmes principes que ceux qui avaient animé sa campagne présidentielle.
Certes, elle a davantage parlé d’identité et d’immigration. Elle a
également innové en abordant des questions liées à la bioéthique, au
transhumanisme et aux questions anthropologiques. Néanmoins, elle a
parfaitement reconduit son positionnement politique sur l’opposition
entre les nationaux et les mondialistes. Cette opposition est réelle
tant d’un point de vue doctrinal que d’un point de vue électoral, mais
réductrice. Elle a voulu maintenir l’illusion que le clivage droite-gauche n’existe pas.
Comment peut-elle envisager de faire des alliances, tout en disant que par ailleurs, il n’y a pas de clivages droite-gauche ? Avec qui veut-elle faire des alliances ? (...)
Ce type de congrès aide-t-il l’union de la droite ?
Je crois que nous sommes dans une situation extrêmement claire. LR
et le Front National espèrent l’un et l’autre tuer l’autre parti
politique et récupérer les électeurs lors des prochaines élections
européennes. Ils s’imaginent qu’après avoir éliminé l’autre
parti politique, ils pourront gagner ou progresser lors des élections
locales, les municipales, les départementales et les régionales, et donc
arriver en force à la présidentielle. Je crois malheureusement
que cela risque d’aboutir à l’échec. Ils vont plutôt s’affaiblir
réciproquement, et ne constitueront pas une force politique capable de
repousser Emmanuel Macron vers la gauche.
Il me semble
que l’union des droites ou, plus précisément, l’unité de la droite, est
possible mais à condition de se passer des actuels partis qui ont un
esprit sectaire et boutiquier. L’unité de la droite est
possible à condition de repartir sur une autre droite, une autre
formation politique, une droite alternative qui pourrait évidemment
réunir des personnes qui viennent de tous les partis politiques qui sont
véritablement de droite.
Il y a des gens de droite à LR, il y a des gens de droite au Front National, au PCD, au SIEL, au PDF etc. À mon sens, la recomposition de la droite passe par l’élimination des forces politiques actuelles telles qu’elles existent et par l’émergence d’une nouvelle force de droite alternative."