Le krach viendra et les créations monétaires par les banques centrales pour sauver les meubles entraîneront une hyperinflation à l’échelle du globe comparable à celle de l’Allemagne en 1923…
Marc Rousset
Aux États-Unis, le rendement des bons du Trésor à dix ans (T-Bonds)
a atteint, pour la première fois, le seuil psychologique des 3 % le
mardi 24 avril. Il semble que plus rien, maintenant, ne pourra arrêter
la hausse inéluctable des taux d’intérêt appelés à dépasser les 10 %.
L’inflation va s’accroître suite au protectionnisme commercial et à la
baisse des impôts de Donald Trump. En France, la croissance se tasse et
il y a danger mortel sur la dette si les taux d’intérêt continuent
d’augmenter. L’orchestre médiatique continue de jouer, mais il y a trop
de voies d’eau à bord du Titanic de l’économie mondiale qui finira par sombrer.
Aux
États-Unis, la situation n’est guère brillante car la quantité de
monnaie offerte a été multipliée par 16, en passant de 940 milliards de
dollars à 15.000 milliards entre 1981 et 2016, tandis que la vitesse de
circulation de la monnaie s’écroulait des deux tiers, en passant de 3,6 à
1,2. La dette globale des États-Unis, elle, a été multipliée par 47, de
1.500 milliards de dollars, en 1969, à 70.000 milliards, en 2017, alors
que, pendant la même période, le PIB américain n’était multiplié que
par 19, c’est-à-dire qu’il a fallu, pendant ces 48 dernières années, 2,5
dollars de dette pour générer 1 dollar de PIB. Depuis 2006, il a même
fallu 5 dollars de dette pour générer 1 dollar de PIB.
Certains
voient déjà le baril de pétrole de nouveau à 150 dollars, mais c’est
peu probable car la hausse actuelle a été provoquée par les quotas
limitatifs à l’exportation de la Russie et de l’Arabie saoudite, et le
pétrole de schiste américain va pouvoir augmenter très fortement les
quantités offertes. Seul un conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite
alliée avec Israël et les États-Unis pourrait faire s’envoler le prix du
baril.
L’Union
bancaire en zone euro ne se fera certainement pas, suite aux
résistances de l’Allemagne qui sent bien que, d’ici peu de temps, il va
falloir régler de très lourdes ardoises. Madame Merkel joue à la Bonne
Samaritaine, mais « pas dans un futur immédiat, dans un avenir plus
distant », car elle demande à ce que soit d’abord résolu, au niveau
national de chaque pays, le problème des créances douteuses bancaires.
En résumé : après le krach à venir, ce qui n’a rien de rassurant ! Même
les banques allemandes sentent la pression et Nord/LB rencontre de très
grosses difficultés pour résoudre son problème de capitalisation après
la reprise de Bremer Landesbank, en quasi-faillite.
La
BCE craint le démantèlement de la division banque d’investissement de
la Deutsche Bank, qui pèse 1.100 milliards de dollars, soit un risque
systémique comparable à Lehman Brothers. Deutsche Bank a dû payer 17
milliards de dollars en amendes diverses pour mauvais comportements
depuis 2008. Aux États-Unis, le gouvernement surveille les grandes
banques susceptibles de menacer la stabilité financière. J.P. Morgan
Chase, avec plus de 2.500 milliards d’actifs, est en tête de liste,
suivie par Bank of America, Wells Fargo et Deutsche Bank. Ces trois plus
grandes banques américaines « too big to fail » (« trop
importantes pour faire faillite ») ont enregistré une augmentation de
180 % de leurs dépôts durant la dernière décennie.
À
Wall Street, la correction des GAFA, malgré la guerre commerciale
États-Unis/Chine, n’a pas encore commencé, même avec un ratio
prix/bénéfice de 329 fois les profits estimés. Le ratio d’Amazon est à
440, alors qu’il dépassait 900 fin 2015.
Le
haut du cycle économique et boursier est atteint et les risques
renaissent, suite à la surévaluation des marchés, à la hausse des taux
d’intérêt, à la guerre commerciale, monétaire et technologique entre les
États-Unis et la Chine, à l’onde de choc populiste avec l’AfD en
Allemagne, l’Italie ingouvernable et les démocraties nationalistes
polonaise, tchèque et hongroise. Le krach viendra et les créations
monétaires par les banques centrales pour sauver les meubles
entraîneront une hyperinflation à l’échelle du globe comparable à celle
de l’Allemagne en 1923…
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