Sur le Figarovox,
Laetitia Pouliquen dénonce l'ambiguïté du droit français, qui a d'une
part le courage de pénaliser les clients de prostituées au nom de la
lutte pour les droits des femmes, mais qui se montre dans le même temps
de plus en plus tolérant à l'égard des personnes ayant recours à une GPA
à l'étranger. Laetitia Pouliquen est fondatrice de Woman Attitude et de
NBIC Ethics. Extrait :
"En ce jour où l'on célèbre les droits des femmes, comparer prostitution féminine et pratique des mères porteuses peut sembler incongru voire choquant. Et pourtant, à y regarder de près, ces pratiques présentent des similarités qui méritent d'être mises en lumière car elles sont esclavagistes et aliénantes. Si la loi protège les prostituées depuis 2016, en pénalisant les clients qui ont recours à la location de sexe, la GPA est certes interdite en France mais divers jugements ont créé une tolérance envers le recours à des GPA réalisées à l'étranger.
Pénalisation du client, échanges monétaires, contraintes, marchandisation du corps et aliénation psychologique: ces points de comparaison sont autant de pistes pour comprendre la violence faite aux femmes par la prostitution et la GPA et la nécessité de leur abolition internationale.Décrivons qui sont ces femmes qui «gagnent leur vie» avec la prostitution et la gestation pour le compte d'autrui. La France compte 37 000 prostituées dont 78 % sont étrangères. La grande majorité d'entre elles vit sous la coupe de proxénètes. De façon identique, les mères porteuses sont souvent étrangères au pays d'origine des parents commanditaires ; elles sont nombreuses en Asie, aux États-Unis, en Ukraine et en Amérique du Sud ; elles agissent pour le compte d'un intermédiaire rétribué par l'acheteur et sont souvent contraintes du point de vue de leur mode de vie.
Une entrée dans la prostitution s'opère vers 14 ans en moyenne et les prostituées présentent une espérance de vie de moins de 40 ans et un taux de suicide douze fois supérieur à la population générale. Les profils recherchés pour les mères porteuses sont, elles, des femmes asiatiques âgées entre 20 et 30 ans, ayant déjà eu un enfant sans complication, obéissantes et souvent illettrées de façon à ne pas pouvoir démontrer d'esprit critique.
Alors finalement pourquoi choisissent-elles ces pratiques? Il semble que le premier moteur de la prostitution est l'argent «facile». Même l'Organisation Internationale du Travail approuvait ses mannes financières en 1998 en reconnaissant que la légalisation de l'industrie du sexe bénéficierait aux États eux-mêmes comme une activité très lucrative. La GPA est un commerce aisé, et il est aisé de comprendre qu'une femme gagnant 150 dollars par mois de salaire soit attirée par les promesses d'enrichissement lié à la production d'un enfant par GPA: environ 3 700 euros pour la mère à la «livraison» de l'enfant en Inde. [...]
L'existence d'une GPA dans sa forme non-commerciale, dite «altruiste», pourrait contredire la motivation monétaire: dans certains cas, c'est une amie, une sœur ou une personne recrutée sur internet qui propose de «prêter» son utérus sans rétribution monétaire. [...] Au-delà de la rédemption que ces mères porteuses recherchent, on notera l'hypocrisie de la notion d'altruisme car toutes les enquêtes convergent: les difficultés juridiques et une compensation monétaire en nature seront les mêmes que pour une GPA dite commerciale, interdite en France.
Alors si la GPA paraît comparable à la prostitution, serait-elle une pratique encore plus aliénante et plus esclavagiste que la prostitution, en définitive? Depuis avril 2016, les clients de prostituées interpellés en flagrant délit tombent sous le coup de la loi qui prévoit une amende pénale allant jusqu'à 1 500 euros, ou alternativement, un stage de sensibilisation à la pratique de la prostitution. [...] Ainsi, comme la loi française protège les femmes de la prostitution, elle doit également pénaliser les «acheteurs» d'enfants. [...]
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