Le virage à droit de l’Amérique
latine semble se confirmer. Ce dimanche 17 décembre, le conservateur
Sebastian Piñera a remporté l’élection présidentielle au Chili avec plus
de 55% des voix. L’ancien président et milliardaire de 68 ans succède
ainsi à la socialiste Michelle Bachelet. Il gouvernera de 2018 à 2022.
Un ancien président réélu
Après des études à Harvard, Sebastian
Piñera a fait fortune en lançant les cartes de crédit au Chili dans les
années 1980. En 2010, Piñera a été le premier président de droite élu
depuis 1990 et la fin de la dictature de Pinochet.
Son passage à La Moneda, le palais présidentiel, n’a toutefois pas
entraîné beaucoup de changements au sein de cette société conservatrice.
Le Chili bénéficiait alors d’un cours élevé du cuivre, principale
ressource du pays. Piñera a toujours cherché à marquer ses distances
avec les années Pinochet. A la tête de Chile Vamos, il défend l’idée d’une « droite rénovée et libérale ».
L’irruption sur la scène présidentielle de José Antonio Kast, le
candidat d’extrême droite, a néanmoins contraint Piñera à durcir son
discours. Il a reçu le soutien de son ami Mario Vargas Llosa, prix Nobel
de Littérature.
Un échec cuisant pour la coalition de centre gauche
Michelle Bachelet, la présidente
sortante, ne pouvait pas se représenter. L’échec du candidat de centre
gauche, Alejandro Guillier, semble marquer un profond mécontentement de
la population contre elle. L’appel de Beatriz Sánchez, candidate de Frente Amplio, à voter pour Guillier n’aura rien changé. La chute du cours de cuivre a fragilisé l’économie chilienne.
Le pays a également été ébranlé par des scandales de corruption
concernant le financement illégal de campagnes électorales. En 2016,
Michelle Bachelet bénéficiait de moins de 15% d’approbation au sein de
la population. En octobre 2016, la coalition de centre gauche avait déjà connu un revers électoral lors des élections municipales.
Si les résultats à la présidentielle s’annonçaient serrés, il en a été
tout autrement. Piñera s’est imposé avec 3,7 millions de voix, contre
3,1 millions pour son rival.
« Des jours meilleurs vont venir »
Depuis deux ans, l’économie chilienne
est en berne : 7,1% de chômage, 15% de pauvreté, 1,5% de croissance
prévue en 2017. Sebastian Piñera a promis de doubler le taux de
croissance et de créer 600 000 emplois. Il a annoncé vouloir baisser les
impôts pour les entreprises, augmenter les retraites et réduire la
pauvreté. Un nouveau rebond du cours du cuivre pourrait permettre à
Piñera de financer ces mesures et de dynamiser l’économie. Enfin, il a
promis à son électorat conservateur de revenir sur certaines avancées
sociétales du gouvernement sortant comme le mariage homosexuel et la
dépénalisation de l’avortement. Il lui faudra toutefois compter avec la
Chambre des Députés et le Sénat, où il ne dispose que d’une majorité
relative. Piñera est conscient qu’il ne sera pas simple de revenir sur
certaines réformes opérées par Michelle Bachelet. C’est pourquoi il
semble privilégier le dialogue et l’union nationale.