Catalogne, Corse, Lombardie, Écosse: les mouvements régionalistes ont occupé le devant de la scène politique européenne en 2017.
Avec quatre référendums en l'espace d'un an, l'unité nationale de plusieurs pays d'Europe est remise en question par de nombreux mouvements régionalistes. Indépendantistes ou autonomistes, proches de l'extrême droite ou d'inspiration sociale-démocrate, économiques et identitaires: les divers régionalismes européens ont occupé le devant de la scène politique internationale en 2017. Voici un tour d'horizon non exhaustif des régions bousculées par ces mouvements.> En Catalogne, situation de blocage
Avec 82% de votants, les Catalans se sont massivement rendus aux urnes jeudi pour élire leur nouveau Parlement régional. Si les unionistes de Ciudadanos récoltent le plus grand nombre de voix, les indépendantistes, séparés en trois factions, l'emportent en nombre de sièges, grâce au système de pondération adopté pour ce scrutin.Plus que jamais, la Catalogne se trouve dans une situation de blocage politique, comme l'explique dans Libération le journaliste espagnol Enric Juliana:
"Les indépendantistes, même s’ils l’emportent, savent qu’ils ne pourront plus obtenir cette indépendance. Quant aux unionistes, ils savent que la Catalogne restera une région profondément divisée et qui leur échappe en bonne partie. (...) Aux deux camps, ce scrutin servira juste à se réaffirmer l’un l’autre. Et il donnera sans nul doute lieu à un exécutif précaire, un exécutif d’attente."
> La Corse en quête d'autonomie
Les nationalistes corses, réunis par l'autonomiste Gilles Simeoni et l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, ont remporté début décembre une victoire historique
aux élections territoriales, qui leur donne; malgré une abstention
record, les clés de la nouvelle collectivité territoriale unique qui
verra le jour le 1er janvier.
Avec
56,5% des suffrages exprimés, Pè a Corsica a obtenu une large majorité
des 63 sièges que comptera la nouvelle assemblée territoriale. Les
nationalistes occuperont également les 11 sièges du conseil exécutif de
l'Île de Beauté, son "mini-gouvernement".
La coalition revendique un statut d'autonomie
pour "les champs essentiels de l'action publique", laissant toutefois
les domaines régaliens à la compétence de l'Etat. Sur le plan financier,
l'autonomie devra se traduire par "un transfert de ressources
permettant d'exercer les compétences dévolues" et par la création d'un
"véritable statut fiscal et social".
> Lombardie et Vénétie, régionalisme économique
Les régions italiennes de Lombardie et de Vénitie ont organisé fin octobre un référendum consultatif pour réclamer davantage d'autonomie à Rome. Les régions de Milan et de Venise, jalouses de leurs voisines - Frioul, Trentin-Haut-Adige et Val D’Aoste bénéficient toutes d'un statut spécial - veulent bénéficier d'une plus grande lattitude, notamment en matière fiscale. Le solde fiscal - différence entre ce que les habitants versent comme taxes et impôts et reçoivent comme dépenses publiques - de ces deux régions avoisine en effet les 70 milliards d'euros.Avec 57% de suffrages exprimés, la mobilisation autour de cette consultation a été moyenne. Elle donne toutefois des résultats écrasant en faveur d'une plus forte autonomie: 95% en Lombardie et 98% en Vénétie.
> En Écosse, le Brexit change la donne
Un premier référendum semblait avoir tranché la question de l'indépendance de l'Écosse en septembre 2014, avec 55% de voix contre. Le Brexit lancé depuis le référendum de juin 2016 a cependant rebattu les cartes, puisque l'Écosse avait alors voté à 62% pour le maintien dans l'UE."Les circonstances ont changé avec le Brexit", avait expliqué la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, tandis que le parlement régional d'Écosse l'avait autorisé fin mars après un vote à demander à Londres l'organisation d'un nouveau référendum d'indépendance. La dirigeante du Scottish National Party - principal représentant des partis régionalistes, qui détiennent 48% des sièges au Parlement - veut notamment que l'Écosse continue à faire partie du marché unique européen. Ce nouveau référendum pourrait avoir lieu à l'automne 2018.
> La Flandres tentée par le confédéralisme
Avec 36,8% des voix aux dernières élections, le mouvement en faveur de l'indépendance flamande n'est pas majoritaire au Parlement régional. Cependant, le parti de l'indépendance, la Nouvelle alliance flamande, vise a minima l'autonomie de la région néerlandophone d'ici 2019."ll n’y pas de majorité en Flandre pour l’indépendance", reconnaissait en octobre dernier le ministre-président nationaliste Geert Bourgeois. Ce dernier expliquait alors plaider "pour le confédéralisme, parce que l’on veut des leviers aussi pour le marché du travail et la fiscalité".
Louis Nadau