Il ne s’agit point de médire de notre enseignement, mais d’en
déplorer l’écroulement national, si l’on prend au sérieux les résultats
statistiques de sa partie primaire, hier classée au plus bas en Europe,
pour ce qui est de l’arithmétique, et à une place médiocre, sinon
alarmante pour un pays se voulant une grande puissance dans le monde, en
grammaire. L’effort du présent ministre est à noter, après les folies
ou divagations de ses prédécesseurs, d’introduire la discipline d’une
dictée quotidienne, mais cela ressemble, à user d’une métaphore
militaire, à une distribution de cartouches sans fusil, car tout
l’édifice logique de la grammaire, qui est un art de bien penser, est
depuis longtemps écroulé.
L’on parlera de réussites individuelles, ou de succès statistiques « d’apprenants » dans les examens généraux de fin d’études – mot absurde puisqu’il n ‘y aura pas eu de vrai commencement et de fondation assurée -, et de carrières, mais que vaut un savoir au sein d’une nation ou d’une nature de peuple fragilisée, et ignorant qu’elle porte en elle un destin, lequel la broiera si elle ne le maîtrise ? Cette question s’est posée au professeur Heidegger, le terme de professeur étant plus proche de la profession de foi que de l’exercice mécanique de répétitions vides, brillantes mais infécondes, comme une coque de noix vide.
Lui-même n’eût point été surpris du délabrement de ce corps étudiant, car son engagement politique et celui de sa nation meurtrie et recouvrant cette santé de l’âme qu’est la vérité (selon le mot de Descartes) fut de surmonter le nihilisme ou réduction au néant de la culture entendue comme volonté populaire de garder le savoir et de se former par lui.
Dans un précédent article nous traduisions l’Appel de ce même Heidegger à ses collègues d’approuver l’appel du Guide du peuple allemand à quitter l’O.N.U. de son temps, la S.D.N. ou Ligue, Société des Nations de Genève, pour suivre son propre devoir. Nous reprenons ici le texte déjà traduit en 1987 par un défunt ancien maître de philosophie à l’université de Toulouse, Gérard Granel (1930-2000), que nous retraduisons de nouveau, pour être plus fidèle au texte allemand, du discours dit de Rectorat, adressé par Heidegger à ses étudiants de Fribourg-en-Brisgau, tenu le 27 mai 1933, lors de la solennité de sa prise en charge :
« La prise en charge du Rectorat est l’obligation de la conduite spirituelle de cette école supérieure. La suite [le mot Gefolgschaft étant employé au sens ancien chevaleresque d’une suite accompagnant un guide] des maîtres et des élèves croît et se renforce seulement à partir de l’enracinement véritable et commun dans l’essence de l’université allemande. Mais cette essence n’accède d’abord à la clarté, au rang et à la puissance, que si préalablement et en tout temps les guides sont eux-mêmes guidés par l’inflexibilité de cette charge spirituelle qui fait entrer de force le destin du peuple allemand dans l’empreinte de son histoire. »
Heidegger indique le sens d’être un Guide et en même temps un Guidé ! Alors s’évanouissent toutes les caricatures ou fantômes de fascisme que nous servent les fast-food de l’esprit.
« Car le décisif dans (l’acte) de conduire [« im Führen »] n’est pas le pur et simple aller de l’avant, mais est la force de pouvoir aller seul, non pas par égoïsme et plaisir de dominer, mais en vertu d’une détermination très profonde et d’une obligation très étendue. Une telle force oblige à l’essentiel, crée la sélection des meilleurs et éveille l’authentique suite de ceux qui sont d’un nouveau courage. Mais nous n’avons pas besoin d’abord d’éveiller. La corporation allemande est en marche [die deutsche Studentenchaft ist auf dem Marsch].
Et ceux qu’elle cherche, ce sont ces guides par lesquels elle veut élever sa propre détermination à une vérité fondée, savante et la placer dans la clarté de la parole qui agit significativement et de l’œuvre.
A partir de la décision de la corporation étudiante allemande de tenir ferme au destin allemand dans son extrême détresse advient une volonté d’essence de l’Université. Cette volonté est une vraie volonté, pour autant que la corporation étudiante grâce au nouveau droit estudiantin se place lui-même sous la loi de son essence et par là délimite avant tout cette essence. Se donner à soi-même la loi, est la plus haute liberté. »
« La tant vantée « liberté académique » sera repoussée de l’université allemande; car cette liberté était inauthentique [unech]), parce que seulement négatrice. Elle signifiait surtout insouciance, arbitraire des vues et des inclinations, licence [Ungebundenheit] dans le faire et laisser-faire. Le concept de liberté de la corporation étudiante allemande est maintenant ramené à sa vérité. A partir d’elle se déploient à l’avenir lien et service de la corporation étudiante.
Ce qui s’impose à l’étudiant : le lien de la nation au savoir.
1.Le premier lien est dans la communauté du peuple [Volksgemeinschaft].Il fait un devoir d’avoir part , en aidant à porter et en co-agissant, aux efforts et à la capacité de tous les états [terme préféré à celui plus égoïste et autodestructeur, au plan national, de classe] et membres du peuple. Ce lien est dorénavant affermi et enraciné dans l’existence estudiantine par le service du travail.
2. Le deuxième lien est attenant à l’honneur et au sort de la nation au milieu des autres peuples. Elle réclame la disponibilité, assurée dans le savoir et le pouvoir et sanctionnée par la discipline, à l’engagement jusqu’au bout. Ce lien embrasse et parcourt dans l’avenir toue l’existence étudiante comme un service de défense [Wehrdienst].
Le distingué Granel traduit par « service militaire », la Wehrmacht étant littéralement une force de défense, tout comme la vérité, selon la même origine indo-germanique, est une défense de la réalité contre les forces destructrices.
Le dernier point, ou lien, – [le mot allemand de Bindung ne signifie pas proprement une obligation, mais un attachement, un lien, comme un membre est lié au corps, à l’organisme)] – est le plus important et touche au vif notre société qui n’est plus digne de cette qualification.
3. Le troisième lien de la corporation étudiante est liée à la charge spirituelle du peuple allemand. Ce peuple œuvre à son destin, tandis qu’il insère son histoire dans la manifestation de la surpuissance de toutes les puissances de l’existence humaine façonnant le monde, et entreprend de combattre toujours à nouveau pour son monde spirituel. Ainsi exposé au questionnement extrême de l’existence propre, ce peuple veut être un peuple spirituel. Il exige de lui-même et pour lui-même dans ses guides et protecteurs, la clarté la plus dure du savoir le plus élevé, le plus étendu et le plus riche. Une jeunesse étudiante qui se risque tôt dans la virilité et déploie sa volonté sur le sol futur de la nation, se contraint à partir du fond [von Grund aus] à ce savoir. Pour elle le service du savoir [Wissensdienst] ne devra plus être le dressage accablant et rapide à une vocation « distinguée ». Parce que l’homme d’Etat et le maître, le médecin et le juge, le pasteur et l’architecte guident [führen] l’existence populaire-étatique et dans ses traits fondamentaux éveillent aux forces de l’être humain façonnant le monde et se tiennent acérées, pour cette raison ces métiers et l’éducation attachée à eux sont confiés au service du savoir.
Le savoir n’est pas au service des vocations, mais à l’inverse: les vocations [ou métiers] suscitent et régissent ce suprême et essentiel savoir du peuple pour sa propre existence. Mais ce savoir n’est pas pour nous la prise de connaissance tranquille d’entités et de valeurs en soi, mais au contraire la plus aiguisée dangerosité de l’existence au milieu de la surpuissance des étants. Le questionnement de l’être en général arrache au peuple travail et combat et le contraint à son Etat auquel appartiennent les vocations.
Les trois liens – par le peuple au sort de l’Etat dans la charge spirituelle – sont pour l’essence allemande également originels [gleichursprünglich]. Les trois des services qui en jaillissent – service du travail service de défense et service du savoir – sont également nécessaires et de rang égal.
Cela exige sérieux, continuité de l’effort, persévérance, un questionnement constant de notre origine, ce qui va plus loin et plus haut que l’imitation de modèles, et qu’il entend par la métaphysique. Inutile de dire que notre présent monde a ce dernier terme en horreur. Aussi l’avenir se dérobera-t-il à lui.
L’on parlera de réussites individuelles, ou de succès statistiques « d’apprenants » dans les examens généraux de fin d’études – mot absurde puisqu’il n ‘y aura pas eu de vrai commencement et de fondation assurée -, et de carrières, mais que vaut un savoir au sein d’une nation ou d’une nature de peuple fragilisée, et ignorant qu’elle porte en elle un destin, lequel la broiera si elle ne le maîtrise ? Cette question s’est posée au professeur Heidegger, le terme de professeur étant plus proche de la profession de foi que de l’exercice mécanique de répétitions vides, brillantes mais infécondes, comme une coque de noix vide.
Lui-même n’eût point été surpris du délabrement de ce corps étudiant, car son engagement politique et celui de sa nation meurtrie et recouvrant cette santé de l’âme qu’est la vérité (selon le mot de Descartes) fut de surmonter le nihilisme ou réduction au néant de la culture entendue comme volonté populaire de garder le savoir et de se former par lui.
Dans un précédent article nous traduisions l’Appel de ce même Heidegger à ses collègues d’approuver l’appel du Guide du peuple allemand à quitter l’O.N.U. de son temps, la S.D.N. ou Ligue, Société des Nations de Genève, pour suivre son propre devoir. Nous reprenons ici le texte déjà traduit en 1987 par un défunt ancien maître de philosophie à l’université de Toulouse, Gérard Granel (1930-2000), que nous retraduisons de nouveau, pour être plus fidèle au texte allemand, du discours dit de Rectorat, adressé par Heidegger à ses étudiants de Fribourg-en-Brisgau, tenu le 27 mai 1933, lors de la solennité de sa prise en charge :
« La prise en charge du Rectorat est l’obligation de la conduite spirituelle de cette école supérieure. La suite [le mot Gefolgschaft étant employé au sens ancien chevaleresque d’une suite accompagnant un guide] des maîtres et des élèves croît et se renforce seulement à partir de l’enracinement véritable et commun dans l’essence de l’université allemande. Mais cette essence n’accède d’abord à la clarté, au rang et à la puissance, que si préalablement et en tout temps les guides sont eux-mêmes guidés par l’inflexibilité de cette charge spirituelle qui fait entrer de force le destin du peuple allemand dans l’empreinte de son histoire. »
Heidegger indique le sens d’être un Guide et en même temps un Guidé ! Alors s’évanouissent toutes les caricatures ou fantômes de fascisme que nous servent les fast-food de l’esprit.
« Car le décisif dans (l’acte) de conduire [« im Führen »] n’est pas le pur et simple aller de l’avant, mais est la force de pouvoir aller seul, non pas par égoïsme et plaisir de dominer, mais en vertu d’une détermination très profonde et d’une obligation très étendue. Une telle force oblige à l’essentiel, crée la sélection des meilleurs et éveille l’authentique suite de ceux qui sont d’un nouveau courage. Mais nous n’avons pas besoin d’abord d’éveiller. La corporation allemande est en marche [die deutsche Studentenchaft ist auf dem Marsch].
Et ceux qu’elle cherche, ce sont ces guides par lesquels elle veut élever sa propre détermination à une vérité fondée, savante et la placer dans la clarté de la parole qui agit significativement et de l’œuvre.
A partir de la décision de la corporation étudiante allemande de tenir ferme au destin allemand dans son extrême détresse advient une volonté d’essence de l’Université. Cette volonté est une vraie volonté, pour autant que la corporation étudiante grâce au nouveau droit estudiantin se place lui-même sous la loi de son essence et par là délimite avant tout cette essence. Se donner à soi-même la loi, est la plus haute liberté. »
La fausse liberté académique
Heidegger de poursuivre en dénonçant les slogans dont on abreuve aujourd’hui la masse qui est invitée à tout sauf à connaître cette essence populaire ou nationale, au point que le mot traditionnel de peuple (Volk) est en langage officiel de moins en moins usé en Allemagne, remplacé par du « social », pays où – sachons le – le père de Madame Merkel, pasteur passé à l’Est après guerre pour mette son séminaire sous la coupe du ministre de l’Instruction Publique, de famille israélite berlinoise immigrée, au début du XXe siècle, de Suisse, nommé Gyzi, père de l’actuel chef berlinois de « La Gauche » (Die Linke), refusa d’admettre la réunification du pays de novembre 1989 :« La tant vantée « liberté académique » sera repoussée de l’université allemande; car cette liberté était inauthentique [unech]), parce que seulement négatrice. Elle signifiait surtout insouciance, arbitraire des vues et des inclinations, licence [Ungebundenheit] dans le faire et laisser-faire. Le concept de liberté de la corporation étudiante allemande est maintenant ramené à sa vérité. A partir d’elle se déploient à l’avenir lien et service de la corporation étudiante.
Ce qui s’impose à l’étudiant : le lien de la nation au savoir.
1.Le premier lien est dans la communauté du peuple [Volksgemeinschaft].Il fait un devoir d’avoir part , en aidant à porter et en co-agissant, aux efforts et à la capacité de tous les états [terme préféré à celui plus égoïste et autodestructeur, au plan national, de classe] et membres du peuple. Ce lien est dorénavant affermi et enraciné dans l’existence estudiantine par le service du travail.
2. Le deuxième lien est attenant à l’honneur et au sort de la nation au milieu des autres peuples. Elle réclame la disponibilité, assurée dans le savoir et le pouvoir et sanctionnée par la discipline, à l’engagement jusqu’au bout. Ce lien embrasse et parcourt dans l’avenir toue l’existence étudiante comme un service de défense [Wehrdienst].
Le distingué Granel traduit par « service militaire », la Wehrmacht étant littéralement une force de défense, tout comme la vérité, selon la même origine indo-germanique, est une défense de la réalité contre les forces destructrices.
Le dernier point, ou lien, – [le mot allemand de Bindung ne signifie pas proprement une obligation, mais un attachement, un lien, comme un membre est lié au corps, à l’organisme)] – est le plus important et touche au vif notre société qui n’est plus digne de cette qualification.
3. Le troisième lien de la corporation étudiante est liée à la charge spirituelle du peuple allemand. Ce peuple œuvre à son destin, tandis qu’il insère son histoire dans la manifestation de la surpuissance de toutes les puissances de l’existence humaine façonnant le monde, et entreprend de combattre toujours à nouveau pour son monde spirituel. Ainsi exposé au questionnement extrême de l’existence propre, ce peuple veut être un peuple spirituel. Il exige de lui-même et pour lui-même dans ses guides et protecteurs, la clarté la plus dure du savoir le plus élevé, le plus étendu et le plus riche. Une jeunesse étudiante qui se risque tôt dans la virilité et déploie sa volonté sur le sol futur de la nation, se contraint à partir du fond [von Grund aus] à ce savoir. Pour elle le service du savoir [Wissensdienst] ne devra plus être le dressage accablant et rapide à une vocation « distinguée ». Parce que l’homme d’Etat et le maître, le médecin et le juge, le pasteur et l’architecte guident [führen] l’existence populaire-étatique et dans ses traits fondamentaux éveillent aux forces de l’être humain façonnant le monde et se tiennent acérées, pour cette raison ces métiers et l’éducation attachée à eux sont confiés au service du savoir.
Le savoir n’est pas au service des vocations, mais à l’inverse: les vocations [ou métiers] suscitent et régissent ce suprême et essentiel savoir du peuple pour sa propre existence. Mais ce savoir n’est pas pour nous la prise de connaissance tranquille d’entités et de valeurs en soi, mais au contraire la plus aiguisée dangerosité de l’existence au milieu de la surpuissance des étants. Le questionnement de l’être en général arrache au peuple travail et combat et le contraint à son Etat auquel appartiennent les vocations.
Les trois liens – par le peuple au sort de l’Etat dans la charge spirituelle – sont pour l’essence allemande également originels [gleichursprünglich]. Les trois des services qui en jaillissent – service du travail service de défense et service du savoir – sont également nécessaires et de rang égal.
Le but de l’enseignement: faire germer ce que le temps seul mûrira
Après la guerre, Heidegger poursuit cet effort ou patience de pensée, en citant le poète Heinrich von Kleist qui assurait que le sens de l’effort de penser, travailler, combattre, ou l’effort en un mot qui les lie tous, de poétiser ou, pour le dire mieux, de renforcer et serrer de plus près le travail de l’activité scientifique dans lequel s’épanouit le philosophie, devait déboucher un siècle plus tard sur la germination d’une créativité qui continuerait de faire renaître l’existence, celle des peuples et du savoir dont ils sont l’enveloppe. Ce message est dans la vidéo aux sous-titres anglais ci-dessus.Cela exige sérieux, continuité de l’effort, persévérance, un questionnement constant de notre origine, ce qui va plus loin et plus haut que l’imitation de modèles, et qu’il entend par la métaphysique. Inutile de dire que notre présent monde a ce dernier terme en horreur. Aussi l’avenir se dérobera-t-il à lui.
Pierre Dortiguier