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mercredi 20 décembre 2017

L'extrême droite au gouvernement, une présence récurrente en Europe

En Autriche, le nouveau chancelier conservateur, Sebastian Kurz, s'entoure à des postes régaliens de trois ministres venus du parti d'extrême droite, le FPÖ. Un exemple d'alliance politique qui est loin d'être une première puisqu'une dizaine de pays européens s'y sont déjà résolus depuis le début des années 2000.

Le nouveau gouvernement autrichien a prêté serment ce lundi devant le chef de l'État, l'écologiste Alexander Van der Bellen. Le chef de file du FPÖ, Heinz-Christian Strache, devient vice-chancelier aux côtés du nouveau chef de l'exécutif, le jeune conservateur Sebastian Kurz. Une alliance gouvernementale entre la droite et l'extrême droite qui ne suscite guère d'émotion en Europe, contrairement à celle déjà passée à Vienne en 2000.

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Depuis une quinzaine d'années, les scores électoraux des partis d'extrême droite ont progressé en Europe, leur permettant de participer dans une dizaine de pays à des coalitions gouvernementales. Une expérience au cœur du pouvoir, loin du rôle de contestation auquel ils sont généralement cantonnés, qui ne leur a pas toujours profité d'un point de vue électoral.
● Autriche: l'alliance n'est pas nouvelle
Le dirigeant du FPÖ, Jörg Haider, mort accidentellement en 2008.
Lié à des anciens nazis lors de sa fondation en 1956, le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) s'est progressivement installé dans la vie politique autrichienne. Sa première participation à une coalition gouvernementale avec les conservateurs en 1983 tourne au fiasco. En 1999, porté par de bons résultats électoraux, le FPÖ choisit de nouveau de faire partie du gouvernement avec le parti conservateur, ce qui va entraîner de profondes divisions dans le parti d'extrême droite. En 2005, son leader, Jörg Haider, choisit de poursuivre cette stratégie d'alliance et crée un nouveau parti, l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), qui s'écroule à la mort accidentelle d'Haider, laissant le champ libre au FPÖ, qui choisit cette année de revenir dans une nouvelle coalition gouvernementale.

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● Slovaquie: la gauche s'entend avec l'extrême droite
En Slovaquie, le Parti national slovaque (SNS), nationaliste et souvent qualifié de xénophobe, a participé à plusieurs coalitions gouvernementales, notamment avec le parti de gauche SMER, ce qui a conduit à l'exclusion de ce dernier du Parti socialiste européen (PSE). Une première coalition a eu lieu de 2006 à 2010. Après un temps dans l'opposition, le SNS a fait son retour dans une coalition dominée par la gauche en 2016.
«Dans de nombreux pays d'Europe centrale et orientale, la gauche de gouvernement s'est écroulée en appliquant des mesures d'austérité. Les partis d'extrême droite jouent quant à eux la carte de la redistribution sociale, mais conditionnée à la préférence nationale», explique au Figaro Christophe Bouillaud. Une récupération par la droite de thèmes de gauche que l'on retrouve, selon le professeur de l'Institut d'études politiques de Grenoble, dans le cas de gouvernements parfois difficilement distinguables de l'extrême droite, comme le parti Droit et Justice (PiS) en Pologne, au pouvoir depuis 2015, ou le gouvernement hongrois de Viktor Orban, qui doit faire face à la tentative de dédiabolisation du parti d'extrême-droite Jobbick.
● Bulgarie: une stratégie d'alliance tous azimuts
En Bulgarie, le même phénomène a été observé avec l'émergence de l'Union nationale d'attaque (Ataka). En 2013, le gouvernement socialiste accepte de former un gouvernement avec les voix de ce mouvement nationaliste, qui se voit concurrencé par un nouveau parti d'extrême droite, le Front patriotique, qui soutient quant à lui le gouvernement conservateur en 2014. En 2016, le Front patriotique et Ataka forment avec deux autres partis «les Patriotes unis», tournés vers le rejet de l'immigration, sur fond de crise des migrants. Avec leurs 27 députés, ils s'allient au premier ministre de centre-droit, Boïko Borissov.
Le leader hollandais du PVV, Geert Wilders, n'a pas réussi à l'emporter en 2017.
● Pays-Bas: la position d'arbitre de Geert Wilders ne lui a pas porté chance
Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV) fondé par Geert Wilders en 2006 a régulièrement enregistré de bons scores électoraux. En 2010, porté par un discours anti-Union européenne et anti-Islam, le PVV se hisse à la troisième place avec 15% des suffrages. Jouant les arbitres, Geert Wilders décide de soutenir le gouvernement libéral et minoritaire de Mark Rutte, sans y participer directement. Au bout de deux ans, l'alliance tombe et le PVV s'écroule dans les urnes. En 2017, Geert Wilders est donné favori dans les sondages, mais finit seulement second, ce qui sonne comme un demi-échec pour le leader populiste.

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● Danemark: l'extrême droite soutient le gouvernement sans en faire partie
On retrouve une stratégie similaire au Danemark avec un parti d'extrême droite qui accepte de faire partie d'une coalition gouvernementale sans être membre du gouvernement. La stratégie consiste à peser au parlement pour faire passer certaines lois, notamment en matière d'immigration. «Au Danemark, les thèmes mis à l'avant-plan par les partis d'extrême droite arrivent à percer dans les programmes et les attitudes des partis gouvernementaux» , écrit Pascal Delwit, chercheur en Science politique à l'Université Libre de Bruxelles, dans L'extrême droite en Europe et la question du pouvoir.
La ministre de l'immigration norvégienne, Sylvi Listhaug, issue, du Parti du Progrès.
● Norvège: le «Parti du Progrès» fait le pari de la lutte contre l'immigration
La Norvège est allée plus loin encore avec l'alliance passée en 2013 entre le parti conservateur et le Parti du Progrès, libéral sur le plan économique et favorable à une réduction drastique des flux migratoires, qui a ainsi pu sortir de son isolement auquel il était jusqu'alors tenu au sein de la vie politique norvégienne. Troisième parti du pays depuis cette date, il compte sept ministres au gouvernement, dont la ministre de l'Immigration, Sylvi Listhaug.
● Finlande: les «Vrais Finlandais» divisés sur leur participation au gouvernement
Dénonçant l'immigration et la mondialisation, le parti norvégien des «Vrais Finlandais» (Perussuomalaiset) rejoint en 2015 le gouvernement aux côtés de la droite et du centre. Mais les «Vrais Finlandais» sont en difficulté pour mettre en œuvre les axes de leur programme sur l'immigration, l'Europe ou les politiques d'austérité. Le parti s'écroule lors des élections municipales de 2017. Une scission a alors lieu entre l'aile dure du parti et ceux qui choisissent de rester au gouvernement et qui fondent à cet effet un nouveau parti, celui de «la Réforme bleue».
● Suisse: l'UDC utilise les «votations citoyennes» pour gouverner
En Suisse, l'Union démocratique du centre n'est pas un parti centriste, mais est au contraire le plus à droite (et le plus représenté) au sein du Conseil national, la chambre basse du Parlement suisse. Il dispose également de deux membres au Conseil fédéral, l'équivalent du gouvernement. Conservateur et souverainiste, l'UDC s'oppose notamment à l'immigration et prône l'utilisation de la démocratie directe en encourageant l'adoption de votations citoyennes, notamment en 2009 pour s'opposer à la construction de minarets ou en 2012 contre «l'immigration de masse».
Silvio Berlusconi a souvent gouverné avec la Ligue du Nord.
● Italie: la Ligue du Nord, grande alliée de Berlusconi
En Italie, droite et extrême droite ont des frontières poreuses. «Le bloc de droite en Italie repose sur trois partis aujourd'hui alliés: Forza Italia de Berlusconi, la Ligue du Nord et les Fratelli d'Italia, de tradition néofasciste», explique Christophe Bouillaud. La Ligue du Nord, parti régionaliste et souvent qualifié de xénophobe, a participé au gouvernement de Silvio Berlusconi entre 2001 et 2006 puis de nouveau entre 2008 et 2011. «Son impact a été limité, même si elle est parvenue à faire passer une loi sur l'immigration, qui n'a pas eu beaucoup d'effet», note le spécialiste de la politique italienne.
Le parti «Frères d'Italie - Alliance nationale» est ce qui reste de l'ancien parti nationaliste «Alleanza nazionale». Sous la houlette de son chef, Gianfranco Fini, ce parti avait abandonné son positionnement néofasciste et participé à plusieurs gouvernements avant de se fondre dans le mouvement de centre-droit du «Peuple de la liberté», aujourd'hui dissout.

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● Grèce: l'échec gouvernemental du LAOS
Le parti Aube Dorée, souvent qualifé de néonazi, qui dispose aujourd'hui de 16 députés, n'a jamais fait partie d'aucun gouvernement. Néanmoins, avant lui, le parti nationaliste et traditionaliste LAOS (Alerte populaire orthodoxe), dont l'acronyme signifie «peuple», avait fait partie en 2011 du gouvernement mené par les socialistes du PASOK. Fermement opposés à l'immigration, les dirigeants de ce parti qui souhaitaient notamment réhabiliter le grec ancien quittent le gouvernement dès 2012. Avant de les rejeter lors de leur départ, ils avaient soutenu dans un premier temps les mesures d'austérité budgétaire, ce qui entraînera leur disparition progressive de la scène politique grecque, au profit d'Aube Dorée. 

  Alexis Feertchak 

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