Etienne Lefebvre / Rédacteur en chef "International, Politique et Economie générale"
Le gouvernement présentera un plan, dans les prochaines semaines, sur la base des propositions de Jean-Louis Borloo. Au-delà de la rénovation urbaine, l'accent doit être mis sur l'éducation et l'emploi.
« Il ne faut pas se contenter de couler du béton. »
Ce commentaire d'Olivier Kelin, le maire PS de Clichy-sous-Bois et
président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), doit
être médité alors que le gouvernement est appelé par Jean-Louis Borloo à décréter la mobilisation générale pour les banlieues.
Le
père de l'Anru et concepteur par le passé d'un grand plan de cohésion
sociale, s'il insiste sur la nécessité de remettre des grues partout
dans les quartiers, ne dit pas autre chose. Dans son rapport, l'accent est largement mis sur l'éducation et l'emploi.
Et cette dimension peut rejoindre les orientations du gouvernement, en
concrétisant la promesse du candidat Macron de valoriser les talents
des banlieues.
Car force est de constater
qu'il ne suffit pas de multiplier les chantiers à coups de milliards
pour améliorer durablement la situation des quartiers - l'Anru est du
reste actuellement en panne pour des questions de délais, pas de manque
de financements.
Accélérer le tempo
Pour
permettre la réussite individuelle, il faut mettre davantage de moyens
sur la petite enfance, l'école, la formation des jeunes sans
qualification, etc. L'exécutif a engagé une série d'actions dans cette
voie. Des nouvelles places en crèche vont être fléchées vers ces
quartiers, le dédoublement des classes de CP va être étendu
progressivement au CE1 pour les zones prioritaires, l'expérimentation
des emplois francs est lancée.
À lire aussi
Mais
le calendrier ou les moyens ne sont pas toujours assez ambitieux, et
ces mesures devront être complétées par d'autres actions afin de
retisser le lien de confiance, à l'évidence rompu, avec les élus de
banlieues.
Le danger des grands catalogues
L'autre
leçon à tirer des plans précédents réside dans la mise en oeuvre
concrète de mesures dûment sélectionnées, et la mobilisation dans la
durée de l'appareil de l'Etat, au-delà de la publication de ces grands
catalogues de propositions. A cet effet, Jean-Louis Borloo propose de
créer une « Cour d'équité territoriale » pour sanctionner les
administrations coupables d'inertie. Ce n'est certainement pas sa
proposition la plus pertinente...
Etienne Lefebvre