Kevin Bossuet
Tribune. “La
vérité est que ses détracteurs n’acceptent pas le fait que Viktor Orban
veuille préserver les racines chrétiennes de la Hongrie et qu’il
souhaite lutter efficacement contre le multiculturalisme” écrit le
professeur d'histoire Kevin Bossuet.
Le
8 avril dernier, sous le regard médusé d’une grande partie des élites
européennes, le parti de Viktor Orban, le Fidesz, a très largement
remporté, avec près de 50% des voix, les élections législatives
hongroises. Même si la victoire du parti de la droite conservatrice
n’est pas une surprise ; son ampleur, surtout dans un contexte de
participation particulièrement élevée, a complètement déboussolé les
opposants au Premier ministre hongrois, aussi bien en Hongrie que dans
le reste de l’Europe. En effet, peu après l’annonce des résultats, le
ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a par
exemple appelé ses partenaires européens à une réaction énergique « pour neutraliser ces tumeurs idéologiques » tout en affirmant qu’« Orban et compagnie ne sont pas des références pour l’Europe de nos enfants ». Le député européen Guy Verhofstadt a, quant à lui, déploré une victoire qui s’est d’abord et avant tout appuyée sur une « campagne électorale sordide qui fait honte à l’Europe » tout en condamnant une « attaque contre la primauté du droit ».
Quelques jours plus tard, ce sont des dizaines de milliers de personnes
qui, à Budapest, ont défilé dans les rues, avec à leur tête les leaders
de la gauche hongroise, afin de défendre selon eux « la démocratie » et de lutter contre un homme, Viktor Orban, qui serait « un dictateur en puissance » et qui serait en train de transformer la Hongrie en un « Etat totalitaire ». Outre le fait qu’il est toujours assez drolatique de voir des
défenseurs de la démocratie remettre en cause des résultats on ne peut
plus démocratiques, ces inquiétudes, qui peuvent apparaître à certains
égards comme légitimes, ne doivent pas servir de prétextes pour tenter
de délégitimer le vote des électeurs qui s’est déroulé après une
campagne au cours de laquelle l’opposition a pu très largement
s’exprimer. N’en déplaise à certains, le parti de Viktor Orban a
largement remporté un scrutin qui n’a souffert d’aucune irrégularité, et
le choix populaire qui a conduit à ce résultat doit être de ce fait
éminemment respecté. En effet, on ne peut pas d’un côté se prétendre
démocrate quand le verdict des urnes nous convient, et de l’autre,
utiliser tous les procédés possibles et inimaginables pour tenter de
discréditer un résultat démocratique quand celui-ci ne nous plait pas.
En effet, dans beaucoup de pays européens, au lendemain de cette écrasante victoire, c’est une véritable « fronde anti-Orban » qui s’est emparée des médias, le faisant parfois passer pour « un homme d’extrême droite », voire pour un descendant direct des heures des plus sombres de notre histoire. Tout cela est évidemment ridicule. Alors certes, Viktor Orban appartient assurément à une droite conservatrice et populiste qui n’a pas peur de s’affirmer, mais il ne fait finalement que défendre une conception profondément gaulliste de la souveraineté nationale en mettant en avant le fait que le contrôle des frontières et de l’immigration doit d’abord et avant tout appartenir aux Etats-nations. D’ailleurs, Viktor Orban est sans doute celui qui, en Hongrie, a le plus contribué, au cours de ces dernières années, à affaiblir la vraie extrême droite, et notamment le parti Jobbik (parti ultra-nationaliste et antisémite), en limitant considérablement son ascension politique. L’assimiler à ce dernier est, par conséquent, fort de café.
De plus, beaucoup voudraient le faire passer pour un fieffé antisémite, notamment du fait de l’effroyable campagne qui a été menée par son parti contre le milliardaire américain d’origine hongroise, Georges Soros. Or, malgré ce que certains peuvent raconter, le Premier ministre hongrois n’a jamais, une seule seconde, attaqué les origines juives du financier, mais n’a fait que combattre, certes de manière très violente, son idéologie multiculturaliste et sans-frontiériste. Peut-on encore critiquer une personne juive pour ses idées sans être accusé d’antisémitisme ? Cette façon de voir de l’antisémitisme partout, même quand il n’y en n’a pas, n’est pas seulement un procédé malhonnête, c’est surtout une façon de contribuer à banaliser dangereusement un mal qui doit, au contraire, être férocement combattu. D’ailleurs, au lendemain de son élection, l’Association juive européenne (EJA), une organisation basée à Bruxelles qui fédère des communautés juives dans toute l’Europe, n’a pas hésité à féliciter le Premier ministre hongrois pour sa triomphale victoire. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a, quant à lui, également félicité, très chaleureusement Viktor Orban et l’a même remercié pour son « soutien à Israël » tout en l’invitant à s’y rendre très prochainement.
En outre, Viktor Orban n’est assurément pas l’anti-européen primaire
que voudraient nous vendre un bon nombre de ses opposants politiques ou
des médias occidentaux. Le leader du Fidesz est certes parfois très
critique vis-à-vis de l’Europe, mais le fait qu’il se sente profondément
européen et qu’il ne veuille absolument pas faire sortir son pays de
l’Union Européenne ne doit souffrir d’aucun doute. D’ailleurs, Viktor
Orban, qui vient régulièrement affronter ses adversaires à Bruxelles, ne
brandit jamais son droit de véto et s’entend très bien avec ses
homologues du Parti populaire européen (Angela Merkel comme Jean-Claude
Junker) dont son parti est membre. Alors certes, il a un intérêt
purement matériel à agir ainsi (4% du PIB de la Hongrie en moyenne
dépend des fonds européens), mais son objectif premier est bel et bien
de transformer l’Union Européenne de l’intérieur en un système
respectueux aussi bien de la souveraineté nationale que des identités
populaires, et absolument pas de venir à bout de son existence.
La vérité est que ses détracteurs n’acceptent pas le fait que Viktor Orban veuille préserver les racines chrétiennes de la Hongrie et qu’il souhaite lutter efficacement contre le multiculturalisme qu’il considère comme étant le « mal » de l’Europe occidentale. C’est bien la volonté du peuple hongrois de refuser ce brassage culturel qui est visée par les libéraux, de gauche comme de droite, à travers les critiques, parfois disproportionnées, qu’ils formulent à son encontre. D’ailleurs, même les électeurs qui n’ont pas voté pour ce dernier, sont souvent d’accord avec ses critiques sur l’immigration massive et le modèle multiculturel ; ce qui rend par ailleurs extrêmement difficile la constitution d’une opposition forte et solide au Premier ministre. Cette préoccupation autour de ces questions est tellement forte chez les Hongrois qu’elle est allée jusqu’à faire passer comme secondaires, dans la tête des électeurs, toutes les affaires de corruption qui entourent la pratique du pouvoir de Viktor Orban. En effet, dans un pays qui a été particulièrement malmené au cours de son histoire (que cela soit sous l’occupation turque, sous l’Empire austro-hongrois ou sous le communisme), on peut comprendre que le peuple hongrois soit autant attaché à la défense et à la préservation de son identité ; ce sur quoi Viktor Orban a largement surfé pour arracher son éclatante victoire.
Alors, certes, grâce à ce score électoral important, Viktor Orban va
pouvoir continuer à réformer la Hongrie comme il le souhaite. Néanmoins,
il devra également relever, dans les prochains mois et les prochaines
années, de très nombreux défis : tenter de ressouder un pays
profondément divisé entre la province (majoritairement pro-Orban) et sa
capitale (plutôt anti-Orban), tenter de mettre fin à l’émigration
massive de la jeunesse hongroise, ou encore essayer d’imposer ses vues à
une Union Européenne qui ne le laissera pas indéfiniment piétiner ses
règles sans contreparties et sans sanctions. Quant à l’opposition en
Hongrie, notamment l’opposition de gauche, si elle souhaite exister et
peser, elle devra se rassembler et faire oublier ses huit années
calamiteuses au pouvoir qui ont précipité le pays vers la banqueroute.
Cela dit, quoi que l’on pense d’elle, elle aura assurément un rôle
important à jouer afin de contrer les relents autoritaires de Viktor
Orban qui posent effectivement question, notamment vis-à-vis des médias,
des ONG ou encore des libertés individuelles.
En attendant, laissons Viktor Orban gouverner comme il le souhaite son pays et respectons le choix des Hongrois. Après tout, s’il a été très largement plébiscité, c’est aussi parce qu’il a réussi à relever économiquement la Hongrie tout en menant la politique pour laquelle il a été élu, notamment en matière d’immigration. Le peuple hongrois a fait son choix en âme et conscience. Il ne connaît que trop bien ce qu’est une dictature pour ne pas retomber dans les travers d’un régime politique qui ne lui a apporté, par le passé, qu’un immense malheur. En outre, soyons en convaincus, à force de vouloir imposer de grands principes et des réformes à des peuples qui n’en veulent pas, il ne faut pas s’étonner que ces derniers se rebiffent et soient progressivement en train de dessiner, en Europe, un nouveau rapport de force. Car comme le disait si bien le général de Gaulle : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : l’Europe ! L’Europe ! L’Europe !… mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont. » Alors, prenons les choses comme elles sont, et surtout les peuples comme ils sont, et cessons de vouloir leur imposer des politiques débouchant sur un désastreux reniement, aussi bien de leur souveraineté que de leur identité.
Source
En effet, dans beaucoup de pays européens, au lendemain de cette écrasante victoire, c’est une véritable « fronde anti-Orban » qui s’est emparée des médias, le faisant parfois passer pour « un homme d’extrême droite », voire pour un descendant direct des heures des plus sombres de notre histoire. Tout cela est évidemment ridicule. Alors certes, Viktor Orban appartient assurément à une droite conservatrice et populiste qui n’a pas peur de s’affirmer, mais il ne fait finalement que défendre une conception profondément gaulliste de la souveraineté nationale en mettant en avant le fait que le contrôle des frontières et de l’immigration doit d’abord et avant tout appartenir aux Etats-nations. D’ailleurs, Viktor Orban est sans doute celui qui, en Hongrie, a le plus contribué, au cours de ces dernières années, à affaiblir la vraie extrême droite, et notamment le parti Jobbik (parti ultra-nationaliste et antisémite), en limitant considérablement son ascension politique. L’assimiler à ce dernier est, par conséquent, fort de café.
De plus, beaucoup voudraient le faire passer pour un fieffé antisémite, notamment du fait de l’effroyable campagne qui a été menée par son parti contre le milliardaire américain d’origine hongroise, Georges Soros. Or, malgré ce que certains peuvent raconter, le Premier ministre hongrois n’a jamais, une seule seconde, attaqué les origines juives du financier, mais n’a fait que combattre, certes de manière très violente, son idéologie multiculturaliste et sans-frontiériste. Peut-on encore critiquer une personne juive pour ses idées sans être accusé d’antisémitisme ? Cette façon de voir de l’antisémitisme partout, même quand il n’y en n’a pas, n’est pas seulement un procédé malhonnête, c’est surtout une façon de contribuer à banaliser dangereusement un mal qui doit, au contraire, être férocement combattu. D’ailleurs, au lendemain de son élection, l’Association juive européenne (EJA), une organisation basée à Bruxelles qui fédère des communautés juives dans toute l’Europe, n’a pas hésité à féliciter le Premier ministre hongrois pour sa triomphale victoire. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a, quant à lui, également félicité, très chaleureusement Viktor Orban et l’a même remercié pour son « soutien à Israël » tout en l’invitant à s’y rendre très prochainement.
Sur le même sujet
La vérité est que ses détracteurs n’acceptent pas le fait que Viktor Orban veuille préserver les racines chrétiennes de la Hongrie et qu’il souhaite lutter efficacement contre le multiculturalisme qu’il considère comme étant le « mal » de l’Europe occidentale. C’est bien la volonté du peuple hongrois de refuser ce brassage culturel qui est visée par les libéraux, de gauche comme de droite, à travers les critiques, parfois disproportionnées, qu’ils formulent à son encontre. D’ailleurs, même les électeurs qui n’ont pas voté pour ce dernier, sont souvent d’accord avec ses critiques sur l’immigration massive et le modèle multiculturel ; ce qui rend par ailleurs extrêmement difficile la constitution d’une opposition forte et solide au Premier ministre. Cette préoccupation autour de ces questions est tellement forte chez les Hongrois qu’elle est allée jusqu’à faire passer comme secondaires, dans la tête des électeurs, toutes les affaires de corruption qui entourent la pratique du pouvoir de Viktor Orban. En effet, dans un pays qui a été particulièrement malmené au cours de son histoire (que cela soit sous l’occupation turque, sous l’Empire austro-hongrois ou sous le communisme), on peut comprendre que le peuple hongrois soit autant attaché à la défense et à la préservation de son identité ; ce sur quoi Viktor Orban a largement surfé pour arracher son éclatante victoire.
Sur le même sujet
En attendant, laissons Viktor Orban gouverner comme il le souhaite son pays et respectons le choix des Hongrois. Après tout, s’il a été très largement plébiscité, c’est aussi parce qu’il a réussi à relever économiquement la Hongrie tout en menant la politique pour laquelle il a été élu, notamment en matière d’immigration. Le peuple hongrois a fait son choix en âme et conscience. Il ne connaît que trop bien ce qu’est une dictature pour ne pas retomber dans les travers d’un régime politique qui ne lui a apporté, par le passé, qu’un immense malheur. En outre, soyons en convaincus, à force de vouloir imposer de grands principes et des réformes à des peuples qui n’en veulent pas, il ne faut pas s’étonner que ces derniers se rebiffent et soient progressivement en train de dessiner, en Europe, un nouveau rapport de force. Car comme le disait si bien le général de Gaulle : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : l’Europe ! L’Europe ! L’Europe !… mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont. » Alors, prenons les choses comme elles sont, et surtout les peuples comme ils sont, et cessons de vouloir leur imposer des politiques débouchant sur un désastreux reniement, aussi bien de leur souveraineté que de leur identité.
Source