Le gouvernement anglais est suspecté d’avoir voulu expulser les citoyens de la génération Windrush, pourtant venus aider le pays après la Seconde Guerre mondiale.
Ils sont venus pour aider à reconstruire le pays, et en sont maintenant chassés. La génération « Windrush », des immigrés d’origine caribéenne arrivés sur le sol anglais après la Seconde Guerre mondiale, est menacée par la politique anti-immigration du gouvernement de Theresa May. Une situation qui provoque une vague de colère au Royaume-Uni. Dimanche, la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd a démissionné, empêtrée dans ce scandale depuis plusieurs jours.Ironie de l’histoire, c’est il y a tout juste soixante-dix ans qu’un bateau, « l’Empire Windrush » arrive au port de Tilbury. A son bord, 492 passagers antillais, invités par Londres, à reconstruire le pays après la guerre. Jusqu’en 1971, ils sont près de 500 000 à débarquer en Angleterre et deviennent la « génération Windrush », du nom du navire qui les a transportés.
Cette année-là, comme l’explique la BBC, le gouvernement autorise les citoyens du Commonwealth à rester indéfiniment. Mais dans le même temps, le Home Office, ministère de l’intérieur britannique, ne tient aucun registre prouvant la nationalité de ces nouveaux arrivants, et ne leur donne aucun papier officiel, alors que la carte d’identité n’existe pas.
57 000 personnes menacées d’expulsion
Pis encore, en 2010, l’Home Office décide de détruire les cartes de débarquement, distribuées à l’arrivée sur le territoire anglais des immigrés, pour protéger leurs données. Il devient impossible aux enfants de Windrush, arrivés en voyageant sur les documents de leurs parents, de prouver qu’ils sont anglais, alors même qu’ils ont pour la plupart, travaillé et fait toute leur vie en Angleterre, selon The Guardian.En 2012, alors que Theresa May durcit sa politique d’immigration, ils se retrouvent même dans le viseur des services du Home office. Ceux qui n’ont pas fait la démarche d’être naturalisés n’ont pas de papier d’identité à fournir lors de contrôles, et risquent d’être expulsés. Selon le président de l’association d’aide aux migrants Joint Council for Welfare of Immigrants (JCWI), Satbir Singh, 57 000 personnes seraient concernées.
Renford McIntyre, 64 ans est l’un deux. Dans un portrait réalisé par le New-York times, cet homme raconte qu’après avoir passé 50 ans en Angleterre, il y a quatre ans, le Home Office le déclare comme immigré illégal. Il perd alors son travail, ses allocations et devient SDF. « Depuis, je compte sur l’alcool pour atténuer la douleur », confie-t-il au journal.
Vers un fiasco lors du Brexit ?
Malgré des excuses de Theresa May mi-avril, et des promesses de compensations financières, le scandale a pris un nouveau tournant ces derniers jours. Selon le Guardian - documents à l’appui - la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, a bien mené une politique chiffrée d’expulsion des immigrés clandestins, contrairement à ce qu’elle affirmait. Et savait depuis plusieurs mois que la génération Windrush allait souffrir de cette politique d’immigration dite de « l’environnement hostile », consistant à compliquer le séjour des immigrants illégaux en Angleterre.La démission de cette fidèle, qui avait succédé à Theresa May à l’Intérieur en 2016, est un coup dur pour la Première ministre, qui va affronter le 3 mai des élections locales à valeur de test pour son gouvernement, déjà déchiré par le Brexit et qui dispose d’une très mince majorité au Parlement.
Surtout, le scandale a suscité l’inquiétude sur la capacité de Londres à gérer les cas de millions de citoyens de l’Union européenne qui vivent actuellement au Royaume-Uni et souhaitent y rester après le Brexit l’an prochain.