« La plupart de nos militantsétaient révoltés contre la société,
mais également intégrés dans leur génération ;
ils n’étaient pas tombés d’une autre planète… »
Ancien dirigeant d’Ordre nouveau, Alain Renault a présenté la réédition d’un ouvrage collectif, introuvable pendant des décennies, résumant l’histoire et les positions de ce mouvement pas vraiment comme les autres. Souvenirs et remise en perspective… (propos recueillis pour EuroLibertés cliquez ici par Nicolas Gauthier)
Quarante
ans après sa dissolution, le mouvement Ordre nouveau exerce toujours la
même fascination. Nostalgie ? Ou effet de look sacrément efficace ?
La
nostalgie est très « tendance », c’est même un marché… Il est bien
certain que pour ceux qui ont connu cette époque, elle se confond avec
leur jeunesse et ils entretiennent parfois la flamme comme d’autres font
le succès de la « tournée des yé-yé »… Quant aux jeunes générations,
elles peuvent naturellement être fascinées par un passé plus ou moins
mythifié, comme nous étions nous-même fascinés par nos aînés de Jeune
nation ou les grands anciens du Parti Populaire Français ou des Camelots
du 6 février 1934. Qu’Ordre nouveau en soit le support n’a rien
d’étonnant puisqu’il était le mouvement nationaliste le plus important
des années 70 et que son action avait connu un fort retentissement
médiatique.
Ce
qui a fédéré « l’extrême droite » de l’époque, c’était
l’anticommunisme. Cela suffisait-il à susciter une doctrine alternative
au système d’alors ?
La
plupart des militants étaient révoltés contre la société, mais
également intégrés dans leur génération ; ils n’étaient pas tombés d’une
autre planète. L’engagement par simple « anti-communisme » est souvent
l’alibi de ceux qui veulent minimiser leur action de l’époque. Il y
avait de nombreux autres moyens que le militantisme à l’extrême droite
pour lutter contre le seul communisme. La première affiche d’Ordre
Nouveau était « Face au Régime, face au marxisme, pour un Ordre nouveau », ce qui est loin d’une simple lutte contre les Rouges. Certes,
« l’Ordre nouveau » était une notion vague et la
« doctrine alternative » n’a jamais été très développée. Quant au système d’alors, c’était le même que celui d’aujourd’hui, il s’est simplement renforcé. Il est d’ailleurs lui-même une sorte de communisme, les formes d’oppression sont simplement plus subtiles.
« l’Ordre nouveau » était une notion vague et la
« doctrine alternative » n’a jamais été très développée. Quant au système d’alors, c’était le même que celui d’aujourd’hui, il s’est simplement renforcé. Il est d’ailleurs lui-même une sorte de communisme, les formes d’oppression sont simplement plus subtiles.
A
contrario, l’extrême droite, à l’instar de l’extrême gauche, a donné
naissance à un indéniable vivier de futurs talents. Était-ce là le
destin d’Ordre nouveau ? Servir de pépinière plutôt que de sections
d’assaut ?
Est-ce
le mouvement qui donne du talent à ses adhérents ou ceux-ci qui
apportent leurs talents au mouvement ? C’est l’éternel problème de la
poule et de l’œuf. En réalité il y a une interaction et le militantisme
est extrêmement formateur comme le relevait déjà Henry Charbonneau dans
ses Mémoires de Porthos. On y côtoie une ménagerie diverse
allant du gorille au singe savant, du videur de boîte au normalien, on
apprend à rédiger, prendre la parole, arbitrer des conflits, jouer les
imbéciles en certaines circonstances, tenter de passer pour intelligent
dans d’autres, monter des coups avec une caisse vide, recruter…
Recruter, c’est persuader un individu de payer une cotisation qui
permettra d’imprimer du matériel qu’il sera chargé de propager à ses
frais avec comme seule perspective personnelle un séjour au poste de
police ou à l’hôpital. Bref, quand on est devenu un bon militant, on est
armé pour la vie, mieux qu’en acquérant 3 UV de plus dans son cursus
universitaire. Quant aux sections d’assaut, il ne faut pas tomber dans
le mépris affiché par quelques intellos pour de gros bras présumés
microcéphales. D’abord, on peut être à la fois costaud, courageux,
intelligent et cultivé. Je vous concède que l’espèce est rare, plus rare
d’ailleurs que celle de ceux qui n’ont aucune de ces qualités. Mais,
bien souvent, il vaut mieux disposer de quelques solides gaillards que
d’évanescents exégètes de la pensée d’Oswald Spengler. Cela ne sert à
rien de réfléchir dans une cave si l’absence de force vous interdit d’en
sortir. Comme le dit un chant : « L’homme des troupes d’assaut trace le chemin de la liberté. »
Ordre Nouveau,
présenté par Alain Renault, Éditions Déterna, collection « Documents
pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 460 pages, 35 euros. Pour
commander ce livre, cliquez ici
La collection du mensuel Pour un Ordre nouveau est aussi remise en vente au numéro cliquez là