Rédigé par Odon de Cacqueray
Au terme d’une levée de
fonds un peu particulière débutée au début du mois d’octobre 2017, le
Louvre a réuni la somme nécessaire à l’acquisition du Livre d’Heures de
François Ier, à peu près huit millions de livres sterling.
De petit format, moins de 10 centimètres,
ce livre est la seule reliure précieuse connue à ce jour pour les règnes
de François Ier et des derniers Valois. Il est passé entre les mains de
François Ier, qui l’a offert à sa pièce, mais aussi entre celles
d’Henri IV et de Mazarin, qui possédèrent également cet objet. Ce joyau
du trésor royal, chef d’oeuvre d’orfèvrerie et de joaillerie, est classé
« d’intérêt patrimonial majeur ».
Arrivé en Angleterre au XVIIIe siècle, il
aura fallu pas moins de 3 ans de négociation pour que son propriétaire,
accepte de se séparer de cette oeuvre afin qu’elle revienne sur son sol
natal. Afin que la France par l’intermédiaire du Louvre recouvre cet
objet, il fallait tout de même réunir la bagatelle de 8 millions de
livres sterling. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu cette campagne de don,
différentes des campagnes classiques pour ce type d’achats, du fait
qu’elle ne ciblait pas seulement des entreprises (à même de donner de
plus gros montants) mais aussi des particuliers.
Depuis 2010, date à laquelle le Louvre a
mis en place la première campagne de ce type ( 7 200 donateurs pour une
levée de 1 260 000€ afin de racheter Les Trois Grâces de Lucas Cranach
), il y a eu 8 campagnes du même type. Que ce soit pour la restauration
d’un élément d’architecture cairote, une statuette d’ivoire ou encore
l’achat de tableaux. Pour cette dernière campagne la somme amassée est
inédite. 1,4 millions d’euros alors même que l’objectif n’était que d’1
million. Ceci étant rendu possible par 8 500 donateurs particuliers,
dont 55% primo-participants.
Il faut noter que le groupe LVMH (Moët Hennessy - Louis Vuitton) qui s’était engagé aux côtés du Louvre pour cette campagne Tous mécènes !,
avait annoncé participer à hauteur de 5 millions. À ce soutien
exceptionnel, le groupe a décidé d’ajouter 2,9 millions permettant ainsi
de finaliser l’achat.
Trois aspects intéressants sont à relever :
Tout d’abord le retour d’une partie du patrimoine français et sa
protection, ensuite, la richesse du patrimoine religieux. Dans ce livre
particulier de 12 pages, chaque page est illustrée pour porter vers la
prière, psaumes, heures mariales, offices particuliers, la richesse de
l’ouvrage contraste avec sa petite taille. Enfin cette oeuvre revient en
France en grande partie grâce aux donateurs particuliers.
Symboliquement c'est un signe très fort de l'intérêt qui subsiste chez
nos contemporains pour l’histoire de France.
Nous sommes ici en présence d’un livre
d’heures, c’est à dire un livre qui, à la différence d’un bréviaire, est
à destination des fidèles. Passés de mode, ces livres étaient utilisés
principalement pour suivre la liturgie des heures, mais ils avaient
d'autres fonctions, comme une aide à la méditation. Il n’existe pas de
livre d’heures type, couramment, ils sont composés de brêves prières
accompagnées de belles illustrations tendant à élever l’âme du fidèle
qui l’utilise. Ce fût un des moyens de suivre l’exhortation de saint
Paul : « Priez sans cesse ! » (1 Thessaloniciens 5:17).