Organisateur de l’opération anti-migrants dans les
Alpes, Damien Rieu fait le lien entre le FN et l’extrême droite la plus
radicale.
Le blocage du col de l'Echelle (Hautes-Alpes), point de passage des migrants venus d'Italie, par des dizaines de militants de Génération identitaire
le week-end dernier, c'est lui. Damien Rieu, 28 ans, est à l'origine de
l'opération. Il l'a imaginée et mise en œuvre, a loué les hélicoptères
qui ont survolé la zone pour prendre des photos, avant de repartir. La
séquence a provoqué un tollé. Au Front national, Louis Aliot et Nicolas
Bay ont salué une opération "efficace" tout en assurant que le parti
n'avait rien à voir avec ça. Il y a pourtant au moins un lien : il se
fait appeler Damien Rieu. Son vrai nom est Damien Lefèvre.
"Il est
le chef de ceux qui, à droite, sont en recherche de radicalité", résume
un cadre du Rassemblement bleu marine. Mais depuis 2017, Damien Rieu
est aussi responsable de la communication de Beaucaire, commune du Gard
dirigée par Julien Sanchez, porte-parole du FN. "Il ne doit pas faire
d'action sur la commune. Pour le reste, il fait ce qu'il veut tant que
ça reste légal", affirme l'édile. Mais ce n'est pas toujours légal,
justement : en décembre 2017, Rieu a été condamné à 40.000 euros
d'amende et à un an de prison avec sursis pour l'occupation du chantier
de la mosquée de Poitiers en 2012. S'il affirme être "fier de cette
condamnation" pour laquelle il a fait appel, il se fait désormais
discret, et cache parfois sa participation aux actions de Génération
identitaire pour ne pas nuire au FN. Il était, par exemple, sur le
bateau affrété en 2017 pour bloquer les migrants en Méditerranée… Le FN
n'était officiellement pas au courant.
Un proche de Marion Maréchal-Le Pen
Homme de réseaux, Damien Rieu est introduit dans les différentes mouvances d'extrême droite. Entre ses études – Panthéon-Assas puis Sup de Com Lyon – et ses stages, notamment dans une agence de communication comptant comme client le FN, il s'est forgé un solide carnet d'adresses. Dans son entourage, on trouve des identitaires, des figures comme Pierre Sautarel, fondateur du site d'extrême droite FdeSouche ou l'ancien frontiste Jean-Yves Le Gallou. On le dit aussi proche de Marion Maréchal- Le Pen, avec laquelle il a travaillé en région Paca de 2015 à 2017. "On est potes", assure-t-il. "Il surjoue sa proximité politique avec elle, nuance un membre du premier cercle marioniste. Il a fallu qu'on rappelle à plusieurs reprises qu'il n'était pas son chargé de communication, mais juste son communicant sur les réseaux sociaux."Cette "ancienne racaille de banlieue de Clermont-Ferrand", comme il aime à se présenter, aurait pu emprunter un autre chemin politique. Fils d'un ancien cadre de section du Parti communiste, Damien Rieu s'est d'abord construit à gauche. "Je portais des tee-shirt Che Guevara, j'allais manifester contre Le Pen…", se souvient-il. Mais à l'adolescence, il embrasse les thèses anti-immigrationnistes et rejoint le FNJ en 2007. Il a alors 17 ans et vit à Lyon avec son père. Quand celui-ci découvre l'engagement de son fils, il le met à la porte. "Il m'a dit qu'il ne voulait pas de fachos à la maison, raconte Damien Rieu. Je me suis retrouvé en foyer de jeunes travailleurs. J'étais le seul Blanc. C'était l'enfer…" Il s'éloigne alors un temps du FN pour rejoindre Rebeyne!, le mouvement des jeunesses identitaires de Lyon. Il ne quittera plus sa nouvelle famille, composée de jeunes Blancs obsédés par la "remigration", c'est-à-dire le retour des immigrés dans leur pays d'origine. Il fait tout, depuis, pour l'agrandir.
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- Par Sylvain Chazot
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