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lundi 30 avril 2018

L'immigration massive n'est pas un fantasme

Par Gilles-William Goldnadel

Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.


Voilà que les hystériques prétendument antiracistes nous refont le coup de l'hystérie. 

À les en croire la nouvelle vague migratoire venue du Sud islamique ne serait en rien spectaculaire, et la grande Europe n'aurait rien à craindre au plan identitaire. Les mêmes d'ailleurs interdisent d'évoquer le mot d'identité devenue le marqueur de l'infamie. C'est ainsi que le 20 avril la radio active de service public France Inter avait invité à son micro très hospitalier à gauche François Heran présenté comme un grand spécialiste de la migration. Il ne viendrait évidemment pas à l'idée de l'antenne publique à qui je, vous, nous versons une redevance, d'inviter, par exemple et au hasard, Monique Tribalat, démographe diplômée, ou encore un tout aussi incontestable Jean-Paul Gourevitch, mais tous deux moins en odeur de sainteté au sein de l'église cathodique immigrationniste. François Heran, calme et onctueux, mais un brin condescendant , expliqua donc qu'on exagérait grandement le danger démographique de la nouvelle vague . On n’était pas dans la réalité mais dans le fantasme. Aucun risque.

L'Europe est grande et nombreuse.

Ce débat surréaliste sur les fantasmes me donne comme une impression de déjà entendu. En 1998, sous l'égide du regretté Alain Griotteray, je participais à la publication d’un ouvrage collectif (Une idée certaine de la France éditions France Empire) avec d'autres qui sont toujours mes amis (Georges Fenech, Alexandre del Valle , Eric Zemmour notamment). Je me cite : « L'immigration. Encore un fantasme de droite. Le nombre d'étrangers irréguliers, difficilement assimilables dans la société française, leur obstacle à l'intégration des étrangers réguliers, l'impossibilité de bien les digérer , de bien s'en occuper comme on voudrait le faire, le lien entre délinquance et immigration clandestine, etc., fantasme, purs délires, aucun danger pour l'identité nationale bien entendu, d'ailleurs le nombre d'étrangers aurait plutôt tendance à régresser, à lire Hervé le Bras, seul démographe autorisé ».

Se reporter néanmoins au très édifiant Dans l'ombre de Le Pen (Hachette littérature 1998) (entretien Laurent de Sainte-Affrique, en indélicatesse avec Le Pen et Jean Gabriel Frenet rédacteur en chef Nouvel Observateur). Page 25 : observation un tantinet cynique de l'homme de l'Observateur :. « Le débat sur la société multiraciale est d'une certaine façon dépassée. Nous y sommes déjà… » Et ma conclusion qui arrive : « trop tard. Circulez. Et oui, trop tard. Jean-Pierre Chevènement, chantre, à ce qu'il paraît, du nationalisme intégral expliquait doctement dans un journal vespéral que, désormais, le couscous faisait partie du patrimoine national, et qu'on doit y aller tout doux avec l'Irak parce que la population musulmane en France est nombreuse et qu’il est comptable (en tant que ministre de l’intérieur) de la sécurité du pays… Silence dans les rangs des champions de l'indépendance nationale. »

Et effectivement, dans ces années 90, je n'ai cessé de m'interroger à longueur d’articles pour savoir à quel moment exact nous somme passés de la Phase1 les questions migratoires relèvent du fantasme de beaufs à la Phase 2 où l'on demandait au même beauf de circuler puisqu'il n'y avait plus rien à voir, la France étant, en vertu de cette chance de l'immigration, déjà une société multiculturelle promise au vivre ensemble harmonieux. En parlant de phases, et dans un domaine voisin, on appréciera pour ce qu’elle vaut la déclaration d'une Anne Hidalgo au Parisien du 26 avril concernant les migrants : « la situation est inhumaine ». Ainsi, le schéma immigrationniste classique est immuable : Phase 1 : On encourage à tout va l’entrée libre même illégale au nom de l’humanité. Phase 2 : on se lamente de la situation inhumaine faite aux personnes que l'on a laissé rentrer… Bien sûr, notre maire de Paris évoque le statut des «réfugiés » mais je rappellerai inlassablement que lorsque j'ai demandé au micro de RMC à Yann Brossat son adjoint au logement, s'il fallait expulser les illégaux inéligibles à l'asile celui-ci m'a répondu : « non évidemment ».

C'est donc bien la violation du droit républicain qui est le premier obstacle à une immigration qui ne serait pas vécue comme une invasion et à une intégration qui ne serait pas vécue comme inhumaine. Anne Hidalgo devrait relire Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».
Dieu a apparemment plus d'humour que moi.

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