"[...] Si les causes de nos malheurs et de notre inexorable décadence depuis plus de deux siècles sont toujours contestées, quand elles ne sont pas occultées, ce qui nous pourrit la vie aujourd’hui est en revanche très clair. Le terrorisme qui a engendré la première république est toujours là. Apparemment tout le monde le condamne, avec des nuances certes… mais soyons encore patients. En revanche ce qui est intellectuellement intolérable, mais hélas compréhensible en cette époque d’amnésie historique c’est d’entendre les défenseurs des idéaux de la République révolutionnaire, persévérer dans cette référence funeste tout en prétendant combattre la barbarie! Une communauté, une idéologie, un système politique n’échappent jamais aux conditions dans lesquelles ils sont nés. La République révolutionnaire que tous nos dirigeants politiques ne cessent d’invoquer a vu le jour à la suite d’une longue série d’actes inspirés par un terrorisme des plus élaborés qui va trouver son apogée avec Robespierre et la Terreur. Pire, il va perdurer au travers de l’idéal patriotique de la Révolution pour lequel il est préférable de mourir pour sa patrie que de vivre pour elle! Qu’on me comprenne bien, loin de moi l’idée de critiquer qu’on puisse choisir de mourir pour sa patrie, si c’est là la seule façon d’accomplir son devoir en accord avec son honneur. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame est mort non seulement en héros, mais en saint comme le Père Maximilien Kolbe qui en juillet 1941 à Auschwitz prit la place d’un père de famille condamné avec neuf autres prisonniers par les SS à mourir de faim en représailles à l’évasion d’un autre détenu. Dernier survivant du groupe, il fut achevé par une piqûre de phénol. Cela dit, il eût été plus beau pour le prêtre que je suis que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et le Père Maximilien Kolbe vivent pour leur patrie en faisant bénéficier leurs frères de l’amour de leur métier. Mais, face au terrorisme, ils ont fait l’un et l’autre le meilleur choix en fonction de leur devoir et de leur honneur. Mais on ne peut prendre son parti d’un système qui ne fonde l’héroïsme que sur la mort. Que de gendarmes et de prêtres sont des héros au quotidien dont on ne parlera jamais! Il est vrai qu’ils ne font qu’entretenir la vie! Quel intérêt médiatique?
C’est pourquoi, quand, à juste titre, nous honorons ceux qui sont morts pour combattre la culture de mort, il ne faut jamais oublier de la dénoncer et de la mettre à nue.Mon livre a l’ambition d’aider à cette entreprise. Il invite à une remontée dans le temps à partir d’une réflexion sur ce qui achève de détruire notre pays. J’emploie cette expression parce que je ne me fais pas beaucoup d’illusions. A vues humaines, nous sommes perdus car il est trop tard! Mais je crois aux miracles. On me dira que je suis payé pour cela! C’est vrai! Mais fort mal, ce qui ne m’empêche pas d’y croire sans me mettre en grève! Il restera aux “ forces contraires “ à me mettre à la retraite pour sénilité.
La crise de l’autorité
Le problème sur lequel nous buttons aujourd’hui est d’abord d’ordre religieux. Il tient en une phrase du prologue de notre dernière constitution républicaine en date (1958) : ” La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte “. J’explique dans mon livre comment nous en sommes parvenus à pareille absurdité! Il faut remonter jusqu’en 1789 pour comprendre. La séparation des Églises et de l’Etat de 1905 n’est que la douloureuse conclusion d’un combat à mort engendré par la société moderne issue des Lumières contre le catholicisme. Il importe d’en connaître les différentes phases: Concordat napoléonien, ses articles organiques, leur rupture en 1905, avec la loi de séparation. Tout cela nous ramenant à l’entreprise révolutionnaire et son point culminant, la Terreur avec le culte de l’Etre Suprême, autrement dit la prétention de l’Etat d’imposer sa domination totale sur les hommes par une religion civile justifiant un terrorisme étatique. Ce but, officiellement refusé par la chute de Robespierre, demeure en fait toujours présent dans ce qu’il est convenu d’appeler notre modernité.
Dès mon avant-propos, “ j’annonce la couleur “ pour ne pas tromper mon lecteur. Partant du constat de la dégradation, à mon avis irréversible de l’Autorité en France, je pense que le retour à une royauté sacrée (à Reims) est la seule issue qui nous reste si nous voulons remonter la pente. Pourquoi en effet hésiterions nous entre un système qui en quatorze siècles a construit notre pays et qui a su à chaque fois s’adapter quand il le fallait sauf pendant les années qui ont précédé la Révolution (à cause d’une conjuration diabolique) et la république qui a inauguré la décadence de la France, les trois premières se terminant par une dictature militaire, la quatrième par un pouvoir personnel heureusement intelligent mais incapable de par sa nature même d’assurer une continuité durable. La cinquième république est en effet depuis 1962 une monarchie élective, dont je relève ici plusieurs défaut: tout d‘abord le coût exorbitant d’une élection présidentielle, cause majeure du pourrissement de la vie politique, du trop grand pouvoir des médias, du dégoût des français (montée croissante de l’abstention). Depuis le départ du général de Gaulle, les élections présidentielles ont coûté de plus en plus cher. Le gagnant étant toujours le chouchou des puissances d’argent et des médias (sans oublier les instituts de sondage, dans les mains, gantées ou non, des dirigeants des médias). Cette puissance apparaît à beaucoup comme tellement irrésistible qu’ils ne vont plus voter, et qu’ils en arrivent même à douter de l’impartialité de certains juges! J’ajoute à ce problème de coût celui de la manipulation de la volonté des électeurs au travers d’un fractionnement de l’électorat par le jeu des partis et par celui des grands médias gouvernés par ces puissances d’argent. De fait la réforme de l’élection présidentielle voulue par De Gaulle aura paradoxalement renforcé le pouvoir des partis et placé le président sous la tutelle de puissances financières : le suffrage universel direct a remplacé l’élection indirecte par les quelque 1000 parlementaires en une élection faite non par 30 millions d’électeurs mais par une vingtaine de féodaux à gros capitaux.
Bref, comme tout ce système repose sur l’autorité, reconnue ou non du Chef de l’Etat, il doit dès son élection partir à la conquête de l’électorat qui s’est abstenu, de ceux qui ont voté contre lui, sans décevoir ses partisans. Mission impossible, sauf avec une pratique astucieuse de l’enfumage, et là, on retrouve encore les médias et les sondages!
Mais il est des sujets où cette technique se révèle rapidement inefficace, en France en particulier. Toucher les Français dans leur possibilité de consommation et leur sécurité est dangereux. Surtout quand ceux-ci sont déchristianisés depuis plus de deux siècles. En voulant vider le mot foi de son sens, on a fait perdre le sien au mot sacrifice! En chassant Dieu et le roi, son représentant sur terre pour le temporel et le protecteur du spirituel, garant de son bon exercice, et se confondant par la même avec la patrie, pour remplacer le tout par le concept abstrait de Nation moderne (que je n’identifie pas aux nations « bibliques »), coupé de toute racine spirituelle, on a déséquilibré pour longtemps l’autorité dans notre pays. [...]"
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