Mardi, 22 Août 2006 |
Sur le conflit libanais
Philippe Delbauvre | Étranger |
Il n’est pas difficile de comprendre qu’ un expert militaire libanais s’exprimant dans la situation présente au sujet du récent conflit que l’on croit définitivement terminé alors que ce n’est que très probablement que la fin d’une première étape ne puisse bénéficier de toute la latitude nécessaire afin de parvenir à un jugement objectif. Non pas que l’homme manquerait de capacités, quoique la notion d’expert prête à sourire si l’on tient compte des différentes expertises et ce dans différents domaines, mais plutôt que libanais et ainsi situé dans ce cadre, il se trouve astreint à suivre une déontologie davantage conforme aux intérêts des instances dirigeantes de son pays qu’à une stricte objectivité que l’on est en droit d’attendre. Ainsi, il m’a semblé nécessaire de reprendre cette analyse où l’on trouve d’ailleurs des contradictions afin de rétablir une vérité peut être désagréable à lire ou à entendre mais néanmoins que l’on se doit de connaître ne serait ce pour ne pas être par trop dépourvu lorsque cette crise que l’on croit close aura des développements ultérieurs.
Grand avantage de la dernière coupe du monde de football promue événement de l’année et dont on ne parle plus alors qu’au passage les problèmes essentiels se posent encore avec davantage d’ampleur de jour en jour, tout le monde est désormais apte, matraquage médiatique oblige, à comprendre une parabole, une métaphore, une comparaison avec la sphère footballistique : lorsqu’une équipe dans des conditions normales se trouve en possession du ballon, son objectif est de remonter le terrain, d’entrer en zone adverse et d’aller marquer. Si elle y parvient, il s’agit d’un succès ; si elle n’y parvient pas ce n’est pas un échec mais la poursuite de l’affrontement sans préjudices, sauf un des joueurs de l’équipe attaquante ou de l’équipe défensive s’est blessé durant l’action.
Israel donc n’a pas marqué : en quoi cela constitue t-il une défaite ? Que l’on m’explique donc !
Je sais fort bien que le sensationnalisme journalistique est toujours prêt à créer l’événement justement pour faire sensation, que l’image de Tsahal humiliée est une extraordinaire information, mais il n’en reste pas moins que les choses ne sont pas aussi simples. Je veux bien admettre qu’il s’agit d’un point de vue qui peut apparaître surprenant mais cette proclamée défaite israelienne ne fait que le jeu d’Israel non parce qu’elle est défaite mais parce qu’elle est proclamée. Paradoxe n’est pas contradiction.
On ne peut contester le nombre de morts israeliens, encore faudrait t-il le comparer avec celui des libanais. On ne peut contester les quelques dégâts constatés sur le sol israelien, sont t-ils pour autant comparables à la dévastation que vient de connaître le Liban ? Le très fameux merkava n’est pas invincible, que l’on nous donne le nom du char qui aurait pu résister. Les conséquences économique seront néfastes pour Israel ? Qu’importe, ‘le grand frère’, pour reprendre l’expression d’Helene Carrere d’Encausse, viendra au secours.
Une chose est certaine, Tsahal a patiné, tout comme l’armée américaine l’avait fait avant elle et continue à le faire en Irak. Et dans chacun des cas ce ne sont pas les états majors qui opposent une résistance à l’envahisseur mais les peuples. C’est également vrai au sujet des palestiniens mais aussi des libanais qui de toutes confessions religieuses et de toutes obédiences politiques se sont réunis face à l’agresseur. Voilà probablement pourquoi la main se devait d’être reprise par les israeliens, ce qui n’a pas tardé. Ainsi s’expliquent les jérémiades que l’on a pu entendre, les assaillants se faissant passer pour des assaillis. Ainsi, la réduction de la résistance au seul Hezbollah afin de mieux accréditer la thèse du choc civilisationnel alors qu’il n’en est rien comme l’indique la réaction unanime libanaise. Ainsi l’acceptation délibérée de cette défaite puisqu’il n’est pas contestable que les objectifs n’ont pas été atteints mais aussi parce que l’état hébreu a intérêt à se faire passer pour plus faible qu’il n’est. Ainsi également la volonté de déclencher en sa faveur un mouvement de sympathie doublé d’un sentiment d’inquiétude à l’encontre de ceux qui se sont pourtant légitimement défendus. C’est la raison pour laquelle, dans cette optique les ripostes ne vont guère tarder en tentant de sensibiliser les européens par l’intermédiaire d’attentats, ciblés ou pas, qui seront mis sur le compte ou d’une des factions libanaises ou de la Perse, ou de la Syrie pour prendre un exemple particulier. On peut également imaginer que chaque mort au sein de la force internationale d’interposition fera l’objet d’un traitement médiatique spécifique dans son pays d’origine. D’autres exemples peuvent être trouvés, la liste n’étant pas exhaustive.
Il faudra donc regarder avec cette perspective là et pas une autre les développements de l’actualité des semaines et des mois à venir si l’on veut comprendre l’évolution. Une chose est certaine, cette bataille au sein du conflit, s’est terminée d’une façon très inhabituelle. On s’en réjouit tout en restant serein. C’était l’objet de cet article.
Rien n’est acquis.
Grand avantage de la dernière coupe du monde de football promue événement de l’année et dont on ne parle plus alors qu’au passage les problèmes essentiels se posent encore avec davantage d’ampleur de jour en jour, tout le monde est désormais apte, matraquage médiatique oblige, à comprendre une parabole, une métaphore, une comparaison avec la sphère footballistique : lorsqu’une équipe dans des conditions normales se trouve en possession du ballon, son objectif est de remonter le terrain, d’entrer en zone adverse et d’aller marquer. Si elle y parvient, il s’agit d’un succès ; si elle n’y parvient pas ce n’est pas un échec mais la poursuite de l’affrontement sans préjudices, sauf un des joueurs de l’équipe attaquante ou de l’équipe défensive s’est blessé durant l’action.
Israel donc n’a pas marqué : en quoi cela constitue t-il une défaite ? Que l’on m’explique donc !
Je sais fort bien que le sensationnalisme journalistique est toujours prêt à créer l’événement justement pour faire sensation, que l’image de Tsahal humiliée est une extraordinaire information, mais il n’en reste pas moins que les choses ne sont pas aussi simples. Je veux bien admettre qu’il s’agit d’un point de vue qui peut apparaître surprenant mais cette proclamée défaite israelienne ne fait que le jeu d’Israel non parce qu’elle est défaite mais parce qu’elle est proclamée. Paradoxe n’est pas contradiction.
On ne peut contester le nombre de morts israeliens, encore faudrait t-il le comparer avec celui des libanais. On ne peut contester les quelques dégâts constatés sur le sol israelien, sont t-ils pour autant comparables à la dévastation que vient de connaître le Liban ? Le très fameux merkava n’est pas invincible, que l’on nous donne le nom du char qui aurait pu résister. Les conséquences économique seront néfastes pour Israel ? Qu’importe, ‘le grand frère’, pour reprendre l’expression d’Helene Carrere d’Encausse, viendra au secours.
Une chose est certaine, Tsahal a patiné, tout comme l’armée américaine l’avait fait avant elle et continue à le faire en Irak. Et dans chacun des cas ce ne sont pas les états majors qui opposent une résistance à l’envahisseur mais les peuples. C’est également vrai au sujet des palestiniens mais aussi des libanais qui de toutes confessions religieuses et de toutes obédiences politiques se sont réunis face à l’agresseur. Voilà probablement pourquoi la main se devait d’être reprise par les israeliens, ce qui n’a pas tardé. Ainsi s’expliquent les jérémiades que l’on a pu entendre, les assaillants se faissant passer pour des assaillis. Ainsi, la réduction de la résistance au seul Hezbollah afin de mieux accréditer la thèse du choc civilisationnel alors qu’il n’en est rien comme l’indique la réaction unanime libanaise. Ainsi l’acceptation délibérée de cette défaite puisqu’il n’est pas contestable que les objectifs n’ont pas été atteints mais aussi parce que l’état hébreu a intérêt à se faire passer pour plus faible qu’il n’est. Ainsi également la volonté de déclencher en sa faveur un mouvement de sympathie doublé d’un sentiment d’inquiétude à l’encontre de ceux qui se sont pourtant légitimement défendus. C’est la raison pour laquelle, dans cette optique les ripostes ne vont guère tarder en tentant de sensibiliser les européens par l’intermédiaire d’attentats, ciblés ou pas, qui seront mis sur le compte ou d’une des factions libanaises ou de la Perse, ou de la Syrie pour prendre un exemple particulier. On peut également imaginer que chaque mort au sein de la force internationale d’interposition fera l’objet d’un traitement médiatique spécifique dans son pays d’origine. D’autres exemples peuvent être trouvés, la liste n’étant pas exhaustive.
Il faudra donc regarder avec cette perspective là et pas une autre les développements de l’actualité des semaines et des mois à venir si l’on veut comprendre l’évolution. Une chose est certaine, cette bataille au sein du conflit, s’est terminée d’une façon très inhabituelle. On s’en réjouit tout en restant serein. C’était l’objet de cet article.
Rien n’est acquis.