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dimanche 25 avril 2010

Des électrons libres du système



Par Alain Rebours


Bien sur que nous approuvons. Les déclarations d'Eric Zemmour ou de Michel Onfray, sans déclencher notre enthousiasme, énoncent des vérités que le Système aimeraient voir tues et que nous n'avons pas cessé de clamer. Pour autant la lucidité est de rigueur.

Michel Onfray est davantage un historien de la philosophie qu'un philosophe. Il s'est construit son petit domaine à l'aide d'une université populaire dont on ne sait pas grand chose, ainsi qu'avec des ouvrages à succès qui se vendent assez bien au tout venant. Pour autant, Onfray n'est ni Derrida, ni Ricoeur. Il hante les plateaux de télévision et les studios de radio sans être aucunement inquiété et ses hôtes ne subissent aucune foudre gouvernementale.

Ainsi donc Freud serait un usurpateur. Mais cela fait très longtemps que nous le savons même si, encore une fois, c'est une vérité très bonne à dire et très agréable à entendre. Qui ignorait et ce depuis des lustres que le concept d'Oedipe n'était pas universel ? Certainement pas les ethnologues qui sont sans doute les mieux placés pour en juger. Cela fait aussi longtemps, décidément, que la psychanalyse est en recul au profit de la très scientifique psychiatrie qui ne résume pas elle, l'Etre d'une personnalité, à l'histoire du contenu de sa culotte.

Freud est désormais un sujet d'histoire de la philosophie où il va rejoindre les très nombreux imposteurs intellectuels qui peuplent cette discipline.

Le cas Zemmour est quelque peu différent ne serait-ce qu'en raison de la notoriété qui est la sienne. Il semblerait à l'entendre que la délinquance actuellement en France soit très colorée et qu'ainsi une corrélation pourrait être établie entre appartenance ethnique et criminalité. La belle affaire. Cela fait belle lurette, que Dupont, le Français moyen, en est intimement convaincu. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre de se procurer les statistiques de la population carcérale ou de consulter un fichier de police. N'est-il pas vrai au demeurant que d'un point de vue musical, ce sont les groupes ethniquement marqués qui font l'apologie de la violence ? Chacun sait et il y a une malhonnêteté intellectuelle à prétendre le contraire. Que ce phénomène ne soit pas du à l'appartenance raciale par elle même mais à des conditions sociales désastreuses, nous le savons tout autant. Encore faudrait-il savoir pourquoi on permet de telles conditions et pourquoi a t-on continuer d'inviter, familles incluses, des populations que nous n'étions plus depuis longtemps capables d'accueillir. S'agit-il de remplir des colonnes dans les tableaux de statistiques ou de s'offrir des ventres féconds ?

Eux là haut savent, ici bas nous subodorons.

La position que nous devons avoir face à ces électrons libres du Système se doit d'être un mixte de bienveillance et de distance. Bienveillance parce qu'après tout ce sont des vérités qui sont dites et que cela nous arrange sachant qu'elles ne nous font pas peur. La distance s'explique quant à elle par plusieurs raisons. D'une part, il ne faut pas oublier qu'Onfray est un socialiste au sens large du terme avec ce que cela peut supposer comme compromissions. Oui à sa critique de Freud mais à cela seulement jusqu'à nouvel ordre. Ce n'est pas le Système qu'il a attaqué mais simplement une des figures parmi des milliers de la philosophie. Zemmour est sur un terrain plus sensible qui peut faire songer à un engagement de type politique. Dans les faits, il constate et c'est tout: nul malheur ne lui est arrivé.

Et c'est bien ici que le bât blesse: dans les deux cas, aucun sujet fâcheux n'a été abordé. Ce n'est pas par exemple Israël qui a été attaqué par Zemmour qui aurait très bien pu, s'il l'avait souhaité, évoquer les crimes de guerre ainsi que les crimes contre l'humanité commis par Tsahal. Onfray en temps que philosophe, pouvait lui rejoindre une telle croisade. Aucun des deux ne s'est mouillé, assurés qu'ils étaient d'être sanctionnés en cas de réel courage.

Cours d'histoire, séminaire, colloque, documents, émissions à l'appui on apprend ce que furent les Justes.

C'était avant hier.

Qui sont les Justes aujourd'hui ?

Un fait divers qui est un fait politique



Par Philippe Delbauvre


Tout commence par une histoire d'argent. Une femme en niqab se fait contrôler par des motards puis verbalisée d'une amende bien indolore au motif que son champ de vision était restreint du fait de son accoutrement. Bien évidemment, on peut déjà gager que l'intention de sanctionner financièrement était dès l'origine existante et ce afin de faire rentrer des deniers dans les caisses de l'Etat. Bien évidemment, et pour les mêmes raisons, les Français normaux, sont eux aussi astreints à l'hypersurveillance et à d'éventuelles sanctions pour des motifs que l'on qualifiera parfois de légers.

En ce sens, ceux qui ont vu dans la verbalisation de l'ostentatrice femme musulmane une réaction ferme de l'actuel gouvernement contre ce que certains appellent sans rire, l'islamofascisme, se sont trompés. Le policier verbalisateur a suivi les consignes qui n'étaient que de faire rentrer de l'argent dans l'escarcelle d'un pays dans lequel le gouvernement gère mal. Le reste n'est que de la récupération de l'information, revue et corrigée, présentée comme défense du droit des femmes et de l'identité française.

Le fait divers est en réalité un fait politique et c'est le Front National qui est visé. Front national, vous l'aurez remarqué qui était curieusement absent des plateaux de télévision le soir des dernières élections. De quoi cela est-il le nom si ce n'est de la censure ? Cette dernière, outre l'aspect non déontologique qui se doit d'être souligné, était d'autant moins acceptable que le héros du jour n'était autre que le Front National lui même puisque d'une part il atteignit 17,5% des voix au second tour dans les régions ou il s'était maintenu, le tout en engrangeant de nouveaux suffrages entre les deux tours. En fait, le Front National embarrasse aujourd'hui tant à droite qu'à gauche, ce qui fait de lui la cible de tous les acteurs politiques. A droite parce que dans les conditions actuelles, la droite qui a perdu les dernières élections les aurait gagnées si elle avait accepté la main tendue; la gauche parce qu'elle perd des électeurs qui rejoignent jour après jour le mouvement national. Comment d'ailleurs peut-on plaire à l'électeur sincèrement de gauche en ayant pour candidat naturel Dominique Strauss Kahn qui est le grand argentier du monde capitaliste ?

Je n'ai nullement l'intention d'indiquer comment traiter les problèmes posés par l'islam radical ou non dans le cadre de cet article. Il n'empêche. Je me dis qu'ils sont nombreux, et de plus en plus, les Français qui ont une idée sur la question, saturés qu'ils sont par une coexistence non pacifique qui tourne parfois à la guerre chaude.

Le mari de la dame au niqab aurait plusieurs épouses et toucherait des allocations de manière indue. Cela a fait rire beaucoup de Français qui connaissent bien des exemples de situations similaires sans que les pouvoirs publics, pourtant bien placés pour savoir et souvent prévenus, ne se sentent interpellés. Là encore, il y a décalage entre les faits invoqués et la réalité. La chasse très médiatique à « le musulman » ne traquera jamais tous les polygames cachés dans la forêt.

Effet d'annonce aussi que de déclarer que le contrevenant pourrait être déchu de sa nationalité française. Encore faudrait-il que le droit s'applique, ce qui supposerait que le personnage constitue un danger pour la France. Autant exprimer de suite des doutes quant à la possibilité d'une telle mesure.

Ce sont, selon les sources, 367 à 2000 femmes qui portent la burqa en France. Soit au plus 20 par départements. Autant exprimer que le problème est marginal. Là encore le gouvernement biaise et se dote d'un écran de fumée afin, afin de tenter de récupérer l'électorat du Front National, d'essayer aussi de faire passer au second plan les problèmes sérieux qui se posent au pays ainsi qu'à ses habitants.