.

.

mardi 28 juin 2005

Nicolas

Mardi, 28 Juin 2005
imprimer
mail
Nicolas

Philippe Delbauvre

Politique
Quand j'y songe, quelquefois je repense à Sylvie Vartan et son univers kitsch. Il y a en lui cette volonté de passer pour la Cosette qu'ils n'est pas. Remarquez que dans la famille ils ont fait doublon: un libéral politique et le frère libéral économiste. Coup double. L'homme est représentatif de son époque, incapable d'avoir d'autres projets que celui de la réalisation de son moi et cela nonobstant toute forme d'éthique. Ainsi il prend la cité de Neuilly en profitant de l'hospitalisation de Charles Pasqua. Il choisit Balladur qui faisait office de centriste à l'époque (René Rémond dirait orléaniste) aux dépens de Jacques Chirac qui avait pourtant favorisé toute sa carrière politique. Je veux bien comprendre qu'en politique, « à la fin », il faille tuer le père mais était ce le moment ? Là encore, seule l'hypertrophie du moi peut expliquer un tel comportement.

Il a été ministre à plusieurs reprises et a toujours laissé de bonnes « impressions » au sein des personnels qu'il a du gérer. Pourtant à y regarder de plus près, les résultats chiffrés ne suivent pas. Nicolas Sarkozy n'a pas été un bon ministre de l'intérieur sous Raffarin. Il a séduit: et la police et les français.Le charme que l'on trouve dans l'oeil du serpent ? Possible. Une chose est certaine, c'est que les chiffres ne suivent pas. Quand Nicolas Sarkozy était présent sur un plateau de télévision, les français avaient la certitude que les choses s'arrangeaient. Quand ils sortaient de chez eux, ils changeaint d'avis.

Nous sommes donc en 2005 c'est à dire en 2007 – 2. Il y aurait toujours des politiques de mauvaise foi pour vous dire qu'on ne peut, les choses dire ainsi et que le gouvernement gouverne, que l'opposition s'oppose. En fait on n'expédie certes pas les affaires courantes, mais on les gère par rapport à 2007. Vrai pour la majorité et vrai pour l'opposition.

Et Nicolas Sarkozy a calculé. Il a pris le contrôle de l'ump où le courage consisterait à s'affirmer chiraquien, d'où le fait que pratiquement l'ensemble est Sarkozyste. Ainsi donc, il dispose du bloc de droite. Qui peut l'empêcher d'aller au second tour dans l'état actuel des choses. Ni le Front National, ni Baillerou (sourire).En conséquence, son problème n'est pas la première étape, mais la seconde. Il conservera certainement ses nombreuses voix du premier tour mais il lui faudra également outre les voix centristes qu'il obtiendra sans trop de peine (portefeuilles ministériels à la clé et sur représentation) séduire ailleurs. Or, me semble t-il, depuis 1983, c'est la première fois qu'un candidat de droite est bien considéré par l'électorat du front. Il y avait bien eu Pasqua mais le phénomène n'était pas de même ampleur. Sarkozy peut espérer sans avoir à faire le grand écart récupérer non seulement une partie importante des voix du Front National mais bien davantage une nette majorité de ces voix. Ce sont celles ci qui firent toujours défaut aux différents candidats de droite.

Toute l'intelligence du personnage consiste à s'être posé comme apôtre de parler vrai dans tous les domaines. Ce qu'il a toujours fait en mentant. Jusqu'à ses problèmes de couple qui bien évidemment le servent et lui donne un visage encore plus humain. C'est d'ailleurs juste après cet épisode larmoyant que surviennent d'autres déclarations qui n'ont rien à voir avec la langue de bois.

Nulle référence n'est faite au front national, nulle alliance, nulle poignée de mains: l'honneur est sauf. L'important est que l'électorat visé ait été touché et on le connait cet électorat, même si c'est celui dont on n'a pas le droit de parler.

« Netttoyer moi tout ça !» Mais ç'est la défense qu'il lui faudrait et spécialement les unités parachutistes où l'expression est connue. 1er groupe par la gauche, 3 ème groupe par le droite, 2 ème groupe en appui feu.

La technique n'est valable que si en face on ne trouve exclusivement que des ennemis

Nettoyer: Rendre propre ? Donc enlever le sale ? Définition du propre ? Définition du sale ?

Si pour reprendre Coluche le propre c'est blanc, qu'il y a plus blanc que blanc, alors le premier blanc n'est autre que le « pas clair ».



vendredi 24 juin 2005

Réponse à Roland Gaucher

Vendredi, 24 Juin 2005
imprimer
mail
Réponse à Roland Gaucher

Philippe Delbauvre

Tribune libre
Cher Maître,

J'ai lu comme à l'accoutumé le texte écrit par Roland Gaucher disponible en rubrique politique. On y trouvait un constat affligeant, à savoir que seuls les tenants du non issus de la gauche avait leurs mérites reconnus dans la victoire, la contribution droitière quoique importante étant passée sous silence par les média.

En fait cela procède toujours du même principe de sélection. Durant la campagne le csa avait reconnu le décalage en terme de moyen d'expression entre tenants du non et tennts du oui. Ceux là étaient de vilains petits canards, il était bon de leur clouer le bec, ceux ci intronisés apotres de l'Europe d'aujourd'hui à développer demain furent encensés avec tambours et trompettes.

Il suffisait, une fois la victoire (oh grand mahleur) du non reconnue pour à nouveau reprendre le même scénario. Les vilains à droite, les gentils à gauche. D'où l'escamotage. Au fond, cela n'est pas bien nouveau: entre le départ du conseil constitutionnel de Simone Veil qui n'est ni vierge, ni rouge (1) pour cause de renfort au combat du référendum (en cas de situation catastrophique, on envoie les cuisiniers et les fourriers) et le départ de l'université de bruno gollnish pour cause d'interdiction de professer, le parallèle est assez troublant. Sincèrement, je ne vois pas ceux que les défenseurs du nouveau régime peuvent bien reprocher à l'ancien. Répartition de la soupe probablement. Cette longue introduction n'aura pas surpris le lecteur.

Différend: oui : je ne suis pas d'accord avec ce que dit Roland Gaucher que je lisais déjà voilà presque un quart de siècle. Eh bien, voilà euh , Maître. Votre analyse sur le front national et le mpf n'est pas mienne. Alors j'invoque Heidegger et son refus de la réfutation pour la réfutation au profit de la lutte amoureuse qui lie les deux penseurs au profit de la pensée essentielle.

Vous songez à une alliance voire une fusion entre le font national et le mouvement pour la France, ce qui ferait de l'assemblage le premier parti de France, ce qui est juste.

Vous montrez que plutôt que de s'entendre les deux hommes préfèrent s'ignorer, ce que chacun a pu constater.

C'est dans le cadre de l'analyse que je ne suis plus d'accord. Le front national est le premier parti ouvrier de France, je doute que le mpf ait dans son sein beaucoup d'ouvriers et d'employés mis à part au voisinage du puy du fou.

Le mpf est foncièrement libéral tout en se revendiquant français ce qui me semble une contradiction. Le front national est riche en prise de positions par l'intermédiaire de ses tendances. Il serait moins libéral et davantage européen.

Le mpf souhaite prendre sur l'échiquier politique la place du gaullisme, désormais absent de l'ump (j'ai écrit « la place ») ou à défaut celle du csu d'outre Rhin. C'est un Madelin plus national, mais aussi plus régional mais tout aussi libéral. C'est également un membre de la majorité, un pote à Raffarin et peut être plus amical que Bayrou.

Le front national ne fait pas partie de la majorité. Si Jean Marie le Pen disait et dit vrai son but est de devenir une composante à part entière de la majorité.

Dès lors la conclusion vient d'elle même.

De Villiers membre de la coalition gouvernementale rejette le Pen qui lui même étant frappé d'ostracisme par la majorité ne peut conclure aucune alliance. Les franchouillards votent de Villiers ou Pasqua, ils ne déborderont pas. Et c'est d'autant plus vrai pour de Villiers qui muni de son côté catho bcbg constitue un barrage pour le front national. C'est la digue. En revanche cette membrane qu'est le mpf pourrait très bien n'être perméable que dans un sens. Elle a les moyens de faire passer le front national dans certaines élections sous une barre fatidique en ponctionnant certains électeurs. D'ailleurs les média lui rendent bien. Pas méchant de Villiers, un vrai français tout propre et tout fier. Qui était le représentant « officiel » du non ? De Villiers bien sur.

Je vous ai donc répondu en ayant la quasi certitude de ne rien vous avoir appris. Peut être était-ce de votre part une critique des hommes politiques en général ou des querelle au sein d'un état major. Vous, vous savez, moi pas.

Respectueusement.

(1) la vierge rouge: surnom de Simone Weil, anarcho-catho; c'est aussi celui de Louise Michel (la commune)



mardi 7 juin 2005

Pourvu que je perde

Mardi, 7 Juin 2005
imprimer
mail
Pourvu que je perde

Philippe Delbauvre

Politique
Il semblerait qu'en France, la mode soit à l'article 16 ces derniers temps. Et comme les solidaristes ne sont pas au pouvoir, on va être obligé de faire une double analyse droite/gauche pour constater une similitude de comportement dont le pays une fois de plus va faire les frais. Un article que l'on n'a guère envie d'écrire tant il annonce une véritable rupture dans l'histoire nationale. Commençons par la droite qui détient en France l'exécutif, l'assemblée nationale et le sénat.

Personne n'a pu échapper au battage médiatique entourant le référendum. Maastricht en son temps avait déclenché une campagne officielle des plus méprisantes à l'égard de la moitié des français souhaitant voter non, choix digne d'écervelés, d'incultes de bons à rien. Et Maastricht n'est rien en comparaison de ce que l'on vient de subir.

Je ne sais plus si c'est trois ou quatre fois que le président de la république s'est adressé aux français. C'est en tout cas beaucoup trop. Un président qui s'invite si fréquemment ne peut que perdre en crédibilité. Son comportement pose un autre problème, à savoir si c'est lui le représentant de la nation ou si c'est la nation qui le représente. En indiquant, en forçant le choix des français il ne fait nul doute que c'est la seconde hypothèse qui doit être validée. Ainsi, la politique nationale n'est plus la concrétisation des voeux de la nation, transmis du bas vers le haut, mais au contraire la légitimation des choix effectués en haut par le bas. On comprend mieux dès lors le nombre d'allocutions.

Phénomène des plus inquiétants, le déséquilibre en terme de temps d'antenne existant entre les deux parties. Déséquilibre souligné par la partie flouée mais aussi par le très officiel conseil supérieur de l'audiovisuel qui ne pouvait d'ailleurs nier l'évidence.

Ces deux phénomènes (le président/le déséquilibre) ne seraient que peu d'importance s'ils avaient contribué à déclencher une réaction salvatrice. A savoir, et en pesant bien les mots, que cette élection ne fût pas démocratique en raison des faits qui viennent d'être mentionnés. Le résultat du scrutin qui sauve la morale a contribué à escamoter une protestation légitime, à tout le moins une interrogation sur les fondements de notre système politique. Pourtant la situation est devenue grave: elle pèse sur notre liberté et sur notre droit à exprimer notre point de vue dans un système dont les règles n'ont pas à être faussées. Et c'est peut être là que cette consultation fût un échec au delà du oui et du non dans la mesure où son caractère illicite n'a pas été souligné. Derrière cette idée, se profile la suite des événements dont paradoxalement on commence à s'inquiéter sur le tard. Une réflexion sur le processus de déroulement de l'avant scrutin aurait permis de prévoir l'après. Ainsi:

pourquoi un président omniprésent durant la campagne sans que cela ne déclenche de vagues, se sentirait t-il contraint de démissionner ? Non critiqué pour ses multiples interventions, ou si peu, c'est tout à fait logiquement qu'il reste en place, sans se sentir concerné.

L'arrivée d'un nouveau gouvernement n'est pas une conséquence du référendum. C'était un choix effectué voilà bien longtemps, courbe de confiance oblige. En revanche, dans la mesure où le non au référendum était la négation d'une certaine économie politique, une influence de la consultation sur la composition du gouvernement aurait du se traduire par une métamorphose. Ainsi, et fort logiquement, on pouvait s'attendre à une arrivée massive de centristes afin de mener une politique moins libérale. Là encore, malgré le vote des français, il n'en est rien: on voit de nouveau les mêmes têtes, avec en prime un soupçon de libéralisme en plus. La rapide nomination de Sarkozy défie toute concurrence si je puis formuler les choses ainsi. En conséquence, ni au sujet du président de la république, ni au sujet du premier ministre (la voix de son maître), ni au sujet de la composition du gouvernement on ne peut parler d'influence du résultat du scrutin. Il semblerait au contraire que l'on baigne là haut dans l'autosatisfaction. Au vu des 55% de votes négatifs c'est de l'indécence.

Oui, mais il y a la gauche: c'est à dire la symétrie de la bêtise de droite par rapport au centre. Parce que la gauche pouvait agir. Le champ était libre. Ceux qui minoritaires s'étaient opposés au texte européen, pouvaient être mis en première ligne. Les autres défaits, pouvaient eux d'une part déclarer se soumettre au vote des français (ce que la droite n'a pas fait) et faire l'unité avec les minoritaires en s'accordant sur un non de gauche qui dépasse de loin les frontières du parti socialiste. La dynamique pouvait dans ces conditions se poursuivre. De vils calculs politiciens en ont voulu autrement. Les vaincus ont gagné et les vainqueurs qui ont su déclencher une vague de sympathie dans le pays sont désormais au placard.

Tout se passe comme si la dérive libérale, présente à droite évidemment, s'inscrivait aussi maintenant de manière définitive à gauche. Et cette fois ci, que l'on ne sorte pas les excuses habituelles: la situation dans laquelle se trouvait la gauche après les résultats était exceptionnelle. Elle pouvait voir grand et vite. L'état major a tranché. L'électorat a été floué.