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lundi 21 septembre 2015

Le comble de l’improvisation face à la racine du mal


 
Le comble de l’improvisation face à la racine du mal
 Paul Bernard
 
Pour dissiper le trouble qui paralyse les dirigeants de l’Union européenne et des États, il convient de rassembler les données stratégiques de cette migration hors normes. Quelques questions ne peuvent plus être occultées. Un tel déplacement de population, après quatre ans de guerre civile en Syrie, ne trouve-t-il pas sa cause première dans la stratégie terroriste de l’État islamique, qui a pourtant annoncé clairement le déversement de 500.000 immigrants en Europe (pour commencer !).

Il est donc indiscutable et urgent d’écraser au préalable la diabolique progression de la horde islamique en Syrie par la voie d’une coalition militaire.

Est-il opportun de vider le pays d’origine de sa ressource humaine, si la politique d’accueil ne comporte pas l’organisation du retour des migrants, en agissant dès à présent en faveur du développement et de la sécurité dans leurs propres patries ?

A-t-on véritablement pris conscience du fort pourcentage d’hommes dont la jeunesse aurait pu leur inspirer une autre attitude de résistance patriotique dans leur pays pour combattre l’odieuse barbarie ?

Pourquoi ne souligne-t-on pas la concentration exorbitante de la dimension religieuse de l’islam dans cette pénétration concernant des sociétés européennes qui n’y sont pas favorables ?

Seuls quelques rares États européens s’inquiètent de la menace portée sur leur civilisation. Quel sens convient-il de donner à ce mouvement collectif largement orchestré ?

Dans une reprise du curieux « esprit du 11 janvier », l’appel à l’émotion collective inspire une ivresse caritative qui ne peut, certes, être critiquée moralement, mais qui fait douter de la sincérité de dirigeants coutumiers de l’immoralité politique et de l’injustice sociale.

Sur un plan pratique, un grave schisme européen exprime l’implosion d’une construction européenne dont l’apparence institutionnelle ne résiste pas au choc des défis et rappelle l’irremplaçable responsabilité de l’État-nation. Au-delà des bonnes paroles altruistes, les hésitations et les renoncements des dirigeants européens démontrent que plus aucun État ne maîtrise le mouvement qui l’emporte dans l’inconnu. D’autre part, l’improvisation invraisemblable d’une telle politique de gribouille suscite d’importantes impasses insuffisamment appréhendées. Pour la France, a-t-on fait le calcul véritable du flot nouveau des populations à accueillir s’ajoutant au stock des populations immigrées qui n’ont pas encore réussi à s’intégrer dans la nation française ? Comment sera-t-il possible de trouver les moyens de financer et d’offrir le logement, l’emploi, la formation, la santé, la sécurité alors que, depuis 15 ans, nos gouvernements, à la différence de l’Allemagne, n’ont été capables que d’amplifier les déficits d’une gestion publique inconséquente ?

L’épreuve internationale actuelle ne peut pas réduire le devoir primordial de veiller aux intérêts de la nation et de répondre aux besoins urgents de la population en grande difficulté.

Les bons sentiments n’ont jamais suffi pour faire une bonne politique, car elle ne peut pas se passer de la vérité et du courage. 
 

Charlie Hebdo se fait hara-kiri



Charlie Hebdo se fait hara-kiri
 Philippe Bonnet
 
L’humour bête et méchant des trotskistes de Charlie Hebdo fait enfin réagir. Au moins dans le monde anglo-saxon, très choqué par le dessin du journal montrant Aylan, noyé, au pied d’une affiche McDonald’s avec ce commentaire : « Si près du but. » Des « élites » justifient cet humour, mal compris par les Anglo-Saxons. Cet humour qui donne la nausée aux gens qui se sentaient Charlie quand leur sacré n’était pas touché…

Un jour, peut-être verra-t-on dans la dernière de ce journal plus méchant que bête un dessin avec une inscription : « Aylan m’a tuer. » Le journal sera allé jusqu’au bout de sa logique : tout salir, tout casser, jusqu’à s’autodétruire après avoir été consacré martyr de la liberté d’opinion.

L’humour anarchiste et ravageur pour les autres, mais se gavant grassement du système est celui d’une génération passée. L’humour incapable d’autodérision, expression de la fatuité nombriliste de nos élites, a le même âge que le fossile Bedos, qui ne sait que traiter les autres de cons. Les Anglo-Saxons ne peuvent pas comprendre l’humour Charlie Hebdo, car celui-ci n’en est pas un !

L’épitaphe du journal pourrait être dédiée aux islamistes : « Ce n’était pas la peine de nous tuer, nous sommes assez “c…” pour nous suicider car nous ne respectons rien ! »

Devant ce dessin abject, aucun média français ne réagit, sans doute encore Charlie. Est-il si difficile de reconnaître que l’on s’est fourvoyé ?

Charlie se faisant hara-kiri en s’écriant, tel un Bedos dans un miroir, « Casse-toi pauvre c.. ! », cela finira ainsi. Mais en attendant, on nous explique qu’on peut tout salir, même la mort inutile d’un enfant, et qu’on peut rire de tout… entre Français au moins. 
 

Vive la Hongrie !



Vive la Hongrie !
 Martin Peltier
 
Marine Le Pen m’inquiète, mais ce qu’elle a dit sur la sogenannte (« soi-disant ») « crise des migrants » est rassurant. Elle tient correctement le cap. Elle a compris le scénario. Dans ses rapports, l’ONU prône depuis vingt ans la libre circulation des migrants vers l’Europe : la guerre que l’Amérique et l’Occident ont portée de la Libye à l’Irak produit enfin ces réfugiés nécessaires qui justifient l’invasion décidée par les idéologues et les économistes. Marine Le Pen parle de la chute de l’Empire romain comme d’autres du Camp des saints ; ils n’ont pas tort en un sens mais se trompent sur un point : Romulus Augustule n’a pas organisé, planifié le mouvement qui l’a emporté, et le président imaginé par Jean Raspail soutenait en sous-main ceux qui tentaient de résister à la déferlante de la compassion compulsive – est-ce le cas de Hollande ?

La résistance que laissent espérer les paroles de Marine Le Pen, Viktor Orbán la traduit en actes. C’est l’Europe qu’il défend contre les envahisseurs dont le vernis humanitaire a craqué : ils ont montré, en attaquant les policiers, leur vrai visage de nervis manipulés. Sans doute l’homme de Budapest ne fut-il pas exempt d’illusions libérales, mais il prouve aujourd’hui une détermination remarquable dont on espère qu’elle tiendra, face au déluge conjugué des migrants et de ceux qui les instrumentalisent après les avoir créés ex nihilo : les politiciens occidentaux et leur morale des droits de l’homme.

Il en faut, du courage, pour tenir face à la frénésie diplomatique et médiatique de coteries et de réseaux déchaînés. Il faut aussi qu’il se sache entièrement soutenu par son peuple. Heureusement, les Hongrois n’en ont jamais manqué face à la menace venue de l’Est.

Vive Viktor Orbán, vive la Hongrie et vive les Hongrois ! Ils combattent, aujourd’hui, le même ennemi qu’en 1956 : le totalitarisme mondial. Et tant pis pour nous s’il n’a plus le visage de l’Union soviétique mais notre propre visage. C’est notre honte, et c’est notre faute. 


Nos dirigeants face au flot migratoire : collabos ou criminels ?



Nos dirigeants face au flot migratoire : collabos ou criminels ?
 Stephan A. Brunel
 
L’État islamique en a rêvé. Les dirigeants européens – Merkel, Hollande et Juncker en tête – l’ont fait. Avec l’appui de tout ce que le continent compte de crétins humanitaires, de politicards opportunistes et d’artistes ignares (qu’ils chantent ou fassent leur métier d’acteur ou de cultureux, mais par pitié qu’ils se taisent sur les sujets où ils n’ont aucunes compétences !).

Plus rien ne va plus. Les frontières sont débordées. Toute la tuyauterie de Shenghen est en train de sauter. Le moment est si grave que la seule parade trouvée par quelques-uns est d’appeler à interdire de parole publique les dirigeants du FN, ceux par qui le scandale (de dire la vérité) arrive ! On hésite entre sidération et grand éclat de rire, tant la réalité est sans commune mesure avec les discours ronflants de nos dirigeants et de nos bien-pensants.

En direct, de la frontière hongroise nos gentils conquérants se font plus violents maintenant que l’on prétend leur interdire le « droit » au passage, comme la Hongrie est tout à fait fondée à le faire, en protégeant les frontières extérieures de l’Union. Ils lancent des pierres comme on le fait au Moyen Orient pour canarder les troupes israéliennes ou lapider la femme adultère !

De la frontière croate, les policiers sont débordés, les barrières renversées, le flot coule comme un torrent furieux. De la frontière autrichienne les bus et les trains amènent le flux continu de nos remplaçants, et la encore nous avons l’impression d’une inondation. De la Méditerranée, même sensation liquide, celle d’une marée humaine, venue d’Afrique noire.

Mais pourquoi bon sang tous ces migrants/réfugiés débarquent en masse, seulement maintenant, par la voie terrestre, depuis l’Irak et la Syrie, alors que le conflit là-bas dure déjà depuis 4 ans !? Nous n’avions jusqu’à présent que le train-train des arrivées, et des noyades, venues de Libye.

Est ce Erdogan qui a lâché les vannes en vidant les camps de réfugiés en Turquie ? Ou alors l’État islamique ne conduit-il pas une action délibérée de la terre brûlée, à vider les territoires sous son contrôle, pour provoquer la submersion de l’Europe avec son lot de djihadistes infiltrés ?

Quand certains mots s’imposent dans l’opinion, c’est que l’idée qui les sous tend va de soi, que la force du phénomène est plus forte que les contrefeux spécieux de la propagande officielle et des médias à la botte. Pensons au « Daech » que les socialistes ont voulu nous faire ingurgiter pour ne pas mécontenter leurs amis musulmans en prononçant les termes d’islam ou d’islamisque, « cette hostie consacrée, l’Agnus dei des bobos », comme dirait Olivier Rolin.

« Migrants », « barbares » et « dirigeants criminels » sont de ceux-là. Ce sont les mots d’un nouveau paradigme de pensée. Criminels est le mot qui convient pour qualifier nos dirigeants, et non celui de collabos, que l’on a pu lire sous la plume de R. Camus ou P. Cassen, mot trop doux, et surtout anachronique, et tombant dans la reductio as hitlerium.

Criminels sont nos dirigeants européens dépliant le tapis rouge à tous les migrants de l’Afrique et du Moyen-Orient en faisant de l’Europe une terre de conquête après qu’ils ont déstabilisé ou détruit leurs pays d’origine avec l’ami américain ! L’Histoire plus que les tribunaux jugeront nos dirigeants ! Patience !


Les clés du pouvoir sont dans le bureau de Jacques Attali


  
Les clés du pouvoir sont dans le bureau de Jacques Attali
 Jany Leroy
 
Peut-on prévoir l’avenir de la France ? Jacques Attali s’est posé la question dans son dernier livre. Sur le plateau de LCI, face à une journaliste au regard éperdu d’amour, le prédicateur livre une réponse sans appel : l’avenir de la France est « très magnifique ». Ni plus, ni moins. Préparez les guirlandes, dépliez les lampions, ça va déménager sec dans le féerique. Va y avoir de la fée Clochette au gouvernement, c’est lui qui nous le dit…

Le visionnaire du redressement national précise sa pensée, car – ne nous emballons pas – ce nirvana ne peut survenir qu’en appliquant le programme que le saint homme est en train de concocter dans son laboratoire secret. C’est la condition. Et ça bosse dur de ce côté-là. Éprouvettes fumantes, mixture insensées, décoctions magiques, le chercheur est aux manettes et, entre deux explosions, il nous livre le fruit de ses travaux. C’est du lourd.

Au fil de l’interview, il apparaît que Jacques Attali se rêve en marionnettiste du prochain Président. Depuis 30 ans, personne n’a réformé, tous étaient nuls, traîne-savates, dégonflés, y compris Mitterrand dont il était le conseiller… Alors, pourquoi s’entêter ? En guise de Président, il suffit de choisir un clampin propre sur lui, un gars à lunettes qui fasse illusion et le tour sera joué pour peu que le quidam en question applique à la lettre le programme de Jacques Attali. Plus qu’un simple livre, voilà un genre de notice Ikea pour remonter la France. Les dessins en moins. C’est la faiblesse du bouquin.

Nantie de ce mode d’emploi imparable et tenue par quelques ficelles tirées par qui-vous-savez, la prochaine présidence ne serait qu’un parcours de santé. Une simple formalité. Reste à trouver un bon serreur de main, un cravaté présentable, pas trop gros, pas trop maigre, une sorte de François Hollande en « pas grillé ». Un jeu d’enfant.

Pour les postulants impatients de découvrir la teneur du programme mode d’emploi, Jacques Attali a créé un site Internet sur lequel chacun peut apporter sa contribution, compléter les pointillés, dessiner un mouton… L’affaire semble perfectible. Déjà 5.000 visiteurs, claironne-t-il. Diable… Tout un village !

Maintenant abordons un sujet plus grave, la question qui nous taraude : peut-on prévoir l’avenir de Jacques Attali ? Hélas, oui. Après consultation du blanc des yeux de la journaliste de LCI, il apparaît nettement que Jacques Attali continuera d’être invité de toutes parts à déballer son discours sinistre. Sa route est tracée et, sans aucune surprise, sa vocation perdure : emmerdeur en chef des chaînes d’info, plombeur d’ambiance de talk-show, grisailleur de médias, rien ne le déviera de son chemin. Au terme de tous ses efforts, en signe de récompense pour services rendus, à l’horizon 2018, Jacques Attali devrait atteindre la consécration en finissant planté dans un pot à l’entrée de BFM TV. Et ça aussi, c’est très magnifique.
source
Boulevard Voltaire :: lien

La dernière trouvaille de Najat : noter de 1 à 4 et supprimer le zéro



La dernière trouvaille de Najat : noter de 1 à 4 et supprimer le zéro
 Marie Delarue
 
Lutter contre les discriminations, en finir avec les inégalités… vaste chantier qui occupe à temps plein nos politiques. Qu’ils disent.

Dans leur quête éperdue vers un homme-femme universel hétéro-gay-bi-trans et tout aussi uniformément d’un teint beige coloré surmonté de cheveux ni frisés ni lisses couleur mi-chameau mi-queue de vache, le chemin est long. De nécessaires étapes nous ont déjà été proposées, pas toutes aisément acceptées par les populations, mais c’est la dure loi des pionniers : « Le premier qui dit la vérité, etc. » chantait feu Guy Béart.

C’est dans cette généreuse optique, n’en doutons pas, que le ministère de Najat Vallaud-Belkacem a fait, en ce jour de grève des enseignants contre la réforme des programmes, une époustouflante proposition égalitaro-révolutionnaire : supprimer l’actuelle notation sur 20 pour la remplacer par un unique barème de 1 à 4, ou peut-être de 1 à 5, dont le zéro serait exclu. Cela de la maternelle à la troisième (sachant qu’après, on ambitionne de donner le brevet à tous ou presque et le bac itou, ça ne devrait plus s’imposer).

L’objectif, qui satisfait paraît-il grandement les parents, est « d’en finir avec la note sur 20, trop souvent calculée à la tête du client » (sic), ce barème en 4 points sans zéro discriminatoire apparaissant alors comme « un mode de notation plus juste et plus objectif » (resic).


Voilà qui va assurément faire plaisir aux enseignants qu’on prend ouvertement pour des jean-foutre. Ainsi ce professeur de lettres classiques qui, ce jeudi matin, ne décolérait pas au micro de RTL : « C’est la première fois de ma vie que je vais manifester. Je suis déjà écœurée par la réforme des programmes et voilà qu’on choisit cette journée de grève pour nous en rajouter ! » Outrée par l’idée qu’on l’accuse de noter au faciès, elle disait passer en moyenne 15 à 20 minutes par copie pour corriger minutieusement les rédactions des élèves, assurant qu’un 11 ne valait pas un 15, ni un 15 un 19 ! Quant à abandonner le zéro, ce serait la porte ouverte à tous les devoirs non faits non sanctionnés, disait-elle.

Les jeunes Français étant semble-t-il les plus anxieux, avec les Japonais et les Coréens, ce système aurait « l’avantage de ne plus classer les élèves du premier au tout dernier de la classe. Une dernière place souvent synonyme d’humiliation inutile », disent les pédagogues. Que les jeunes Français soient anxieux à l’école, c’est une évidence. Que cela soit dû à la notation n’est en revanche pas certain du tout. On peut imaginer que c’est, au contraire, l’abandon de la méritocratie autant que le refus de valoriser les filières d’apprentissage, ou de reconnaître l’excellence, par exemple, qui créent l’anxiété en envoyant le troupeau vers des fourre-tout abstraits ou beaucoup ne trouvent pas leur voie et perdent tout espoir d’avenir.

Au train de l’utopie folle où vont les choses, on peut aussi imaginer – à l’instar des CV anonymes réclamés par certains – un monde scolaire où les maîtres ne connaîtraient ni le nom ni le visage des enfants. Devoirs anonymes, enseignant séparé des élèves par une vitre opaque, classe en silence pour qu’aucun accent ne vienne trahir l’origine, pas de notes à l’arrivée… Mais, au fait, cela existe déjà : planquons tous les gamins derrière un écran, désignons les par un numéro et le tour sera joué !
 

jeudi 17 septembre 2015

Une chorale syrienne chrétienne privée de visa pour la France



Une chorale syrienne chrétienne privée de visa pour la France
 Charlotte d'Ornellas
 
Il y a quelques jours, Laurent Fabius organisait une conférence internationale sur les « minorités persécutées par l’État islamique », sans inviter un seul représentant des minorités syriennes. Il fallait déjà oser.

Cela fait également plusieurs jours que les autorités françaises se relaient pour prôner l’accueil irraisonné de tous les clandestins qui se pressent aux portes de l’Europe et dont on ignore aussi bien l’histoire que les motivations. « Tous » doivent être accueillis, insistent-ils, alors même que le pape, un ministre libanais, le président syrien… et même Bernard Cazeneuve reconnaissent qu’il existe un risque (évident) de présence islamiste à bord de ces bateaux.

En résumé, pour organiser des conférences et se faire mousser sur les « minorités persécutées », il y a du monde. Pour ouvrir les portes du pays en grand et en dépit de toute prudence, encore plus.

Mais, surprise, on apprenait lundi que les membres d’une chorale chrétienne syrienne n’avaient pas obtenu de visa pour venir chanter à Strasbourg, dans le cadre d’un festival de musique religieuse, en raison de dossiers « pas fiables ». Il n’est pas inutile de préciser que cette chorale, elle, avait prévu de rentrer dans son pays une fois le festival achevé. Pas inutile, non plus, d’ajouter que les artistes musulmans ou bouddhistes qui participent à l’événement n’ont eu aucun problème pour obtenir leurs visas.

Devant le scandale provoqué par la nouvelle, le ministère de l’Intérieur n’a pas tardé à réagir. « Nous avons donné des instructions pour que le consulat procède à un réexamen bienveillant, la décision rendue ne nous paraissant pas adaptée », a expliqué Pierre Brandet, porte-parole du ministère. L’ambassade de France à Beyrouth avait annoncé plus tôt mardi que l’administration avait été saisie et que le dossier était étudié à Paris.

La nouvelle n’est pas anodine, elle tombe quelques heures après une intervention fort intéressante de Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie, sur Radio Courtoisie : « Je me suis entretenu avec un haut fonctionnaire de la République [préfet] qui travaille dans l’accueil des réfugiés et qui m’a dit très clairement […] : “Voilà, il y a des chrétiens syriens et irakiens qui attendent depuis huit mois un visa à Beyrouth” avant de m’expliquer : “Il faut savoir que l’ambassade de France à Beyrouth sous-traite l’instruction des dossiers de visas à une compagnie privée libanaise détenue par un musulman sunnite”. » Intéressant.

Frédéric Pichon poursuit sur les « consignes » du gouvernement français : « En gros, la consigne, ça a été de dire : “Vous pouvez accueillir des Syriens, mais à condition qu’ils ne soient pas pro-régime.” Sous-entendu : si vous êtes alaouites ou chrétiens, vous êtes réputés être pro-régime, donc bizarrement, votre visa est instruit pendant huit mois à l’ambassade de France ».

L’exemple de cette chorale syrienne devient saisissant. Mais que craint donc le gouvernement français pour donner de telles consignes ? Que ces chrétiens syriens parlent de cette guerre menée contre leur pays ? Qu’ils critiquent légitimement la politique étrangère française ? Où est donc passée la démocratie ?

Ces chrétiens ne sont pas nécessairement « pro-régime », ils mettent aujourd’hui leur confiance dans l’armée syrienne, contre de multiples groupes islamistes qui menacent leur existence même dans le pays, excusons-les. Mais pour le gouvernement français, il existe apparemment des minorités qui sont priées d’être persécutées en silence… 
 

UMP/LR : cherchez la différence !



UMP/LR : cherchez la différence !
 Dominique Jamet

Les malveillants et les méchants – ils sont partout – vont clabaudant et répétant qu’ils ne voient pas très bien ce qui distingue Les Républicains (LR) des Zuempés (UMP). Les différences, nombreuses et fondamentales, sautent pourtant aux yeux des observateurs de bonne foi.

Feu l’UMP était un panier de crabes, comme avant elle le défunt RPR avait été un nœud de vipères. LR est (ou sont ?) un marigot peuplé de crocodiles.

Les rivalités et les querelles de personnes avaient jalonné et marqué l’histoire de l’UMP. L’entente la plus parfaite règne entre les principaux dirigeants de LR, comme en attestent les photos de groupe qu’ont réussi à prendre des photographes spécialistes de l’instantané.

L’UMP n’était qu’une machine électorale au service des ambitions de ses divers leaders, chacun à la tête de son écurie. On y cherchait vainement une pensée, des idées, un programme, une philosophie, une cohérence. Rien à voir avec l’état d’esprit qui règne à LR où, dès que la primaire aura départagé les sept ou huit candidats à la présidentielle, on se mettra (c’est promis) au travail.

L’UMP était restée inébranlablement fidèle à la très ancienne tradition des votes truqués, qu’elle avait trouvée dans son berceau. Le lamentable épisode de l’élection à sa présidence, volée à l’arraché par Jean-François Copé à François Fillon, est encore dans toutes les mémoires. La mainmise de Nicolas Sarkozy sur l’appareil de LR est la garantie absolue de l’honnêteté de la consultation à venir.

La seule raison d’être de l’UMP, sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, avait été de prendre le pouvoir puis de le conserver, quitte à n’en rien faire. LR, « premier parti d’opposition » (sic), appliquera son programme, c’est promis, sans qu’on sache encore très bien si ce programme sera une copie un peu pâle de celui du Front national, ou un démarquage de celui du Parti socialiste.

Après sa défaite de 2012, l’UMP n’en comptait pas moins trois présidentiables : dans l’ordre, Sarkozy, Juppé et Fillon. LR s’enorgueillit d’aligner trois présidentiables : dans l’ordre, Juppé, Sarkozy et Fillon. Le changement, c’est pas encore pour maintenant.

Au fait, j’allais oublier : LR, il y a un an, s’appelait l’UMP. L’UMP, aujourd’hui, a nom « Les Républicains ».

Matthieu, dans son Évangile, condamne la pratique qui consiste à mettre le vin nouveau dans les vieilles outres dont il prend le goût. À LR, on met la vieille vinasse dans des outres neuves où elle se conserve telle quelle. C’est toute la différence.


Il est grand temps que l’Europe se libère des Etats-Unis


 
Il est grand temps que l’Europe se libère des Etats-Unis
 Christian Vanneste
 
Dans le « Western soft » que nous projettent les médias, il y a les bons et les méchants : d’un côté, les héros de la démocratie droit-de-l’hommiste derrière la star Obama, parmi lesquels Angela Merkel vient de prendre une place de choix ; de l’autre, les champions de la force obscure, dont Vladimir Poutine est une figure emblématique, et Viktor Orbán un émule gênant, un mouton noir dans le troupeau bêlant de l’Union européenne. Entre le prix Nobel par anticipation et l’ancien officier du KGB, le choix semble s’imposer… Un peu trop, sans doute, pour ne pas éveiller le sens critique indispensable à la liberté de penser et à la vraie démocratie.

Washington a joué les Frankenstein en créant un monstre, ou plutôt en le réveillant. Le totalitarisme rouge a été remplacé par son vainqueur à Kaboul : le fondamentalisme islamiste. Mais l’Orient compliqué ne s’adapte pas aux histoires simples. Les interventions militaires n’ont pas résolu les problèmes ou les ont aggravés. Les talibans s’activent toujours chez les Afghans. L’Irak a explosé.

Il est difficile de gagner des guerres lorsque l’ennemi n’est pas clairement désigné et qu’on a, pour amis, ses amis. Alors Obama est arrivé pour reprendre la bonne vieille cible russe, en essayant de dissoudre l’islamisme dans une version plus modérée. Sans succomber à un complotisme échevelé, la succession des printemps, les uns arabes, les autres ukrainiens, ont présenté bien des similitudes avec leurs places parsemées de fleurs : que la bonhomie américaine ait été souvent le décor d’un machiavélisme achevé n’est pas nouveau et demeure logique dans une politique d’intérêt national. Tandis que les États-Unis se refaisaient une santé à coups de dollars et de gaz de schiste, leurs actions systématiquement provocatrices à l’égard de la Russie, en Syrie ou en Ukraine, allaient-elles dans l’intérêt de l’Europe ?

Le chaos syrien est à l’origine des mouvements migratoires encouragés par les Américains et leur allié turc. Le but est d’abattre le dernier pouvoir proche de Moscou au Moyen-Orient, non de renverser un dictateur, dont toutes les expériences récentes montrent qu’il laisserait la place au chaos, comme en Libye, ou à un retour à l’ordre musclé sous un régime militaire ou islamiste.

La Russie est un pays dont l’histoire est singulière. Elle n’a jamais connu de démocratie à l’occidentale. Sa culture dominante d’une fabuleuse richesse appartient cependant à la civilisation occidentale, européenne et chrétienne. Son dirigeant actuel poursuit avec succès un double objectif. Il veut d’abord rendre à son pays sa place dans le monde, sa sphère d’influence légitime auprès des pays qui, pendant des siècles, ont appartenu à l’Empire russe. Il veut ensuite dépasser les contradictions de l’histoire nationale en affirmant une identité fière d’elle-même, de Pierre le Grand comme de Stalingrad.

Ces ambitions ne menacent en rien l’Europe dont la Russie est le voisin géographique et le partenaire économique naturel, dont l’appauvrissement ne présente que des inconvénients. Une Ukraine fédérale peut être un pont entre l’Union européenne et la Russie, à condition qu’elle n’intègre ni l’Europe ni a fortiori l’OTAN. Vladimir Poutine va proposer un plan pour la Syrie. Là encore, la stabilisation de ce pays est dans l’intérêt des Européens. Il n’est pas sûr qu’il y ait une pareille convergence avec la Turquie et avec les États-Unis. Il est temps, si l’Europe veut exister, qu’elle se libère du pays qui, il y a longtemps maintenant, l’a libérée.


Face aux réfugiés, des opinions européennes profondément divisées



Le retournement du tabloïd allemand Bild a joué un rôle majeur dans le bon accueil fait aux réfugiés en Allemagne, avant que Berlin ne rétablisse, dimanche 13 septembre, les contrôles à sa frontière autrichienne en raison de l’afflux de demandeurs d’asile. La découverte, en Autriche, d’un camion contenant des migrants morts a créé un premier choc dans l’opinion européenne. Les photos de la mort du petit Aylan sur une plage turque ont bouleversé l’opinion et joué un rôle important dans certains pays dans un revirement en faveur des réfugiés.

En Allemagne où le nombre de volontaires prêts à venir en aide aux réfugiés ne semble pas faiblir, l’accueil de nombreux demandeurs d’asile en provenance d’Autriche était, la semaine dernière, approuvé par 66 % des sondés interrogés pour la chaîne publique ZDF. En revanche, 29 % critiquaient cette décision. Un autre sondage également publié le 11 septembre montrait que, si 61 % des Allemands ne voyaient pas les réfugiés comme une menace, 38 % disaient avoir peur de cette arrivée massive.

61 % de Italiens en faveur de l’accueil des réfugiés

L’image est plus nuancée en France. Un sondage pour BFM-TV indiquait le 9 septembre que 53 % des Français étaient favorables à l’accueil des réfugiés, mais une étude pour Paris-Match et i-Télé montre que 57 % d’entre eux considèrent que les Syriens sont « des migrants comme les autres ». Le revirement est plus net en en Italie. D’après un sondage publié le 12 septembre dans La Repubblica, une nette majorité (61 %) se dégage en faveur de l’accueil des réfugiés qui débarquent sur les côtes italiennes. C’est 20 points de mieux que lors du précédent sondage en juin. Deux facteurs expliquent ce renversement de tendance : l’émotion causée par la publication de la photo du cadavre du petit Aylan et l’appel du pape François afin que chaque paroisse héberge une famille de migrants.

Dans les pays qui affichent les positions les plus hostiles à l’accueil des réfugiés, les médias ont été très discrets sur la photo d’Aylan. Les médias tchèques et slovaques ne l’ont publiée que deux jours plus tard et essentiellement en pages intérieures pour constater l’émoi qu’elle avait provoqué dans le monde. Le rédacteur en chef du premier quotidien tchèque MF Dnes (droite), Jaroslav Plesl, a expliqué sa non-publication par son « refus de se laisser gouverner par les sentiments ». Toute la classe politique tchèque a adopté la même attitude et l’opinion publique a suivi.

En Slovaquie, seul le quotidien libéral Dennik N a publié l’image. Il est également l’unique média qui appelle les autorités slovaques à accueillir davantage de réfugiés que les 200 chrétiens syriens envisagés par le premier ministre Robert Fico. Les propos xénophobes se réjouissant de la mort du petit Aylan ont été tellement nombreux, en particulier sur les réseaux sociaux, que le ministère de l’intérieur slovaque s’est senti obligé de rappeler qu’ils étaient passibles d’amendes et de peines de prison.

Tout a été fait aussi en Hongrie, du côté des médias proches du gouvernement, pour empêcher une vague d’empathie et attiser, au contraire, l’anxiété de la population hongroise. La divulgation d’un email interne a montré que les équipes de la télévision d’Etat hongroise ont reçu pour consigne de ne pas filmer les enfants, soi­-disant pour les « protéger ». Pour une bonne partie des Hongrois, les réfugiés sont donc des hommes jeunes, parfois agressifs contre les policiers. Résultat, l’impact de la photo du petit Aylan a été quasiment nul en Hongrie.

Les Polonais contre les quotas

Dans les anciens pays de l’Est, la Pologne paraît un peu plus ouverte. Une courte majorité de la population (53 %) se prononce pour l’accueil des réfugiés venus du Proche-Orient. Mais sur cette majorité, seuls 16 % sont favorables à un accueil « sans conditions » et 37 % à condition que l’UE ou l’ONU financent le séjour des personnes accueillies. Et 55 % des Polonais se disent opposés aux quotas obligatoires européens.

La Suède était déjà l’un des pays d’Europe les plus ouverts aux demandeurs d’asile. La photo du corps d’Aylan a eu un effet d’autant plus dramatique que la famille était en route pour la Suède afin d’y demander l’asile. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ces derniers jours dans le royaume, dimanche 13 septembre encore à Malmö, en faveur d’un accueil humain des demandeurs d’asile. La télévision publique suédoise SVT a fait des opérations spéciales avec appel de fonds qui ont rassemblé plus d’argent que lors du tsunami.

Le poids de l’extrême droite dans le pays ne semble pas peser sur l’opinion, ni sur le gouvernement au pouvoir, contrairement au Danemark qui a brièvement fermé sa frontière avec l’Allemagne et refuse d’accueillir des réfugiés. Aux Pays-Bas, malgré le poids du parti xénophobe de Geert Wilders, le gouvernement approuve généralement la politique prônée par la Commission de Bruxelles – dont le Néerlandais Frans Timmermans est le numéro deux. Une majorité de citoyens se rallie à cette ligne qui suscite davantage de malaise au sein du Parti libéral du premier ministre Mark Rutte.

Le débat est plus compliqué en Belgique. Bart De Wever, le chef du parti nationaliste flamand (NVA) a proposé de limiter les droits, notamment sociaux, accordés aux réfugiés et invité les Européens à ne pas se « culpabiliser », notamment après la diffusion des photos du petit Aylan Kurdi. En Flandre, un débat émerge sur l’attitude des grands médias, présumés favorables à une politique d’accueil et accusés de prendre le contre-pied de la « majorité silencieuse ». Du côté francophone, un malaise est né au sein de la principale chaîne privée, RTL-TVi, après des accusations de populisme et de xénophobie lancées contre certaines émissions.

Une autre image a fait le le tour du monde, celle de la journaliste hongroise Petra Laszlo, la cameraman d’une chaîne de télévision d’extrême droite, qui avait fait des croche-­pieds à des réfugiés portant des enfants et poursuivis par des policiers qui voulaient les enregistrer. Malgré ses excuses, l’image a un peu plus terni la réputation de la Hongrie : elle a fait passer le message que ce pays devait être évité à tout prix par ceux qui entreprennent leur longue marche vers l’Europe de l’Ouest.
 

Sabra et Chatila, on n’oublie pas !



C’était il y a 33 ans jour pour jour, et à l’heure où la question des réfugiés fait la une, qui va rappeler que des milliers de réfugiés palestiniens, civils sans défense, ont été massacrés pendant plus de 48 H par les milices libanaises isolationnistes épaulées par l’armée israélienne ?

Erreur


A la fin de l’été 1982, l’armée israélienne a ravagé le Liban, faisant en deux mois plus de 15.000 tués dans la population de ce petit pays qui accueille aussi des centaines de milliers de réfugiés palestiniens.

Encerclés dans Beyrouth-Ouest après avoir opposé une résistance farouche à l’envahisseur, les combattants palestiniens quittent la ville par la mer, sous protection des Nations Unies. L’OLP de Yasser Arafat a accepté cette option, non seulement parce qu’il n’y a aucune issue militaire pour elle face à un ennemi aussi puissant, mais aussi pour tenter d’éviter l’énorme bain de sang que provoquerait, dans la population civile de Beyrouth-Ouest, un assaut israélien sur la ville.

Le bain de sang a quand même lieu. Les 16 et 17 septembre, dans Beyrouth occupée, et alors qu’il n’y a plus de présence armée palestinienne, des milices libanaises alliées d’Israël massacrent la population sans défense des camps de Sabra et Chatila. En deux jours, plus de 3.000 hommes, femmes et enfants sont assassinés, par balles, à la hache et au couteau, brûlés vifs ou écrasés par des bulldozers.

Israël se trouve vite incapable de nier l’évidence, à savoir que la boucherie n’a pu avoir lieu ni à l’insu de son armée, ni sans sa participation, car des preuves irréfutables de la présence de « Tsahal » autour des deux camps sont immédiatement produites.

Il a été prouvé, depuis, que la participation israélienne à Sabra et Chatila a en fait été directe, planifiée de bout en bout aux plus hauts échelons de l’armée (général Rafael Eytan) et du gouvernement (général Ariel Sharon, ministre de la Défense). Il est ainsi avéré qu’une unité de tueurs israéliens a pénétré dans le camp, pour assassiner des dizaines d’infirmiers, médecins, et professeurs figurant sur des listes préparées à l’avance.

Une commission d’enquête est annoncée. On s’en contente. Ladite commission conclura scandaleusement à des « négligences » de gradés, coupables seulement de n’avoir « pas fait le maximum » pour prévenir le massacre. Et même le plus exposé, Sharon, reste en place, troquant seulement le portefeuille de la Défense pour celui du Commerce ! Le boucher poursuivra sans accroc sa carrière, jusqu’à son élection triomphale de Premier Ministre en 2001. Un quart de siècle plus tard, ni Sharon, ni aucun autre militaire israélien n’ont eu à rendre de comptes pour Sabra et Chatila.

Le tribunal des crimes de guerre de Kuala Lumpur (KLWCT) a jugé l’ancien général de l’armée israélienne, Amos Yaron, et l’État d’Israël coupables de crimes contre l’humanité et de génocide pour le massacre de Palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth, en 1982.

Le président de KLWCT, Tan Sri Lamin Yohd Yunus, qui dirigeait un groupe de sept membres, a déclaré que le tribunal était convaincu au-delà de tout doute raisonnable que les deux défendeurs étaient coupables des chefs d’accusation retenus contre eux.

Erreur


Ceux qui jouent aujourd’hui à se renvoyer les réfugiés d’un pays à l’autre, sont pour la plupart responsables de la situation de ces réfugiés dans les pays où ils ont semé la mort, la division, le chaos.

Et c’est la plus grande omerta qu’ils font régner sur la situation des réfugiés palestiniens qui, lorsqu’ils ne sont pas massacrés par Israël avec leur bénédiction, se voient interdit de retour dans leur pays, la Palestine, au mépris du droit international.

Venez demander des comptes avec nous ce samedi !

Erreur

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Coup d'oeil sur le top 50 - Génération désenchantée




Peuple, religion et ethnie



 Jacques Sapir
 
La question des représentations, des mythes fondateurs sur lesquels s’appuie une société, se pose alors. Il faut comprendre ce qui « fait peuple » ou du moins permet à une communauté de fonctionner. Les réponses potentielles sont multiples, mais elles sont toutes problématiques. On va ici s’intéresser plus particulièrement à la question du « lien religieux » et du « lien ethnique ».


La communauté de croyants n’est pas le « peuple ».

On peut ainsi penser aux religions, et plus précisément aux systèmes de valeurs véhiculés par des religions, et ceci quelles qu’elles soient comme définissant une base de culture qui pourrait constituer, ou aider à constituer, un « peuple ». La question de savoir si l’existence d’un système de valeur communément admis, ce que Hayek appelle les « meta-valeurs »[1], est nécessaire à l’existence d’une société est posée. Mais la réponse qu’il a apportée à cette question pose problème en raison de sa méconnaissance des conflits qui naissent autour de ces méta-valeurs.

Ces conflits ont occupé une bonne partie du Moyen-Age et de la Renaissance. Alors que l’on pensait en avoir finit avec eux, fusse au prix du « Dieu est mort » de Nietzsche[2], et du constat similaire qu’en tirait Durkheim[3], il nous faut constater que ces conflits ressurgissent devant nous. La fin du XXème siècle, tout comme le début du XXIème a été marquée, on l’a beaucoup dit, par une remontée de ce que l’on croit être un sentiment religieux, y compris dans des formes extrêmes (l’intégrisme) que l’on retrouve dans les principales religions. Mais, ce « retour du religieux » est un phénomène profondément contradictoire.

Il y a d’un côté la volonté –respectable – de trouver un sens dans notre destin et ceci d’autant plus que notre cadre immédiat de vie peut être déstabilisé par les conséquences de la « mondialisation ». Le retour du religieux se vit ici comme une aventure personnelle. Mais il y a aussi, et il ne faut pas le nier, la dimension d’imposer des valeurs individuelles à l’ensemble de la société. Or, cette dernière résiste à cette tentative d’imposer des valeurs homogènes car elle est elle-même hétérogène. Dès lors, ces individus entrent en guerre contre leur propre société. C’est le début de l’intégrisme, bien représenté par ailleurs dans l’ensemble des religions. Les valeurs que l’on prétend alors porter sont en conflit direct avec les comportements des personnes qui les portent. Les intégristes de toute obédience donnent une image haïssable des valeurs qu’ils prétendent porter. À chaque acte de ségrégation, à chaque acte d’intolérance, à chaque bombe, à chaque acte terroriste, c’est bien le contraire des valeurs des religions qui est mis en avant.

En fait, derrière l’apparence d’une montée de la religiosité, c’est en réalité à une montée des affirmations identitaires et narcissiques que l’on assiste. Les crispations autour des tabous alimentaires et vestimentaires, sur les signes extérieurs (comme la question du voile chez les musulmans) ont avant tout pour but d’identifier brutalement une communauté, de la séparer du reste de la population et de l’enfermer sur des références mythifiées pour le plus grand profit de quelques uns. Ces pratiques, en produisant des mouvements de réactions, font en réalité progresser la division des individus entre eux au lieu d’y mettre fin. Dans la quête de la pureté, et toute religion distingue le « pur » de « l’impur », il ne peut y avoir de mouvement collectif, si ce n’est de petites communautés en proie aux réactions violentes d’autres communautés. On croit ainsi se protéger de l’anomie et l’on s’y précipite tête baissée.

Mais on pourrait en dire autant de ce que l’on appelle des « religions laïques [4]», termes qui sont en réalité terriblement ambiguës et trompeurs. Ces termes qui recouvrent la tentative de sacraliser un certain nombre de principes. Ils oublient que la laïcité est un principe politique et non une position philosophique[5], même si il y a une philosophie qui peut s’inspirer de ce principe. Ici aussi, derrière les extravagances des extrémistes, il est facile de trouver la même revendication identitaire et le même narcissisme que chez les intégristes, mais de plus souvent enrobées dans un épais discours de bien-pensance. C’est à une course non vers l’autre mais à la revendication de soi que l’on assiste. Et l’on comprend bien que, dans cette course effrénée, les principes eux-mêmes sont manipulés, instrumentalisés, sacrifiés et finalement perdus. Les fameuses « réformes sociétales », aujourd’hui promues au rang de substitut des réformes sociales par ceux-là mêmes qui ne font que pousser à la roue du « froid paiement au comptant » et de l’idéologie de marché[6], se font alors que dans la société un certain nombre de droits fondamentaux régressent. Le narcissisme forcené se révèle à chaque étape de ce que l’on veut nous présenter comme une lutte émancipatrice et qui n’est qu’une parade des intérêts individuels de certains. Ce n’est donc pas dans la parade des identités camouflée sous le masque du religieux (ou d’un athéisme militant), que l’on trouvera un principe permettant à des populations de vivre ensemble ; bien au contraire.


Le rôle de l’ethnicité.


Une autre solution pourrait être fournie, en apparence, par l’ethnicité. C’est ici que se situe le fantasme du « grand remplacement », mais aussi certaines réalités dérangeantes. Comment, alors, définir un groupe ethnique ? S’opposent ici les tenants entre une vision essentiellement subjective de l’ethnicité et les partisans d’une vision dite « objective »[7]. Il est cependant relativement facile de montrer que ce ne sont pas des faits « objectifs » qui amènent à la constitution d’une Ethnie ou d’un Peuple mais bien des principes politiques. Ceci a été montré par un grand anthropologue, Maurice Godelier, dans son étude sur les Baruya[8]. Il insiste sur l’origine historique des clans et des ethnies. La définition ethnique n’est pas la solution à la constitution de la société :« L’ethnie constitue un cadre général d’organisation de la société, le domaine des principes, mais la mise en acte de ces principes se fait dans une forme sociale qu’on reproduit et qui vous reproduit, qui est la forme tribale »[9]. La distinction entre « tribu » et « ethnie » est essentielle si l’on veut comprendre comment se constituent les peuples. Avec la tribu nous sommes de plein pied dans des formes politiques d’organisations de la société.

Il faut cependant faire une distinction nécessaire entre l’imaginaire et le symbolique pour ce qui est la constitution historique de ce corps social. Dans le domaine du symbolique, il apparaît l’importance de la part du corps dans la constitution de ce sujet social et plus récemment sur la distinction entre les choses que l’on vend, les choses que l’on donne et celles qu’il ne faut ni vendre ni donner mais transmettre. On retrouve ici l’importance des règles, qu’elles soient explicites ou implicites, et qu’elles soient ou non adossées à un tabou. Si les règles symboliques, du fait de l’importance qui leur est conférée, ont bien un effet objectif (nul ne peut s’abstraire sans conséquences des liens familiaux particuliers ni rompre un tabou) leur origine est purement sociale (établir une domination ou organiser des formes de coopération). L’existence d’un tabou particulier renvoyant le plus souvent à une forme de domination d’une minorité sur une majorité.

Le processus d’autonomisation par rapport aux conditions d’émergence et de production est bien de l’ordre du réel, et la situation crée par l’existence d’un mode symbolique en surplomb du monde réel constitue bien une contrainte pour la totalité des acteurs. Pourtant, cela n’empêche pas qu’historiquement, ce qui prime est le processus d’engendrement et de production de ces mêmes règles sociales. La vie en société est donc en réalité antérieure à la construction de l’ethnie. L’ethnie est une construction sociale[10] et non une réalité biologique, et il s’agit parfois d’un mythe discursif utilisé pour séparer une population d’une autre. Mais, une fois que l’on aura répété ces vérités, on sera néanmoins confrontés à l’acquisition des règles nécessaires à la vie en société par de nouveaux arrivants souhaitant se joindre à une population. Et, c’est ici que se trouve la frontière entre le discours mythique du « grand remplacement » et le constat, quant à lui bien réel, de l’échec d’une intégration pour une partie des populations immigrantes car ces dernières n’ont pas eu de références qu’elles pouvaient assimiler. L’intégration est un processus d’assimilation des règles et des coutumes, qui est en partie conscient (on fait l’effort d’apprendre la langue et l’histoire de la société dans laquelle on veut s’intégrer) mais qui est aussi en partie inconscient. Pour que ce mécanisme inconscient puisse se mettre en place, encore faut-il qu’il y ait un référent. La disparition ou l’effacement de ce dernier au nom d’un « multiculturalisme » qui ne désigne en fait que la tolérance à des pratiques très différentes, est un obstacle rédhibitoire à l’intégration. De fait, de même que pour échanger il faut instituer des objets que l’on n’échange pas, pour intégrer et aboutir à un principe de tolérance des individus il faut définir des limites très claires, des points sur lesquels il n’est pas question de transiger. Ici encore, on découvre les dégâts produits par un relativisme outrancier qui se pare des atours des sciences sociales pour mieux en subvertir les enseignements et en détruire les fondements.


La force du lien politique.

L’importance du politique se révèle par un autre terme qui est mis en avant par Maurice Godelier et qui est d’une extrême importance : c’est celui de tribu. On est ici confronté à une organisation politique, certes considérée comme primitive, mais qui assure la résilience des autres formes. Il y a là une piste extrêmement importante. Si nous ne sommes pas revenus à la situation que décrivait Marx, des individus sans plus de liens que des pommes de terre dans un sac, après être passés par différents stades intermédiaires, c’est qu’il y a bien quelque chose qui continue de nous unir. Cette chose, c’est l’État, ou l’organisation politique de la société. Oh, certes, cet État n’est plus ce qu’il était, ou plus précisément ce que l’on a cru qu’il était, et l’on peut lui faire nombre de critiques. Il faut donc se garder de le parer de toutes les vertus, et le considérer, au contraire, comme une réalité contradictoire, à la fois instrument de domination mais aussi instrument d’organisation et de coopération entre les hommes. Car, et c’est le problème que pose la tradition marxiste qui a diffusé largement, et non sans raisons, dans les sciences sociales, la question de l’Etat est perçue à partir de l’horizon historique de son abolition ou de son « dépérissement ». De ce point de vue, il y a une importante convergence entre libertaires, courant dans lequel nous englobons non seulement les anarchistes mais d’une manière plus générale les marxistes de diverses obédiences, et les libertariens, soit les libéraux radicaux qui refusent l’Etat et fétichisent la notion de liberté individuelle du point de vue de l’indépendance des individus. Les libertariens sont, en réalité, les purs représentants de l’idéologie de marché. Mais, libertaires et libertariens sont alliés de fait dans le rejet viscéral de l’Etat.

Pourtant, l’idée que nous obéissons à des lois communes et que ces lois doivent pour être acceptées s’inscrire dans autre chose que leur simple légalité, que nous avons un futur en commun et ce quelles que soient les oppositions naturelles qui s’expriment sur ce futur, reste le ciment de notre société. En fait, et de ce point de vue l’anthropologie est une aide précieuse, on constate que c’est du politique que se sont construits les formes d’organisations qui ont permis aux sociétés d’exister. L’homme serait donc, fondamentalement, un animal politique, un animal qui se serait socialisé au contact de ses semblables. Ajoutons qu’il n’est pas le seul[11]. Mais, dire cela, constater qu’isolé l’individu est renvoyé à son animalité la plus brutale, implique que les formes prises par l’organisation sociale ont une importance. A cet égard, il n’y a pas l’opposition entre animalité et civilisation, mais la construction d’un continuum d’institution civilisant, parfois de manière inconsciente et non-intentionnelle, les individus. Ajoutons que cette civilisation est un processus sans cesse remis en cause et qu’elle ne tient que par ses institutions.
 
Notes

[1] R. Bellamy (1994). ‘Dethroning Politics’: Liberalism, Constitutionalism and Democracy in the Thought of F. A. Hayek. British Journal of Political Science, 24, pp 419-441.

[2] Nietzche F., Le Gai Savoir, la gaya scienza, traduction de Pierre Klossowski, Folio, 1989

[3] Durkheim, É. Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF, (5ème édition), 2003. p. 610-611.

[4] Ce terme fut utilisé par Vincent Peillon, qui fut Ministre de l’Éducation Nationale de 2012 à 2014. Peillon V., Une religion pour la République, Seuil, La Librairie du XXIe siècle, janvier 2010.

[5] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, 1984, LXVIII-591. Il sera fait dans cet ouvrage référence à ce texte comme Heptaplomeres.

[6] Comme par exemple la Fondation Terra Nova…

[7] Simard J-J., « Autour de l’idée de nation. Appropriation symbolique, appropriation matérielle », in Nation, souveraineté et droits, Actes du IVe Colloque Interdisciplinaire de la Société de philosophie du Québec, Bellarmin, Montréal, 1980.

[8] Godelier M., « Ethnie-tribu-nation chez les Baruya de Nouvelle-Guinée», in Journal de la Société des océanistes, N°81, Tome 41, 1985. pp. 159-168. Idem, La production des grands hommes : pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée, Paris, Fayard, 1982.

[9] Godelier M., « Ethnie-tribu-nation chez les Baruya de Nouvelle-Guinée», op.cit., p. 163.

[10] Isajiw W.W., « Definition of Ethnicity » in Goldstein J.E. et R. Bienvenue (edit.), Ethicity and Ethnic relations in Canada, Butterworths, Toronto, 1980, pp. 1-11.

[11] De Wall, F. Le Singe en nous, Editions Fayard, Paris, 2006.
 

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mercredi 16 septembre 2015

Humanitaire über alles


Humanitaire über alles
 Philippe Randa
 
« Le vrai combat des hommes ne se situe pas sur les champs de bataille. Les guerres ne sont jamais une solution. Vous êtes quelques-uns qui avez fait de la souffrance une arme plus meurtrière que les canons et les bombes » : cette citation est extraite d’une nouvelle écrite par mon père. Un soldat allemand, recherché pour crime de guerre, apostrophait ainsi un ancien partisan juif, rescapé des camps de la mort.(Guerre Tribale, Peter Randa, in Contes d’Europe, Le Flambeau,1989).

Elle pourrait aujourd’hui, parfaitement, être appliquée à la politique de l’actuelle chancelière allemande Angela Merkel… En ouvrant grands les bras aux migrants venus du Moyen-Orient et en se « (réjouissant) que l’Allemagne soit devenue un pays avec lequel les gens associent de l’espoir, c’est quelque chose de très précieux si on regarde notre histoire », le monde découvre avec stupéfaction, et pour beaucoup, sans doute, avec effroi, que l’Allemagne en a fini avec sa contrition imposée depuis 1945 et la défaite du IIIe Reich : elle ambitionne bel et bien d’être à nouveau un géant politique et plus uniquement un géant économique.

En prenant de court tous les Européens, indécis comme à leur habitude, et en frappant là où on ne l’attendait pas, la chancelière allemande a réalisé une blitzkrieg diplomatique que n’aurait pas renié le général Guderian : « Ce que nous vivons est quelque chose qui va continuer de nous occuper dans les années à venir, nous changer, et nous voulons que le changement soit positif et nous pensons que nous pouvons y arriver », a-t-elle déclaré à la presse.

Qu’importe, à l’heure où ses lignes sont écrites, que la Bavière connaisse de successifs chiffres records d’arrivées de migrants, l’intendance suivra. Seul compte les témoignages tel celui de Mohammad, réfugié de 32 ans de la ville syrienne dévastée de Qousseir (relayés par Le NouvelObs) : « Les gens nous traitent tellement bien ici, ils nous traitent comme des êtres humains, ce n’est pas comme en Syrie », et surtout les larmes qui lui coulent des yeux : chacune d’elle nettoie avec « force vigueur » le passé honni de la première puissance économique européenne.

Mais une bonne offensive, fusse-t-elle politique, ne pourrait s’avérer gagnante qu’appuyée par une réalité économique, comme une offensive terrestre n’est désormais envisageable qu’avec un solide appui aérien.

L’Allemagne paiera ? Un peu, sans doute, mais pas seule et Sigmar Gabriel, vice-chancelier et ministre de l’Économie, l’a bien rappelé lors d’une conférence de presse : « L’Allemagne, l’Autriche et la Suède ne peuvent pas être les seuls pays qui accueillent des réfugiés. » A bon entendeur, à vos bourses ! messieurs-mesdames les auto-proclamé(e)s humanitaires.

Et si cela ne devait pas suffire à comprendre la stratégie allemande, Angela Merkel porte le coup de grâce en déclarant : « Nous savons que nous avons été rapides quand il s’est agi de sauver les banques (pendant la crise financière), je trouve que nous devons être tout aussi rapides quand il faut soutenir les Länder et les communes. »

En quelques jours d’offensive migratoire, la chancelière allemande a fait oublier son intransigeance vis-à-vis des Grecs et de leur faillite ; elle a accaparé le bénéfice de la souffrance tant exaltée par les médias de l’invasion migratoire et a mis tous les autres pays européens au pied du mur de leurs évidentes contradictions, de leurs totales impuissances et de leurs hypocrites tergiversations…

Dans les temps prochains, certains continueront sans doute à fustiger, encore et toujours, le passé allemand… Mais ce leur sera sans doute plus difficile et même… impossible ?
 

Pegida : un mouvement social islamophobe en Europe ?



Le 23 juin 2015, la Fondation Jean Jaurès et la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung ont organisé une conférence réunissant Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des Radicalités Politiques, et Lars Geiges, politologue allemand.

La question en était le mouvement Pegida, qui s'est fait connaître par ses grands défilés à Dresde, et a actuellement ses branches qui tentent de se développer en Europe.


« De saint Thomas d’Aquin au pape François, l’Église a toujours dénoncé le règne de l’argent »



« De saint Thomas d’Aquin au pape François, l’Église a toujours dénoncé le règne de l’argent »
 Entretien avec Alain de Benoist
 
La sagesse chinoise nous dit que si l’argent peut être un bon serviteur, il sera toujours un mauvais maître. Tout ne dépend-il pas en réalité de l’usage qu’on en fait ? Et d’ailleurs, tout le monde n’en a-t-il pas besoin ?

On a aussi besoin tous les jours de papier toilette, mais on ne le sacralise pas pour autant ! Ceux qui s’imaginent que l’argent est « neutre » sont les mêmes qui croient que la langue n’est qu’un moyen de communication (alors qu’elle est avant tout porteuse d’une conception du monde) et que la technique est bonne ou mauvaise selon l’usage qu’on en fait (alors que, quel que soit cet usage, elle implique un rapport au monde qui lui est propre).

Pris dans son essence, l’argent peut être défini comme l’équivalent universel. Il est ce qui permet de réduire toutes les qualités à une quantité, c’est-à-dire à un prix. Il est ce qui montre en quoi toute chose peut être regardée comme semblable à n’importe quelle autre. L’argent, d’autre part, est une médiation sociale, où la liberté individuelle s’identifie à l’objectivation des relations d’échange (l’individu se projette dans la prestation monétaire), comme l’a bien montré Georg Simmel dans sa Philosophie de l’argent. La monnaie elle-même n’est jamais seulement une monnaie. L’euro, par exemple, est aussi une forme subtile de gouvernance permettant d’équarrir le salariat en liquidant les acquis sociaux.

La condamnation de l’argent court tout au long de l’histoire européenne, depuis la critique aristotélicienne de la chrématistique, c’est-à-dire de l’accumulation de la monnaie pour elle-même, jusqu’au pape François qui, dans La Joie de l’Évangile (2013), dénonçait le « fétichisme de l’argent » et la « dictature de l’économie sans visage ». Thomas d’Aquin n’écrivait-il pas déjà que « le négoce, envisagé en lui-même, a quelque chose de honteux » (Somme théologique) ?

Mais le « règne de l’argent », qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Le règne de l’argent, c’est la transformation de toute chose en son équivalent monétaire, c’est-à-dire en son prix. C’est aussi la substitution de richesses marchandes et artificielles aux richesses premières offertes par la nature. C’est enfin la mise en place d’un monde où toutes les finalités pratiques sont considérées comme interchangeables, et qui se détache des finalités pour s’investir dans la rationalisation des moyens. Tout cela s’opérant au nom des « lois du marché ».

Le marché au sens moderne du terme n’a évidemment rien à voir avec les anciens marchés de village. Il désigne un système supposé autorégulateur et autorégulé, mais en réalité institué dans l’Histoire, qui tend à devenir aujourd’hui le paradigme de toutes les activités humaines, publiques et privées : marché du mariage, marché politique, marché de la santé, etc.

Les fondateurs du libéralisme (Adam Smith, Quesnay, Mandeville, etc.) affirment tous que le marché est la forme naturelle de l’échange car l’homme est fondamentalement un Homo œconomicus, naturellement toujours porté à rechercher son utilité (son meilleur intérêt matériel), en d’autres termes un agent autonome et rationnel dont tous les actes obéissent à la logique marchande. La vertu sociale se trouve ainsi disqualifiée, les vices privés étant censés faire le bonheur public (c’est le thème de l’« harmonisation naturelle des intérêts » sous l’effet de la « main invisible » de la « concurrence libre et non faussée », nouvel avatar de la Providence). Rien ne doit plus entraver la recherche du profit. L’activité économique justifie la cupidité et devient la raison même de la vie.

Partant de là, il est aisé de comprendre comment le capitalisme a pénétré tous les aspects de la vie pour les soumettre à la règle du « toujours plus » : l’illimitation de la marchandise répond à celle de désirs immédiatement transformés en besoins. L’argent sert à produire des marchandises qui produisent encore plus d’argent. La valeur d’échange prend le pas sur la valeur d’usage, et la « loi du marché » s’impose partout : marché des joueurs de football, marché de l’art contemporain, marché immobilier, marché du travail, marché des organes, des cellules souches, des embryons, des mères porteuses, etc. Et les paysans, successivement transformés en « agriculteurs », puis en « producteurs agricoles », ne sont pas les derniers à être victimes de cette loi du profit qui ne leur laisse que la liberté de crever.

Hier surtout industriel, le capitalisme est devenu aujourd’hui fondamentalement financier ? Est-ce la raison pour laquelle nous sommes en train de passer, pour reprendre les mots du Vatican, d’une économie de marché à une société de marché ?

Dans son livre récent, Ce que l’argent ne saurait acheter, Michael Sandel s’interroge sur une société où tout ce qui échappait auparavant aux « lois du marché » (la terre, l’art, la culture, le sport, la socialité élémentaire) leur est désormais soumis. « Devons-nous admettre, écrit-il, que l’on paie des chômeurs pour qu’ils fassent la queue à notre place, que la Sécurité sociale paie les fumeurs ou les personnes en surpoids pour qu’ils se prennent en main, que les enfants reçoivent de l’argent de l’école quand ils ont de bons résultats scolaires, que les prisonniers puissent payer pour avoir de meilleures cellules ? Voilà quelques-unes des questions bizarres, mais fondamentales, auxquelles nous soumet l’extension du marché. » Sandel montre ensuite que, lorsque l’argent régit toutes les transactions sociales, les incitations monétaires peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté, car l’argent érode la valeur des biens auxquels il permet d’accéder (payer un enfant pour qu’il aille à l’école porte atteinte à la notion même de l’éducation).

Une société qui n’est plus affaire que de contrats juridiques et d’échanges marchands n’est tout simplement pas viable, car les contrats et les échanges ne se suffisent jamais à eux-mêmes et ne sauraient donc fonder une société. Le système de l’argent périra par l’argent, ce dont on pourrait bien s’apercevoir bientôt.
 

Waterloo et l’humour anglais


 
 Pierre Le Vigan
 
De quoi s’agit-il avec ce livre au titre iconoclaste ? Disons tout d’abord qu’il s’agit d’un livre d’histoire. Ajoutons qu‘il s’agit d’un livre sérieux. Il s’agit de l’histoire vue du côté des excuses données par nombre d’historiens ou de mémorialistes français à la défaite française de Waterloo.
La bataille de Waterloo aurait été perdue à cause de la pluie, comme si elle ne gênait que les Français, à cause du terrain, choisi un an auparavant par Wellington, comme si Napoléon n’avait pas décidé de mener une bataille offensive ce jour et sur ce terrain, à cause de Soult, mauvais major général, comme si ce n’était pas Napoléon qui l’avait nommé à ce contre-emploi, à cause de Jérôme s’acharnant sur la ferme de Hougoumont, comme si ce chef de guerre sans expérience s’était mis tout seul à la tête d’une partie de l’aile gauche française, à cause de Ney, chargeant sans à propos, et défaillant dés Ligny, comme s’il n’avait pas été, de surcroit au dernier moment, nommé à un commandement trop important pour lui, à cause de Grouchy, comme si Napoléon lui avait laissé des ordres réalistes et précis… Bref, tout le monde a été défaillant sauf l’Empereur et le soldat de terrain. Ce n’est pas faux pour le soldat. Mais on refuse de voir les erreurs de Napoléon. A la limite, c’est Dieu lui-même, comme dira Hugo, qui voulait empêcher que Napoléon lui fasse de l’ombre, et fut à l’origine de sa chute.

Tout cela ne concerne bien entendu qu’une partie des analystes français. C’est sans doute ce que l’on pourrait objecter au livre, bien documenté par ailleurs, et d’une fort agréable lecture, de Stephen Clarke. Sa critique de Dominique de Villepin est ainsi infondée. On peut et on doit voir – comme le fait Villepin – le tragique de Waterloo, la « crucifiction » écrit-il, sans pour autant s’aveugler sur la mauvaise conduite de la bataille par Napoléon, et ce, en situant Waterloo dans l’ensemble de la campagne de Belgique, car la défaite trouve son germe dès que Napoléon croit avoir mis hors de combat les Prussiens à Ligny, alors qu’il ne les a qu’étrillés. Ajoutons que l’esprit anglais joue parfois des tours à notre British historien. Quand Napoléon dit que les Alliés ont été aveuglés par un moment de prospérité, Clarke croit à une allusion à la bonne santé du commerce anglais. Il n’en est évidemment rien. Napoléon, à la veille de la campagne qu’il engage en Belgique, fait allusion à la prospérité des armes dont ont bénéficié les Alliés en 1814, prospérité qui l’a conduit à devoir abdiquer à Fontainebleau. En d’autres termes, il est parfois bon de voir les choses par l’extérieur, avec du recul, mais il est utile aussi pour leur compréhension de les voir de l’intérieur.

Même si les Français, c’est vrai, ont mal à la France depuis Waterloo, désastre qui annonce celui de juin 40.

Stephen Clarke, Comment les Français ont gagné Waterloo, Albin Michel, 284 pages, 20 €

Reportage photo-vidéo Journées Chouannes 2015



Viviane Lambert, Roberto de Mattei, Roger Holeindre, Elise Humbert, Henri Servien, l'abbé Labouche, Olaf, l'abbé Pagès, Etienne Couvert, Francine Bay… Tous ces grands noms se sont succédé pour animer dignement notre rassemblement annuel et la foule de nos amis, de plus en plus nombreuse chaque année, se pressait autour d'eux pour obtenir leur dédicace.


Journées Chouannes 2015 par CHIRE-DPF
Si nous devions retenir qu’une chose de ces journées, ce serait : l’ambiance générale, cette ambiance qui est devenue mythique, ambiance de franche amitié réunissant autour de quelques tables éparses des personnes de sensibilité, de pensée, d’horizons différents mais qui se rejoignent toutes dans un amour effectif de la France…
 

Pour Cambadélis, le front républicain n’est plus possible



 Philippe Bilger
 
Il y a si longtemps, Guy Mollet avait qualifié la droite de l’époque de « la plus bête du monde ».

La gauche a fait des progrès et l’a rattrapée et même dépassée.

En effet, pour être socialiste, la bêtise qui remplace trop souvent les bonnes idées par les bons sentiments ne perd rien de son implacable assurance.

Il faut remercier Jean-Christophe Cambadélis pour les illustrations qu’il nous permet et les exemples qu’il nous donne : sans lui, nous serions parfois à court.

Ne vient-il pas de déclarer que « les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le front républicain » ?

Le premier n’a jamais été un foudre de mesure quand le second, candidat à la primaire LR de 2016, a le courage démocratique de s’engager dans un combat difficile et nécessaire pour la conquête de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Les mêler dans le même opprobre est déjà une absurdité !

Continuer à présenter le front républicain comme une panacée, une avancée politique et une victoire morale relève d’un pur exercice d’autopersuasion quand l’expérience a démontré le contraire de ce qu’il prétendait promouvoir.

Certes, il est parvenu longtemps à enfermer la droite classique dans un intolérable étau grâce auquel la gauche, qui n’avait pourtant aucune leçon à dispenser, a joué à bon compte les professeurs de République, d’une République réduite à ses seuls intérêts.

Le front républicain non seulement n’a pas diminué d’un pouce – je compte pour rien les succès de certains seconds tours dus à des alliances opportunistes et si peu conformes aux convictions de chacun – l’influence populaire du Front national ni, globalement, ses scores électoraux mais a permis à celui-ci de cultiver une image de dissidence, de « seul contre tous » qui est aux antipodes de ce que révèlent ses pratiques traditionnelles.

Le front républicain, une arme, un mensonge, une manipulation qui ont instillé, dans l’opinion et contre la droite, que les Républicains n’étaient qu’à gauche.

Parce que Xavier Bertrand n’aurait pas sur les réfugiés qu’une position compassionnelle alors que le cœur facile, confortable et impuissant surabonde dans le camp socialiste, il serait extrémiste.

Parce que le réel est dur et que les migrants, instrumentalisés ou non par Daech – Michel Sardou a-t-il tort quand il soupçonne l’exploitation ? -, vont constituer de plus en plus un défi humain, politique, social et économique à la longue insupportable, Xavier Bertrand ne devrait-il pas être félicité, au contraire, pour son audace extrémiste, l’extrémisme qui, contre les tièdes, vient couronner souvent la liberté, la lucidité et la responsabilité ?

Surtout, comment peut-on être aussi péremptoire, et à la fois aussi inepte, quand des esprits qui valent celui de Cambadélis s’interrogent ? Qu’ils ont des scrupules, des hésitations et des reculs, quand l’Allemagne, après avoir ouvert les vannes par apparente générosité, les referme par un pragmatisme qui ne la déshonore pas, quand la France, après avoir pourfendu les quotas, les avalise maintenant avant peut-être demain de s’en repentir, quand la Hongrie est traitée de fasciste mais qu’il est trop commode pour nos pays en partie protégés d’avoir de la mansuétude jusqu’au dernier Hongrois ou Autrichien ?

Le premier secrétaire du PS aurait mieux fait de se taire. […]

Encore un effort, et la gauche vantée, soutenue, imposée par Cambadélis sera en effet devenue la plus bête du monde.

Notes

Extrait de : La gauche la plus bête du monde ? : http://www.philippebilger.com/blog/2015/09/la-gauche-la-plus-bête-du-monde-.html

Source