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mardi 30 avril 2019

Le 30 avril, Anniversaire de Camérone

Bataille de Camerone

Bataille de Camerone
Description de cette image, également commentée ci-après
Relève des blessés par les soldats mexicains.
Informations générales
Date
Lieu Camarón de Tejeda (Camerone)
Issue Victoire mexicaine
Belligérants
Drapeau de l'Empire français Empire françaisDrapeau du Mexique République mexicaine
Commandants
Jean Danjou
Jean Vilain
Clément Maudet
Francisco de Paula Milán
Forces en présence
62 fantassins de la Légion étrangère1 200 fantassins
800 cavaliers
Pertes
40 morts
17 blessés
190 morts
300 blessés
Batailles
Fortín · Las Cumbres · 1er Puebla · Barranca Seca · Cerro del Borrego · 2e Puebla · Cholula · San Lorenzo · Atlixco · Camerone · San Pablo del Monte · Morelia · Tacámbaro · La Loma · Bagdad · Camargo · Ixmiquilpan · Carbonera · Querétaro
Coordonnées 19° 01′ 23″ nord, 96° 36′ 49″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Mexique
(Voir situation sur carte : Mexique)
Bataille de Camerone
La bataille de Camerone est un combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le lors de l'expédition du Mexique. Soixante-deux soldats de la Légion, assiégés dans un bâtiment d'une hacienda du petit village de Camarón de Tejeda (« Camerone » en français), résistèrent plus d'une journée à l'assaut de 2 000 soldats mexicains. À la fin de la journée, les six légionnaires encore en état de combattre, à court de munitions, chargent baïonnette au canon leurs adversaires, un officier et un soldat y perdirent la vie, finalement, ils se rendirent à l'ennemi à condition de garder leurs armes et de pouvoir secourir leurs camarades blessés.
Camerone est célébré chaque année comme un haut fait de la Légion étrangère, le 30 avril, dans toutes ses unités.

Campagne précédant la bataille

En 1863, pendant l'expédition du Mexique, l'armée française assiège Puebla. Le 29 avril 1863, un convoi français part du port de Veracruz, chargé de vivres, matériel de siège et de 3 millions de francs en numéraire.
Le colonel Pierre Joseph Jeanningros, commandant le Régiment étranger, ayant eu des renseignements concernant l'attaque probable du convoi, décide d'envoyer la 3e compagnie explorer les abords de Palo Verde avant l'arrivée du convoi.
Soixante fantassins et trois officiers de la 3e compagnie du Régiment étranger de la Légion étrangère sont donc envoyés à la rencontre du convoi, à l'aube du 30 avril.
La compagnie n'ayant pas d'officiers disponibles (ceux-ci étant atteints par le « vomito negro », la fièvre jaune, comme nombre de membres du corps expéditionnaire), le capitaine Jean Danjou, adjudant-major du régiment, se porte volontaire pour la commander. Le sous-lieutenant Jean Vilain, payeur par intérim du régiment, et le sous-lieutenant Clément Maudet, porte-drapeau, demandent à l'accompagner.
Le colonel mexicain Francisco de Paula Milán, qui commande 6 000 fantassins et 2 000 cavaliers autochtones, averti de leur passage, met ses troupes en branle.

Déroulement

Le capitaine Jean Danjou.
Partie de Chiquihuite vers h du matin, la compagnie passe devant le poste de Paso del Macho (Le Pas du mulet), commandé par le capitaine Félix Gustave Saussier1 et poursuit sa route. Après avoir dépassé le groupe de maisons appelé Camarón de Tejeda (55 km à l'ouest de Veracruz), elle arrive à Palo Verde vers h du matin, après avoir parcouru à marche forcée les vingt-quatre kilomètres qui la séparent de sa garnison de départ. Les légionnaires s'arrêtent pour faire le café.
C'est alors qu'ils repèrent les Mexicains. Le capitaine Jean Danjou décide de se replier sur le village. À peine sont-ils arrivés sur les lieux qu'un coup de feu claque, blessant un légionnaire. La colonne dépasse alors le groupe de maisons. C'est à ce moment que les cavaliers du colonel Milán chargent la troupe qui est contrainte de former le carré. La première salve brise la charge et met en fuite les Mexicains.
Après avoir brisé une seconde charge de cavalerie, le capitaine Danjou et ses hommes se réfugient dans l'hacienda, espérant retarder au maximum la tentative de prise du convoi du colonel Milán. Malheureusement pour les légionnaires, au cours du repli, les deux mules qui transportent les vivres et les munitions, effrayées par le bruit, échappent à leur contrôle et s'enfuient.
Une fois dans l'hacienda, les légionnaires s'empressent de barricader l'enceinte du mieux qu'ils le peuvent. Les Mexicains mettent pied dans les pièces du rez-de-chaussée et interdisent, dès lors, l'accès à l'étage. Le sergent Vicente Morzycki est sur le toit du bâtiment principal pour observer les mouvements de l'ennemi.
Il est déjà dix heures du matin et les hommes du capitaine Danjou, qui n'ont rien mangé depuis la veille commencent à souffrir de la soif et de la chaleur. Un officier mexicain, le capitaine Ramon Laisné somme les Français de se rendre, ce à quoi le capitaine Danjou fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ! ». Il fait alors jurer à ses hommes de lutter jusqu'au bout.
Les Mexicains mettent le feu à l’hacienda mais n'osent pas donner l’assaut de manière frontale. Certains, depuis les chambres de l'étage tentent de pénétrer dans la pièce tenue par les légionnaires. Le capitaine Danjou est frappé d'une balle en plein cœur à la mi-journée et c’est au sous-lieutenant Jean Vilain que revient le commandement. Les Mexicains sont alors les seuls maîtres du corps de ferme.
Vers 14 h, c’est au tour du sous-lieutenant Jean Vilain de tomber, frappé en plein front. Le sous-lieutenant Clément Maudet prend alors le commandement.
À 17 h, il ne reste plus que douze hommes en état de combattre. C'est à ce moment-là que le colonel mexicain rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves.
Neuf heures durant, les légionnaires vont affronter les troupes mexicaines sans boire, accablés par la chaleur des Hautes-Plaines, étouffés par la fumée des incendies. En fin d'après-midi, il ne reste en état de combattre que le sous-lieutenant Maudet, le caporal Louis Philippe Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin et Leonhard. Au signal de l'officier, ils déchargent leurs fusils et chargent à la baïonnette. Victor Catteau, légionnaire d'origine belge, meurt, criblé de balles en protégeant le sous-lieutenant de son corps ; celui-ci est lui-même blessé à deux reprises. Le colonel Angel Lucido Cambas, un officier mexicain d'origine française, somme alors les survivants de se rendre. Maine répond : « Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner notre sous-lieutenant et tous nos camarades atteints, comme lui, de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l'entendre que, jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir. » « On ne refuse rien à des hommes comme vous », répond alors l'officier mexicain. Il ajoute ensuite : « Mais parlez-moi en français. Mes hommes pourraient croire que vous êtes des Espagnols du parti conservateur, et ils vous massacreraient. »
Les rescapés sont présentés au colonel Milan, qui s'écrie : « ¡Pero estos no son hombres, son demonios! » (en français : « Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons »).
Lorsque les renforts arrivent sur les lieux, dans les ruines calcinées, il ne reste que les cadavres français et mexicains. Aux alentours, le tambour de la compagnie (Casimir Laï, de nationalité italienne, et né à Cagliari en Sardaigne), seul rescapé libre, est retrouvé par un éclaireur de la colonne de secours. Laissé pour mort sur le terrain (il avait été blessé de sept coups de lance et de deux balles), il avait été dépouillé de ses vêtements, jeté dans le fossé bordant la route avant d’être mis en fosse commune. Sa volonté de vivre hors du commun lui permit de faire plusieurs kilomètres en direction de Chiquihuite dans les broussailles. Il raconta la bataille et ses explications servirent au premier compte rendu de la bataille. Il fut ensuite décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, le .

Ordre de bataille de la 3e compagnie

Article détaillé : Effectif de la bataille de Camerone.
Cet ordre de bataille ne correspond pas à celui de la 3e compagnie au cours de l'intervention mais bien à celui de cette compagnie de marche formée pour la mission d'escorte de convoi2.
  • Officiers : capitaine Jean Danjou, sous-lieutenant Clément Maudet et sous-lieutenant Jean Vilain.
  • Sous-officiers : sergent-major Henri Tonel, sergents Jean Germeys, Louis Morzycki, Alfred Palmaert3 et Charles Schaffner4.
  • Caporaux : Évariste Berg, Adolphe Del Caretto, Amé Favas, Charles Magnin, Louis Philippe Maine et André Pinzinger.
  • Tambour : Casimir Laï.
  • Légionnaires : Jean Baas, Aloyse Bernardo, Gustave Bertolotto, Claude Billod, Antoine Bogucki, Félix Brunswick, Nicolas Burgiser, Georges Cathenhusen, Victor Catteau, Laurent Constantin, Constant Dael, François Daglincks, Hartog De Vries, Pierre Dicken, Charles Dubois, Frédéric Friedrich, Frédéric Fritz, Georges Fursbaz, Aloïse Gaertner, Léon Gorski, Louis Groux, Hiller, Emile Hipp, Adolphe Jeannin, Ulrich Konrad, Hippolyte Kuwasseg, Jean Kurz, Félix Langmeier, Frédéric Lemmer, Jean-Baptiste Leonard, Louis Lernoud, Edouard Merlet, Joseph Rerbers, Jean-Guillaume Reuss, Louis Rohr, Hernann Schifer, Joseph Schreiblich, Jean Seffrin, Daniel Seiler, Joseph Sergers, Louis Stoller, Jean-Louis Timmermans, Clovis Pharaon Van Den Bulcke, Jacques Van Der Meersche, Luitpog Van Opstal, Henricus Vandesavel, Jean-Baptiste Verjus, Geoffroy Wensel, Karl Wittgens et Nicolas Zey.

Les armes de Camerone

L'armement des protagonistes du combat de Camerone était différent, comme décrit par le site ci-après5.

Les armes françaises

Les légionnaires étaient équipés de fusils à un coup à chargement par la bouche. C'était la carabine Minié à balle forcée. Le canon est rayé, ce qui augmente la précision. Les ravages faits par la balle Minié sont impressionnants. Chaque légionnaire (ils étaient 60) disposait de 60 coups dont tous ont porté mais les Mexicains avaient l'avantage de la modernité de leurs armes.
Un blessé par une balle Minié : amputation et gangrène
Fémur touché par une balle Miniè reconstitué

Les armes mexicaines

Les Mexicains, outre l'avantage du nombre, disposaient d'armes américaines à répétition ou de gros calibre et à grande portée. Eux aussi firent des ravages comme le montrent les statistiques sur la bataille.

Bilan

La hacienda où s'est déroulée la bataille.
La moitié de la compagnie fut tuée ou mortellement blessée. Les blessés furent transportés aux hôpitaux de Huatusco et de Jalapa où ils furent soignés. Les prisonniers furent ensuite échangés contre des prisonniers mexicains. Le premier échange eut lieu trois mois plus tard et permit à huit légionnaires d'être échangés contre deux cents Mexicains6.
Le convoi français put cependant éviter l'attaque mexicaine et parvenir sans encombre à Puebla.
Par décision du 4 octobre 1863, le ministre de la Guerre, le général Randon, ordonna que le nom de « Camerone » soit inscrit sur le drapeau du régiment étranger7. De plus, l'empereur Napoléon III décida que les noms de Jean Danjou, Jean Vilain et Clément Maudet seraient gravés sur les murs des Invalides.
Un monument est érigé sur le site du combat en 1892. Mais son abandon incita en 1948 le colonel Penette à en dresser un nouveau, inauguré officiellement en 19638. C'est sur ce dernier que figure l'inscription :
Ils furent ici moins de soixante Opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage Abandonna ces soldats français À Camerone le 30 avril 1863
Depuis, les militaires mexicains rendent hommage aux soldats mexicains et français tombés ce jour-là en présentant les armes lorsqu'ils passent devant ce monument. L'usage militaire mexicain veut que cette présentation d'armes se déroule dans le plus grand silence, sans sonnerie de musique ni ordre vocal, il est toujours en usage et les tombes des soldats français morts sont entretenues par le gouvernement mexicain sous le contrôle de l'ambassadeur de France et de son attaché militaire.[réf. nécessaire]9

L'« Esprit de Camerone »

Article détaillé : Récit de Camerone.
L'expression « faire Camerone » est toujours usitée dans la Légion étrangère.
Chaque 30 avril, les héros de ce combat sont honorés dans tous les régiments et par toutes les amicales de la Légion ; à cette occasion est lu le récit « officiel » du combat de Camerone. L'idée du « serment de Camerone » est là pour rappeler le courage et la détermination des légionnaires et le respect à la parole donnée accomplie jusqu'au sacrifice suprême. Chaque année depuis 1906, sur le front des troupes qui présentent les armes, est lue l'inscription du monument.
Aujourd'hui, la main du capitaine Danjou est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne.


Culture populaire

La bataille de Camerone a été chantée par Jean-Pax Méfret.
En 1983, Antonio Hernández Palacios et Jean-Pierre Gourmelen consacrent à cette bataille un album de bande dessinée de la série Mac Coy. Le héros de la série, accompagné de son acolyte Charley, soldats confédérés engagés dans la Légion étrangère, auraient assisté à la bataille.

Notes et références

  1. Lanusse 1891, p. 45
  2. Képi blanc, no 754, avril 2013.
  3. Alfred Palmaert est né le . Il s'engage dans la Légion Étrangère à l'âge de dix sept ans en mentant à propos de sa date de naissance. Blessé lors de la bataille de Camerone, et fait prisonnier, il est échangé contre un colonel mexicain le à Coscomatepec. Il est décoré de la Médaille militaire pour son héroïsme pendant le combat.
  4. Charles Schaffner est né le 26 octobre 1831 à Berne en Suisse. Sa grande taille le fait affecter aux grenadiers de la Légion Étrangère lorsqu'il s'engage. Il participe à la campagne d'Italie puis à celle du Mexique. Il est blessé lors de la bataille de Camerone et il est fait chevalier de la Légion d'honneur après le combat.
  5. Armes utilisées à Camerone [archive]
  6. Lanusse 1891, p. ?
  7. Lanusse 1891, p. 154
  8. Joaquim Manes Postigo, El mito de Camaron, p. 199
  9. « Le mémorial de Camerone au Mexique | Chemins de Mémoire - Ministère de la Défense » [archive], sur www.cheminsdememoire.gouv.fr (consulté le 13 février 2018)

Annexes

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Sources et bibliographie

  • Lucien-Louis Lande, « La Hacienda de Camaron » in Souvenirs d'un soldat, éditeurs H. Lecène et H. Oudin, Paris, 1886 [lire en ligne [archive]]
    Récit paru dans la Revue des deux Mondes du 15 juillet 1878
  • Alexis Hubert de La Hayrie, Combat de Camarón - 30 avril 1863, imprimerie Danel, 1889.
  • Eugène Lanusse, Les héros de Camaron, éditions Flammarion,
    Ce livre a été rédigé par l'aumônier militaire ayant participé à la campagne du Mexique d'après le récit de l'un des protagonistes.
  • Pierre Sergent, Camerone, Éditions Fayard, 1980 (ISBN 2-213-00890-6)
  • Jean Avenel, La campagne du Mexique (1862-1867), Éditions Economica, 1996 (ISBN 978-2717831108)
  • Raphaël Schneider, La légion étrangère, in revue Histoire mondiale des conflits no 14, 2004
  • Jean-Philippe Liardet, « Camerone 30 avril 1863 », in revue Champs de bataille, no 7, 2005
  • Jean-Joseph Julaud, Camarón, Le Cherche midi éditeur, 2008 (ISBN 2-7491-1059-9)
  • Alain Gouttman La guerre du Mexique, Perrin, 2008
  • (es) Joaquim Manes Postigo, El mito de Camerone, Hergue Editores, 2004 (ISBN 84-95319-80-2)
  • Rapport manuscrit du colonel Jeanningros au général commandant le corps expéditionnaire au Mexique, consultable au Musée de la Légion étrangère
  • André-Paul Comor, Camerone, 30 avril 1863, éditions Taillandier, 2012
  • Képi blanc, notamment le no 754 d'avril 2013 pour une description physique de l'hacienda.

Articles connexes

Liens externes

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Henri Fenet (waffen) 11 juin 1919 – 14 septembre 2002




Henri Fenet 11 juin 1919 – 14 septembre 2002


Henri-Joseph Fenet est né le 11 juin 1919, à Ceyzériat.

Il abandonne ses études (il est alors étudiant en Khâgne à l’université Henri IV de Paris) pour entrer dans l’armée, quand la guerre éclate, en septembre 1939.  Il suit sa formation militaire à l’école de Saint-Maixent, d’où il sort lieutenant.  Affecté à un régiment d’infanterie colonial, Fenet participe aux combats de mai-juin 1940  à la batterie divisionnaire antichar de la 3° DIC.  Deux fois blessé, il est décoré de la Croix de guerre. Il envisage de partir pour Londres, durant l’été 1940, mais préfère choisir le côté de la légalité.

Fenet est accepté dans l’armée d’armistice, et stationne en Mauritanie jusqu’à l’automne 1942.  Il rentre en France juste avant le débarquement américain en Afrique du nord.  Il est donc logiquement démobilisé suite à la dissolution de l’armée d’armistice.

Fenet n’est alors pas du tout attiré par un engagement dans la LVF,  jugeant ses défauts identiques à la vieille armée française, l’uniforme allemand en prime.   Il retourne dans sa région natale de l’Ain, où il intègre le SOL,  puis la Milice Française, dont il devient le chef départemental pour l’Ain.

Le 18 octobre 1943, il fait partie des chefs miliciens qui s’engagent dans la Waflèn-SS.   Il sort Untersturmführer de l’école des officiers SS de Bad Tölz,  dont il suit la formation, du 10 janvier au 4 mars 1944.   Il est promu un mois plus tard au grade supérieur.


Il est fait chef de la 3ème compagnie du  1er bataillon de la 8.Franzôsische-SS-Freiwilligen-Slurmbrigade.   Cette compagnie est la première engagée au combat en Galicie, en août 1944.   Fenet combat jusqu’au bout de la campagne, il est blessé le 22 août, et évacué.  Il retrouve Pierre Cance dans un hôpital de Haute- Bavière.   C’est là qu’il apprend être proposé pour la Croix de fer 1ere classe, pour sa conduite en Galicie.

A la mi-octobre 1944, après une brève visite à Ulm pour discuter  avec Joseph Damand de l’intégration des miliciens  dans la « Charlemagne », il retourne à Schwarnegast.    Durant son absence, il a été nommé commandeur du 1r bataillon du Waffen-Grenadier-Regiment der SS 57. Du 3 janvier au 10 février 1945, Fenet suit un stage à l’école de la Heer de Hirschberg, dans le Mecklembourg, afin de recevoir une formation de chef de bataillon.

Il part en Poméranie à la tête de son bataillon, où celui-ci combat durement dès le 24 février 1945, avant de décrocher dans la nuit vers Bärenwalde.    Après deux jours de combats, il décide d’essayer de rejoindre des éléments du 1er bataillon du régiment 58, puis il dirige son bataillon sur Hammerstein, qu’il atteint le 26 février, vers 21 heures, non sans avoir essuyé des pertes humaines et matérielles importantes.

Lors de la retraite sur Belgard, Émile Raybaud lui confie la direction du 1er bataillon  du régiment de marche. Fenet et ses hommes réussissent à sortir de l’encerclement soviétique.  Il est pour cela décoré de la Croix de fer 1ere classe par Gustav Krukenberg, et notons qu’il a été promu Hauptsturmfiihrer quelques jours après le début   des combats en Poméranie .
Fenet organise son bataillon en quatre compagnie de marche pour se diriger vers le nord, longer la côte, et ainsi évacuer par mer au port de Horst. Ils se mettent en route  dans la nuit du 6 au 7 mars 1945.   Le 11 mars 1945, Fenet divise son bataillon en deux parties, avec lui comme chef  du premier groupe pour effectuer la percée, le deuxième sous les ordres de Robert Roy
pour escorter les civils (environ dix mille). Après de violents combats,  c’est presque par miracle qu’ils arrivent à effectuer une percée et rejoindre  des lignes allemandes, le 12 mars 1945, vers 15 heures.  Le bataillon est acheminé à Swinemünde, puis part retrouver d’autres troupes de la Charlemagne à Jargelin, le 16 mars 1945.


Le 24 mars 1945, les troupes sont dirigées sur Neustrelitz, et postées aux alentours.  Les unités françaises amaigries sont réorganisées, le bataillon SS 57 revient à Fenet.   L’entrainement et la construction de tranchées anti-chars occupent les jours qui viennent.

Fenet est volontaire pour commander les soldats qui veulent continuer le combat à Berlin  (le SS-Sturmbataillon).  Sur les quatre cent hommes partis de Neustrelitz, trois cent vingt à trois cent trente  arrivent à Berlin, juste avant l’encerclement total de la ville.
Fenet est blessé au pied au début des combats, mais il s’efforce de tenir son rôle  pour superviser les opérations, malgré son handicap qui fait qu’il ne peut guère marcher.   Il sera proposé pour la Ritterkreuz le 29 avril 1945, mais ne la reçoit pas en main propre. Fenet ne l’apprit d’ailleurs que longtemps après la guerre.




Fenet est capturé dans le métro de Berlin, le 2 mai 1945, alors qu’il tentait  avec quelques camarades de s’échapper de Berlin.  Six semaines durant, il est interné dans divers camps de prisonniers, en région berlinoise.  Il est soigné puis libéré par les soviétiques, qui lui fournissent même des habits civils.  Il se joint à un groupe de rapatriés français, au sud de Berlin.

Arrêté à Valenciennes, dénoncé par son propre tatouage de groupe sanguin sous l’aisselle,   il est condamné à vingt ans de travaux forcés, et détenu successivement dans plusieurs prisons : Riom, Caen puis Fontevraud. Il est finalement libéré en décembre 1949.
Il passe la majeure partie de sa vie professionnelle comme chef d’une entreprise qu’il a fondé en 1952, en accessoires automobiles, jusqu’à sa retraite.


Atteint de la maladie d’Alzheimer,  il est décède  le 14 septembre 2002, à Paris.

Ces cendres reposent au cimetière de son village natal, à côté de celles de son frère Jean, mort pour la France le 8 mai 1940.


Jacques Lacroix

 Source

lundi 29 avril 2019

Michel Henry : penser l’intériorité radicale de la vie contre l’objectivation du monde



La phénoménologie de Michel Henry ambitionne de dépasser les paradigmes de ses prédécesseurs pour penser l’intériorité radicale de la vie. Le philosophe va trouver dans l’immanence l’essence même de l’être : la vie en tant qu’elle s’affecte elle-même dans une pure épreuve de soi. Épreuve de soi à laquelle l’homme ne peut échapper, condamné qu’il est à souffrir et à jouir dans l’intimité de sa chair. Dans Phénoménologie de la vie I (2003, Puf, Épiméthée), recueil de conférences publié à titre posthume sur lequel s’appuie cet article, Henry expose les grandes lignes de son projet. 

Michel Henry
L’effort de Michel Henry consiste à donner à la notion de vie une centralité que l’histoire de la philosophie avait jusque-là évacuée. Des Grecs jusqu’à Heidegger, la métaphysique occidentale a traditionnellement pensé l’être comme se déployant dans une pure extériorité. À cela s’ajoute la mise à distance du sujet et de l’objet qui structurent l’ensemble des attitudes philosophiques. Toujours, on « contemple », on « se représente » ou on a « conscience de » quelque chose qui est hors de soi, quelque chose qui se manifeste, qui se déploie face à soi dans l’espace et dans le temps. Ce paradigme concerne aussi bien les objets du monde que l’ego. L’intériorité n’est jamais étudiée en tant que telle, elle est toujours projetée, exposée, représentée. « Voilà pourquoi le concept de vie demeure suspect aux yeux de la philosophie, non point parce que la vie serait quelque chose de vague ou de douteux, elle, la chose la plus certaine, mais parce que la philosophie a justement été incapable de la penser. Pourquoi ? Parce que la vie se trouve constituée en son être le plus intime et en son essence la plus propre comme une intériorité radicale […]. » Henry se propose de s’intéresser à celle-ci sur un mode nouveau, capable d’appréhender l’intimité du moi avec lui-même, de comprendre le phénomène vital en s’émancipant des concepts de représentation ou d’intentionnalité qui étaient ceux de ses prédécesseurs.
Pour Henry, Descartes, comme Kant, ont échoué à penser « l’intériorité radicale » de la vie : « Descartes ne s’interroge [pas] sur la structure intérieure de la subjectivité pour autant qu’elle est et peut être identique à la vie. » Dès la troisième Méditation, Descartes délaisse sa réflexion sur le cogito (je pense) pour celle sur le cogitatum (ce qui est pensé). Henry indique également qu’Husserl, dans sa reprise du projet cartésien, définit toute conscience phénoménologique comme « conscience de », c’est-à-dire dans une permanence de l’intentionnalité, de l’ekstase et donc de l’hors de soi. Kant, pour sa part, ne parvient pas à concevoir l’être autrement que comme une représentation, c’est-à-dire comme la synthèse du concept et de l’intuition. « Il en résulte que le kantisme est impuissant à fonder […] l’existence phénoménale du moi. »
Pour Henry, la phénoménalité de la vie est particulièrement difficile à saisir puisqu’elle ne se manifeste pas dans l’extériorité mais dans une intimité fondamentale du moi avec lui-même. Le philosophe ne peut se représenter ce qui, par essence, échappe à toute représentation, ce qui demeure sur le plan de la plus stricte immanence, du pâtir de soi. En cela réside toute l’originalité de la thèse d’Henry : la phénoménologie de la vie sera avant tout une phénoménologie du sentir de soi. L’enjeu principal ne consistera pas, comme chez Husserl, à comprendre la phénoménalité des choses hors de soi (l’intentionnalité, la conscience de) mais à appréhender le phénomène vital originel en deçà de toute ekstase, c’est-à-dire de tout écart intentionnel créé par la représentation. « Dans la mesure où l’être déploie son essence par l’exposition de l’ekstase, il se produit et se propose comme un être dépourvu d’intériorité, inhabité, n’offrant jamais de lui que ses « dehors », une surface, une plage sans épaisseur sur laquelle le regard glisse et vient mourir. » Henry veut remédier à cette lacune de la tradition philosophique qui, dès lors qu’elle tente d’aborder l’être de l’ego dans son intériorité, dévie aussitôt vers les choses du monde ou vers l’exposition de l’ego dans le monde.

L’auto-affection
Edmund Husserl
Par ailleurs, Henry est confronté à un problème épistémologique puisque la science a fait de l’objectivation le critère de la rationalité. Ne peut être compris et appréhendé par la raison que ce qui est réduit au statut d’objet. C’est une tendance de fond que Henry critiquait déjà en 1987 dans La barbarie. Car la persistance du phénomène vital, au sens d’une irréductible subjectivité, pose problème à la science moderne qui ne peut se déployer qu’en mettant celui-ci hors-jeu. « La vie demeure en elle-même […] aucune face de son être ne s’offre à la prise d’un regard théorique ou sensible. » La science galiléenne a pour objet une réalité désincarnée, purement formelle. La vie, qui constitue l’intimité profonde de l’être, apparaît comme son angle mort. Henry estime que le rationalisme ne s’intéresse qu’à une réalité résiduelle et en aucun cas à la vérité de l’être et à la condition de possibilité de l’expérience vécue. « Nul n’a jamais vu la vie et ne la verra jamais. » Cependant, précise Henry, son caractère invisible n’appelle pas un impératif de dévoilement synonyme, chez les Anciens, de quête de vérité. La vie n’est pas une « non-vérité originelle qui serait au fondement de toute vérité ». La vie n’a pas à être dévoilée, c’est-à-dire exposée à notre regard pour être appréhendée. La vie ne peut être vue, contemplée ou théorisée. On ne peut avoir « conscience de » la vie. « La vie se sent, s’éprouve elle-même. Non qu’elle soit quelque chose qui aurait, de plus, cette propriété de se sentir soi-même, mais c’est là son essence : la pure épreuve de soi, le fait de sentir soi-même. L’essence de la vie réside dans l’auto-affection. » L’auto-affection ne désigne pas ici le « sens interne » dont parlait Kant et à sa suite Heidegger puisqu’il impliquait l’horizon transcendantal de la temporalité. Le « sens interne » était donc affecté, non pas par lui-même, mais par le temps. Or la vie, que Michel Henry s’est donné pour tâche de comprendre, n’est affectée que par elle-même. La vie n’est pas une représentation du moi par lui-même dans le temps, ce n’est pas une objectivation du sujet par lui-même. La vie est « cette auto-affection originelle en un sens vraiment radical, au sens d’une immanence absolue exclusive de toute rupture intentionnelle et de toute transcendance ».
Derrière ce vocabulaire complexe qui est celui de la phénoménologie perce une évidence, quelque chose que le sens commun peut saisir intuitivement. La vie est au fondement de l’être puisqu’il n’y a pas d’expérience qui ne soit pas vécue. Les sentiments et les perceptions dont nous faisons l’expérience ne sont jamais désincarnés, ils s’inscrivent toujours dans une chair qui définit notre humanité et sans laquelle aucune expérience ne serait possible. L’homme n’est ni un dieu ni un robot, ni purement spirituel ni purement matériel. L’homme est un être intermédiaire dont l’originalité ontologique réside dans cette vie qui est union de l’âme et du corps. « Il y a bien des choses au monde qui suscitent nos souffrances et nos joies, mais elles ne le font que parce que souffrance et joie sont susceptibles de prendre forme en nous comme des possibilités de notre vie même et comme les modalités fondamentales de sa propre réalisation […]. » L’expérience vécue se définit fondamentalement comme un pâtir de soi.
L’homme est condamné à s’éprouver lui-même
Aux yeux de Henry, il est impossible d’échapper à soi – nous souffrons et nous jouissons malgré nous, dans cette chair qui est la nôtre et que nous n’avons pas choisie –, et c’est en cela que nous sommes, à proprement parler, vivants. L’homme ne peut se retirer de son corps pour vivre une vie de pur esprit où les contraintes matérielles ne viendraient plus l’entraver. L’homme est condamné à s’éprouver lui-même comme être charnel, condamné à pleurer et à rire. Il ne peut – c’est à la fois sa grandeur et sa misère – ignorer la souffrance et la joie. « Pour autant que la vie est acculée à soi dans la passivité insurmontable de cette épreuve de soi qui ne peut s’interrompre, elle est un souffrir, le « se souffrir soi-même » dans et par lequel elle est livrée irrémédiablement à elle-même pour être ce qu’elle est. » Le pathos fondamental qu’implique toute vie est irréductible et échappe à la raison car il « n’est pas un postulat de la pensée ». La souffrance (comme la joie) n’est souffrance pour l’homme que dans la mesure où elle est éprouvée comme telle. Les explications scientifiques qui réduisent l’expérience de la souffrance à un message nerveux passent à côté du problème. La souffrance n’est jamais éprouvée comme un phénomène objectif. Au contraire, elle est par excellence l’expérience de l’irréductibilité de la subjectivité. La souffrance est insupportable parce qu’elle est éprouvée subjectivement en tant que phénomène vital.
Jean-Luc Marion
Henry, dans l’élaboration de sa phénoménologie de la vie, s’interroge également sur la temporalité qui caractérise la vie. Dans quel temps va se déployer l’immanence radicale du phénomène vital ? À ses yeux, si la philosophie a beaucoup progressé au XXe siècle dans ses conceptions du temps – Bergson et Heidegger viennent spontanément à l’esprit –, celles-ci restent marquées par leur « irréalité ». On devine tout de suite que le passé et le futur ne peuvent caractériser la vie, mais, selon lui, le présent n’échappe pas l’horizon ekstatique de l’extériorité. Appréhender quelque chose comme étant au présent, c’est déjà établir une distance qui présuppose que cette chose a pu être au passé ou qu’elle pourra être au futur. La présence est déjà un vis-à-vis. Henry prend l’exemple de la préhension pour tenter de définir la temporalité propre à l’auto-affection de la vie. L’homme se caractérise par un « Je Peux » fondamental qui est toujours déjà là, qui n’est pas appris, qui est toujours convoqué de manière non réflexive sans jamais par la suite être oublié. « Dans ce demeurer en soi tous les pouvoirs de la vie demeurent en eux-mêmes, ils se tiennent donc comme des pouvoirs effectifs, prêts à se déployer, eux qui ne cessent de se joindre à eux-mêmes et que je peux rejoindre, moi qui ne suis que leur être donné à eux-mêmes, moi qui suis leur vie. » Le pouvoir primitif de préhension ne se déploie pas selon la modalité aristotélicienne de la puissance et de l’acte, mais dans une actualisation permanente de la vie par elle-même sous la forme d’un pathos et d’une auto-affection « éternelle ». La vie ne connaît pas d’avant et d’après, elle s’éprouve elle-même dans un mouvement sans fin.
La phénoménologie de la vie est donc une proposition philosophique radicale, qui consiste à examiner l’intériorité de l’ego pour lui-même afin d’en déceler la vie qui y réside de façon intuitive, de renverser le paradigme traditionnel de la représentation et d’établir l’auto-affection comme le moyen qu’a la vie de s’éprouver elle-même dans une pure immanence. Henry tente de fonder une ontologie nouvelle, basée sur l’irréductibilité du phénomène vital, afin de mettre à mal les prétentions des sciences modernes qui estiment que seul un objet peut être connu. Henry, au contraire, montre qu’il existe une « connaissance » qui n’est pas objective, une « connaissance » qui se révèle à nous non pas par la théorie ou le concept, mais par le sentir de soi et l’expérience vécue. Comme le dira plus tard Jean-Luc Marion, relisant Descartes en reprenant Henry dans ses Questions cartésiennes, la modalité de la pensée la plus importante chez l’auteur des Méditations métaphysiques n’est pas l’entendement mais le sentir. Je sens donc je suis.