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jeudi 3 juin 2010

Une vie saine




Par Philippe Delbauvre

Le problème de retraites est, nous dit-on, ardu. Il n'est pas impossible que l'actuelle gouvernance soit jugée in fine sur cette réforme. On comprend l'inquiétude.

Il existe des leviers permettant d'atteindre l'équilibre souhaité afin de pérenniser le système. C'est ainsi que l'on peut reculer l'âge de départ à la retraite, augmenter le nombre d'annuités, majorer les cotisations ou diminuer les montants. Se pose aussi en cas de réforme sérieuse la mise à plat de la classification du travail afin que soit répertorié les métiers qualifiés de pénible. Il va également de soi que la grille de la fonction publique doit être repensée.

Tout cela est tel que j'ai l'intime conviction que la réforme ne sera pas menée sérieusement à son terme et qu'elle sera renvoyée aux calendes grecques. Il faut avoir du courage pour nettoyer de telles écuries, pour braver tant d'adversité, conséquence des corporatismes; en un mot, il faut avoir la tripe nationale, ce dont les membres du gouvernement ne disposent pas.

Il n'est pas bien difficile de comprendre que plus on maniera de leviers susnommés et moins la réforme sera douloureuse. C'est ainsi qu'en reculant l'âge de départ à la retraite, en augmentant la durée ainsi que les montants de la retraite et enfin en diminuant le montant de certaines d'entre elles, l'équilibre sera atteint de manière quasi indolore.

Le montant moyen de la retraite dans le secteur public est de 1500 euros, là où il est de 900 euros dans le secteur privé. Il va de soi pour un esprit lucide et impartial qu'il y a là une profonde injustice et que les grilles des deux secteurs doivent être repensées.

En s'opposant à l'allongement de la durée de travail et en fixant de manière définitive l'âge de la retraite à 60 ans, certains syndicats ont pour l'instant rendu impossible toute forme de survie d'un système qui prend l'eau. Il faudrait en effet dans ces conditions diminuer fortement le montant des retraites dont certaines sont déjà très basses et augmenter fortement les cotisations dans un pays où l'on recherche en vain du pouvoir d'achat.

Bien sur, il y a le sacro-saint capital auquel toute la gauche se rattache comme à une bouée économique en oubliant les leçons de 1981: en régime capitaliste on se doit de protéger le capital. En conséquence, que la gauche cesse d'être capitaliste et devienne socialiste ou qu'elle arrête de dire des bêtises.

J'ai bien peur qu'au final on accouche d'une réformette qui ait botté en touche pour quelques années en attendant l'inexorable faillite. Il y a en effet fort à parier que la fonction publique, parce qu'elle est mobilisée verra
ses statuts maintenus et ce aux dépens du reste de la population. Les séniors ainsi que les hommes d'âge mur pour qui la retraite s'annonce feront aussi entendre leur voix. Au final, il y a fort à craindre que c'est la jeunesse qui devra régler la note.

Le tout à l'ego, le corporatisme, l'individualisme postmoderne sont en train de plomber le système par répartition; le gouvernement, impopulaire qu'il est déjà, avec comme objectif principal la prochaine élection présidentielle, ne peut se permettre le luxe d'un affrontement sérieux. C'est tant pis.

Après tout Marine le Pen a peut être raison en affirmant qu'il fallait changer le système et non le réformer.

mercredi 2 juin 2010

Réflexions sur l'islam



Par Philippe Delbauvre

L'hebdomadaire suisse Die Weltwoch a jugé bon de faire récemment sa une à l'aide d'un titre provocateur - « Muss der islam verboten werden » (l'islam doit-il être interdit) – qui ne m'enchante guère. Les rédacteurs ont bien compris qu'après la victoire du referendum stipulant l'interdiction de la construction de minarets en Suisse et la prohibition de la burqa en Belgique, il était opportun de battre un fer déjà brûlant.

Il va de soi qu'une telle proposition émane de certains milieux politiques ou autres, qui, si ils ont des comptes à régler avec la religion musulmane en ont tout autant avec les autres religions à commencer avec le catholicisme. Cette hystérie post kantienne prohibant l'accès à la chose en soi par l'Homme a quelque chose de désuet lorsque l'on sait qu'aujourd'hui, compte tenu des progrès scientifiques effectués ce dernier siècle, notamment en mécanique quantique, tout est ouvert en matière d'existence divine: s'il n'est pas certain que Dieu ne joue pas aux dés -interprétation probabiliste – les scientifiques les plus sérieux ont repris au considération et depuis longtemps l'existence de Dieu.

Ces milieux prônant la lutte à outrance contre l'islam et plus généralement les religions sont divers.

Il y a tout d'abord ceux qui malencontreusement associent l'islam à la délinquance ou plus exactement qui font de cette religion la mère des violences tant dans les cités que dans les zones urbaines. Or les statistiques sont formelles, indiquant que la criminalité dépend principalement du statut social ainsi que de la stabilité familiale. Cette dernière procède souvent d'une éducation religieuse marquée où chacun au sein du couple a son rôle explicité par les textes religieux. Peut être s'agit-il là d'une explication frustrante pour tous ceux qui souhaitent faire une exploitation politicienne du phénomène incriminé mais elle n'en demeure pas moins vraie.

On trouve également au sein de l'intrigue les laïcards descendus de 1905 et n'ayant toujours pas atteint la terre ferme. A leurs yeux, le monde contemporain reste partagé en deux blocs antagonistes dont l'un est clérical (la droite) et l'autre anticlérical (la gauche). A leurs yeux, rien n'aurait changé depuis 1981 et la gauche bouffeuse de curés serait toujours partisane de la nationalisation des moyens de production. Or, plus aucun historien des idées ne croit plus à cette fable aujourd'hui. La frontière entre croyants et non croyants ne passe plus par un centre constitué de radicaux et de démocrates chrétiens. Il va de soi que dans ces milieux anticléricaux les loges s'agitent même si elles aussi n'accordent plus aux monothéismes l'importance qu'elles leur prêtaient auparavant.

Il y a enfin le troisième groupe - chacun d'entre eux pouvant être décomposé en sous catégories – que j'appelle libéral et qui incarne le monde contemporain sous son versant occidental. C'est l'univers de l'argent, tant décrié par Bloy comme par Peguy qui furent des esprits religieux. Ce monde nous asservit et d'ailleurs porte la responsabilité de l'immigration qu'elle encourage encore et encore, avec par voie de conséquence davantage d'islam.

Ce monde ignore toute transcendance comme il ignore toute philosophie: les activités saines à leurs yeux ne sont que celles qui rapportent. C'est lui qui porte la responsabilité du matérialisme ambiant dont nous avons à payer le prix fort par l'intermédiaire d'une vie dénuée de sens, d'un chômage de masse et d'une délinquance dont les acteurs ont peut être bien mieux compris que l'honnête homme les ressorts de notre société.

mardi 1 juin 2010

Politiquement, c'est intéressant....


Par Philippe Delbauvre


Politiquement, c'est intéressant....
Nous vivons vraiment une période extraordinaire. Alors qu'auparavant les cafés étaient des lieux de rencontre et de sociabilité, nous sommes désormais obligés de passer par l'intermédiaire d'internet, en l'occurrence Facebook, afin de ne pas rester seul pour prendre un apéritif. C'est ainsi que dans les grandes villes de France, des rassemblements assez conséquents - jusqu'à plus de 10 000 personnes - ont lieu, où chacun apporte suivant soif une ou plusieurs boissons afin de trinquer avec des inconnus qui n'ont pas d'autres motivations.

On pourrait croire le phénomène marginal si les sites de rencontre permettant de trouver l'âme soeur ou l'aventure d'un soir n'avaient autant de succès. Là encore, ce qui se faisait naturellement de par le passé semble être devenu impossible de nos jours.

Où est donc le malaise ?

Chacun sait que l'on est jamais aussi seul que dans une foule et que les grandes concentrations urbaines ne favorisent pas, paradoxalement, les contacts. L'individualisme imposé par une société consumériste où chacun doit protéger sa place au travail tant d'un subalterne que du chômage doit y être pour beaucoup. Il est vrai aussi que chacun revendique pour lui même, bien sur, des droits qui, conséquence imprévue, sont autant de barrières pour autrui. Paradoxalement, les droits des uns annihilent ceux des autres et réciproquement. Ainsi, les femmes ont demandé dans le cadre du travail aux Etats Unis à être davantage respectées par les messieurs, ce qui s'est traduit par l'introduction dans le code pénal de la notion de harcèlement au travail: en conséquence, il est arrivé que des hommes cessent de leur adresser la parole de peur d'être poursuivis en justice. Certains employeurs, conscients du danger, ont cessé d'embaucher des femmes. Las, tout ceci n'a pas empêché bien évidemment les promotions canapé. Le droit est un avoir (j'ai des droits) qui ne peut être donné à tous sous peine de les voir s'entrechoquer: tout avoir est une ponction personnelle parmi les avoirs collectifs possibles. En conséquence, chaque droit d'une personne, se fait aux dépens d'une ou plusieurs autres. Le phénomène est d'autant plus amplifié que des groupes d'intérêts catégoriels ont revendiqué des droits, qu'ils ont d'ailleurs obtenu, restreignant de facto les droits d'autres groupes. L'idée de sommation des droits est donc une erreur: c'est de soustraction dont il s'agit.

Il n'est pas certain qu'il faille considérer ces rassemblements bien inoffensifs au demeurant comme une donnée positive. Il semblerait que plus on avance dans le temps, plus la dynamique de groupe favorise les réjouissances; c'est le cas dans l'exemple que nous traitons ici, mais aussi dans le cas d'une victoire sportive que l'on fête à l'extérieur et de la même façon. En ce sens, les individus participant à ces réjouissances montrent de par leur comportement qu'ils ont bien été formatés par une société qui de toute évidence est totalitaire. L'impossibilité qu'ont de plus en plus nos contemporains de goûter à la solitude ou, à tout le moins, au groupe restreint est symptomatique d'une période qui est celle des masses. C'est un des thèmes récurrents chez Milan Kundera (1) que celui de la prohibition de la solitude dans les régimes totalitaires, dans lesquels chacun se doit de communier avec tous.

Il est cependant une note positive sur laquelle nous pouvons conclure, c'est que via internet, il est possible de faire sortir dans la rue très rapidement des milliers voire des milliers de personnes pour telle ou telle raison. Et politiquement, c'est intéressant.

notes


(1) Le thème est récurrent chez Milan Kundera. On pourra lire par exemple, L'immortalité. Folio. 1993