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mercredi 2 juin 2010
Réflexions sur l'islam
Par Philippe Delbauvre
L'hebdomadaire suisse Die Weltwoch a jugé bon de faire récemment sa une à l'aide d'un titre provocateur - « Muss der islam verboten werden » (l'islam doit-il être interdit) – qui ne m'enchante guère. Les rédacteurs ont bien compris qu'après la victoire du referendum stipulant l'interdiction de la construction de minarets en Suisse et la prohibition de la burqa en Belgique, il était opportun de battre un fer déjà brûlant.
Il va de soi qu'une telle proposition émane de certains milieux politiques ou autres, qui, si ils ont des comptes à régler avec la religion musulmane en ont tout autant avec les autres religions à commencer avec le catholicisme. Cette hystérie post kantienne prohibant l'accès à la chose en soi par l'Homme a quelque chose de désuet lorsque l'on sait qu'aujourd'hui, compte tenu des progrès scientifiques effectués ce dernier siècle, notamment en mécanique quantique, tout est ouvert en matière d'existence divine: s'il n'est pas certain que Dieu ne joue pas aux dés -interprétation probabiliste – les scientifiques les plus sérieux ont repris au considération et depuis longtemps l'existence de Dieu.
Ces milieux prônant la lutte à outrance contre l'islam et plus généralement les religions sont divers.
Il y a tout d'abord ceux qui malencontreusement associent l'islam à la délinquance ou plus exactement qui font de cette religion la mère des violences tant dans les cités que dans les zones urbaines. Or les statistiques sont formelles, indiquant que la criminalité dépend principalement du statut social ainsi que de la stabilité familiale. Cette dernière procède souvent d'une éducation religieuse marquée où chacun au sein du couple a son rôle explicité par les textes religieux. Peut être s'agit-il là d'une explication frustrante pour tous ceux qui souhaitent faire une exploitation politicienne du phénomène incriminé mais elle n'en demeure pas moins vraie.
On trouve également au sein de l'intrigue les laïcards descendus de 1905 et n'ayant toujours pas atteint la terre ferme. A leurs yeux, le monde contemporain reste partagé en deux blocs antagonistes dont l'un est clérical (la droite) et l'autre anticlérical (la gauche). A leurs yeux, rien n'aurait changé depuis 1981 et la gauche bouffeuse de curés serait toujours partisane de la nationalisation des moyens de production. Or, plus aucun historien des idées ne croit plus à cette fable aujourd'hui. La frontière entre croyants et non croyants ne passe plus par un centre constitué de radicaux et de démocrates chrétiens. Il va de soi que dans ces milieux anticléricaux les loges s'agitent même si elles aussi n'accordent plus aux monothéismes l'importance qu'elles leur prêtaient auparavant.
Il y a enfin le troisième groupe - chacun d'entre eux pouvant être décomposé en sous catégories – que j'appelle libéral et qui incarne le monde contemporain sous son versant occidental. C'est l'univers de l'argent, tant décrié par Bloy comme par Peguy qui furent des esprits religieux. Ce monde nous asservit et d'ailleurs porte la responsabilité de l'immigration qu'elle encourage encore et encore, avec par voie de conséquence davantage d'islam.
Ce monde ignore toute transcendance comme il ignore toute philosophie: les activités saines à leurs yeux ne sont que celles qui rapportent. C'est lui qui porte la responsabilité du matérialisme ambiant dont nous avons à payer le prix fort par l'intermédiaire d'une vie dénuée de sens, d'un chômage de masse et d'une délinquance dont les acteurs ont peut être bien mieux compris que l'honnête homme les ressorts de notre société.