.

.

jeudi 18 décembre 2014

Droit de vote des Etrangers : la problématique



Droit de vote des Etrangers : la problématique
 Childéric Fonteney (Voxnr)
Ainsi donc François Hollande a jugé utile ce jour de se prononcer sur l'immigration, approuvant au passage le droit de vote à accorder aux étrangers lors des élections françaises. Quelques réflexions me sont donc venus par conséquence à l'esprit. En voici quelques unes.

1/ Quant on est aussi impopulaire dans son propre pays, puisque tel est le cas de François Hollande, c'est à dire que la majorité des Français le juge lui-même en partie, étranger, notamment aux préoccupations des Français, la bienséance consisterait justement à ne pas aborder ce genre de sujet.

2/ Les études effectuées sur le terrain montrent que les immigrés – électeurs potentiels donc dans les années à venir – sont très majoritairement indifférents à l'octroi de ce nouveau droit : ils ont bien d'autres préoccupations, bien plus terre à terre.

3/ Il existe depuis quelques années un basculement psychologique en France, puisque désormais très nettement, les Français sont maintenant nettement opposés à cette mesure.

4/ On m'accordera bien volontiers que cette mesure, certes issues d'une promesse, bien antérieure à François Hollande d'ailleurs – on songe à François Mitterrand mais aussi à bien des cadres dirigeants de l'Ump, l'Udi et le Modem – ne peut être qu'importante ou pas. Dans le second cas, et sachant les problèmes majeurs qui touchent la France et les Français aujourd'hui, ce n'est guère le moment de s'y atteler. Si d'aventure, le droit des vote des étrangers est essentiel, ce que semble sous-entendre la gauche – mais aussi la droite qui malhonnêtement conteste pour la forme -, c'est alors la procédure référendaire qui s'impose : seulement voilà, dans le cadre d'un referendum, la proposition serait repoussée parce que nettement balayée. Encore une fois, on veut transformer la France, contre l'avis motivé des Français.

5/ Le droit de vote des étrangers – François Mitterrand avait, non sans perversion politique, déclaré durant les années 80 que les immigrés étaient « ici, chez eux » est très lourd de sens. Ce que de plus en plus, les progressistes – encore une fois de la plupart des bords (la « droite » n'est pas en reste) appelle désormais l'appartenance nationale, ce n'est plus autre que seulement une façon post-moderne de qualifier le lieu où l'on habite et simplement cela.

6/ Très attaché à ma Patrie, de façon quasi charnelle, je ne suis pas de ceux qui considèrent qu'être Français, cela « s'hérite ou se mérite » : être français, bien loin d'une simple lecture essentialiste ne peut que se mériter. Autrement exprimé, seul un comportement exemplaire, fidèle à l'esprit de la « Vieille France », ne peut que définir un Français digne de ce nom. C'est ainsi qu'à mes yeux, quand bien même un Français est de souche, même longue, qu'il peut ne pas être dans les faits français. Après tout, il fut un temps où certains Français, au motif d'un détestable comportement furent déchus de leur nationalité française, privé donc du droit de vote. Il y a aujourd'hui tellement d'exemples de vilénie chez nombre d'hommes politiques (Thévenoud n'est qu'un exemple parmi tant d'autres) qu'il y aurait là matière à agir et donc à sanctionner.

7/ Cette idée consistant dans les faits à affirmer qu'on vote là où l'on vit, ce indépendamment des rapports charnels et historiques, n'est que la montée en puissance chez les « élites », du fait mondialiste, transformant la France en petite région sise au sein du monde, et donc de moindre importance.

8/ Cette proposition n'est nullement, contrairement à ce que l'on pourrait croire de prime abord, conséquence d'un idéalisme bienveillant, au sens trivial du terme. Elle a un intérêt des plus pratiques : apporter aux partis qui s'opposent au Front National, de nouveaux bataillons, justement afin de conter la montée en puissance du grand mouvement patriotique.


Donc, pour toutes ces raisons, le droit de vote aux étrangers, c'est Non !

mardi 9 décembre 2014

Quête du juste milieu : contre les barbaries





 Alaric Pelletier (Voxnr)
Ce serait une grave erreur, conséquence de la méconnaissance de la nature humaine, que d'accorder dans la vie de l'homme, d'hier comme d'aujourd'hui, une trop grande importance à la rationalité.

Erreur

Outre que le cerveau reptilien constitue le fondement de nos comportements primaires, le néo-cortex, bien loin de canaliser nos pulsions animales, sert le plus souvent à davantage les satisfaire. D'où les comportements de prédation et de domination que nous pouvons constater au quotidien. Voilà qui fait de l'homme, suite justement à l'existence de ce néo-cortex, le plus grand des prédateurs.

En matière de politique, et plus spécifiquement d'économie, la rationalité est ainsi en berne. La révolution bolchévique en 1917, s'est traduite, très rapidement par de nombreuses catastrophes. Léon Blum (congrès de Tours) l'avait prévu. Il faut l'un des seuls à gauche à faire fonctionner sa raison, chez les autres, en panne. Quand bien même le plan quinquennal échouait partout (« il n'a jamais fonctionné déclarait Gorbatchev alors ministre de l'agriculture devant François Mitterrand ».), que beaucoup continuait à le célébrer, considérant que l'intervention majeure de l'Etat dans l'économie, ne pouvait être que la solution optimale.

Le temps passa et il fallut que la catastrophe soit véritablement patente pour que les peuples, enfin, décidèrent d'en finir avec le communisme mortifère et économiquement désastreux. On pourrait y voir, influence hegelienne, une victoire de la raison, prémisse de la victoire sur terre, du règne de l'Esprit.

Las, il n'en a rien été. Nul besoin de poursuivre longtemps des études en philosophie pour constater que la vérité ne fait pas bon ménage avec l'extrémisme. Pourtant, les individus constituant le peuple, à distinguer des personnalités différenciées, basculent à nouveau dans l'excès : après la célébration imbécile de l'Etat omnipotent, les voici fustigeant toute intervention de ce même Etat dans l'économie. Comme de par le passé, les vents de la mode gonflent les voiles de navires nous menant vers de dangereux récifs. Il est à craindre que, là encore, tant que la catastrophe ne soit pas encore avérée totalement, les peuples se laissent duper par une mode prônée par des politiques inféodés, aujourd'hui comme hier à l'idéologie, mort de la pensée souveraine.

Celui qui fustigea en son temps le plan quinquennal soviétique, les nationalisations à 100 %, cria dans le vide. Il en est de même pour celui qui aujourd'hui, tente en vain, de mettre un frein au tout libéral. Pourtant les catastrophes, notamment dans le domaine social, s'accumulent. Entre le malheureux succès croissant des restos du cœur, l'augmentation des bénéficiaires de minima sociaux, les sdf qui n'existaient pas voici 35 ans, les Français qui renoncent aux soins médicaux faute d'argent, les exemples ne manquent pas.

On nous présente le fait libéral comme incontournable comme on nous avait imposé l'Etat Behemoth. Pas impossible que la solution, en matière d'économie se situe dans le cadre de l'économie mixte, décriée hier (pas assez d'Etat) comme aujourd'hui (trop d'Etat).

Qu'importe les pays capitalistes, même l'Allemagne excellent élève capitaliste, est désormais sur une mauvaise pente, fait reconnu par les économistes capitalistes. Avec une nuance : c'est dans les pays scandinaves, qui justement disposent d'une forte tradition d'interventionnisme d'Etat, que la situation est la moins mauvaise en matière de qualité de vie.

Une piste en matière d'économie ?

mardi 2 décembre 2014

Derniers articles de Nicolas Bonnal et Paul-Marie Couteaux : la bonne blague



 Gilles Druant (Voxnr)
Ils sont nombreux, ceux qui a des fins partisanes, veulent instrumentaliser le Front National. Par exemple et très récemment Nicolas Bonnal (1) ainsi que Paul-Marie Couteaux (2).
Erreur


Dans les deux cas, on voit réapparaître la notion de vote utile qui, pourtant, a fait tant de mal durant de nombreuses décennies. C'est ainsi que, tant côté socialiste que libéral-conservateur, on appelait à voter utile dès le premier tour. Ce vote utile fut une véritable plaie, aussi bien pour le parti communiste que pour la mouvance à laquelle nous appartenons.

Plus grave, ce vote utile empêcha de nombreux Français d'exprimer une voix discordante. C'est ainsi qu'il fallait à droite voter Giscard (le mieux placé disait-on à l'époque) et non Chirac, ce afin de créer une dynamique favorable à la victoire lors du second tour. C'est ainsi aussi qu'il fallait, toujours en 1981, que l'électeur de gauche vote impérativement Mitterrand et non Marchais, ce pour les mêmes raisons.

Et le chantage de continuer à être pratiqué encore de nos jours.

On constate depuis maintenant bien longtemps la conséquence du fait : le pouvoir est exercé depuis des lustres par deux composantes seulement du paysage français. Plus grave, alors qu'en 1981 parti socialiste et Udf disposait de programmes différents, avec donc un choix qui avait ses raisons d'être, force est de constater qu'aujourd'hui Ump et Ps sont en accord sur l'essentiel, que ce soit en politique intérieure, en économie ou en matière diplomatique.

C'est la raison pour laquelle aujourd'hui, l'alternance n'est plus celle des politiques menées, mais simplement des équipes exerçant le pouvoir, constituées d'hommes différents. Il y a donc, depuis une trentaine d'années, confiscation du pouvoir par une oligarchie, structure politico-économique bicéphale.

Aujourd'hui, les Français sont de plus en plus conscients du phénomène et entonnent le juste refrain : « tous les mêmes ».

Pour un électeur de gauche, la trahison – vieux réflexe – consiste à voter à droite. La réciproque est tout aussi vraie. En revanche, le suffrage accordé au Front National échappe au fait. Voilà pourquoi, aussi bien l'électeur de droite comme celui de gauche, n'hésitent pas à voter Front National, sans avoir l'impression de se renier. Voilà pourquoi le Front National ratisse désormais aussi large, aussi bien sur les terres de droite que de gauche.

On peut bien sur comprendre, et Nicolas Bonnal, et Paul-Marie Couteaux qui sont droitards. Ils souhaitent bien entendu que le Front National devienne la cinquième roue du carrosse libéral. Le Front National, n'aurait donc à leurs yeux, pour seule vocation que d'apporter quelques points décisifs à la machine Ump, ce afin que cette dernière puisse vaincre.

C'est là oublier un peu vite que le Front National est devenu depuis plusieurs années le premier parti de France, et que si on continuait à faire valoir la notion de vote utile, ce serait plutôt à l'Ump d'apporter au Front National les points décisifs. Avec toutes les réserves que l'on peut émettre puisque cette même Ump est plus proche – voir ses politiques menées – du Parti socialiste que du Front.

Est obsolète aujourd'hui le référentiel droite/gauche, ce depuis au moins deux décennies : n'évoquait-on pas avec insistance voilà 20 ans la notion de « pensée unique » ? Nous y sommes encore.

Aujourd'hui, et la droite, et la gauche, sont idéologiquement mortes. Ni l'une ni l'autre ne prônent dans l'avenir, une nouvelle donne politique, économique ou diplomatique. En ce sens, le positionnement frontiste appelé « ni droite, ni gauche » n'est pas tant le refus de la droite que de la gauche, mais l'affirmation répétée que l'une et l'autre ne sont que les deux faces d'une même médaille.

Au sujet des alliances, si d'aventure des candidats frontistes étaient absents du second tour lors des élections à venir, pourraient dès lors très bien apporter leur soutien, aussi bien au candidat de « droite » comme de « gauche », en privilégiant par exemple le plus intègre des deux. Ce serait déjà beaucoup et satisferait bien des Français.
Notes:

(1) http://www.bvoltaire.fr/nicolasbonnal/pourquoi-le-front-national-file-un-mauvais-coton,142681?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=133ebc898e-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-133ebc898e-30425913&mc_cid=133ebc898e&mc_eid=45f36b52ce

(2) http://www.valeursactuelles.com/politique/exclusif-paul-marie-couteaux-pourquoi-je-quitte-marine-49278

lundi 1 décembre 2014

Au delà d'un patriotisme instrumentalisé



Au delà d'un patriotisme instrumentalisé
 Philippe Delbauvre
Il ne manque pas d'articles publiés ces derniers mois, condamnant l'engagement de jeunes Français dans la structure Daech. Je dois avouer en toute honnêteté ne pas approuver le fait même si, bien sur, l'islamisme ne constitue nullement ma tasse de thé.

Il est par trop malhonnête d'évoquer le fanatisme dont j'ai déjà écrit qu'il n'était en fait que l'héroisme des adversaires. Au moins, ceux qui s'engagent pour Daech ont su résister au grand formatage de la société de consommation, ce qui constitue déjà un bon point.

Engagé dans la mouvance depuis 35 ans, je puis assurer qu'à la fin des années 70, le terrorisme intellectuel était d'une toute autre ampleur que celui qui sévit encore de nos jours mais qui s'est, heureusement bien affaibli. Je me souviens qu'à l'époque, de droite, vous passiez déjà pour un salaud, alors membre de l'extrême droite, je vous laisse imaginer le sort qui fut le mien.

Erreur


La France et sa défense ont bon dos. Derrière le terme « France », chacun clame sa définition bien subjective, devenue dès lors postulat incontournable. Que l'on se souvienne par exemple du sacrifice majeur des militants et cadres de l'Action Française qui, durant la première guerre mondiale, moururent en première ligne. Bien sur, la France avait été attaquée et son territoire en partie occupé. Pour autant, au final, ce fut la république qui profita du sang versé, celle la même que les camelots qualifiaient de gueuse. Et que l'on ne vienne pas m'affirmer que la France républicaine et celle de la monarchie reste toujours la France éternelle.

Tant que la France, dans le cadre de son territoire, n'est pas attaquée, l'engagement militaire n'est autre qu'un choix politique, non directement national. Passe encore que les adeptes de Daech soient aujourd 'hui condamnés par le gouvernement actuel, si ce ne profilait en arrière plan, la condamnation de toute forme d'engagement militaire, non conforme aux desiderata du gouvernement politique du moment.

Au sujet de l'Ukraine, si je suis pro-russe, pour d'évidentes raisons géopolitiques, je comprends très bien qu'au sein de la mouvance, d'autres aient fait le choix inverse. Là encore, le grand formatage consumériste et pantouflard n'ont nullement réussi. A quand la condamnation suivi de l'interdiction de mettre sa peau au bout de ses idées ? L'idée que ces engagements iraient à l'encontre de la France – elle a bon dos – sera peut être bientôt la norme.

Dès la seconde guerre mondiale, les Français engagés se choisissent des camps différents, souvent opposés par ailleurs.Je trouve le fait plutôt positif : à la simple défense d'une contrée – démarche que l'on peut qualifier d'animale (la niche environnementale) – les hommes se battent désormais pour une certaine conception de l'homme, un idéal que l'on peut qualifier de transcendant.

En revanche, on ne peut que douter de l'appartenance réellement française, au sens le plus noble du terme, aussi bien de François Hollande que de Nicolas Sarkozy : dans de telles conditions, pourquoi faudrait-il alors accepter leurs ordres en matière géopolitique et militaire ?

C'est en ce sens que l'on peut parler d'un au delà du patriotisme ou du nationalisme.

mercredi 19 novembre 2014

"A mort l'Etat" hurlent-ils



 Childéric Fonteney (Voxnr)
Il est des modes. Celles-ci sont le fruit de l'esprit du temps. Ce dernier peut tout aussi bien être la marque du système en place que de sa contestation. Un aspect me semble presque certain, et le lecteur en conviendra bien volontiers, c'est que les modes se démodent. Il suffit pour cela de regarder les photographies de nos Anciens pour s'apercevoir à quel point il nous apparaissent ridicules dans leur accoutrement de l'époque. Alors qu'en ce mardi 18 la France vient d'affronter la Suède sur un terrain de football, on constate que nombres de joueurs ont les avants bras tatoués. Phénomène nouveau qui ne durera guère. Voici quelques années, les footballeurs – autre lubie – aimaient à porter, sur le terrain, cuissards de cyclistes : ridicule de la mode.

Pendant très longtemps, l'Etat fut célébré et l'on ne doit pas oublier que le concept de totalitarisme fut à l'origine terme plutôt flatteur. L'Etat se devait donc dans cette perspective, pour bien des esprits de l'époque, d'être omniprésent dans la vie des hommes, ce jusque dans leur quotidien, même intime. On peut y voir la marque du magistère intellectuel exercé par le marxisme-léninisme mais aussi du fascisme, pendant de nombreuses décennies. A ce titre, on comprend dès lors pourquoi, Jean-Marie le Pen, libéral avant l'heure, noyé dans la foule des zélateurs du plan quinquennal soviétique, put autant passer pour extrémiste : au sein de la grande mode étatique, il ne pouvait passer que pour un paria.

Erreur


Renversement de situation, depuis quelques décennies, il est maintenant presque obligatoire de fustiger l'Etat au nom du fait libéral. Paradoxalement, et il y a même contradiction, on voit des sympathisants ou militants de la mouvance, apporter leur soutien au Système qu'ils prétendent combattre, justement en fustigeant l'Etat. Là encore, bien peu de rationalité, tout comme à l'époque lorsqu'on avait par trop le culte de l'Etat. Encore une fois, la mode …

Erreur


Le Système justement, essaie de plus en plus de faire reculer l'Etat, ce de façon à minorer les dépenses au sein de son budget. Il est loin le temps du début des années 80 où le pouvoir de gauche avait nationalisé tant de groupes industriels. Depuis, la décentralisation – régionalisation – a fait son chemin et le recrutement de très nombreux fonctionnaires territoriaux n'est que la marque d'un désengagement majeur de l'Etat à venir.

Entre les deux modes extrémistes consistant, soit à s'adonner à la statolâtrie, soit à prêcher l'Etat minimal, il y a place pour le bon sens et la rationalité. Si le communisme n'a pas réussi (omniprésence de l'Etat), le capitalisme (diminution drastique de l'influence de l'Etat) depuis son retour en grâce à la fin des années 70, ne nous apparaît avec le recul comme un succès.

Si dans certains secteurs, il y a probablement trop de fonctionnaires, il y a carence dans d'autres ministères. La solution idéale passerait donc plutôt par une voie médiane et sensée, rejetant et le capitalisme, et le communisme. C'est très exactement ce que l'on appelle la troisième voie.

samedi 1 novembre 2014

La judeophobie dans la France d'aujourd'hui, quoiqu'en disent les ligues de vertu, n'est plus que résiduelle.



La judeophobie dans la France d'aujourd'hui, quoiqu'en disent les ligues de vertu, n'est plus que résiduelle.
 Philippe Delbauvre
L'antisémitisme, qu'il vaudrait mieux appeler judéophobie, fait couler beaucoup d'encre et se révèle source de bien des inspirations. Il n'est qu'à, de façon hebdomadaire, consulter la teneur des programmes de télévision pour constater qu'il ne manque pas de films, de documents ou d'émissions pour traiter du sujet. Cela jusqu'à la nausée.

Ceux nés à partir de 1966 ont suivi une scolarité différente de leurs aînés. Ainsi l'orientation en seconde et non plus en classe de troisième, la semestrialisation en faculté et bien sur un bourrage de crâne autrement plus poussé que pour leurs ainés, en matière de lutte contre l'antisémitisme ou de connaissance de la shoah.

Le Système compte faire bien en inondant autant les cerveaux. Or, à l'aune des discussions avec des personnes nées à partir de 1966 qui avient pour particularité de n'être pas politisés donc désintéressées, il semblerait que le Système soit parvenu a susciter le contraire de ce qu'il souhaitait. Non pas que ceux nés à partir de 1966 soient devenus judéophobes mais le formatage auquel ils furent soumis a été tel, que du fait sémite ou de la shoah, ils sont fort nombreux à ne plus vouloir en entendre parler : trop c'est trop...

Ensuite, force est de constater en parcourant les pages internet aujourd'hui que la judéophobie n'est plus que résiduelle. D'où l'incohérence de faire de la lutte contre l'antisémitisme un objectif prioritaire.

Le Français aujourd'hui, plus encore aujourd'hui qu'hier, est devenu pragmatique et positiviste. Il constate que des noms de juifs dans la colonne des faits divers (délinquance par exemple), il en est bien peu. A contrario, l'indication dans les articles de presse des prénoms des délinquants, indique leur origine, qui à l'évidence n'est pas juive. Et les Français le savent et condamnent …

Il existe en revanche sur la toile un véritable déferlement arabophobe et islamophobe. Quand bien même se veut-il justifié par des considérations d'ordre géopolitique que le lecteur lucide comprend très vite que la délinquance – fait très désagréable pour celui qui la subit – est le terroir initial du phénomène haineux. Les pouvoirs publics portent d'ailleurs une énorme responsabilité dans l'explosion actuelle de ce racisme : en ne condamnant pas durement des actes qui mériteraient de l'être, sanctionnés par de lourdes peines de prison, ils laissent accroire que le pire peut être commis, sans que sanction digne de ce nom ne tombe.

On a beaucoup glosé au moment de l'affaire Merah, considérant à l'époque que le « maître » allait faire beaucoup d'adeptes. Dès cette époque, et l'histoire m'a donné raison, je n'en ai rien cru. Merah, qu'on l'apprécie ou pas, a volontairement fait le sacrifice de sa vie : d'où le peu d'émules. D'ailleurs les délinquants, pour la plupart, ne sont nullement des terreurs : ou ils sont en groupe afin de disposer d'une solide supériorité numérique, ou ils s'en prennent à beaucoup plus faibles qu'eux …

Ils sont nombreux aussi les Français à savoir que Tsahal s'en prend aux arabes. Et la détestation pour ces derniers est telle que bien des Français, y compris dans la mouvance, en deviennent par réaction, pro-israelien et même judéophile : l'ennemi de mon ennemi devient, non seulement un allié, mais même dans bien des cas mon ami.

On évoque de plus en plus que l'antisémitisme aujourd'hui serait davantage le fait de la gauche (toutes tendances confondues) que de la droite (toutes tendances confondues aussi). C'est là aller un peu vite en besogne. Il est vrai qu'au sein de tout ce qui se trouve à droite, l'antisémitisme est devenu résiduel, encore une fois en raison de la focalisation sur le fait arabo-musulman. Quant à la gauche, n'omettons pas que le parti socialiste est ouvertement sioniste. François Hollande ne vient-il pas de nommer un juif premier ministre, le personnage se déclarant lui même « lié de façon indéfectible à Israël » ? La nomination de Manuel Valls, juif donc, a t-elle déclenché l'ire des Français ? A l'évidence non. Ces mêmes Français n'ont nullement protesté suite à la nomination de Jean-Pierre Raffarin, juif lui aussi, au même poste. En conséquence, on peut en déduire que les Français ne sont nullement antisémites.

Au sujet de la question palestinienne, on est bien obligé de constater que le choix de la défense des Palestiniens, est davantage le fait de la gauche de la gauche que de la droite de la droite. Et beaucoup, astuce bien connue utilisée par les thuriféraires du Système, de déduire de l'antisionisme, l'antisémitisme. Or, c'est théoriquement et pratiquement faux. D'ailleurs la phraséologie de la gauche profonde ne repose ni sur l'ethnie, ni sur la religion, mais sur l'opposition au système capitalisme occidental dont Israël est l'un des fleurons.

Même s'il faut bien entendu se garder de pratiquer des jugements caricaturaux, on est bien obligé de constater qu'en matière de discrimination, dans la France d'aujourd'hui, l'arabophobie et l'islamophobie ont remplacé la judéophobie de naguère.

vendredi 31 octobre 2014

Analyse apoliticienne : Front National et Système



Analyse apoliticienne : Front National et Système
 Philippe Delbauvre
La politique et moi, c'est 35 ans de rapports intenses et passionnés. Peut être est-ce ou sera-ce– l'avenir n'est pas encore écrit – l'engagement de toute une vie. Pourtant, de façon paradoxale, je n'aime pas la fréquentation des militants, que ce soit ceux de la mouvance ou d'ailleurs. Je leur reproche – ce qui justement les caractérise – leur engagement partisan. S'il est en effet un domaine ou mauvaise foi et malhonnêteté intellectuelle sont omniprésentes, c'est bien en politique.

C'est ainsi que les militants de la majorité défendent le gouvernement au même titre que ceux de l'opposition le fustigent systématiquement. Or, aucune idéologie, aucun gouvernement ne peuvent être considérés comme totalement mauvais ou nocifs.

On comprendra que la majorité des militants lisent principalement des ouvrages écrits par des essayistes issus du même terroir qu'eux, ce afin de voir conforté leur point de vue. Pourtant, les ouvrages de valeur, tout simplement objectifs voire d'un autre bord, ne manquent pas.

André Breton ne se trompait peut être donc pas en affirmant « qu'adhérer c'est l'idéal du mollusque ».

Sur ce qu'est le Front National, mouvement politique connu de tous depuis une trentaine d'années, chacun y va de son petit refrain. Le plus souvent de façon subjective et passionné. On peut néanmoins, sans préjugés, l'étudier de façon rationnelle, quand bien même est-on, comme moi – engagé en sa faveur. Pour ce faire, il suffit de ne pas censurer les informations susceptibles de nous déranger ou contrarier. C'est justement ce que se refuse à faire l'homme d'une seule idée qui picore dans la base de données empiriques, les seuls renseignements justifiant son point de vue.

Voilà la raison pour laquelle, l'esprit objectif ne peut que dessiner qu'un tableau nuancé de la réalité. Voilà aussi pourquoi, il apparaîtra aux yeux de beaucoup comme peu clair.

Le Système fustige le Front national de manière caricaturale. Ainsi le fait de le qualifier de fasciste. Lionel Jospin en fut, avant de reconnaître, très tardivement, qu'il ne s'agissait là que mensonge (1)

Aux élections présidentielles de 1981, les quatre principaux candidats proposèrent aux Français,quatre modèles de société différents. Aujourd'hui, la grande homogénéisation, prélude au totalitarisme à venir, rend la plupart des partis interchangeables : bien peu de différences entre Sarkozy, Bayrou et Hollande. Aujourd'hui, la plupart des partis appartiennent au monde demo-libéral. Ce qui rend le Front National extrémiste aux yeux de beaucoup, c'est qu'il est probablement le dernier parti viscéralement républicain : comme si la République, dont il a existé plusieurs moutures, était extrémiste …

A lire la presse systémique, on a presque l'impression que le Front National constitue le plus grand des dangers qui menace la France. Attitude d'autant plus surprenante que ce mouvement n'a jamais exercé de responsabilités ministérielles et que donc, par voie de conséquence, il n'est nullement responsable de la situation actuelle. Si le Front National joue bien, force est de constater qu'une bonne partie de son succès, n'est que la conséquence de l'échec des autres. Si le Système veut réellement détruire le Front National, il lui suffit tout simplement de résoudre les problèmes auxquels les Français sont confrontés.

A titre d'exemple, on nous assène que la politique économique menée, tant par les gouvernements de « droite » que de « gauche » est incontournable. Il n'en reste pas moins que dans la presse économique, on s'inquiète de l'actuelle situation. Même l'Allemagne, meilleur élève économique de l'Europe d'un point de vue systémique, voit sa situation critiquée par ces mêmes partisans du Système. Il est aussi bien beau de reprocher au Front National de vouloir revenir au Franc. N'en reste pas moins, toujours à lire la presse économique systémique, que la disparition de l'euro y est très sérieusement envisagée. Et que les grandes entreprises ont déjà élaboré des plans afin de s'adapter au retour au Franc.

Il est aussi bien facile au Système de reprocher au Front National de mettre en exergue le fait délinquance. Si le mouvement de Marine le Pen insistait sur la future invasion des petits hommes verts, il ne ratisserait pas autant de suffrages. Fatalement donc, c'est que ce fait délinquance, existe réellement. Et là encore, objectivité oblige, les statistiques nous indiquent que cette délinquance croît, mais aussi qu'elle est de plus en plus violente.

Phénomène lié, l'immigration et ses excès, ne sont nullement une invention du Front National : non seulement les faits objectifs l'affirment, mais aussi les Français – qui ont des yeux – le perçoivent objectivement.

Le chômage voici un demi-siècle, c'était moins de 500 000 personnes. Aujourd'hui, toutes catégories confondues et assimilés, c'est environ vingt fois plus, soit pas très éloigné de 10 millions de Français. On ne peut donc pas dire que ce chômage est le fait du Front National ou que les solutions proposées par ce mouvement politique soient nécessairement mauvaises. Au contraire, on ne peut que constater l'échec des différentes politiques menées en ce domaine et ainsi, prôner une politique alternative. Celle par exemple, proposée par le Front National...

Ce dont le Système, qu'il ne faut absolument pas limiter à l'actuel gouvernement, ne semble pas avoir conscience, c'est de son impopularité qui va crescendo. En fustigeant le Front National, il ne fait donc, par réaction, que le renforcer. Puisque les Français rejettent les différents gouvernements successifs, ils se tournent tout naturellement vers le mouvement le plus décrié par ces gouvernements : le Front National.
Notes:

mardi 21 octobre 2014

Retour de Sarkozy et d'Aubry, mauvaise nouvelle !



Retour de Sarkozy et d'Aubry, mauvaise nouvelle !
 Philippe Delbauvre
Très longtemps, la droite, de façon presque consensuelle, considéra qu'une élection se gagnait, dans le cadre du second tour, au centre. Il y avait de façon sous-jacente, cette idée que les électorats de droite comme de gauche étaient fidèles, alors qu'en revanche l'électorat centriste oscillait d'une élection à l'autre, tantôt vers la droite ou vers la gauche, d'où l'intérêt pour les uns comme pour les autres, de séduire ce mince mais décisif segment.

Autre aspect de la problématique, la gauche exerça un magistère intellectuel qui se traduisit par ce que l'on avait coutume d'appeler à l'époque, le terrorisme intellectuel. En clair, responsable ou pas, la droite était nécessairement coupable. D'où le fait qu'on se gardait bien à l'époque chez les hommes de droite, d'évoquer des termes comme « droite » et « capitalisme » et à fortiori s'en réclamer.

On comprend dès lors pourquoi la droite du milieu des années 80 fit profil bas face aux attaques lancées sous la forme de culpabilisation, de la part de structures attenantes à la gauche, comme par exemple sos racisme. Et les ténors de la droite de l'époque de ramper dans leur démarche canossienne, jurant qu'en aucun cas, ils ne prendraient pas le moindre contact avec le Front National. Cela au point d'affirmer, sincèrement d'ailleurs, qu'ils préféraient la victoire de la gauche plutôt qu'une alliance jugée obscène. Et d'aller au second tour jusqu'à voter pour les candidats de gauche.

Aussi bien Juppé que Chirac appartinrent à cette smala. Mais aussi les militants du Rpr comme de l'Udf, bien peu courageux à l'époque. Si on exclut des personnalités comme Jacques Médecin ou Claude Labbé, c'est presque la totalité des hommes de droite qui ainsi rampèrent et par voie de conséquence, se soumirent.

Le renouveau de la droite passa par la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. C'est ainsi que celui-ci osa le premier parmi les ténors se réclamer de la droite, sans aucun complexe, attaquant frontalement la gauche et ses bilans. Que l'on se souvienne, à titre d'exemple, ses attaques à l'encontre de la pensée 68.

A cela doit être ajouté l'involution psychologique des militants Udf et Rpr, désormais réunis sous le label Ump, qui aujourd'hui plaident au trois quart pour l'alliance avec le Front National : la proportion s'est donc depuis les trois décennies écoulées, totalement inversée.

Alain Juppé, quant à lui, mais aussi François Fillon sont restés de la vieille école, lorgnant vers le centre. N'allons pas croire qu'il s'agisse là de convictions sincères. Chacun des deux hommes cherchent à gagner, indépendamment des compromissions à accepter. Simplement, l'un et l'autre croient fermement que la victoire en 2017 passera par l'alliance de la droite et du centre. Voilà qui au demeurant les disqualifie en partie quant à une nouvelle donne politique : le parti socialiste n'ayant jamais été aussi à droite, on ne voit pas comment une alliance entre Ump et le centre (François Bayrou vient récemment d'apporter sn soutien à Juppé) puisse apparaître comme une rupture d'avec une gauche très recentrée.

Concernant le Front National, les candidatures de Juppé ou Fillon, sont pain béni : en se positionnant non loin du centre, les deux hommes laissent ouvert un grand boulevard sur leur droite dont bénéficiera le Front mais aussi n'apparaîtront pas radicalement différents du candidat de la gauche, lui même très recentré. Une chose m'apparaît presque certaine, c'est que les Français, on ne peut plus critiques concernant le magistère actuel, choisiront un positionnement très à gauche (Aubry ?), très à droite (Sarkozy), ou autre (Front National), mais très éloigné de la politique menée actuellement.

La dernière prestation de Nadine Morano (1) dont il n'est pas inutile de rappeler qu'elle est un hussard de Sarkozy n'est pas le fait du hasard. L'Ump façon Sarkozy va tenter de rejouer la même pièce qu'en 2007, dont le but est de ratisser une partie des voix naturellement acquise, tout au moins de prime abord, au Front National.

L'une des erreurs à ne pas faire serait de croire que Nicolas Sarkozy, au motif des affaires ou d'une mauvais bilan présidentiel, serait de facto disqualifié. Les Français ont pour beaucoup, et bien malheureusement, la mémoire courte. L'élection facile de François Mitterrand en 1988 après une impopularité record en 1986 nous le montre. Nicolas Sarkozy, quant à lui, ne bénéficia que de 40 % d'intentions de vote au début de la campagne électorale de 2012, mais sut finir à 49 %.

En ce sens, et conformément à une analyse mise en ligne ici dans le cadre d'un précédent article (2), et Sarkozy et Aubry, même si pour cette dernière c'est à un degré moindre, constituent les adversaires majeurs du Front National pour la grande alternative que souhaitent, conséquence de la politique franchement impopulaire menée actuellement, les Français.

C'est donc vers ces deux personnalités que doivent se focaliser nos attaques.

Notes:

(1) Nadine Morano dénonce une femme voilée : http://www.lessentiel.lu/fr/news/story/25924959

(2) Dans le cadre des élections c'est – presque – toujours l'opposition qui gagne : http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZpAylAZubPdNkvLU.shtml

jeudi 16 octobre 2014

Au sujet de la question palestinienne (PartieII) L'incontournable analyse de Serge Ayoub


 
 Philippe Delbauvre
 
Il n'est pas impossible que la plus grande polémique de cet été au sein de la mouvance n'est été autre que la prise de position d'Aymeric Chauprade concernant ce que devrait être l'engagement géopolitique de la France. Nous pûmes alors constater qu'il ne manqua pas de réactions au sein de la mouvance, certaines excessives, d'autres plus rationnelles. Ayant pris bien soin d'étudier les réactions des uns et des autres et sans arrières-pensées, je suis parvenu à l'intime conviction que la meilleure réaction, tant sur la forme que sur le fond, ne fut autre que celle de Serge Ayoub. Je me propose donc de reprendre son texte – en couleur rouge – paragraphe par paragraphe, avec à chaque fois un commentaire de couleur bleue.
Erreur



J’ai lu l’article d’Aymeric Chauprade sur l’importance de la lutte anti-islamique comme axe géopolitique.
Faut-il que notre milieu soit si mal formé pour qu’en lui servant une « doctrine » à ce point dépourvue de bon sens on obtienne immédiatement les félicitations d’une intelligentsia d’extrême droite avide de raccourcis vers une « victoire » dont elle entrevoit à peine les tenants et les aboutissants.
Je vais pour ma part répondre à la « doctrine Chauprade » en plusieurs points. Ce sera l’occasion de rappeler au Front National, que je considère toujours comme le meilleur espoir d’une France libérée, par une critique positive, ce que sont les fondamentaux du patriotisme en matière de politique internationale.


Il me semble important de rappeler que jusqu'en 1989, la mouvance fut essentiellement politique dans ses choix. Le problème était alors de savoir quelle devait être notre position par rapport au communisme sachant que le pacte de Varsovie à l'époque était autrement plus puissant qu'aucune des armées d'aujourd'hui. La levée du rideau de fer se traduisit par une involution au sein de la mouvance, l'islamophobie devenant le grand pole rassembleur. Rappelons que le Coran, au même titre que le nouveau testament, est ouvrage difficile, nécessitant à des fins de compréhension, lecture des ouvrages d'exégèse. Pas bien difficile dans ces conditions de comprendre que la plupart des islamophobes d'aujourd'hui méconnaissent l'islam. Cela n'a au fond que peu d'importance dans la mesure où les islamophobes ne le sont pas réellement, l'opposition à cette religion n'étant que le cache-sexe d'une détestation de type ethnique ou racial, bien sur prohibée par la loi : on fustige les musulmans alors qu'on en veut avant tout aux arabes. C'est en cela qu'Aymeric Chauprade, dans sa prise de position, a eu du succès : il a eu d'office des milieux sionistes bien sur, mais aussi de tous les arabophobes, racistes bas de gamme au même titre que les djamel ou mouloud délinquants des cités, n'ayant jamais discuté avec un arabe digne de ce nom.

Je partage le point de vue de Serge Ayoub au sujet de ce qu'est le Front National aujourd'hui : avant tout l'espoir majeur pour notre avenir national, mouvement politique incontournable de notre temps, avec lequel il faudra faire, qu'on l'aime un peu, beaucoup ou pas du tout. Bien sur, il est des internautes sans nuances, davantage férus d'idéologie que de politique, n'acceptant que la perfection et, du coup, fustigeant toute forme d'engagement politique sensé. L'extrémisme déconnecté des réalités de ceux ci les pousse à considérer que le Front National est un plus grand danger que l'Ump ou le Ps : cela relève de la pathologie. L'adulte sait, contrairement à l'enfant, que la perfection n'est pas de ce monde et qu'il faut coller au réel, ce qui n'exclut pas la défense des nobles idéaux. Très facile de rester dans la théorie – attitude d'enfants gâtés formatés par le Système de consommation – alors que de l'idée à sa réalisation, il y a fossé ...


1/ Non seulement le nationalisme progressiste arabe n’est pas mort, mais il a gagné en Syrie. Gagné contre ce double ennemi que désigne Chauprade : les USA (et leurs valets) et les djihadistes. Ce n’est pas peu de choses. Si Chauprade & cie arrivait au pouvoir, c’est donc par exemple sur le régime syrien qu’une diplomatie française souveraine devrait s’appuyer prioritairement pour lutter contre l’influence islamiste au Moyen-orient et favoriser l’émergence de mouvements politiques laïcs dans les pays voisins. Chauprade enterre un peu vite le nationalisme libanais et le général Aoun (un chrétien ), que notre diplomatie devrait soutenir officiellement, pour qu’il accède au pouvoir à la place de la mafia Hariri. Un peu vite oublié aussi le Fatah héritier de l’OLP. Pressé d’arriver à l’exposition des antagonismes binaires de sa version à peine déformée du choc des civilisations, Chauprade néglige cette Troisième voie.


Je considère moi aussi qu'il vaut mieux éviter d'enterrer un peu trop vite telle ou telle doctrine, comme le fait Aymeric Chauprade au sujet des patriotisme ou nationalisme arabes. Rien ne nous empêche de considérer que patriotisme ou nationalisme reviendront en force dans le cadre des années ou des décennies à venir. Pour autant, sachant le développement capitaliste, je crois que les sociétés arabes, en retard économiquement sur les Occidentaux, risquent fort d'aspirer à n'être que des consommateurs jouisseurs, comme c'est le cas sous nos cieux. C'est d'ailleurs la réponse majoritaire que l'on obtint grâce aux micros trottoirs lors de ce que l'on a appelé bien faussement le printemps arabe. Si j'ai donc des doutes quant au patriotisme pour les arabes, je sais aussi qu'il n'est rien de plus opposé entre l'islamisme rigoriste et castrateur et la pulsion d'achat doublée de jouissance du consommateur capitaliste. Si même Aymeric Chauprade ne se trompait peut être pas en enterrant, même si c'est un peu vite fait, le nationalisme arabe, alors a fortiori, le développement capitalistique condamne ipso facto chez les arabes, l'islamisme sue le long terme.


2/ »Butter les terroristes dans leur chiottes ». Avant toute réponse je me poserai cette question : citer Poutine pour faire passer une absurdité stratégique relève-t-il du sacrilège chez les pro-russes ?
Reprenons une des bases de la guerre asymétrique pour le géo-politologue Chauprade : une guérilla se nourrit de la répression qu’on exerce contre elle. Ce fut le cas du FLN, des talibans, voire, si on pousse un peu, des chrétiens persécutés par Rome. Détruire l’EIL est-ce possible? Militairement, c’est accessible. Lutter contre l’islamisme djihadistes et le terrorisme à l’échelle planétaire est bien plus compliqué. Combien de nouvelles recrues dans le monde musulman à chaque mort en martyr d’un djihâdiste ? La satisfaction que Chauprade aura d’avoir éliminé une poignée de terroristes se paiera au prix fort. Une véritable doctrine stratégique doit être d’aider, en employant éventuellement des moyens conséquents, les États arabes à faire la loi chez eux, et ne jamais prétendre la faire à leur place. Si de surcroît, comme certains le pensent, il s’avère que l’EIL est une création des services spéciaux américains, alors sa destruction ne sera que du théâtre et son remplacement rapide par un groupe du même genre dans la région une presque certitude.


Le fait est que justement l'occident, avec lequel on voudrait nous faire nouer alliance, a fait ces dernières années, le choix de l'intégrisme musulman contre le laïcisme arabe. Ce pour Khadafi comme pour Assad. L'instrumentalisation du fait islamiste par les Américains, est fait suffisamment connu pour ne pas avoir besoin d'y revenir. Instrumentalisation du fait islamiste aussi en Afghanistan afin d'établir une position géographiquement proche de la Chine comme de la Russie. Soutien voilé à la Tchéchénie au nom du droit à la différence, alors qu'il s'agissait d'affaiblir la Russie.


Erreur


3/ « Les USA sont notre ennemi mais il faut les aider à bombarder les islamistes ». Est-il besoin de souligner l’incohérence de la proposition ? Les USA soutiennent le Qatar et les Saoudiens, arment des islamistes contre les régimes laïcs qui protégeaient les minorités que ces mêmes USA prétendent aujourd’hui protéger contre ceux qu’ils ont, indirectement voir directement armés. Si la diplomatie française veut avoir une chance au Moyen-orient, elle doit fuir le pompier pyromane. La Russie, oui. Les Chiites, oui. Les nationalistes arabes, évidemment. Les USA ? Le moins possible et uniquement parce que leur puissance de feu les rend incontournables.


Ici, dans le cadre de ce paragraphe, Serge Ayoub extrapole ce qu'il a écrit dans le paragraphe précédent. Le problème, quant à la notion d'ennemi, est justement de savoir quel est le principal. On ne peut en permanence fustiger le Système en matière de politique intérieure, puis le soutenir dès lors où il s'agit de géopolitique. A mes yeux, l'ennemi majeur n'est autre que l'occident – celui d'aujourd'hui et non celui d'hier – qui cherche à nous faire peur à des fins de mobilisation, pour mieux asseoir sa domination tant intérieure qu'extérieure. Les Etats-Unis nous ont déjà fait le coup, ce à plusieurs reprises (1). Ensuite il est bon de noter que les combattants de l'Eiil seraient au nombre de 40 000, selon les Américains eux mêmes. Avouons que c'est bien peu à l'échelle planétaire et qu'il existe un énorme décalage entre la grande croisade mondiale déclenchée par les Usa, et la faiblesse numérique de l'ennemi incriminé.


4/ « S’allier avec Israël ». Alors là Chauprade s’égare. Il faudrait qu’il puisse expliquer comment on fait simultanément une alliance avec les Chiites et Israël ? Comment tout simplement on mène une politique diplomatique efficace dans les pays arabes en étant ouvertement allié avec Israël ? Les USA peuvent se le permettre grâce à leur écrasante domination militaire et leur poids économique. Mais la France ? Vous imaginez vraiment, Aymeric Chauprade, que le Hezbollah, force chiite désormais incontournable au Liban, parlerait ou écouterait notre diplomatie si nous nous posions en croisé aux côtés d’Israël ? Quand bien même il voudrait le faire, il ne le pourrait sans s’aliéner sa base politique. Israël n’est pas que l’ennemi du fondamentalisme islamiste type Hamas. Il est l’ennemi des Palestiniens en tant que peuple et partant du monde arabe qui considère, plutôt à raison qu’à tort si on regarde l’histoire, l’État juif comme une colonie occidentale hostile.


D'un point de vue structurel, Israël est de type demo-liberal, tout comme l'est la France d'aujourd'hui ou les Etats-Unis. Autrement exprimé, Israël incarne au Proche Orient très exactement le Système. Dans mes propos, comme d'ailleurs chez ceux de Serge Ayoub, aucune attaque quant à la religion juive ou au peuple juif. Simplement une analyse de type politique qui nous fait désigner Israël comme le bras armé du Système dans cette région. Autant de suite préciser que l'alliance s'avère tout simplement impossible, ne serait-ce que pour des raisons de cohérence.


4bis/ « Nous sommes victimes de la stratégie israélienne d’excitation du fondamentalisme islamique pour s’allier l’Occident, donc nous sommes leur alliés. » La tactique du pigeon qui s’assume, serait-ce la stratégie que vous avez appris à Sciences Po, Aymeric Chauprade ? Ce n’est pas la mienne. Mais quand vous demandez au Gazaouites d’assumer leur bévue d’avoir accepté le pouvoir du Hamas, vous ne pensez pas demander à Israël d’assumer leur machiavélisme d’avoir joué le Hamas contre le Fatah ? Apparemment pas. Israël joue la politique du pire pour justifier les colonies et continuer à traiter les Palestiniens en méchants ennemis plutôt qu’en victimes de leur expansionnisme. Vous qui parliez de l’honneur de la France, comment pourrait-il être sauf si nous marchions dans une telle combine ? Comment les Arabes laïcs et modérés pourraient-ils s’appuyer sur notre diplomatie si nous validions une telle forfaiture et pratiquions un tel double-langage ? Comment nous opposerions-nous de manière cohérente à la stratégie de domination unipolaire des Américains, dont les liens avec Israël, soutenus par les énormes communautés juives et évangéliques américaines, sont quasi-indestructibles ?
Une stratégie française au Moyen-orient doit commencer par la rupture avec les intérêts israéliens, au moins jusqu’à leur reconnaissance d’un État palestinien aux frontières acceptables et souveraines. C’est d’ailleurs la condition de l’acceptation d’Israël par ses voisins et de sa viabilité à long terme. Cette rupture est aussi pour nous un moyen de s’émanciper de la tutelle américaine en nouant avec l’Iran et la Syrie une relation directe. C’est ainsi que nous redeviendrons un pivot de la diplomatie mondiale dans la région. C’est une stratégie gaullienne. Ce doit être la stratégie de la France.


Serge Ayoub, via la question israeleo-palestinienne, pose un problème de haute importance, savoir ce que devrait être la politique étrangère française. De façon plus générale, force est de constater que la diplomatie européenne n'est aujourd'hui pas inaudible mais aphone. Tous les intervenants mondiaux savent pertinemment qu'il suffit que les Etats-Unis prennent une prise de position pour que les diplomates européens mettent leurs pieds dans les leurs. L'Europe puissance, dans laquelle la France jouerait un rôle majeur, se doit d'avoir une position qui soit la sienne et non celle rêvée outre-atlantique. Ajoutons aussi que les Usa jouent aux apprentis sorciers en instrumentalisant le fait islamiste : il va de soi que suite à cela, si les pays arabo-musulmans venaient à s'enflammer, les américains seraient bien protégés par la distance que leur procure l'océan atlantique, alors que les Européens seraient alors en première ligne.
Dans l'état actuel, la troisième voie entre islamisme et américanisme n'est autre que le soutien massif apporté à des pays comme la Palestine, la Syrie et l'Iran et, bien évidemment, la Russie.


5/ « Le principe de solidarité civilisationnel » est quant à lui une aberration néoconservatrice. Tout d’abord parce que notre civilisation découle du catholicisme romain européen, pas de la chrétienté au sens large et œcuménique du terme. Il y a pas de solidarité civilisationnelle non plus entre la France et le Brésil, ou entre la France et les chrétiens de Chine. Les barbaries que subissent les chrétiens d’Irak doivent être empêchées, en armant les Kurdes et en soutenant Bachar et l’État irakien, certes, de même que doivent être empêchés le plus possible les barbaries que subissent toutes les communautés, pas seulement chrétiennes. Mais l’intervention militaire est dangereuse, car elle nous ferait trop facilement basculer dans le statut de puissance impérialiste qu’une diplomatie pragmatique doit à tout prix éviter.


Se rend t-on compte que la solidarité dont il est question n'est autre que celle d'avec le Système ? Obama comme Sarkozy ou Hollande en sont des représentants majeurs et j'imagine mal le grand écart qui serait de les fustiger en théorie tout en leur accordant un soutien majeur en matière de géopolitique. Se rend t-on compte que le suivisme ne pourra nous attirer, justement de la part des djihadistes, les mêmes punitions que connaissent les anglo-saxons, dont les Français seraient les principales victimes. Si le Système sait, qu'au final, tels les grognards de Napoléon, après avoir râlé, nous finissons toujours par suivre, il nous dédaignera. Notre engagement ne pèsera plus.


6/ »Liquider les islamistes citoyens français ». Encore plus qu’une provocation, c’est une erreur. Tout d’abord Chauprade oublie que la France est un État de droit et que l’incitation au meurtre y est un délit, même quand elle vise une bande de perdus partis risquer leur vie gratuitement pour combattre, au milieu de mercenaires, au nom d’Allah, les intérêts de ceux qu’ils détestent le plus et croient naïvement combattre, les atlanto-sionistes. Aymeric Chauprade oublie aussi que la citoyenneté française protège non seulement les djihadistes, mais aussi les militants de son propre camp. Si j’étais cadre du FN et aux affaires, sachant que le pouvoir se perd plus facilement qu’il ne se gagne, j’éviterais de créer trop de précédents expéditifs en matière d’élimination d’opposants politiques. En revanche, rien n’empêche de déchoir ces Français coupables d’actions terroristes de leur nationalité, et de se prémunir ainsi de leur retour sur notre territoire. Après tout, ils ont choisi leur destin.


C'est surtout à partir du vingtième siècle que l'idéologie prend le pas sur le patriotisme. Que l'on songe à la légion Condor ou aux brigades internationales, ils furent nombreux les Français ou les Européens à s'impliquer dans des conflits qui n'étaient pas spécifiquement français. Quant à la mouvance, elle a fourni combattants et martyrs, aussi bien dans le cadre des guerres du Liban ou de l'ex-Yougoslavie, pour ne citer que deux exemples. Aujourd'hui aussi dans le cadre des troubles ukrainiens. S'il n'est donc pas surprenant de voir des Français, avec ou sans guillemets, choisir le camp islamiste, il ne l'est pas non plus de constater que d'autres Français puissent choisir la voie islamophobe. Ce à quoi le gouvernement doit réfléchir puis agir, c'est à éradiquer toute structure islamiste sur notre territoire. Rappelons que mettre sa peau au bout de ses idées, est une des constantes de la mouvance.


6/ »Protéger les juifs contre les arabes ». Les citoyens français quelle que soit leur confession doivent être protégés au même titre que tous les autres. Faire des lois ou prendre des mesures d’exception pour tenir compte des animosités de telle ou telle communauté ne fait que renforcer ces antagonismes communautaires. Serait-ce là votre but monsieur Chauprade ?


Je doute, moi aussi, que ce soit ainsi que l'on mette fin en France à ce que l'on appelle l'importation du conflit israelo-palestinien. Au même titre que pour la politique étrangère où un alignement sur les Usa nous attirera, sans que nous en ayons bénéfice, les plus néfastes ennuis, un choix partisan de type communautaire en politique intérieure, dressant communautés les uns contre les autres, ne pourra qu'attiser des tensions dont nous n'avons nullement besoin. Le Système d'ailleurs, est le premier ravi et prend un malin plaisir à dresser les uns contre les autres, ce de façon à ne pas être par trop attaqué. Il dresse ainsi hommes contre femmes, jeunes contre vieux, chômeurs contre travailleurs, ce de façon à neutraliser l'ensemble.


7/ »La remigration opérée selon les critères de nos choix internationaux… » et donc du choc de civilisation, n’aboutira qu’à un surcroît d’affaiblissement de la France.
Nous sommes ici au cœur de l’argumentaire hasardeux de monsieur Chauprade : mener la politique extérieur de notre conflit de civilisation intérieur. Si je ne crois pas au choc des civilisations autrement que comme le théâtre dissimulant l’expression de rapports de puissance internationaux, j’accepte volontiers l’idée que l’immigration massive de musulmans en France pose un problème de civilisation. Sauf que la solution de Chauprade à ce problème est le meilleur moyen de faire de la France une nouvelle Syrie, un nouveau Liban, une nouvelle Yougoslavie. Anticipons la stratégie d’Aymeric Chauprade.
On déclare la guerre militairement à l’extrémisme fondamentaliste sunnite, sous bannière pro-israélienne. Chauprade espère ainsi tacitement qu’une partie non-négligeable des musulmans présents en France le ressentiront comme une agression contre l’Oumma et déclareront une guerre terroriste au pays dans lequel ils vivent. D’où la riposte des patriotes qui en profiteront pour faire remigrer ces musulmans plus ou moins djihadistes. De deux choses l’une : ou les musulmans se laissent faire et la France s’isole pour plusieurs décennies pour avoir mené une politique d’épuration ethnique (c’est le terme qui sera employé par l’ONU, l’Union européenne et le reste du monde) ; ou c’est la guerre et dans ce cas la doctrine Chauprade n’aboutira qu’à un micmac militaire peut-être pire que le bourbier syrien dont Assad se sort tout juste. Un micmac qui nous apprendra vite que notre véritable ennemi est l’Occident anglo-saxon ligué contre les « démons résurgents du fascisme », comme ils se plaira à dire. Une guerre civile dans laquelle nous nous apercevrons vite aussi qu’Israël n’est pas un allié très fiable du parti fondé par Jean-Marie Le Pen (étonnant, non ?), surtout si les Américains leur demandent de « ne pas jeter d’huile sur le feu » en maintenant leur alliance avec une France gouvernée par le FN. Bref, pour ainsi dire, au XXIe siècle, la guerre civile ethnique ne se mène pas tout seul dans son précarré territorial. Ça n’existe plus. Ceux qui essayent se prennent des missiles, des révolutions oranges, des embargos, et pour finir, au mieux, des procès au TPI, au pire des fisn de vie à la Khadafi. Il faut compter avec les grandes puissances, la France existe dans le monde et ne peut en faire abstraction. D’ailleurs Chauprade, en cas de guerre civile, si les USA débarquent pour « remettre de l’ordre » et « protéger les minorités religieuses » au nom « des droits de l’homme », demanderez-vous à Marine de sortir la dissuasion nucléaire et de s’en servir pour sanctuariser notre territoire ? Ceux qui s’imaginent que les frontistes sont capables d’en arriver là sont des imbéciles.
Si remigration il y a, ça ne peut être qu’au nom du Droit, parce qu’un État, de nos jours, ne se gouverne que par le droit. D’abord par le simple non renouvellement des cartes de séjour, mais surtout par l’instauration et l’application de la règle de la réciprocité en matière de double nationalité, nous obligerons tous les citoyens français qui se sentent des solidarités culturelles avec un pays d’origine étranger n’appliquant pas la double nationalité à choisir. Pour ceux, et ils sont nombreux, qui ont investi « au bled » dans une maison ou un commerce, le choix sera très probablement celui du retour. Pour ceux qui auront mis toute leur énergie à se construire un avenir en France, le renoncement à leur nationalité algérienne, marocaine ou autre sera sentimentalement difficile, mais raisonnable. Cette suppression de la double nationalité est responsable. Elle peut se défendre devant nos partenaires internationaux, d’autant plus si elle vise des ressortissants de pays qui appliquent le droit du sang. Cette première vague de remigration en appellera alors d’autres, selon le cercle vertueux du développement économique. Le Maghreb et l’Afrique bénéficieront de afflux d’une population formée, parlant une langue étrangère, et ambitieuse car habituée à un niveau de vie élevé. Evidemment la France doit accompagner cette remigration par des projets de développement économiques tout aussi ambitieux et équitables pour ces pays. Déchirer la dette de ces pays, construire des accords bilatéraux gagnant-gagnants de coopération et d’exploitation des matières premières, voilà qui peut compléter les bases d’une politique de remigration efficace. Ces bases sont d’ailleurs bien plus conformes à la doctrine traditionnelle du FN que cet élan néoconservateur de monsieur Chauprade. L’oppression religieuse de type néocroisé, le conflit et la guerre civile en revanche, peuvent faire partir beaucoup de monde, mais pas forcément ceux qu’on avait prévu. Expulser les fondamentalistes hystériques qui vomissent leur haine de la France quotidiennement, d’accord. Pousser les musulmans au djihâd pour mieux les expulser militairement, c’est jouer avec le feu.


Je n'ai jamais cru à la théorie du choc des civilisations. Le sujet a d'ailleurs été abordé sur Voxnr (2) naguère. Cette théorie a pour fondement religieux la religion, partitionnant les régions du monde en fonction de l'orientation religieuse des uns et des autres. Or, force est de constater que dans nos contrées, la religion ne fait plus recette. D'où les églises vides. Déclarer que l'Europe est catholique, c'est déjà en partie ridicule puisqu'une partie des pays la constituant sont protestants, d'autre part parce que les Européens aujourd'hui ont perdu la foi, formatés par le matérialisme ambiant : ils ont donc aujourd'hui de toutes autres motivations. La mouvance fait régulièrement les comptes, sans consensus d'ailleurs quant au chiffre obtenu, sur le nombre d'arabo-musulmans présents sur notre territoire. Force est de constater – les faits et non les phantasmes ! - que s'ils étaient vraiment attachés à leur religion, c'est à un tout autre bordel que nous serions confrontés en France. On a évoqué l'importation du conflit palestinien en France : on oublie que les défilés pro-palestiniens furent squelettiques. A mon sens, celui qui fut à ce sujet le plus proche de la vérité fut le dirigeant du Hezbollah, déclarant qu'arabes et musulmans étaient bien plus intéressés par la coupe du monde de football (3) que par le fait palestinien. En ce sens, et c'est là désespérant, le Système touche les uns et les autres, indépendamment de la race, de la religion ou de la nationalité. Il vampirise tous ceux qu'il touche, leur subtilisant leurs âmes. On croyait en 1989 en avoir fini avec le communisme mais on s'aperçoit en le vérifiant que le capitalisme est tout autant matérialiste, si ce n'est plus. Peut être même en effet est-il encore plus dissolvant dans la mesure où il éradique la cohérence de toutes les nations qu'il frappe, ce que n'avait pas fait le communisme. Après tout, suite à la levée du rideau de fer, on a pu constater l'homogénéité ethnique à l'Est et le melting pot à l'Ouest. Quitte à choquer les incohérents, un raciste authentique, devrait donc préférer le communisme au capitalisme … Mais les enfants gâtés de la postmodernité veulent , le libéralisme sans l'immigration : incohérence ...

Vieux rêve chez moi, scinder la mouvance en deux parties : en désignant l'ennemi majeur avec une démarche schmittienne. D'un côté les arabophobes et islamophobes, de l'autre les anti-système. Cela redonnerait de la cohérence à chacune des deux parties. A l'évidence Aymeric Chauprade appartient au premier camp. Et Serge Ayoub au second. On continuera à Voxnr donc, d'apporter notre soutien au second.

Notes:

Comment la "gauche" peut gagner en 2017



Comment la
 Philippe Delbauvre
 
Bien sur, au vu des sondages d'opinions effectués par les uns et par les autres, il serait facile mais aussi erratique de prétendre aujourd'hui, que le candidat estampillé socialiste, perdra la prochaine présidentielle et sera même absent du second tour. Le fait ravit beaucoup. Pourtant, la connaissance de l'histoire et surtout son vécu, nous apprend qu'il ne manque pas de retournements extraordinaires.

Qui pouvait prévoir par exemple l'élection d'une assemblée aussi gaulliste après les événements de 1968 ? Qui pouvait aussi imaginer la facile réélection de François Mitterrand en 1988, lui qui avait aussi atteint des sommets d'impopularité en son époque ? Qui avait prévu lors des élections présidentielles de 2002 que c'est l'électorat de gauche, à tout le moins une partie, qui allait empêcher Lionel Jospin d'accéder au second tour, alors même que son magistère fut sage, ce au point de stabiliser puis de faire baisser la dette ?

Je l'ai déjà exprimé à plusieurs reprises, la rationalité ne préoccupe qu'une infime minorité de la population. Exemple révélateur, parmi les pages mémorisées par les Français et d'ailleurs plus généralement les Occidentaux, bien peu concernent la pensée conceptuelle : l'homme est un animal – presque – comme les autres. Les intellectuels peuvent en être marris que ça n'en est pas moins vrai...

Dans le cadre d'un article précédemment (1), j'avais indiqué que lors des présidentielles à tout le moins, c'était presque toujours l'opposition qui gagnait. L'erreur, serait de considérer au motif que les sortants sont estampillés à gauche, que c'est nécessairement la droite qui va gagner. Exemple : il est erroné de croire que Nicolas Sarkozy, au motif de son appartenance à l'Ump, était du même camp que son prédécesseur Jacques Chirac. Bien au contraire, Nicolas Sarkozy se présenta devant les Français en 2007, comme candidat de rupture d'avec l'ancienne majorité, fustigeant durant toute la campagne l'immobilisme de Jacques Chirac.

On comprend dès lors qu'une des possibilités pour la « gauche » de gagner en 2017 sera de présenter un candidat se déclarant en rupture d'avec la magistrature actuelle. Je n'apprends d'ailleurs rien aux esprits lucides comme aux principaux concernés : n'est ce pas la voie qu'ont choisi d'emprunter, et Martine Aubry, et Arnaud Montebourg. Se réclamer donc de la « gauche », mais célébrer une vraie « gauche », distincte de celle qui aura exercer le pouvoir durant cinq ans. Associée, en raison de l'irrationalité du corps électoral de « gauche » à quelques bonnes petites phrases ( « vous n'avez pas le monopole du coeur » (2), « vous êtes l'homme du passif » (3) pour prendre deux exemples) mais aussi à un phénomène de mode (se souvenir de la passion irrationnelle pour Ségolène Royal en 2007), la « gauche » pourrait alors très bien gagner.

Il lui reste aussi une autre option : assumer totalement la politique libérale menée depuis 2012. Déclarer aux Français que la politique menée de 2012 à 2017était impopulaire, ce que savait la « gauche » au pouvoir depuis 2012, mais dans le même temps affirmer que le sale boulot était nécessaire, que personne ne l'avait fait avant, et que c'était l'intérêt des Français. Ajouter une bonne dose d'irrationalité (physique et tempérament du candidat, slogan majeur, musique de campagne) et ceux qui passent pour n'avoir aucune chance pour 2017, risquent tout autant d'être vainqueurs.

Devant les grands retournements historiques, évitons l'autosatisfaction : rien n'est gagné quant à la défaite de la gauche en 2017 …
 
Notes


(2) Valery Giscard d'Estaing

(3) François Mitterrand

Ukraine : incohérence de la mouvance identitaire

 
 Philippe Delbauvre  
Ukraine : incohérence de la mouvance identitaire
 
Si on entend par identitarisme, la défense du localisme par opposition à l'Etat central, force est de constater que le fait n'est pas récent. Il n'est d'ailleurs pas spécifiquement français puisque bien des Américains fustigent et c'est une obsession, les empiétements du pouvoir central, dénommé là bas, fédéral.

Dès le haut moyen-âge, les nobles locaux s'opposèrent pour beaucoup à la mainmise des rois successifs. Il est peut être profitable à tous de rappeler qu Philippe II, dit Auguste, sacré à Reims le 1er novembre 1179, fut le premier des Rois à utiliser l'expression « Roi de France ». Peut être aussi est t-il toujours profitable de rappeler aussi qu'en 1914, c'est 75% des poilus qui ne parlaient pas le français. Il n'est donc pas ridicule de penser que la première guerre mondiale servit à homogénéiser l'ensemble.

Aujourd'hui, dans la mouvance, le fait identitaire est incontournable. Il ne faudrait pas pour autant imaginer que les politiques en aient la complète responsabilité. Chti d'origine puisque j'ai vécu 45 ans dans le Nord avant de déménager dans le Rhône où d'ailleurs la mentalité me convient mieux (encore une limite du fait « terroir », j'ai pu constater, bien avant la naissance du bloc identitaire, le fait.

Déjà au milieu des années 80, Yannick Noah interrogé dans l'émission d'Anne Sinclair, évoquait ses racines. Je me souviens aussi, dès la première
partie des années 90, que des copains d'origine polonaise, évoquaient leur polonité. Les copains en question, une fois n'est pas coutume, extérieurs à la mouvance, ne faisaient que traduire ce qui fut et reste une mode, qui très probablement passera.

Ce qui est surprenant dans le cadre de l'affaire ukrainienne, c'est l'incohérence interne de la pensée identitaire. D'un point de vue politique en France, on ne peut pas dire qu'il y ait des contrées dans lesquelles les suffrages exprimés soient originaux. Par là, je veux spécifier qu'il n'y a nulle région dans laquelle « droite » ou « gauche » dépasse la barre des 70% de voix. Pas de spécificité locale donc. Si naguère existaient des régions stable politiquement, ce n'est plus le cas aujourd'hui. A titre d'exemple, très longtemps, et pour des raisons historiques connues de tous, la Bretagne fut de droite. Aujourd'hui, tel n'est plus cas. Par voie de conséquence, existe aujourd'hui un net décalage entre des Français se ressemblant de plus en plus et le fait identitaire. On peut même aller plus loin : les différences, naguère très importantes, entre les habitants des différents pays européens, tendent à s'estomper. A peine devenus vraiment Français (rappelons nous des poilus de 1914), les habitants de l'hexagone, au même titre que les Italiens ou les Allemands, sont devenus des Occidentaux. Cette massification écrase de tout son poids le fait identitaire. Et ceux qui se définissent comme identitaires sont le plus souvent davantage Occidentaux qu'Identitaires. Que l'on songe au vécu quotidien …
Sur l'affaire ukrainienne

Ce qui est paradoxal, plus grave incohérent, dans le monde identitaire, c'est leur positionnement au sujet de l'Ukraine. Bizarrement, ils évoquent l'Ukraine massique plutôt que de vanter un choix localiste. On voit ici la limite du fait localiste : qu'un pays soit menacé (crise économique majeure, guerre, épidémie redoutable) et l'on en reviendra fatalement à la cohésion nationale. La Belgique, quand bien même neutre, n'en a pas moins, et plusieurs fois, été envahie.

Le choix de l'apologie d'une structure groupusculaire comme Pravy sektor est d'autant plus ridicule que les dernières élections ont montré que les Ukrainiens n'en veulent pas. En conséquence, si on peut faire intellectuellement ce choix, la moindre des corrections est de ne pas se revendiquer des Ukrainiens.

Peut être encore plus grave en terme d'incohérence identitaire, c'est justement dans le cadre d'un pays comme l'Ukraine que le fait localiste est cette fois ci bien réel : c'est ainsi qu'à l'Est de l'Ukraine on est russophile alors qu'à l'Ouest on lorgne vers l'Europe...

samedi 20 septembre 2014

La relativité restreinte expliquée en animation



Quelques animations, aucune formule, pour expliquer simplement comment l'idée de contraction des longueurs et de dilatation du temps est nécessaire pour respecter le postulat d'Einstein sur la vitesse de la lumière. Le respect de la symétrie est central pour vraiment comprendre ces phénomènes étranges.
 
 

Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être



 Aloïs
 
Milan KUNDERA
L’insoutenable légèreté de l’être
Titre original
Nesnesitelná lehkost bytí
Éditeur original : 68 Publishers[1]
Langue originale : Tchèque
Date de parution originale : 1984
Traducteur version française :
François Kérel
Éditeur français : Gallimard, 1984

Folio, 2003



Chateau





Présentation du roman

L'Insoutenable Légèreté de l'être est un roman de Milan Kundera, écrit en 1982 et publié pour la première fois en 1984 en France. Il s'agit du cinquième roman de Kundera. L'intrigue se situe en majorité à Prague et débute en 1968 au moment des événements du Printemps de Prague. Elle met en scène quatre personnages principaux qui sont Tomas, Teresa, Sabina et Franz.

Le roman est composé de sept parties : « La légèreté et la pesanteur », « L’âme et le corps », « Les mots incompris », « L’âme et le corps », « La légèreté et la pesanteur », « La Grande Marche » et enfin « Le sourire de Karénine ». Les deux premières parties ainsi que la 4e, la 5e et la 7e sont consacrées à l’histoire de Tomas et Teresa, dans laquelle intervient la relation de Tomas avec Sabina. La 3e et la 6e parties mettent en lumière l’histoire de Franz et Sabina. Chaque partie est formée de brefs chapitres, parfois simplement composés d’un paragraphe.

Il s’agit d’une œuvre qui se situe entre le récit et l’essai, sans qu’il y ait de frontière marquée ou d’espace spécifiquement consacré d’une part au récit, de l’autre à l’essai. La réflexion est intégrée à la narration et à l’histoire personnelle des personnages fictifs. Le roman apparaît presque comme un prétexte à une réflexion sur l’existence, l’âme et le corps. Ainsi, alternent le pur récit et les moments où intervient le discours du narrateur. L’irruption de la voix de l’auteur en train d’écrire à propos de l’acte même d’écriture et de l’artificialité du roman vient briser l'illusion romanesque[2].

Il n’a pas de linéarité temporelle dans la narration. Le récit effectue des allers et retours entre passé, présent et futur dans l’histoire des différents personnages.



Le résumé[3]

On suit deux histoires en parallèle bien que les deux intrigues se rejoignent via les personnages de Sabina.

Le premier récit naît de la rencontre entre Tomas, chirurgien pragois, et Teresa, serveuse dans un petit bar de province. La jeune femme est vite séduite par cet homme plus courtois que tous les autres hommes de son petit village. Elle quitte sa mère pour le rejoindre à Prague, traînant derrière elle sa « lourde valise ». À son arrivée chez Tomas, elle tombe malade et reste alitée pendant une semaine. C’est suite à cet épisode que naît l’amour entre les deux personnages. Teresa s’installe chez Tomas pour ne jamais (ou presque) le quitter. Cependant, Tomas fait une distinction entre l’amour véritable et l’amour physique. Il a beau aimer Teresa à la folie, il ne peut s’empêcher de voir d’autres femmes. Teresa sait que ces relations éphémères n’ont aucune importance mais elle ne peut s’empêcher d’être malade de jalousie. Sabina, une artiste indépendante originale, est à la fois l’une des maîtresses de Tomas et une bonne amie. Kundera définit leur relation comme une « amitié érotique ».

Le deuxième récit nous dévoile la relation adultère entre Sabina et Franz, professeur de renom marié avec Marie-Claude. Franz ne supporte plus la vie au quotidien avec sa femme, qu’il a épousée par pitié. Fasciné par Sabina, il quitte son foyer pour recouvrer sa liberté d’aimer. Cette décision provoque le départ soudain de Sabina qui fuit les hommes et l’attachement en général.



Les grandes idées ou leitmotive du roman

Les personnages fictifs mis en scène par l’auteur incarnent de grandes idées que nous allons voir ici ensemble.



L’éternel retour

Kundera se réfère à Nietzsche pour formuler la théorie philosophique de l’éternel retour. Le mythe de l’éternel retour affirme qu’un jour, tout se répétera comme nous l’avons déjà vécu, de manière infinie. La vie après la mort, si elle disparaît une fois pour toutes, est semblable à une ombre, c’est-à-dire qu’elle n’a aucun poids, aucune signification. Ainsi, « dans le monde de l’éternel retour, chaque geste porte le poids d’une insoutenable responsabilité » et « nous sommes cloués à l’éternité comme Jésus-Christ à la croix » (page 15). L’éternel retour est donc le plus lourd fardeau.

Kundera nous dit : « Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est ne pas vivre du tout ». En effet, l’homme ne peut jamais savoir ce qu’il faut faire ou vouloir car il est dans l’incapacité de comparer sa vie à des vies antérieures. On ne peut jamais savoir si un choix a été le bon. Ainsi pense Tomas au moment de signer la pétition que lui proposent son fils et un journaliste pour la prétendue libération de détenus politiques. Cette pétition a beaucoup d’enjeux politiques et peut avoir des répercussions sur sa vie et sur celle de Teresa. Faut-il signer pour préserver sa fierté et son engagement politique ou protéger Teresa de la persécution ?

« La vie humaine n’a lieu qu’une seule fois et nous ne pourrons jamais vérifier quelle était la bonne et quelle était la mauvaise décisions, parce que dans toute situation, nous ne pouvons décider qu’une seule fois » (page 321).

Tout est vécu tout de suite et pour la première fois, sans préparation. « Comme si un acteur entrait en scène sans jamais avoir répété ». Kundera illustre sa théorie par une comparaison de la vie à une esquisse et il précise que

« même esquisse n’est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l’ébauche de quelque chose, la préparation d’un tableau, tandis que l’esquisse qu’est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau » (page 20).

Notre vie est un brouillon sans tableau. Il faudrait que notre vie se répète dans le monde de l’éternel retour pour pouvoir transformer cette esquisse en tableau élaboré. C’est parce que nous n’avons qu’une vie que tous nos gestes, tous nos choix sont lourds à porter. Nous n’avons pas droit à l’erreur. La Terre est la planète numéro 1, la planète de l’inexpérience.

Cette théorie est liée à la thématique de la pesanteur et de la légèreté. Teresa est le personnage qui subit le plus la pesanteur de chacun de ses choix, tandis que Tomas et Sabina préfèrent fuir les responsabilités pour profiter de leur vie qu’ils savent unique. Il y a donc deux manières, semble nous dire Kundera, de concevoir notre propre existence.



Légèreté et pesanteur


Il s’agit de la question centrale du livre : quelle qualité, de la gravité ou de la légèreté, correspond le mieux à la condition humaine ? Au tout début du roman, Kundera se réfère à Parménide, philosophe grec présocratique, selon qui l’univers était divisé en couples de contraires : lumière/obscurité ; épais/fin ; chaud/froid ; être/non-être ; pesanteur/légèreté. Il considérait que l’un des pôles de la contradiction était positif et l’autre négatif. Mais selon Kundera, qui s’appuie alors sur Nietzsche, « la contradiction lourd-léger est la plus mystérieuse et la plus ambiguë de toutes les contradictions » (page 16). C’est ainsi que Kundera introduit le récit : en mettant en scène des personnages qui se caractérisent par leur légèreté comme Tomas et Sabina, ou leur pesanteur comme Teresa et Franz. Tout au long du roman l’auteur joue donc de cette contradiction. Finalement, quel est le vrai fardeau : la pesanteur ou la légèreté de l’être ?

Teresa incarne la pesanteur. Dès les premiers chapitres, l’auteur insiste sur le motif de la valise de Teresa : « Sa valise était à la consigne, il se dit qu’elle avait mis sa vie dans cette valise et qu’elle l’avait déposée à la gare avant de la lui offrir » (page 22). Une valise « grosse et énormément lourde ». Lors de sa première nuit chez Tomas, Teresa lui a tenu la main fermement toute la nuit si bien qu’il n’a pas pu se dégager de son étreinte. Face aux infidélités physiques de Tomas, Teresa est dévorée par la jalousie. Cette jalousie maladive participe à la pesanteur du personnage. C’est une véritable souffrance au quotidien vécue par Teresa, une souffrance incarnée par ses rêves macabres qui mettent en scène Tomas, ses maîtresses et elle-même. Cette souffrance, seul Tomas est capable de l’apaiser en la serrant dans ses bras ou en lui tenant la main au moment de dormir. Teresa sait que l’amour de Tomas pour elle est réel et pur mais elle n’admet aucune distinction entre amour moral et amour physique. Elle ne supporte pas la légèreté du corps de Tomas qui passe de femme en femme, mettant ainsi le corps de Teresa au même rang que les multiples corps féminins auxquels il a fait l’amour. Son corps n’est plus unique et irremplaçable.

« Elle prend tout au tragique, elle ne parvient pas à comprendre la légèreté et la joyeuse futilité de l'amour physique. Elle voudrait apprendre la légèreté » (page 206-207).

Après plusieurs années de vie en commun et leur exil en Suisse, Teresa ne tient plus à représenter un poids pour Tomas et s’en va.

« Un jour, Teresa était venue chez lui sans prévenir. Un jour, elle était repartie de la même manière. Elle était arrivée avec une lourde valise. Avec une lourde valise elle était repartie ».

Ce départ est d’abord vécu par Tomas comme une libération malgré son amour :

« C’était comme si elle lui avait attaché des boulets aux chevilles. A présent, son pas était soudain beaucoup plus léger. Il planait presque. Il se trouvait dans l’espace magique de Parménide : il savourait la douce légèreté de l’être » (page 51).

Mais dès qu’il se retrouve avec une autre, le souvenir de Teresa lui cause une insoutenable douleur. C’est ici que le titre prend toute sa signification : Tomas se sent accablé d’une pesanteur comme il n’en a jamais connu, le poids de la compassion. Tomas ressent l’amour qu’il a pour Teresa comme un Es muss sein[5] (il le faut), une sorte d’impératif divin, car cette pesanteur est ce qui fait la grandeur de l’homme : « Il porte son destin comme Atlas portait sur ses épaule la voûte du ciel » (page 55). D’ailleurs, son mariage avec elle est présenté comme un Es muss sein : « Pour apaiser ses souffrances, il l’épousa ». Pour Kundera

« l’absence totale de fardeau fait que l’être humain devient plus léger que l’air, qu’il s’envole de la terre, de l’être terrestre, qu’il n’est plus qu’à demi-réel et que ses mouvements sont aussi libres qu’insignifiants » (page 15).

Tomas incarne ainsi donc la légèreté. C’est un personnage effrayé par les responsabilités. Persuadé de ne pas être fait pour vivre aux côtés d’une femme, il abandonne sa femme et décide de manière soudaine de ne plus voir son fils, lié à lui seulement par une « nuit imprudente ». Il perd contact avec ses parents. Tomas est un vrai électron libre qui fuit les femmes pour éviter à tout prix que l’une d’entre elles ne vienne s’installer chez lui avec une valise. L’amour est perçu comme un fardeau au nom duquel les partenaires « s’arrogent des droits sur la vie et la liberté de l’autre ». Il a donc trouvé un compromis qu’il nomme « amitié érotique ». Ce que recherche Tomas dans l’amour physique, ce n’est pas la collection de femmes plus belles les unes que les autres, mais la recherche du « petit pourcentage d’inimaginable » que chaque femme porte en elle. Le moyen de découvrir et de conquérir cet inimaginable, cette « unicité du moi », c’est la nudité et l’amour physique.

« Il n’est pas obsédé par les femmes, il est obsédé par ce que chacune d’elles a d’inimaginable, autrement dit, par ce millionième de dissemblable qui distingue une femme des autres » (page 287).

Ainsi, la convention non écrite de l’amitié érotique exclut l’amour de la vie de Tomas. Cette amitié comporte des règles dont la première de ne jamais laisser une femme s’endormir chez lui. L’amour pour Teresa naît de deux erreurs. Premièrement, il laisse cette dernière s’endormir chez lui lors de sa maladie. Or, « le sommeil partagé est le corps du délit d’amour » (page 27) pour notre Dom Juan. La deuxième erreur de Tomas est la comparaison de Teresa avec un enfant que quelqu’un aurait mis dans une corbeille lâchée au fil d’un fleuve. Or, selon Kundera, les métaphores sont dangereuses : « L’amour commence à l’instant où une femme s’inscrit par une parole dans notre mémoire poétique » (page 301). Son amour pour Teresa naît de cette métaphore, comme en écho à l’amour de Swann pour Odette dans Un amour de Swann : Swann trouve qu'elle ressemble à la fille de Jéthro, dans la fresque de Botticelli. Au départ il trouvait Odette sans grand intérêt, c'est cette comparaison artistique qui lui révélera sa beauté. Dans L’Insoutenable légèreté de l’être, l’amour de Tomas pour Teresa naît de cette métaphore dangereuse.

Franz aussi incarne la pesanteur dans sa manière de concevoir l’amour :

« L’amour, c’était pour lui le désir de s’abandonner au bon vouloir et à la merci de l’autre. Celui qui se livre à l’autre comme le soldat se constitue prisonnier doit d’avance rejeter toutes ses armes. Et, se voyant sans défense, il ne peut s’empêcher de se demander quand viendra le coup » (page 125).

Franz n’aime plus sa femme et ne supporte plus sa vie à ses côtés. Il hait ce qu’elle est devenue, il ne voit plus la femme qui était en elle. Il commence une relation adultère avec Sabina, jeune, originale et fascinante. A l’image de Tomas pour qui le sommeil partagé est signe d’amour, pour Franz, le lit commun est le symbole du mariage. Ainsi, il ne trompe jamais Marie-Claude à Genève. Il s’évertue à amener Sabina avec lui dans des hôtels loin de Genève. Ce qui caractérise la relation entre Franz et Sabina est l’incompréhension, d’où le titre de la partie, « Les mots incompris » qui fait référence au « Petit lexique des mots incompris » grâce auquel Kundera revient sur l’abîme d’incompréhension qui sépare les deux personnages loin d’avoir la même conception de la vie. Ainsi, quand Franz quitte sa femme et sa fille pour retrouver sa liberté, sa légèreté. Mais lorsqu’il l’annonce à Sabina, celle-ci ne comprend pas qu’il ait pu faire une chose pareille : « Pour Sabina, ce fut comme si Franz avait forcé la porte de son intimité » (page 168). Elle est effrayée par cette officialisation de la rupture avec Marie-Claude qui est une manière d’officialiser du même coup sa propre relation avec Franz. Leur relation n’est plus adultère, elle perd toute sa légèreté et subit d’un seul coup le poids d’un lourd fardeau. À partir du moment où Franz quitte sa femme, Sabina ressent tout le poids de son amour et elle se sent comme prise au piège. Si Franz est caractérisé par la fidélité, Sabina, elle, est séduite par la trahison : « Trahir, c’est sortir du rang et partir dans l’inconnu. Sabina ne connaît rien de plus beau que de partir dans l’inconnu » (page 136). Trahison du père, trahison du communisme, trahison de la normalité, trahison de sa propre trahison : « La première trahison est irréparable. Elle provoque, par réaction en chaîne, d’autres trahisons dont chacune nous éloigne de plus en plus de la trahison initiale ». Trahir pour Sabina, c’est échapper au poids, c’est créer la liberté, la légèreté. Mais tout comme Teresa souffre de sa pesanteur, Sabina subit celui de la légèreté : « Ce qui s’était abattu sur elle, ce n’était pas un fardeau, mais l’insoutenable légèreté de l’être » (page 178). Si bien que la légèreté finit par acquérir un poids insupportable.

Finalement, Kundera ne semble pas trancher entre la légèreté et la pesanteur. Tomas et Teresa meurent sous le signe de la pesanteur, dans un accident de camion, Sabina s’exile seule aux Etats-Unis et désirerait mourir sous le signe de la légèreté en dispersant ses cendres.



La beauté du hasard

« Nous croyons tous qu’il est impensable que l’amour de notre vie puisse être quelque chose de léger, quelque chose qui ne pèse rien ; nous nous figurons que notre amour est ce qu’il devrait être ; que sans lui notre vie ne serait pas notre vie » (page 57).

Par cette phrase débute la réflexion de Kundera sur le hasard ou plutôt les hasards qui fondent notre vie entière. Il rejette l’idée qu’à chaque individu corresponde une âme sœur sans qui nous manquerions notre épanouissement. Tomas trouve vertigineux le nombre de hasards sur lesquels repose sa passion pour Teresa. À la page 58, Kundera nous fait le récit de leur rencontre en comptabilisant six hasards sans lesquels ils ne se seraient jamais rencontrés ou alors leur histoire n’aurait pas été la même. L’expression « par hasard » est répétée six fois et elle est mise en évidence par une police en italique. Ainsi, Tomas concluT que Teresa, l’amour de sa vie, celle pour qui il a tout sacrifié est une « incarnation du hasard absolu ». Toutes les décisions les plus fatales de sa vie (son retour de Suisse, l’abandon de son métier de chirurgien, le sacrifice de l’amour physique) reposent sur une série de six hasards et donc sur un amour tout à fait fortuit. Tomas réalise alors que son amour n’est pas un Es muss sein (il le faut), un impératif, une nécessité, mais plutôt quelque chose qui aurait pu se passer tout à fait autrement.

Pour Teresa, le hasard est un signe du destin. Quand elle rencontre Tomas dans le bar de son village de province, elle sait que cet homme inconnu lui est prédestiné car elle a vue en lui beaucoup de signes : le morceau de Beethoven à la radio, le nombre 6, le livre de Tomas, le banc jaune qu’il choisit pour l’attendre…

« Le hasard a de ces sortilèges, pas la nécessité. Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant comme les oiseux sur les épaules de Saint François d’Assise » (page 78).

Selon Kundera, on ne remarque les appels du hasard, les coïncidences que lorsqu’on en a besoin ou envie. Si Tomas avait été hideux, Teresa n’aurait jamais interprété ces coïncidences comme des signes du destin. Ce sont tous ces signes qui ont donné à Teresa le courage de quitter sa mère tyrannique et son village perdu retrouver Tomas à Prague. Ce sont les six coïncidences qui ont mis en mouvement son amour et sont devenus la source d’énergie où elle s’abreuvera jusqu’à la fin. « L’homme, guidé par le sens de la beauté, transforme l’événement fortuit en un motif qui va ensuite s’inscrire dans la partition de sa vie » (page 81). Le besoin d’amour de Teresa a aiguisé son sens de la beauté et à chaque fois qu’elle entendra ce morceau de Beethoven, elle en sera émue : « tout se qui se passera autour d’elle en cet instant sera nimbé de l’éclat de cette musique, et sera beau ».



Le kitsch


La théorie du kitsch de Kundera est développée dans la sixième partie intitulée « La Grande Marche ». Pour Kundera, le kitsch est « la négation absolue de la merde[6] » : « le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'inacceptable » (page 357).

Il convient de préciser la pensée de Kundera. Il part de l’idée simple que Dieu a une bouche, donc Dieu mange, donc Dieu a des intestins, donc Dieu défèque. Pourtant, cette idée peut apparaître comme blasphématoire : il y a, pour beaucoup de gens, incompatibilité entre Dieu et la merde. Cependant, Dieu a créé l’homme à son image et l’homme défèque. Ainsi, soit Dieu a des intestins, soit l’homme ne ressemble pas à Dieu. Ou bien la merde est acceptable, ou bien la manière dont l’homme a été conçu est intolérable, inadmissible. « En chassant l’homme du Paradis, Dieu lui a révélé sa nature immonde et le dégoût. L’homme a commencé à cacher ce qui lui faisait honte ». Le kitsch est donc un idéal esthétique où la merde est niée et où chacun fait comme si elle n’existait pas.

C’est notamment à travers le personnage de Sabina que Kundera exprime sa théorie sur le kitsch. Sabina hait le kitsch communiste. Elle ne hait pas le communisme, ni sa laideur, elle hait le « masque de beauté » dont se pare le communisme. La première manifestation du kitsch communiste selon elle est le cortège du 1er mai qui célèbre l’union et la fraternité. « La fraternité de tous les hommes ne pourra être fondé que sur le kitsch ». C’est donc une théorie assez pessimiste que celle du kitsch. C’est en politique que le kitsch sévit le plus selon Kundera : il prend l’exemple des hommes politiques qui veulent être en photo avec des enfants en se donnant l’air heureux. Dans un pays où la coexistence de plusieurs partis politique est inexistante, Kundera parle de kitsch totalitaire car « tout ce qui porte atteinte au kitsch est banni de la vie » (individualité, interrogations, scepticisme, ironie…). Le kitsch totalitaire impose à tous un idéal esthétique et normatif. « La question est comme le couteau qui déchire la toile peinte du décor pour qu’on puisse voir ce qui se cache derrière » (page 368). Ainsi, le goulag est comme une « fosse sceptique » où le kitsch « jette ses ordures » : tous les contrevenants au système sont jetés dans les goulags. Ce qui n’est pas jeté est transformé. Ainsi, l’article de Tomas sur Œdipe sera transformé par le kitsch. Tout comme certains des discours de Kundera.

Les tableaux de Sabina dénoncent le kitsch. Un jour qu’elle peignait un tableau pour l’Académie des Beaux-Arts de Prague (qui n’admettait que les portraits des chefs d’états communistes), elle fit une tache par accident sur la toile. Elle comprend alors que derrière le masque de la fraternité communiste se cache l’immonde et la mort. L’art de Sabina devient un combat contre cette esthétique communiste. Chacun de ses tableaux présente cette fissure dans le kitsch : « Devant c’est le mensonge intelligible, et derrière transparaît l’incompréhensible vérité ».

« Avant d’être oubliés, nous seront changés en kitsch » (page 406) nous dit Kundera. On transforme notre vie selon un idéal esthétique. Ainsi, à la mort de Franz, Marie-Claude son ex-femme, récupère son corps et inscrit comme épitaphe sur la pierre tombale : « Après un long égarement, le retour ». En effet, Marie-Claude est persuadée que leur séparation n’est due qu’à une crise de la cinquantaine, qu’il n’a cessé de l’aimer et que, perdu de douleur et de regret, il s’est donné la mort inconsciemment. C’est l’image qu’il restera de Franz, alors que jusqu’au dernier soupir, il haïra sa femme. De la même façon, la misère et la violence au Cambodge se résume par « une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune ». L’homme nie la laideur, le kitsch est un refuge dans la beauté et dans l’ignorance.



Les motifs symboliques

Le chapeau melon de Teresa : c’est l’instrument de ses jeux érotiques avec Tomas mais il s’agit aussi d’un signe d’originalité. Quand elle se coiffe de ce chapeau lors de lses rencontres avec avec Franz, celui-ci ne comprend plus sa maîtresse et trouve son attitude dérangeante voire choquante. C’est encore un motif d’incompréhension entre les deux amants.

Karénine : il s’agit du chien que Tomas offre à Teresa pour apaiser sa souffrance. Son nom lui est donné en référence au livre que Teresa tenait dans sa main le jour où elle est apparue chez Tomas : Anna Karénine. C’est un symbole de stabilité car il n’aime pas le changement. Pour Teresa, il représente l’amour pur, inaltérable et désintéressé. C’est parfois le dernier lien qui unit le couple. D’ailleurs, le couple disparaît dans un accident peu de temps après la mort de Karénine.
 
Notes:

[1] Maison fondée à Toronto en 71 par un Tchèque expatrié. Editions d’écrivains tchèques ou slovaques dont les œuvres ont été interdites sous le régime communiste en Tchécoslovaquie.

[2]Cf. page 319, réflexion de l’auteur sur sa relation avec les personnages crées par lui-même comme des « possibilités qui ne se sont pas réalisées » qui auraient franchi une frontière qu’il n’a fait que contourner. « Le roman n’est pas une confession de l’auteur, mais une exploration de ce qu’est la vie humaine dans le piège qu’est devenu le monde ».

[4] Je ne fais ici que rappeler la situation de départ entre les personnages pour mieux comprendre l’analyse qui suit.

[5] Référence à Beethoven.

[6] Mot employé par Kundera.
 

Source:

Littexpress