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dimanche 30 août 2015

Au siècle de « l’idiot visuel », tout passe par l’image et sa manipulation


 
Au siècle de « l’idiot visuel », tout passe par l’image et sa manipulation
 Nicolas Bonnal
 
Il est toujours étonnant de voir un journaliste faire son travail ; c’est-à-dire raconter ce qu’il a vu – et non ce qu’on lui a dit de voir. C’est ce qu’a fait Jacques Merlino, il y a plus de vingt ans, en Yougoslavie. Et dans un très bon bouquin sur les vérités pas bonnes à dire, publié en 1993, l’ancien rédacteur en chef d’Antenne 2 rapportait les faits suivants :

Sur les viols pratiqués à l’échelle industrielle par les Serbes, il n’y avait que cinquante témoignages directs. Après, on extrapola à soixante mille.

Merlino évoquait « les rumeurs invérifiées, les estimations » et même la naïveté des Serbes, qui laissèrent visiter leurs camps de prisonniers par des inquisiteurs mués en enquêteurs. Et il ajoute cela : « L’armée serbe est persuadée de n’avoir rien à craindre de ces reportages. C’est qu’elle connaît mal la presse. »

C’est que la presse, au règne de la vitesse défini et approfondi par Paul Virilio dans son œuvre, est un outil de formation rapide – un train à grande vitesse !

« Diktat de la brièveté. Changer de sujet avant de changer de chaîne », ajoute notre auteur dans des lignes inspirées.

Merlino interviewe ensuite James Harff, un manipulateur américain qui explique comment on a nazifié les Serbes, qui avaient été les plus grandes victimes chrétiennes (seulement orthodoxes, il est vrai) du nazisme allemand et de ses acolytes oustachis.

« L’entrée en jeu des organisations juives aux côtés des Bosniaques fut un extraordinaire coup de poker. Aussitôt, nous avons pu faire coïncider Serbes et nazis dans l’esprit de l’opinion. La charge émotive était si forte que plus personne ne pouvait aller contre. »

Debray en parla alors, de cet art de diaboliser les Serbes.

Quant à la charge émotive… Rappelez-vous le vol MH17.

Les Serbes disaient déjà à Merlino : « Vous verrez qu’ils vont abattre un avion pour nous accuser ! »

L’avion fut abattu – mais en Ukraine !

Continuons : au siècle de « l’idiot visuel », tout passe par l’image et sa manipulation.

Notre auteur ajoute : « Une seule image, si elle a une forte charge émotionnelle, si elle s’inscrit dans le courant de la pensée dominante, fera alors le tour du monde. »

Il conclut sur notre information occidentale manipulée par ces EVN (images non vérifiées mais bien exploitées) : « Epuisée par un discours humanitaire dont les excès sont presque totalitaires, la pensée occidentale appréhende le monde à travers un prisme déformé. Incapable de fournir un mode de compréhension, elle évacue ce qui lui résiste par la diabolisation et le recours aux anciennes chimères. Elle se réfugie dans un appel à l’action armée. »

Et Merlino de rappeler le toupet de la guerre humanitaire : « Lorsqu’il s’appelle cause humanitaire, le droit d’ingérence prend un plaisir diabolique à soigner les blessés qu’il a fabriqués. »

Ou à les inviter à se réfugier chez lui : voyez ces guerres humanitaires en Asie et en Afrique, qui se terminent par la plus grande invasion depuis quinze siècles.

source
Boulevard Voltaire :: lien

Sapir met en émoi le poulailler d’acajou



Sapir met en émoi le poulailler d’acajou
 François Falcon
 
Souvenons-nous de cette chanson d’Alain Souchon qui décrit le caquètement de « la volaille qui fait l’opinion » depuis son « poulailler d’acajou ». L’artiste y met en scène « les belles basses-cours à bijoux » aux idées convenues. En bon artiste qu’il est, Souchon fait mine de croire que cette volaille est conservatrice. Ce n’était déjà plus tellement vrai en 1977, l’année où il composa sa chanson, mais aujourd’hui, cette volaille est pratiquement à 100 % membre de la gauche libérale sociétale pédante qu’incarne si bien Daniel Cohn-Bendit.

Depuis une semaine, le poulailler d’acajou est en émoi. Ça caquette et ça cancane à n’en plus finir dans les salons parisiens. Pensez : l’économiste, un temps proche du Front de gauche et qui s’affirme toujours « sans ambiguïté de gauche », Jacques Sapir a proposé à moyen terme la formation d’un « Front de libération nationale anti-euro » englobant tous les partis souverainistes jusqu’au Front national, ou d’un « parti issu du FN ». La grande et la petite bourgeoisie de rédaction s’en étrangle aussi bien à gauche qu’à droite des forces de l’axe européomondialiste.

Là où Le Monde parle des « œillades de Jacques Sapir au FN », Challenges le présente comme l’économiste qui « drague le FN » et « qui se vautre dans la fange ». Pour le délicat Maurice Szafran, cela confirme ni plus ni moins « la règle qui veut que la pourriture devient prégnante dès lors que l’on s’approche de l’extrême droite ». « Extrêême drouâte, extrêême drouâte, extrêême drouâte », entend-on jacasser dans tous les recoins du poulailler, lequel fantasme même au sujet d’une prétendue rencontre secrète entre l’économiste et Marine Le Pen. Sapir, qui s’en défend, reproche au passage aux bonnes âmes de la gauche bien-pensante « leurs cris d’orfraie », ce qui est, somme toute, fort aimable. L’orfraie est, en effet, un oiseau de proie alors que nous n’avons affaire, là, qu’à de la volaille de batterie nourrie au bon grain américain ou bruxellois.

Ne soyons pas trop durs, quand même, avec « les belles basses-cours à bijoux ». L’époque est difficile pour elles. La réalité écrase une à une toutes leurs certitudes. À droite comme à gauche, les défections s’accumulent et si même l’Église catholique commence à convier des figures du FN à ses universités d’été, le bourgeois et la bourgeoise post-soixante-huitards n’ont pas fini de sentir vibrer le balai qu’ils ont dans le fondement. C’est cette vibration qui provoque le caquètement.


vendredi 28 août 2015

Le système de domination unipolaire touche-t-il à sa fin ?



Le système de domination unipolaire touche-t-il à sa fin ?
 Mikhail Gamandiy-Egorov
 
Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a été fort explicite en annonçant tout récemment que la domination politique et économique de l’Occident sur le monde touche à sa fin.

Cette annonce a été faite lors du forum international Terra Scientia, sur les rives de la rivière russe Kliazma, le tout devant un grand nombre de jeunes participants.

« Aujourd’hui, le centre d’intérêts de la politique extérieure, comme le centre d’intérêts de chacun de vous, est directement lié à la lutte des idées. Cette lutte consiste notamment à choisir ou à imposer son choix sur les modèles de développement et des valeurs. Nous observons la fin d’une très longue époque, celle de la domination économique, financière et politique de l’Occident historique », a déclaré le ministre Lavrov.

Analysons ces dires

Globalement et c’est le principal à noter dans cette déclaration, c’est qu’elle confirme une fois de plus l’avènement de l’ère multipolaire, tant attendue. Après l’éclatement de l’URSS et la fin de la guerre froide, les élites occidentales, principalement étasuniennes, s’étaient autoproclamées gendarmes du monde. Cette domination, une bonne part de l’humanité l’a ressentie et ce à différents endroits de la terre: Balkans, Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine. A un moment il fallait bien dire stop. Le chaos créé en Libye suite à l’intervention de l’OTAN en alliance avec les salafistes locaux, a été l’une des gouttes de trop et il a bien fallu que certains pays prennent leurs responsabilités.

Depuis, la Russie et la Chine, soutenues par leurs alliés, ont décidé de bloquer à tout prix les tentatives occidentales, ne serait-ce qu’au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Une partie de l’humanité a commencé alors à mieux respirer. D’autre part et il est également important de le noter dans la déclaration de Sergueï Lavrov, c’est lorsqu’il parle de « la fin d’une très longue époque ». Il fait évidemment ici référence non pas seulement à toute cette époque assez récente qui a suivi la fin de l’URSS, mais bien toute celle datant de plusieurs siècles.

Mais tout change et continuera à changer. D’autant plus, et il faut le rappeler aussi, nous ne sommes non seulement plus à une époque unipolaire, révolue et ayant montré toute sa dangerosité pour l’avenir de l’humanité, mais nous ne sommes pas non plus dans une optique bipolaire, comme durant la période ayant suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec deux superpuissances.

Aujourd’hui, la multipolarité confirme la présence de plusieurs blocs, des blocs représentants des pays concrets ou des groupes de pays. On retrouve bien évidemment la Russie et la Chine, deux grandes puissances mondiales et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU opposés à la nostalgie unipolaire du bloc occidental. Mais aux côtés de l’ours russe et du dragon chinois, on retrouve aussi de grandes puissances régionales, telles que l’Inde, l’Iran, le Brésil et d’autres, ou encore le bloc uni et à part entière de la majorité des nations latino-américaines ayant réussi à former ensemble une alliance fermement opposée au néocolonialisme US.

On ne peut se permettre de ne pas mentionner aussi d’autres grandes alliances multipolaires comme les BRICS, l’OCS ou encore l’Union eurasiatique, qui portent en eux un grand espoir pour une partie du monde. Ajoutés encore à cela plusieurs pays africains et asiatiques, et on arrive tout simplement à une forte majorité de l’humanité. Sans oublier de prendre en compte le fait que nombre de citoyens de pays occidentaux sont également des partisans assumés du monde multipolaire.

Mais il ne faut pas oublier pour autant que les partisans de l’unipolarité, bien qu’étant clairement minoritaires, feront en sorte de ne pas reconnaitre la nouvelle réalité dans l’immédiat. Au contraire, il faudra encore du temps pour que les élites occidentales acceptent, d’une manière ou d’une autre, l’avènement du nouveau monde. Jusque-là, ils continueront à tenter de rassasier cet appétit hégémonique, et c’est ce qui a également été souligné par Sergueï Lavrov:
« L’Occident tente de maintenir sa domination de manière artificielle en faisant pression sur les autres pays, au moyen de sanctions et de forces militaires, de violations du droit international et de la Charte des Nations Unies, contribuant ainsi au chaos dans les relations internationales ».

Un chaos auquel on devra certainement faire face encore un certain temps et que l’on observe en ce moment même à différents endroits de notre planète. Mais du moment que la majorité de l’humanité soutiendra aussi activement que possible cette ère nouvelle, la multipolarité finira bien par anéantir une bonne fois pour toute l’unipolarité n’ayant plus aucune place dans nos vies à tous.


La rentrée torpillée des socialistes

  
La rentrée torpillée des socialistes
 Mathilde Siraud
 
Entre l'implosion des écologistes sur le terrain de jeu rochelais et les déclarations d'Emmanuel Macron sur les 35h, l'université d'été des socialistes commence mal.

Il s'est efforcé d'afficher un sourire confiant. Ce vendredi matin, à l'ouverture de l'université d'été du PS, à La Rochelle, Jean-Christophe Cambadélis s'est félicité d'une rentrée politique sous de meilleurs auspices que 2014. Dans un discours de près d'une heure, d'un débit lent, le responsable des socialistes a joué la carte de l'optimisme et de la confiance. «Cette université s'ouvre dans un climat particulier mais c'est une université déterminée», a assuré le responsable socialiste à la tribune.

Et pourtant. À La Rochelle, ce sont davantage les absents qui font parler d'eux. Coutumier des déclarations aux accents libéraux, parfois non maîtrisées, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a suscité le malaise au sein de la famille socialiste en remettant en cause les 35 heures. Gêné, Jean-Christophe Cambadélis a d'abord refusé de réagir, avant d'appeler ses troupes au calme. «Ça fait un an qu'on se court après», a-t-il confié au sujet d'Emmanuel Macron avec qui il compte s'entretenir dans les prochains jours. Cet énième débat sur les 35 heures ravive les tensions au sein du PS, alors que les questions économiques ne sont pas au programme des débats du campus rochelais.

Les bisbilles des écolos accaparent l'attention

À leur arrivée sur l'esplanade de l'espace Encan, les responsables socialistes sont sommés de s'expliquer. «J'espère que la polémique est close», balaie Bruno Le Roux, président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. «On a tous intérêt à faire attention à chacune de nos phrases, on n'est pas rassemblés ici pour nous porter de mauvais coups», commente quant à lui Claude Bartolone.

Autre élément perturbateur pour cette première journée rochelaise: l'implosion des écolos qui se joue sur le terrain de jeu des socialistes. Les démissions successives de François de Rugy et Jean-Vincent Placé, présents sur le campus, attirent toute l'attention. Ce dernier, qui devait animer un atelier samedi sur l'alimentation, a écourté son séjour à La Rochelle, prétextant des obligations familiales, et s'éclipsant au moment-même où Emmanuelle Cosse faisait son apparition. Le député de Loire-Atlantique François de Rugy, annoncé pour animer une table ronde sur la crise démocratique, a dû annuler son intervention : le numéro deux du parti, David Cormand, a tenu à le remplacer. L'ex-EELV était quand même présent, mais dans le fond de la salle.

Source 

«Le départ de Rugy et Placé, ça fait un peu pieds nickelés»



 
 Matthieu Ecoiffier
 
Cofondateur d’Europe Ecologie-les Verts, Dany Cohn-Bendit analyse le départ de Jean-Vincent Placé et de François de Rugy.

Après François de Rugy hier, Jean-Vincent Placé annonce qu’il quitte EE-LV. Pourquoi maintenant ?

C’est peut-être lié à la bousculade gouvernementale pour remplacer Rebsamen [au ministère du Travail, ndlr]. Jusqu’ici, Hollande voulait débaucher des dirigeants d’EE-LV comme Emmanuelle Cosse. Il a abandonné l’idée de se rabibocher avec Cécile Duflot, qui est sur une ligne très anti-PS. Placé et De Rugy essayent d’avoir un strapontin au gouvernement. Leur départ, ça fait un peu pieds nickelés…

Ils comptent fédérer dans un «grand mouvement de l’écologie réformatrice» aux contours flous…


Ce n’est pas cela qui va enthousiasmer les foules. S’ils veulent la même chose, pourquoi n’ont-ils pas annoncé leur départ ensemble ? En sortant le premier, De Rugy a coupé l’herbe sous le pied de Placé.

Qu’il quitte le parti en désaccord avec la ligne gauchiste aujourd’hui défendue par Duflot, n’est-ce pas une ironie de l’histoire ?

Jean-Vincent a toujours été un rad-soc et un homme de parti. Pendant longtemps il a adopté une phraséologie gaucho en interne. Il retrouve aujourd’hui sa vraie nature réformiste et rad-soc.

Lorsqu’il explique qu'EE-LV est un astre mort, il dit vrai ?

Ce qui est triste, c’est qu’il y a encore des militants à Europe-Ecologie qui se battent pour monter une campagne écolo pour les régionales de décembre. Et ils se retrouvent pris en otage entre les lignes défendues par Jean-Vincent Placé et Cécile Duflot. Dans le Nord-Pas-de-Calais et PACA, EE-LV veut s’allier avec le Front de gauche. Ils disent que cela ne les empêchera pas de fusionner entre les deux tours avec un PS arrivé troisième derrière la droite et le FN. Jean-Vincent aurait pu exiger que cette alliance avec le PS au second tour soit clairement affichée. Sauf que le Front de Gauche ne veut pas. C’est là que c’est compliqué…

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L'Eglise et Sciences po face au FN: pourquoi c'est un phénomène inquiétant



 Bruno Roger-Petit
 
L'évêque de Toulon invite Marion Maréchal-Le Pen a une université d'été catholique. Des étudiants veulent implanter une antenne FN à Sciences po. Deux phénomènes inquiétants, qui ne déclenchent que de faibles réactions des institutions touchées.

Après l’Eglise, Sciences po. Après l’invitation lancée à Marion Maréchal-Le Pen par des institutionnels catholiques, l’annonce que de jeunes militants frontistes entendent subvertir une des plus grandes écoles de la République.

Ce qui frappe, c’est la faiblesse des institutions confrontées à ce phénomène. Faiblesse de l’Episcopat français face à l’initiative dramatique prise par les organisateurs de l’université d’été catholique du Var. Faiblesse, aussi, des dirigeants de l’Institut d’études politiques de Paris qui ne disent rien, ne font rien.

Le journal La Croix rappelle ce jour qu’il fut un temps où les plus hauts représentants de la hiérarchie catholique condamnaient, sans ambiguïté aucune, le Front national porté par Jean-Marie Le Pen : "Quand je lis des propos qui manifestent de toute évidence une défiance par rapport aux étrangers, une manière de vouloir le rejet des immigrés qui ne me paraît pas respectueuse de leur personne (…), je dois dire tout simplement devant l’Évangile que je ne suis pas d’accord", déclarait le cardinal Albert Decourtray à l’Heure de vérité, sur Antenne 2 en 1985.

Las, de fortes durant les années 80 et 90, ces condamnations se sont faites tout à la fois plus rares et moins déterminées au tournant des années 2000. La dernière en date fut formulée, durant l’entre deux tours de l’élection présidentielle 2002, par l’évêque de Saint-Denis, Mgr Olivier de Berranger : "Le FN est infréquentable." C’était clair et net.

Il est patent, à voir l’invitation faite par des membres de l’Eglise à Marion Maréchal-Le Pen, qu’une partie de l’établissement catholique a (re)basculé dans la bienveillance à l’égard de l’extrême-droite, dans la mesure où celle-ci porte le message ultra et réactionnaire à laquelle, depuis Vichy, cette branche là du catholicisme français, peu patriote en vérité, n’a jamais renoncé, comme l’avait si bien diagnostiqué ce catholique pratiquant qu’était De Gaulle. Rien de moins étonnant.

Ces "portes d’entrée maléfiques"

Comment s’en étonner dès lors que l’évêque de Toulon, Mgr Rey, juge bon de justifier l’invitation faite à Marion Maréchal-Le Pen comme s’il s’agissait d’une rencontre entre amis ?

Et comment s’en étonner encore, quand, sur le site du diocèse dirigé par l’évêque Rey, on pouvait lire jusqu’à ce jeudi passé que la franc-maçonnerie, le yoga, l’homosexualité, le tarot, internet, les ostéopathes, les kinésithérapeutes, le chamanisme et les arts martiaux sont des "portes d’entrée maléfiques" qui mènent droit à Satan? Les responsables du site ont fini par retirer cet article, rédigé en 2010 par un prêtre, afin de procéder à sa réécriture… Trop tard, car de multiples copies en ont été faites, qui attestent que l’idéologie qui imprègne le propos délirant est à ranger à la droite de l’extrême droite…

Que durant cinq ans, un tel texte rédigé par un prêtre catholique (porteur d’une vision du monde aussi farfelue qu’inquiétante) ait pu demeurer accessible au grand public est un puissant révélateur des évolutions de la base catholique réactionnaire…

Décidément non, il n’y a pas de quoi s’étonner. Que les catholiques d’extrême droite se radicalisent à l’unisson de la droitisation qui sévit sur le pays depuis quelques années est logique. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est la faiblesse du reste de la hiérarchie catholique, pourtant confrontée au désarroi et à la colère des catholiques modérés et/ou de progrès…

Face à l’affaire de Toulon, Mgr Ribadeau-Dumas, porte-parole de l’Episcopat, a apporté une bien émolliente réponse : "Un certain nombre de points développés par le Front national ne sont pas conformes à la vision que l’Évangile nous invite à défendre" dit-il, mais sans remettre en question le principe de l’invitation lancée à Marion Maréchal-Le Pen. Or, aux yeux de nombreux catholiques de progrès, ne pas condamner cette invitation, c’est déjà s’inscrire en rupture avec le message de l’Evangile. Il est patent que le porte-parole de l’Episcopat n’ose prendre de front les catholiques réactionnaires du Var. Et c’est bien cela qui est inquiétant.

Pourquoi cette démission des plus hautes voix de l’Eglise de France sur la complaisance du diocèse de Toulon vis-à-vis du FN ?

Militer avant d'étudier

Faiblesse aussi à Sciences po, où de jeunes militants récemment admis au sein de l’école de la modération et de la tempérance ont claironné leur intention de s’y implanter de manière militante, officielle et reconnue. Le tout dirigé par David Masson-Weyl, qui entend monter la petite entreprise FN avec des transfuges venus de la droite sarkozyste, du PS ou de la gauche de la gauche… Signe des temps et des mouvements en profondeur, invisibles aux yeux des médias mainstream, qui s’opèrent au sein de la société française.

Ces jeunes Frontistes entendent militer avant d’étudier, ce qui en dit long sur leur volonté de gangréner le système, comme pour mieux le détruire de l’intérieur, à l’exemple de leur mentor, Florian Philippot, l’énarque alibi de Marine Le Pen.

Cependant, contrairement à ce qu’ils racontent à des journalistes qui ne vérifient pas ce que la propagande du FN leur raconte, ils ne sont pas les premiers de l’histoire du FN à tenter de pénétrer Sciences po. En 1990 déjà, le FN avait déjà tenté de s’implanter dans cette école qui fournit cadres supérieurs du public et du privé à la société française. Avec les mêmes mots. Avec les mêmes objectifs. Avec les mêmes méthodes. Avec la même détestation d'un président socialiste.

Antenne 2 avait alors consacré un reportage à cette tentative, déjà emblématique.

On prend les mêmes et on recommence


De manière surprenante, certains membres de la direction de Sciences po de l’époque avait réagi à ce reportage en mettant en cause, non pas le FN, mais le journaliste qui avait réalisé le reportage en question, au motif qu’il avait filmé le représentant du FN dans les jardins de l’école sans demander la permission… En revanche, sur la volonté du FN de s’implanter, déjà, à Sciences po, pas un mot… Et comme l’affaire fit long feu, le FN retomba dans l’oubli à Sciences po, jusqu’à cette semaine où des militants astucieux ont vendu à des médias peu enclins à la vérification la légende du FN s’implantant pour la première fois aux alentours de la Péniche, symbole de l'institution …

Aujourd’hui, on prend les mêmes et on recommence. Silence de la direction sur la revendication FN d’implanter à Sciences po un laboratoire frontiste. Même pas une invitation lancée aux étudiants de l’Ecole à bien y réfléchir avant d’accorder leur parrainage qui aboutirait à la création d’une association politique qui s’inscrit à rebours de toutes les traditions de l’Ecole. Rien n’est dit. Rien n’est fait.

La faiblesse de l’Eglise fait écho à la faiblesse de Sciences po.

Ces deux exemples, qui touchent deux établissements de la société française qui, par destination, devraient s’opposer au Front national, démontrent que celui-ci n’est plus combattu, renié, vilipendé comme il devrait l’être par ceux dont c’est la vocation première. Partout règne la faiblesse et le silence. C’est la grande abdication des valeurs humanistes, chrétiennes ici, républicaines là. Ainsi le FN contourne-t-il les lignes Maginot, mentales et politiques, de la société française.

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Marion Maréchal – Le Pen défend le lien entre son catholicisme et le FN



 Laurent De Boissieu
 
Sans aborder la question de l’accueil des étrangers, l’élue du Vaucluse s’exprime, dans un entretien à Famille chrétienne paru le 27 août, sur les thèmes de la bioéthique et de la famille.

Les liens entre les catholiques traditionalistes et l’extrême droite sont antérieurs à la percée électorale du FN au début des années 1980.


Alors que son invitation, samedi 29 août, à l’université d’été de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon, suscite une controverse, Marion Maréchal – Le Pen explique dans un entretien à l’hebdomadaire Famille chrétienne que « rencontrer d’autres catholiques est important » pour elle. « Cela renforce mes convictions en adéquation avec ma foi, poursuit-elle. Avec eux, il est possible de dépasser les clivages ».

Dans cette interview, Marion Maréchal – Le Pen soutient que « le FN est en cohérence » avec les attentes des catholiques « sur la bioéthique et les questions du mariage et de la filiation ». L’hebdomadaire Famille chrétienne n’interroge pas la députée d’extrême droite du Vaucluse sur la question de l’immigration.

La question de l’accueil de l’étranger

Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, porte-parole de l’épiscopat, redit toutefois dans La Croix que « la position de l’Église sur le FN n’a pas varié » et que les idées du Front National sur la question de l’accueil de l’étranger « sont clairement en opposition avec l’Évangile et avec la vision chrétienne de la société ».

« Nous ne nous focalisons pas sur le FN, précise néanmoins Olivier Ribadeau-Dumas. Nous interrogeons tous les partis sur le respect de la personne humaine, ou sur l’accueil de l’étranger »

Dans son entretien à Famille chrétienne, Marion Maréchal – Le Pen se démarque sur un point du programme de son parti en répétant son opposition à la peine de mort. « Le choix d’un parti politique est toujours un choix par défaut, expose-t-elle. Je ne suis pas d’accord à 100 % avec la ligne du FN. Je pense à une question comme la peine de mort, par exemple. »

Une catholique pratiquante

L’élue du Vaucluse est celle qui incarne aujourd’hui le lien, qui n’a rien d’inédit, entre engagement au FN et catholicisme traditionaliste. Elle participe en effet régulièrement (cette année encore) au pèlerinage de Chartres organisé par Notre-Dame de Chrétienté et la Fraternité Saint-Pierre.

Contrairement à sa tante Marine Le Pen, Marion ­Maréchal – Le Pen a défilé en 2013-2014 au sein de « La manif pour tous ». Celle qui dénonce une nouvelle « christianophobie » était en outre l’invitée, le 21 mai dernier, des « veilleurs » de Versailles.

« Il y a toujours eu des catholiques au FN et des personnalités de premier plan », insiste-t-elle. De fait, les liens entre le FN et les catholiques traditionalistes sont antérieurs à sa percée électorale, aux élections européennes de 1984.

Catholiques traditionalistes au FN

C’est notamment sous l’égide du catholique traditionaliste Michel de Saint-Pierre (fondateur en 1975 de l’association Credo) que l’extrême droite – de Jean-Louis Tixier-Vignancour (PFN) à Jean-Marie Le Pen (FN) – avait envisagé une liste unitaire aux élections européennes de 1979.

Dès sa première édition, en septembre 1981, la Fête Bleu Blanc Rouge du FN s’ouvre par une messe selon le rite de Saint Pie V puis se clôture par le discours de Jean-Marie Le Pen. Élu et dirigeant du FN de 1984 à 2004, Bernard Antony (dit « Romain Marie ») y incarnera même officieusement un courant « national-catholique ».

Les catholiques traditionalistes ont ensuite reproché à Marine Le Pen de retirer de son programme l’abrogation de la loi sur l’IVG. Ils ne se reconnaissent pas non plus dans ses appels aux valeurs républicaines et à la laïcité.
 

Les souverainistes des deux "rives" discutent face à l'euro, dans l'ombre du FN



 Guillaume Daudin
Appels au rassemblement, invitations croisées, voire constitution d'un front anti-euro? Les souverainistes, de Nicolas Dupont-Aignan à Jean-Pierre Chevènement, phosphorent sur les moyens de s'allier contre l'euro, tout en butant sur un écueil: la concurrence, sur ce combat-là, du Front national.

Samedi, le patron de Debout la France accueille l'ancien ministre de l'Intérieur de gauche à son université d'été pour parler école en cette veille de rentrée scolaire.

Mais pas que: pour "sortir la France de l'ornière, il faut que les gens de gauche apprennent à parler aux Républicains de l'autre rive", insiste M. Chevènement, qui a quitté le MRC mi-juin et se dit "partisan d'un dialogue", de Mélenchon à Dupont-Aignan, pour parvenir à "une alternative républicaine".

M. Dupont-Aignan rejette toute volonté de "récupération" mais y voit une "présence importante dans le contexte actuel".

Le contexte, c'est la crise politico-économique grecque. Le pays, sous assistance financière depuis cinq ans, a dû accepter une nouvelle cure d'austérité en échange d'un troisième plan d'aide international, de 86 milliards d'euros.

Cible principale dans le viseur? L'euro: "Il n'y a pas d'autre politique possible dans le cadre" de cette monnaie, tranche Jacques Sapir, l'un des principaux économistes appelant à l'abandonner, dans un entretien au FigaroVox vendredi dernier, d'où il tire un appel à un "Front de libération nationale" réunissant gauche et droite. "A terme, la question des relations avec le FN, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée", a-t-il précisé.

Face au tollé suscité, cet économiste se disant de gauche a sérieusement amendé jeudi sa position sur son blog: la participation du parti de Marine Le Pen à un tel Front n'est "pas envisageable", car la "préférence nationale" défendue par le parti d'extrême droite "compromettrait les effets positifs" de la sortie de l'euro.

Proche du FN sur l'échiquier, Nicolas Dupont-Aignan rejette l'"enfermement des Français dans le trio" PS-Républicains-FN "alors qu'il y a 25 millions d'abstentionnistes".

L'exclusion récente de Jean-Marie Le Pen du parti qu'il a co-fondé va certes "dans le bon sens", reconnaît l'élu de l'Essonne auprès de l'AFP. Et de tempérer aussitôt: "C'est le FN, moi je suis gaulliste et mon offre s'adresse aux patriotes modérés".

- 'Pas les mêmes valeurs' -

Jean-Pierre Chevènement veut aussi que soit maintenu "un cordon sanitaire" entre le FN --mais pas ses électeurs-- et les autres partis.

Il compte réunir fin septembre un colloque de son Club "République Moderne". Conviés, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi Jean-Luc Mélenchon, qui a insisté, après la crise grecque, sur sa proposition d'un "plan B", aboutissant à une sortie de l'euro en cas de persistance européenne dans des politiques d'austérité.

L'un de ses lieutenants, Eric Coquerel, a exclu sur Twitter un changement de stratégie : "Toute alliance avec le FN serait une aberration. Leur nation n'est pas la nôtre".

Bertrand Dutheil de la Rochère, ancien collaborateur du "Che", "mariniste" depuis 2011, se désole sur le site du FN : "Il s'agit pour personne de se rallier au FN (...) s'il ne le souhaite pas (...). Mais c'est une impasse si (Chevènement et Dupont-Aignan) restent entre eux."

Emmanuelle Reungoat, chercheuse au Centre d'études politiques de l'Europe latine, est perplexe sur un front anti-euro sans le FN : "Pour (l')élargir, il faudrait un rassemblement avec l'extrême gauche, ce qui me semble très compliqué. Dupont-Aignan et Chevènement n'auraient pas beaucoup à apporter".

Et avec le FN ? "Peut-être que des convergences ponctuelles sont possibles. Mais je ne crois pas du tout à une vraie alliance politique (...) Ce ne sont pas les mêmes valeurs économiques, sociales, identitaires, culturelles", répond à L'Opinion cette chercheuse.


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Réactions face à un terrorisme islamique



Réactions face à un terrorisme islamique
 
 Ghislaine Bourland
 
Musulmans français, pratiquants ou pas, veuillez pardonner une méfiance croissante dans notre pays envers vos frères et sœurs de confession. Vous comprendrez que l’attentat terroriste du Thalys renforce d’autant celle-ci : le cinquième en moins d’un an. Dès lors, vous admettrez une certaine réticence envers les porteurs de signes associés, à tort ou à raison, à votre religion : barbe, foulard, voile intégral, qamis ou djellaba.

Certes, ce dernier attentat n’a pas été commis par un jeune issu de nos banlieues françaises, mais avouons qu’elles sont le terreau de l’endoctrinement comme le sont aussi les abords de certains lieux de culte. Que des réserves soient émises face à la construction de nouvelles mosquées n’a, par conséquent, rien de bien étonnant. Le chômage endémique laisse une jeunesse désœuvrée à la merci de groupuscules extrémistes. Suivant la technique du grand-frère, ils arrivent d’autant plus aisément à détourner de la République les plus faibles. Ainsi se retrouvent embrigadés dans des combats qui ne sont pas les leurs, qui les dépassent totalement, des garçons et des filles en mal de repères qui ne trouvaient place dans notre société. Aucune ville n’est épargnée par le fléau.

Nous en sommes arrivés là parce que des intellectuels bobos refusaient, il y a peu encore, de mettre des mots sur des maux, préférant se voiler la face derrière un niqab laïque ; parce que des politiques adeptes de la langue de bois n’ont pris aucune des mesures qui s’imposaient par crainte de perdre des voix.

Sans état d’âme, il s’agit désormais de nous protéger efficacement contre des attaques commanditées par un terrorisme islamique rampant, d’éviter autant que possible les amalgames et le repli communautaire, avant que ne se produisent d’autres drames et ne se propage sur le territoire un vent de panique dont vous pourriez être victimes. Appliquons la loi dite Copé de 2011, qui interdit le port du voile intégral sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public. Acceptons davantage de contrôles aléatoires de police sans y voir une porte ouverte à des délits de faciès, ni une entrave à nos libertés individuelles. Soutenons nos forces de l’ordre qui doivent avoir les moyens de travailler, de surveiller fortement les individus objets d’une fiche S et de les appréhender avant qu’ils ne passent à l’action.

J’ai mal pour NOTRE pays, la France.

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Pour la survie de la France



Pour la survie de la France
 Gaël Diridollou
 
Soyons lucides. Le général de Gaulle a lui même créé le monstre qui enterre aujourd’hui la France : la Ve République. Le Général l’avait faite à sa mesure, grande, excessive dans la concentration des pouvoirs, et finalement peu représentative de son peuple malgré le mandat « représentatif » de ses élus. Mais le Général était avant tout un militaire, un homme dont le parcours, hormis peut-être la « question algérienne », n’a pas laissé de doute quant à la hauteur qu’il pouvait prendre face à l’Histoire. La Ve République exige des hommes qui peuvent comprendre que leurs décisions ne sont pas des arrêtés municipaux sans grande conséquence. Elles engagent la nation et son peuple pour des générations.

La plus grande des trahisons dans l’histoire récente de la France est la construction européenne. Elle est dirigée par des « commissaires » non élus (comme le Premier ministre en France) et impose ses directives et règlements à l’ensemble des gouvernements, tout au moins ceux qui obéissent docilement aux diktats de ce magma antidémocratique qu’est cette Union européenne. Et quoi de plus confortable pour des incompétents à la tête d’un pays que de savoir que, de toute façon, les grandes décisions sont prises à Bruxelles ? Et quand le peuple dit non au référendum, on le court-circuite grâce à ceux-là mêmes qui sont censés le représenter. Grandeur gaullienne et décadence sarkozyenne.

Reste les décisions de clocher, les petites magouilles entre amis. Pourtant, nos tripatouilleurs des quartiers ministériels font face à quelque chose qui les dépasse complètement : la guerre. La guerre face à l’islamisme fondamentaliste et obscurantiste. Et si le Général était un militaire, visionnaire de surcroît, la France doit se contenter de « nains » pour faire face au défi actuel de la guerre.

En prenant une position plus que prudente « sur les motivations » du terroriste du Thalys, M. Cazeneuve a fait preuve d’une naïveté criminelle, allant finalement presque même jusqu’à crédibiliser la défense insensée du tireur se présentant comme un petit détrousseur de diligence.

Et que dire des idées de réhabilitation « aidée » des jeunes en provenance de Syrie de Mme Taubira ? Le citoyen qui fait face à l’adversité et au chômage regrettera sans doute de ne pas faire l’objet d’autant d’attentions que le jeune apprenti terroriste haineux envers la terre de France. Manuel Valls, quant à lui, saura, n’en doutons pas, utiliser « sa » loi sur le renseignement d’abord contre ceux qui en veulent au fromage politique, et finalement moins contre les vrais ennemis de la France.

La survie de la France est menacée depuis longtemps, mais les derniers outrages lui sont infligés quotidiennement par un pouvoir inculte, égoïste et en complet décalage avec le défi de l’islamisme et la tyrannie de l’Europe supranationale. Il nous reste à espérer que certains esprits sauront se lever avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà très tard.

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Pourquoi Marine a raison de vouloir protéger Assange et les Européens



Pourquoi Marine a raison de vouloir protéger Assange et les Européens
 Nicolas Bonnal
 
On ne parle plus beaucoup du Front national, sinon pour évoquer un parricide estival et théâtral.

Je trouve, moi, pourtant, que notre Marine française dit des choses très justes en ce moment, notamment sur la crise dite des migrants.

Voici ce qu’elle déclare il y a trois jours :
À l’occasion d’une rencontre à Berlin avec la chancelière Angela Merkel, le président de la République s’est déclaré favorable à “une répartition équitable des réfugiés qui relèvent du droit d’asile en Europe” et à “une mise en œuvre d’un système unifié de droit d’asile” ainsi qu’une “politique migratoire commune”. Alors que l’Allemagne s’apprête à accueillir 800.000 demandeurs d’asile pour la seule année 2015 et que près de 4.000 migrants ont été secourus en une journée en mer Méditerranée, de telles propositions sonnent comme un aveu d’impuissance de la part du chef de l’État et un véritable appel d’air à l’immigration massive.

Hollande, qui devient humoriste comme Anglade, a parlé d’une « situation exceptionnelle qui va durer ». Comment quelque chose d’exceptionnel peut-il durer en ces temps de la fin ? Oxymore de Venise !

Mais reprenons avec Marine, qui évoque avec sensibilité le cas Assange et les évidences suivantes :
Face à cette situation exceptionnelle, la lutte contre l’immigration massive doit désormais relever de l’intérêt supérieur de la nation. Le Front national demande que l’État retrouve tous les instruments de souveraineté afin d’exercer un contrôle efficace à ses frontières et réformer de fond en comble la politique de l’asile qui doit être ramenée à sa philosophie originelle : celle qui aurait dû conduire la France à accorder sa protection à Edward Snowden ou Julian Assange.

On est bien d’accord ; accusé de viols imaginaires, Assange est condamné à vivre à vie dans une chambre d’ambassade. Snowden s’est réfugié en Russie pendant que d’autres acteurs ont été arrêtés et persécutés aux États-Unis, notamment ce pauvre soldat qui finira ses jours dans une geôle de 4m2 avec la bénédiction de nos braves médias et de nos bons avocats des droits de l’homme.

On n’a pas trop entendu le FN sur le storytelling de Thalys, et c’est très bien aussi.

Certains braillent après le terrorisme islamique et ne comprennent pas qui il sert.

La fascisation de notre société est récente : elle date du 11 septembre. C’est le 11 septembre qui a permis nos guerres inutiles, notre invasion, notre endettement, nos baisses meurtrières des taux. Et, bien sûr, la foule effarée et manipulée a commencé par accepter toutes les brutalités de l’État libéral et libéré, avant de tolérer les arrestations ou les menaces qui pèsent sur les rares défenseurs de ce qui reste de liberté d’expression.

Il est bon que le FN le rappelle. Car on ne comptera ni sur Juppé ni sur Sarkozy ou son adorable et si américanisé rejeton mué en soldat de plomb de West Point.

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Les Verts explosent, la majorité en miettes


 
Les Verts explosent, la majorité en miettes
 François-Xavier Bourmaud et Albert Zennou
 
Le départ de François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, aggrave la crise du parti écologiste et accentue la fragmentation de la gauche.

Les écologistes adorent les crises. Depuis la création du parti, elles ont jalonné toute son histoire. Le départ fracassant de François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée, a fait monter leur intensité d'un cran. Il est en fait le résultat d'une crise même plus larvée qui sévit au sein du parti écolo depuis 2012.

Et il n'est même pas sûr que ce départ éteigne l'incendie. Il est l'illustration du conflit qui oppose les tenants d'une écologie réformiste, capables de s'allier avec le PS dans une majorité de gouvernement, et les adeptes d'une écologie plus ancrée à la gauche de la gauche et qui se refusent au compromis avec les sociaux-démocrates.

Jeudi, François de Rugy a choisi. Il a profité de la sortie de son livre Écologie ou gauchisme, il faut choisir ,pour faire étalage de ses propres divergences avec son parti. «Pour moi EELV, c'est fini. Le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit en 2008 est arrivé à son terme. Aujourd'hui, on n'arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d'un parti qui s'enfonce dans une dérive gauchiste», voire dans un «repli sectaire», explique-t-il.

«Mélenchonisation rampante»

Depuis des mois, Rugy s'est prononcé contre un rapprochement avec le Front de gauche qui, selon Dominique Voynet, ancienne ministre écologiste de Lionel Jospin, «provoquerait une nouvelle hémorragie militante». Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ne dit pas autre chose en estimant sur LCI que cette crise résultait de «la mélenchonisation rampante des écologistes».

À La Rochelle, un élu PS assure cependant que «Rugy a agi de manière un peu précipitée. Il ne faut pas que ça soit un acte isolé. Est-ce ça va provoquer quelque chose après? On n'en sait rien». Et c'est sans doute là la grande peur du PS: qu'EELV se referme sur sa partie la plus opposée à une alliance avec lui. «Et la crainte est fondée», analyse un élu écolo.

Même si Barbara Pompili, coprésidente du groupe EELV à l'Assemblée, assure que «beaucoup de gens ne se retrouvent plus dans le refus du débat», elle ne semble pas prendre le même chemin. «On nous pousse vers la porte, c'est vrai, a-t-elle dit sur France 3, mais il ne faut pas céder. C'est en ça que je suis en désaccord avec François. Au contraire, il faut continuer à se battre.»

Bien entendu, les partisans de Cécile Duflot n'ont pas tardé à réagir en fustigeant la décision de Rugy. «Son positionnement, c'est pas entre gauchisme et écologie, mais entre écologie et François Hollande, et finalement il a choisi», a raillé David Cormand, proche de Cécile Duflot.

Un parti tiraillé entre son aile gauche et ses réformistes. Un débat récurrent et inabouti sur la ligne politique. Un risque permanent de scission. Cela ressemble aussi au PS. À la différence près que ces derniers sont entrés jeudi dans la séquence explosive de leurs affrontements avec le départ surprise de François de Rugy. Celui-ci a crevé l'abcès. En ce sens, la scission qui se profile au sein d'EELV apparaît comme une clarification nécessaire, celle à laquelle le PS ne s'est pas encore livré.

Le Front Démocrate très courtisé

Car si les socialistes n'en sont pas encore au niveau de leurs cousins Verts, ils s'en rapprochent à grands pas. En témoigne le prologue des universités d'été de La Rochelle. Jeudi, avant l'ouverture officielle de ce traditionnel rendez-vous de la rentrée, frondeurs et réformateurs du parti se sont réunis chacun de leur côté pour défendre des positions aussi éloignées que chez les écolos. Demande d'inflexion de la ligne politique pour les premiers, assurance que le cap social-démocrate sera maintenu chez les seconds.

Sur fond de cette crise politique chez les écologistes, il flottait jeudi à La Rochelle comme un air de recomposition politique à gauche. Avec un petit parti très courtisé: le Front Démocrate de Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle qui tenait son université de rentrée à La Rochelle devant une trentaine de personnes. C'est là que François de Rugy s'est rendu pour son premier déplacement de démissionnaire des Verts. C'est là aussi que la venue de Manuel Valls était annoncée pour saluer les fondateurs du Front Démocrate, en même temps que Jean-Vincent Placé. Là encore que Jean-Christophe Cambadélis a prévu de passer vendredi soir.

Pourquoi un tel intérêt? «Aux régionales, on peut leur apporter des électeurs, encore plus pour la présidentielle, entre 2 et 4 %, explique Jean-Luc Bennhamias, qui assure représenter «30 % des électeurs ayant voté François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle de 2012».
 

Ecologistes, Mélenchon... la gauche de la gauche éparpillée façon puzzle

   
Ecologistes, Mélenchon... la gauche de la gauche éparpillée façon puzzle
 Eléonore de Vulpillières
 
Pour Yves-Marie Cann, la gauche de la gauche est confrontée à une division et un problème de crédibilité qui l'empêchent de peser davantage dans les débats.

LE FIGARO. - François de Rugy, co-président du groupe écologiste au Sénat, vient de démissionner d'EELV dont il dénonce la «dérive gauchiste». Ce parti traversé par d'importantes tensions internes paraît n'avoir jamais trouvé sa place sur l'échiquier politique, entre ceux qui entendaient faire cavalier seul et les partisans d'une implication gouvernementale. Comment interpréter ce positionnement?

Yves-Marie CANN. - A bien des égards, le départ de François de Rugy d'EELV apparaissait comme inéluctable depuis plusieurs semaines, si ce n'est plusieurs mois. D'autres députés écologistes pourraient d'ailleurs suivre son exemple compte tenu de l'état de tension qui prévaut au sein du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. Au-delà des conflits de personnes pouvant exister, cette démission repose avant tout sur des divergences stratégiques qui ont pris une tournure nouvelle et n'ont cessé de s'exacerber depuis le départ de Cécile Duflot et Pascal Canfin du gouvernement en mars 2014. La question de fond qui conduit aujourd'hui au départ de François de Rugy est simple: EELV est-elle plus utile à l'intérieur ou hors du gouvernement? La première hypothèse de réponse qu'il défend requiert l'art du compromis politique au quotidien pour influer sur la ligne gouvernementale et «verdir» autant que possible l'action du gouvernement. A l'opposé, les tenants de la seconde hypothèse ont adopté une posture plus radicale: l'idéal écologiste doit prévaloir quoi qu'il en coûte. Le fait est aujourd'hui que la la base militante d'EELV prône fermement la seconde solution, à rebours non seulement d'un certain nombre de parlementaires (François de Rugy, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé en tête) mais aussi des sympathisants écologistes qui seraient majoritairement favorables à la présence des écologistes au gouvernement.

Comment expliquer que la gauche de la gauche se montre aussi électoralement à la traîne? Malgré la percée du Front de gauche en 2012, avec 11,11% des voix, il semblerait que ce courant soit fragmenté et difficilement force de proposition…

La réussite de Jean-Luc Mélenchon en 2012, c'est d'avoir réussi à fédérer sur son nom les électeurs de la gauche de la gauche à la présidentielle. Toutefois dès cette élection, le leader du Front de gauche n'a pas réussi à élargir son assise électorale. Cet enseignement a d'ailleurs été confirmé depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République. J'en veux pour preuve que dans les enquêtes d'opinion et aux élections intermédiaires la gauche de la gauche ne capitalise au mieux que très modérément sur l'impopularité de l'exécutif et le mécontentement que suscite son action et l'absence de résultats. Les violents réquisitoires et les prises de parole passionnées de Jean-Luc Mélenchon à l'encontre de l'exécutif n'y changent rien, car au-delà des postures contestataires et radicales réside là une question de fond, celle de la crédibilité. Au-delà de son étiage traditionnel, la gauche de la gauche ne convainc pas les déçus de la présidence Hollande.

Jean-Luc Mélenchon, après avoir déclaré sur Europe 1 le 26 juin 2011 que «Prôner la sortie de l'euro rel[evait] du maréchalisme» a estimé le 23 août 2015 dans le JDD: «Clairement, s'il faut choisir entre l'indépendance de la France et l'euro, je choisi l'indépendance. S'il faut choisir entre l'euro et la souveraineté nationale, je choisis la souveraineté nationale.» Comment expliquer ce revirement?

Mettons d'abord au crédit de Jean-Luc Mélenchon que son propos du 23 août est au conditionnel, pose une hypothèse, lorsque Marine Le Pen et le Front national prônent eux une sortie pure et simple de l'euro, par principe. Jean-Luc Mélenchon conditionne celle-ci à l'éventualité d'une perte de souveraineté française, en ayant à l'esprit la situation en Grèce et ce qui s'y passé ces dernières semaines. Nul doute que si de tels événements venaient à se produire en France, il ne serait pas le seul à prôner une sortie de l'euro, que ce soit au Parti socialiste ou chez Les Républicains!

Le Front national profite-t-il du délitement de la gauche radicale?


Ce dont profite aujourd'hui le Front national avant tout c'est d'une forme de désenchantement de l'alternance gauche-droite que nous avons quasi-systématiquement connue à chaque scrutin national ces trente dernières années. L'incapacité des gouvernants de droite comme de gauche à résoudre les maux récurrents de la société française et à obtenir des résultats économiques tangibles suscitent aujourd'hui un rejet qui atteint des niveaux inédits sous la Cinquième République. Ce phénomène, nous l'observons plus particulièrement parmi les catégories de population les plus fragiles mais aussi les classes moyennes inférieures craignant d'être rattrapées par le «descenceur social» qu'avaient très bien décrit les sociologues Philippe Guibert et Alain Mergier dès 2006.

La force du Front national, c'est qu'il s'adresse aux risques ressentis - à tort ou à raison - par beaucoup de Français et qui structurent leur vote. Ces risques, s'articulent autour de trois dimensions clés proches de celles identifiées par Laurent Bouvet dans L'insécurité culturelle : les risques «physiques» (l'insécurité, par exemple), les risques «économiques et sociaux» (chômage, pouvoir d'achat, etc.) et enfin les risques «culturels» (islam, immigration, etc.). Les gouvernants et ceux qui aspirent à exercer des responsabilités se doivent de prendre en compte ces risques structurants et de les contenir car, passé un certain degré de diffusion au sein de la société, ceux-ci ont des effets politiques De l'incapacité des principales formations politiques de gauche et de droite à prendre en compte ces risques (et toute la part de subjectivité qui les entoure) résulte un boulevard pour le Front national.
notes
Yves-Marie Cann est politologue, spécialiste de l'opinion publique. Après avoir débuté sa carrière à l'Ifop, il a dirigé les études politiques et d'opinion à l'Institut CSA. 

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Signes d’une résolution pacifique de la guerre civile en Syrie


 
Signes d’une résolution pacifique de la guerre civile en Syrie
 Valentin Vasilescu
 
Après une série de confrontations, menées sur le font invisible des services secrets, par le biais de menaces, diffusion de fausses informations, mais aussi de mouvements concrets sur le terrain, les Etats-Unis et la Russie ont enfin trouvé un point de vue commun en ce qui concerne la Syrie. C’est à dire que les deux pays craignent que le groupe de l’État islamique et les rebelles radicaux affiliés à Al-Qaïda, qui contrôlent une partie de la Syrie, pourraient arriver au pouvoir si l’armée de Bachar al-Assad subissait une défaite.


Il s’avère que Washington et le Kremlin sont parvenus à un accord de principe et ont convenu de prendre toutes les dispositions pour trouver un règlement pacifique à la guerre civile en Syrie, d’ici à la fin de cette année. C’est la seule façon de désarmer les militants radicaux islamistes et de les expulser de Syrie. En marge de cet accord en vue d’une solution, il semble que les États-Unis comptent sur la Russie pour sa réalisation pratique.

La preuve de cet accord est devenue de plus en plus claire en août 2015, avec la décision des Etats-Unis d’utiliser pour la première fois ses drones MQ-9 Reaper lourdement armés dans les missions dans le nord de la Syrie, pour le compte des troupes syriennes de Bachar al-Assad, qui se battaient contre l’État islamique. Les drones opéraient à partir de la base d’Incirlik en Turquie, malgré l’opposition du Président Erdogan. Donc, sans avoir à le reconnaître, les Etats-Unis sont devenus l’allié circonstanciel de Bachar al-Assad.

La Russie a mis en place la Commission militaire russo-syrienne, à travers laquelle elle fournit à la Syrie les armes, les informations (en particulier celles obtenues par satellite) et les conseillers militaires. Toutes ces activités exercées par les russes ont été portées à la connaissance de Washington dans un délai raisonnable.

Ce changement d’attitude est dû au fait que, dans cet été chaud, derrière des portes closes du Kremlin, s’est tenu un véritable tour de force de la diplomatie russe, aidé dans les moments critiques par un excellent négociateur avec de solides relations dans le monde arabe : Mohammad Javad Zarif, le ministre des affaires étrangères de l’Iran. Le soutien de l’Iran pour trouver une solution pacifique à la guerre civile en Syrie et sa détermination à combattre ISIS, ont été les principales raisons de la levée des sanctions par le groupe 5 + 1 (Chine, France, Russie, Angleterre, USA, plus l’Allemagne). Soutien récompensé par la Russie à travers le lancement d’un programme de reconstruction de l’Iran.


Initialement, la Russie avait négocié une alliance régionale contre l’État islamique, qui comprenait l’Arabie Saoudite, la Syrie et la Turquie. Mais l’Arabie Saoudite et la Turquie ont changé d’avis. Ankara a annulé le contrat pour le gazoduc Turkish Stream et créé avec l’Ukraine la « Brigade internationale islamique » pour se battre en Crimée. La Turquie a apporté son aide à l’État islamique de façon inattendue en bombardant les Kurdes du PKK et YGP qui luttent contre ISIS. Pour ces raisons, la Russie a changé sa stratégie.

Ensuite la Russie a négocié intensément avec Damas et des forces insurgées modérées de la Syrie, par le biais de deux États influents du Golfe qui ont recruté, armé les rebelles islamistes, et les ont infiltrés en Syrie. Outre l’Iran, il semble que la Russie ait lancé un appel à Oman en tant qu’intermédiaire dans les négociations, en parvenant à imposer sa propre feuille de route : une période de transition, avec un gouvernement d’union nationale, avec Bachar al-Assad à la tête du pays.

Le point culminant a été la réception à Moscou de la délégation conduite par Khaled Khoja, Président du Conseil National Syrien, c’est-à-dire le premier responsable politique des rebelles. Par les canaux de ses services d’information, l’Arabie Saoudite a suivi étroitement tous les mouvements du jeu d’échecs à Moscou, liés à la Syrie, et a proposé au Kremlin des offres qu’il ne pouvait refuser, pour être admis à la table des négociations.


La dernière déclaration de Sergei Lavrov sur la question est transparente : « il n’y a dans nos plans aucun accord avec l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, pour qu’ils puissent participer aux décisions concernant l’avenir de la Syrie ».

Des sources proches de ces négociations, ont déclaré que le compromis principal était lié à la nomination du nouveau chef des services de renseignements syriens, fonction clé dont dépend la survie de n’importe quel régime. L’Arabie Saoudite a choisi son homme, et il semble que John Kerry et Sergueï Lavrov aient convenu que le poste fût occupé par un homme neutre, le général sunnite Mustafa Tlass.

Mustafa Tlass a connu le pilote militaire Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, à l’Académie militaire de Homs. Les deux officiers ont été affectés au Caire dans la période de 1958-1961, lorsque la Syrie et l’Egypte étaient unies en un seul Etat, la République Arabe Unie (RAU).

Hafez al-Assad a rejoint un groupe de nationalistes qui pensaient que la Syrie était à la remorque de l’Egypte. Le Président Nasser le fait donc arrêter, mais Tlass réussit à s’enfuir, sauvant la femme et le fils d’Al-Assad en Syrie. Après le coup d’État en 1963, Hafez al-Assad devient le président de la Syrie, soutenu par le parti Ba’ath, d’orientation socialiste. Le lieutenant-colonel Mustafa Tlass devient le plus proche collaborateur militaire de Hafez al-Assad. Il a été entre autres, chef d’état-major de l’armée Syrienne (à partir de 1967) et ministre de la défense (1972-2004).

Après la mort de Hafez al-Assad, son fils, Bachar al-Assad prolonge sa mise à la retraite de deux ans au bout desquelles il quitte le ministère de la défense, et en 2005, il prend définitivement sa retraite. En 2011, avec le début de la guerre civile en Syrie, Mustafa Tlass qui avait des divergences avec Bachar al Assad mais n’adoptait aucune des idéologies des rebelles islamistes, a préféré aller vivre en France.


Immigration : qui veut faire l’ange fait la bête


 
Immigration : qui veut faire l’ange fait la bête
 Jean-Michel Léost
 
La question des migrants continue d’agiter les médias et semblerait enfin réveiller le gouvernement. Après avoir rencontré Angela Merkel, le 24 août, François Hollande a déclaré qu’il fallait « mettre en œuvre un système unifié de droit d’asile [dans tous les pays de l’Union européenne] », soulignant, dans une étrange antithèse, une « situation exceptionnelle qui [allait] durer » et demandant « une distinction entre les personnes qui viennent en tant que demandeurs d’asile et celles qui viennent en migration ». Autrement dit, entre les réfugiés authentiques et les migrants « économiques ».

Ces déclarations pourraient signifier une tardive prise de conscience de ce phénomène pourtant prévisible. On peut craindre, malheureusement, qu’elles n’aient avant tout qu’une visée politique et que l’ampleur du problème n’ait pas encore été saisie. Depuis quelques semaines, après l’Italie, la presse évoque une nouvelle porte d’entrée des migrants en Europe ; la route des Balkans. Une étude publiée dans Le Figaro du 26 août, portant sur la période de janvier à juillet 2015, fait le point sur la nationalité et les destinations des migrants. Seraient arrivés en Italie 93.540 migrants, dont 5.495 Syriens, 5.658 Soudanais, 7.538 Somaliens, 11.899 Nigérians, 26.657 Érythréens. Dans le même temps, la Grèce aurait vu débarquer 125.994 migrants, soit +750 % par rapport à 2014 : parmi eux, 5.616 Irakiens, 25.556 Afghans et 79.655 Syriens. Ce serait une nouvelle route vers l’Europe du Nord.

Il est peu probable que les pays européens se mettent d’accord sur une politique migratoire commune, si l’on en juge par les réactions particulières de chacun. Ainsi, la Macédoine, après avoir déclaré l’état d’urgence et fermé ses frontières, a finalement laissé les migrants entrer sur son territoire. La Hongrie termine la construction d’une barrière à la frontière de la Serbie. La Bulgarie a décidé de l’envoi de blindés aux confins de la Macédoine. Des incidents se déroulent en Allemagne, qui s’apprête à accueillir près de 800.000 migrants en 2015 – ce qui viendra compenser le déficit démographique en fournissant une main-d’œuvre bon marché.

En France, les points de vue semblent dépendre plus de considérations politiques, pour ne pas dire politiciennes, qu’humaines ou éthiques. Chacun jugera si le Front national, longtemps accusé de faire de l’immigration son fonds de commerce, joue sur les peurs ou a fait preuve, avant les autres, de clairvoyance. À droite, Les Républicains tentent de rallier des voix frontistes en prenant des positions fermes, suspectées d’électoralisme. À gauche, on improvise comme d’habitude : tantôt on fait preuve d’angélisme, tantôt on affirme des intentions de fermeté. Les actes tardent à venir.

La question de l’immigration est trop grave pour faire l’objet d’intérêts politiciens ou de déclarations opportunistes. Faute d’avoir su prévoir ces grands mouvements migratoires – quand elle ne les a pas provoqués par une politique internationale défaillante, voire irresponsable -, l’Europe semble dépassée par les événements. La France pourrait jouer un rôle important dans la recherche de solutions. Mais à force d’avoir nié le problème, à force de dissimuler leur impuissance sous de faux airs d’humanisme, à force d’attendre pour prendre des mesures, nos dirigeants sont mis en face d’une situation de plus en plus explosive qui pourrait bien conduire, si l’on n’y prend garde, à un dénouement tragique. Qui veut faire l’ange fait la bête !


« Neutraliser » Bachar ?


  
« Neutraliser » Bachar ?
 Dominique Jamet
 
Trois évidences font lentement mais sûrement leur chemin jusque dans les cerveaux les plus obtus, et notamment chez les dirigeants occidentaux les plus obstinés dans le déni des réalités. La première est qu’il n’y a ni compromis envisageable ni conciliation possible entre l’État islamique et le reste du monde, autrement dit entre la civilisation et la barbarie. La deuxième est qu’il est à la fois inévitable et souhaitable, les choses étant ce qu’elles sont, qu’une coalition politique et militaire sans aucune exclusive se constitue sans délai pour en finir avec le monstre, connu sous le nom de Daech, qu’a fait naître, grandir et prospérer un faisceau de calculs, de lâchetés et de complicités. La troisième est qu’il n’est pas question de rééditer les erreurs commises en Irak puis en Libye et de se figurer qu’il suffit d’abattre un dictateur et de détruire un État pour voir surgir sur la tombe de l’un et les ruines de l’autre une démocratie modèle.

Il n’est pas jusqu’à la politique étrangère de la France qui ne soit en passe d’évoluer, moins d’ailleurs (ne nous faisons pas d’illusions) sous l’effet d’une soudaine lucidité qu’en fonction de l’évolution récente de celle des États-Unis. Pour la première fois, bien que sans aller jusqu’à reconnaître (ne rêvons pas) qu’il s’était jusqu’ici complètement fourvoyé, le président de la République vient d’admettre qu’on ne saurait continuer à exclure de la nécessaire alliance à venir l’Iran et la Russie, sans lesquels la Syrie et l’Irak seraient tombés sous la coupe des modernes Pavillons noirs et sans lesquels il n’y a pas de victoire possible sur le terrain. Bien mieux : François Hollande, tout en confirmant son soutien à une opposition démocratique modérée qui n’existe plus que dans ses rêves et dans les couloirs des palaces ou des congrès internationaux, a concédé que le régime syrien serait partie prenante dans la lutte et dans les négociations qui ramèneraient la paix. Mais en ajoutant aussitôt qu’il n’était pas question d’associer à quoi que ce soit le chef dudit régime et qu’il fallait « neutraliser » Bachar. « Neutraliser », qu’est-ce à dire ?

Perseverare diabolicum. Rien ne sert de leçon à qui refuse d’apprendre. Le vertueux chef de l’État, si pour notre malheur il avait été en fonction il y a trois quarts de siècle, aurait-il également écarté l’hypothèse d’associer l’URSS à la lutte à mort contre le totalitarisme nazi à moins que Staline fût préalablement « neutralisé » ? Ignorerait-il encore que toutes les minorités syriennes – alaouite, chrétienne, laïque, druze – ont choisi bon gré mal gré de soutenir Bachar de la même façon que l’immense majorité des Russes avaient fait bloc derrière Staline, leur persécuteur, dans la grande guerre patriotique ? De quoi se mêle François Hollande ? Est-il en droit et en mesure de dicter aux Syriens son choix ? Et comment réagirait-il si, arguant de son exceptionnelle impopularité, un dirigeant étranger n’acceptait de négocier avec la France que sous condition qu’il soit « neutralisé » ?

La France, les pays de l’OTAN, les États-Unis ouvriront-ils enfin les yeux avant que soient tombés Damas, le régime et Bachar, ou faudra-t-il que Damas, le régime et Bachar tombent pour qu’ils comprennent enfin ? L’urgence est pourtant là, et chaque jour qui passe sans que le monde civilisé réponde par la guerre à la guerre qui lui a été déclarée renforce la puissance, le prestige, la capacité de nuisance et la capacité d’entraînement de l’État islamique. N’en déplaise aux myopes qui nous gouvernent, ce n’est pas en multipliant les patrouilles dans nos villes et nos gares, ce n’est pas en accumulant les fiches « S » non exploitées, ce n’est même pas en décorant les héros de passage qui nous ont évité un massacre que l’on viendra à bout de l’hydre djihadiste. N’en déplaise aux excités et aux irresponsables qui poussent des cris d’orfraie quand une église est menacée ou détruite mais que comble de joie l’incendie d’une mosquée, ce n’est pas à Auch, paisible chef-lieu du Gers, que se situent le problème et la solution. Il faut frapper là où est le nid de vipères, là où est l’œuf du serpent. 
 

Les racines du terrorisme



Les racines du terrorisme
 
 Bernard Mitjavile
 
Après chaque attentat terroriste, on a droit à des émissions sur le service public comme « C dans l’air », avec des experts patentés qui nous disent que la coopération entre services de renseignement est bonne mais doit être améliorée, qu’il ne faut pas sortir de Schengen mais essayer d’améliorer ce traité, et font d’autres propositions techniques avant de rentrer chez eux pour se retrouver au prochain attentat et sortir les mêmes platitudes. Le téléspectateur, à la fin de l’émission, ne voit pas vraiment le bout du tunnel. En fait, comme pour les prévisions économiques, on a peut-être tort de se fier aux experts pour une question qui relève plus du bon sens commun.

Nos djihadistes n’ont pas grand-chose en commun avec des James Bond du terrorisme. L’un ne sait pas se servir de sa kalach’, un autre se tire une balle dans le pied et appelle les secours, un troisième veut faire sauter une usine classée Seveso mais échoue de la façon la plus abominable qui soit.

En fait, ils présentent beaucoup plus de similitudes avec les délinquants de nos cités. Ils sont, en général, passés par les cases trafic de drogue ou d’armes et prison. Ils sont décrits par leurs proches, habitants des quartiers sensibles ou cités, comme de bons gars aimant le sport et fréquentant occasionnellement la mosquée.

Pour comprendre ce qui se passe, mieux vaut se tourner vers le gardien d’un HLM proche de ces quartiers en respectant son anonymat ou Michel Houellebecq, en d’autres termes des observateurs qui ne sont pas coupés des réalités de la France d’aujourd’hui. Ainsi, Houellebecq explique dans une interview à L’Express à propos du terrorisme « qu’une action violente quelconque peut effectivement être vue comme un moyen de sortir de l’anomie désespérante ». Ces jeunes ont tout essayé – le trafic de drogue, les diverses formes de violence – et ont eu comme réponse de l’État de petits séjours en prison et des admonestations sans conséquence. Cela les a encouragés à aller plus loin et, voulant sortir d’un certain nihilisme, avec quelques conseils d’islamistes, à passer de la délinquance au terrorisme. Le problème de fond se trouve dans l’anomie, l’absence de normes communes entre ces jeunes et le reste de la société, qui fait qu’ils trouvent sans gravité le fait de caillasser les voitures de la police ou du SAMU, ou de détruire le mobilier urbain.

Et là, la réponse adéquate ne va pas se trouver dans des émissions du service public où l’on discute sans fin sur les réseaux islamistes et les lois sur le renseignement, mais dans un travail de terrain pour réaffirmer l’autorité de l’État et les valeurs de base de la société française dans ces « territoires perdus de la République ». Autant dire que, dans le contexte actuel, ce n’est pas gagné d’avance.